
L'idée de faire réciter aux écoliers sud-africains un serment de loyauté évoquant les "injustices du passé" a plongé la Nation arc-en-ciel dans une nouvelle crise identitaire, quatorze ans après la chute de l'apartheid.
Evoqué par le président Thabo Mbeki dans son discours sur l'état de la Nation début février, l'ébauche du texte, qui pourrait entrer en vigueur en mars, a été présentée la semaine dernière et a immédiatement créé des remous.
En une dizaine de lignes, il appelle "la jeunesse d'Afrique du Sud" à se rappeler les souffrances du passé et à embrasser les valeurs de la Constitution.
Ce serment ne servira qu'à rappeler aux enfants "que les petits blancs parmi eux sont des graines de démons", a immédiatement déploré un éditorialiste du quotidien The Mercury.
Il s'agit d'une tentative du Congrès national africain (ANC, au pouvoir depuis 1994) "d'inculquer aux enfants les plus vulnérables un sentiment de culpabilité permanent", a renchéri Jaco Mulder, un élu local du Freedom Front Plus, petit parti défenseur de la minorité blanche.
"Nous espérons que les jeunes gens (...) acquièrent une connaissance du combat (anti-apartheid) qui était centré sur certaines valeurs humanistes", s'est défendue de son côté la ministre de l'Education, Naledi Pandor.
De même, la Ligue de la Jeunesse de l'ANC estime que ce serment "insufflera aux jeunes un sentiment de fierté et de patriotisme".
Ce débat reflète la difficulté de faire émerger un sentiment d'unité nationale en Afrique du Sud, où le régime raciste d'apartheid a pendant plus de 40 ans isolé les différents groupes raciaux.
Depuis 1994, le pays s'est doté d'un drapeau multicolore célébrant la diversité de sa population, d'une Constitution libérale et d'un hymne national symbole de réconciliation.
Celui-ci mélange le chant de libération de l'ANC, Nkosi Sikelel' iAfrika (Dieu bénit l'Afrique, en xhosa), à des extraits de l'ancien hymne de l'apartheid Die Stem (la voix en afrikaans).
En 2000, un nouveau blason a été retenu qui arbore comme devise: "!ke e: /xarra // ke", c'est-à-dire "personnes différentes, unissez-vous" en langue bushmen, peuples originels d'Afrique australe.
Mais le processus enclenché pour rebaptiser certaines villes ne se fait pas sans protestation. Et le débat ne cesse de rebondir sur la composition des équipes nationales de cricket et de rugby, toujours très blanches.
Jeudi, lors d'une intervention devant le Parlement, le président Mbeki a évoqué la division entre "ceux qui pensent que l'Afrique du Sud traverse la pire période de son histoire et ceux qui assurent que c'est la meilleure."
Citant un éditorial récent, il a poursuivi: "Les plus foncés marmonnent avec complaisance sur les injustices du passé. Les plus clairs optent avec vigueur pour la théorie selon laquelle le ciel va nous tomber sur la tête."
Et d'ajouter : "nous avons tous pour devoir d'encourager l'ensemble de nos citoyens à s'investir politiquement et émotionnellement dans notre pays (...) pour agir dans l'unité."
Pour le quotidien The Star, le serment de loyauté peut servir cette cause. "Aucune Nation aussi jeune que la nôtre ne peut espérer surmonter ses souffrances sans un peu d'aide", estime son éditorialiste.
"La société est tendue et fragmentée et a bien besoin de valeurs unificatrices et de rituels", reconnaît également le Business Day. Mais le journal estime que le serment élude les défis actuels et "ne fait pas le poids".
Le texte a des défauts, admet Sipho Seepe, président de l'Institut sud-africain sur les relations entre les races. Mais, selon lui, "il offre une chance à la Nation de discuter. C'est très important."
Source: AFP
(M)
Evoqué par le président Thabo Mbeki dans son discours sur l'état de la Nation début février, l'ébauche du texte, qui pourrait entrer en vigueur en mars, a été présentée la semaine dernière et a immédiatement créé des remous.
En une dizaine de lignes, il appelle "la jeunesse d'Afrique du Sud" à se rappeler les souffrances du passé et à embrasser les valeurs de la Constitution.
Ce serment ne servira qu'à rappeler aux enfants "que les petits blancs parmi eux sont des graines de démons", a immédiatement déploré un éditorialiste du quotidien The Mercury.
Il s'agit d'une tentative du Congrès national africain (ANC, au pouvoir depuis 1994) "d'inculquer aux enfants les plus vulnérables un sentiment de culpabilité permanent", a renchéri Jaco Mulder, un élu local du Freedom Front Plus, petit parti défenseur de la minorité blanche.
"Nous espérons que les jeunes gens (...) acquièrent une connaissance du combat (anti-apartheid) qui était centré sur certaines valeurs humanistes", s'est défendue de son côté la ministre de l'Education, Naledi Pandor.
De même, la Ligue de la Jeunesse de l'ANC estime que ce serment "insufflera aux jeunes un sentiment de fierté et de patriotisme".
Ce débat reflète la difficulté de faire émerger un sentiment d'unité nationale en Afrique du Sud, où le régime raciste d'apartheid a pendant plus de 40 ans isolé les différents groupes raciaux.
Depuis 1994, le pays s'est doté d'un drapeau multicolore célébrant la diversité de sa population, d'une Constitution libérale et d'un hymne national symbole de réconciliation.
Celui-ci mélange le chant de libération de l'ANC, Nkosi Sikelel' iAfrika (Dieu bénit l'Afrique, en xhosa), à des extraits de l'ancien hymne de l'apartheid Die Stem (la voix en afrikaans).
En 2000, un nouveau blason a été retenu qui arbore comme devise: "!ke e: /xarra // ke", c'est-à-dire "personnes différentes, unissez-vous" en langue bushmen, peuples originels d'Afrique australe.
Mais le processus enclenché pour rebaptiser certaines villes ne se fait pas sans protestation. Et le débat ne cesse de rebondir sur la composition des équipes nationales de cricket et de rugby, toujours très blanches.
Jeudi, lors d'une intervention devant le Parlement, le président Mbeki a évoqué la division entre "ceux qui pensent que l'Afrique du Sud traverse la pire période de son histoire et ceux qui assurent que c'est la meilleure."
Citant un éditorial récent, il a poursuivi: "Les plus foncés marmonnent avec complaisance sur les injustices du passé. Les plus clairs optent avec vigueur pour la théorie selon laquelle le ciel va nous tomber sur la tête."
Et d'ajouter : "nous avons tous pour devoir d'encourager l'ensemble de nos citoyens à s'investir politiquement et émotionnellement dans notre pays (...) pour agir dans l'unité."
Pour le quotidien The Star, le serment de loyauté peut servir cette cause. "Aucune Nation aussi jeune que la nôtre ne peut espérer surmonter ses souffrances sans un peu d'aide", estime son éditorialiste.
"La société est tendue et fragmentée et a bien besoin de valeurs unificatrices et de rituels", reconnaît également le Business Day. Mais le journal estime que le serment élