MONTREAL - Les immigrés africains rencontrent d’énormes difficultés pour trouver du travail dans la province du Québec au Canada. Selon un rapport de la Fédération canadienne des municipalités (Fcm) publié en mars et une étude intitulée ‘L'intégration des immigrés sur le marché du travail à Montréal.
Politiques et enjeux’ de Marie-Thérèse Chicha et Eric Charest de l’Institut de Recherche en politiques publiques (Irpp) de l’université de Montréal sortie en 2008, le taux de chômage des nouveaux arrivants au Québec est trois fois plus élevé que la moyenne québécoise. Pour les immigrés nés en Afrique du Nord installés au Québec entre 2001 et 2006, le taux frisait les 28 % en 2006, plaçant ce groupe en tête du palmarès du chômage, juste devant les nouveaux arrivants d'Afrique subsaharienne. Si le phénomène est bien observé au Québec qui accueille la quasi-totalité des immigrés africains du fait de la langue française, le rapport de la Fcm constate que, dans plus de 24 grandes villes du Canada, les immigrés connaissent d’énormes difficultés à entrer dans le marché du travail.
D’ailleurs, selon les données tirées du recensement 2006, le taux de chômage des immigrants récents possédant un diplôme universitaire est quatre fois plus élevé que celui des non-immigrants qui possèdent un tel diplôme. L’étude de l’Irpp de mars 2008 confirme ces données : les immigrés les plus qualifiés n'ont pas nécessairement la tâche plus facile dès lors qu’ils ont obtenu leur diplôme dans un pays en voie de développement. Pour les ingénieurs étrangers qui reçoivent, depuis 1999, une formation d’appoint de l'Ecole polytechnique, le plus difficile est souvent de décrocher un stage de 12 mois au Canada, une étape obligatoire pour obtenir le permis d'exercice de l'Ordre des ingénieurs du Québec. Et même au bout de toutes ces étapes, décrocher un emploi n'est pas simple. Seulement la moitié des ingénieurs étrangers qui passent au travers de ce processus long et coûteux occupe un emploi d'ingénieur, indique Yann Hairaud, du service d'aide à l'emploi Ampe-Citi cité par l’étude d’Irpp.
La majorité des ingénieurs que l'organisme accompagne dans leurs démarches sont d'origine nord-africaine. En 2007, c'est de l'Algérie que provenaient le plus grand nombre d'immigrés se destinant à la profession d'ingénieur au Québec (302 personnes). M. Hairaud ajoute que souvent découragés par la lourdeur d’un tel processus, certains ingénieurs africains et d’autres parties du monde acceptent d'emblée un déclassement professionnel. Ils deviennent des techniciens. L’autre astuce, c’est ‘d'en mettre moins sur leur Cv. Leur amour-propre en prend souvent pour son rhume. Les Nord-Africains proviennent d'une culture de diplômes. Etre ingénieur, c'est aussi une position sociale’ note Yann Hairaud. Ce dernier assène : ‘Alors, à quoi bon sélectionner des immigrés sur la base de leurs diplômes si c'est pour ensuite leur dire qu'ils ne valent presque rien ? Le message envoyé en amont est ambigu’.
Ahmed Fouad, un Algérien rencontré dans une agence d’emploi, avoue que dans les milieux africains, on déprime beaucoup par rapport à la tournure des choses. ‘C'est le Canada lui-même qui est une arnaque : chômage à grande échelle, discrimination, déqualification professionnelle, non reconnaissance des diplômes, des ordres professionnels qui bouchent tout accès aux étrangers dans les professions, destruction systématique des couples par l'intégrisme féministe’, des maux qui reviennent dans la quasi-totalité des discussions des émigrés africains.
Gaspillage énorme de part et d’autre
Au-delà des drames personnels que ce genre de situations suscite parfois, on peut certainement parler d'un gaspillage de capital humain. ‘C'est un gaspillage pour le pays d'origine. Et c'est aussi un gaspillage pour le pays d'accueil’, souligne Marie-Thérèse Chicha, professeur de relations industrielles à l'Université de Montréal. Selon elle, ‘au ministère de l'Immigration, je ne pense pas que l'on mesure l'ampleur du problème’.
Le spécialiste en matière d'immigration du Parti libéral du Canada, Maurizio Bevilacqua, appréciant le rapport de la Fcm, a déploré que le gouvernement conservateur néglige les nouveaux arrivants et ne fait rien pour régler les problèmes de reconnaissance des compétences. ‘Il est très troublant qu'un diplôme universitaire ne procure aucun avantage à un immigrant à la recherche d'un emploi. Ce rapport montre que le gouvernement conservateur ne tient pas compte des difficultés particulières auxquelles les nouveaux Canadiens sont confrontés pour réussir sur le marché du travail canadien. Cette tendance ne pourra que s'intensifier à mesure que la récession s'aggravera’, ajoute M. Bevilacqua.
Abdou Karim DIARRA (Correspondant permanent)
WalFadjri : Mardi 7 Avr 2009
Politiques et enjeux’ de Marie-Thérèse Chicha et Eric Charest de l’Institut de Recherche en politiques publiques (Irpp) de l’université de Montréal sortie en 2008, le taux de chômage des nouveaux arrivants au Québec est trois fois plus élevé que la moyenne québécoise. Pour les immigrés nés en Afrique du Nord installés au Québec entre 2001 et 2006, le taux frisait les 28 % en 2006, plaçant ce groupe en tête du palmarès du chômage, juste devant les nouveaux arrivants d'Afrique subsaharienne. Si le phénomène est bien observé au Québec qui accueille la quasi-totalité des immigrés africains du fait de la langue française, le rapport de la Fcm constate que, dans plus de 24 grandes villes du Canada, les immigrés connaissent d’énormes difficultés à entrer dans le marché du travail.
D’ailleurs, selon les données tirées du recensement 2006, le taux de chômage des immigrants récents possédant un diplôme universitaire est quatre fois plus élevé que celui des non-immigrants qui possèdent un tel diplôme. L’étude de l’Irpp de mars 2008 confirme ces données : les immigrés les plus qualifiés n'ont pas nécessairement la tâche plus facile dès lors qu’ils ont obtenu leur diplôme dans un pays en voie de développement. Pour les ingénieurs étrangers qui reçoivent, depuis 1999, une formation d’appoint de l'Ecole polytechnique, le plus difficile est souvent de décrocher un stage de 12 mois au Canada, une étape obligatoire pour obtenir le permis d'exercice de l'Ordre des ingénieurs du Québec. Et même au bout de toutes ces étapes, décrocher un emploi n'est pas simple. Seulement la moitié des ingénieurs étrangers qui passent au travers de ce processus long et coûteux occupe un emploi d'ingénieur, indique Yann Hairaud, du service d'aide à l'emploi Ampe-Citi cité par l’étude d’Irpp.
La majorité des ingénieurs que l'organisme accompagne dans leurs démarches sont d'origine nord-africaine. En 2007, c'est de l'Algérie que provenaient le plus grand nombre d'immigrés se destinant à la profession d'ingénieur au Québec (302 personnes). M. Hairaud ajoute que souvent découragés par la lourdeur d’un tel processus, certains ingénieurs africains et d’autres parties du monde acceptent d'emblée un déclassement professionnel. Ils deviennent des techniciens. L’autre astuce, c’est ‘d'en mettre moins sur leur Cv. Leur amour-propre en prend souvent pour son rhume. Les Nord-Africains proviennent d'une culture de diplômes. Etre ingénieur, c'est aussi une position sociale’ note Yann Hairaud. Ce dernier assène : ‘Alors, à quoi bon sélectionner des immigrés sur la base de leurs diplômes si c'est pour ensuite leur dire qu'ils ne valent presque rien ? Le message envoyé en amont est ambigu’.
Ahmed Fouad, un Algérien rencontré dans une agence d’emploi, avoue que dans les milieux africains, on déprime beaucoup par rapport à la tournure des choses. ‘C'est le Canada lui-même qui est une arnaque : chômage à grande échelle, discrimination, déqualification professionnelle, non reconnaissance des diplômes, des ordres professionnels qui bouchent tout accès aux étrangers dans les professions, destruction systématique des couples par l'intégrisme féministe’, des maux qui reviennent dans la quasi-totalité des discussions des émigrés africains.
Gaspillage énorme de part et d’autre
Au-delà des drames personnels que ce genre de situations suscite parfois, on peut certainement parler d'un gaspillage de capital humain. ‘C'est un gaspillage pour le pays d'origine. Et c'est aussi un gaspillage pour le pays d'accueil’, souligne Marie-Thérèse Chicha, professeur de relations industrielles à l'Université de Montréal. Selon elle, ‘au ministère de l'Immigration, je ne pense pas que l'on mesure l'ampleur du problème’.
Le spécialiste en matière d'immigration du Parti libéral du Canada, Maurizio Bevilacqua, appréciant le rapport de la Fcm, a déploré que le gouvernement conservateur néglige les nouveaux arrivants et ne fait rien pour régler les problèmes de reconnaissance des compétences. ‘Il est très troublant qu'un diplôme universitaire ne procure aucun avantage à un immigrant à la recherche d'un emploi. Ce rapport montre que le gouvernement conservateur ne tient pas compte des difficultés particulières auxquelles les nouveaux Canadiens sont confrontés pour réussir sur le marché du travail canadien. Cette tendance ne pourra que s'intensifier à mesure que la récession s'aggravera’, ajoute M. Bevilacqua.
Abdou Karim DIARRA (Correspondant permanent)
WalFadjri : Mardi 7 Avr 2009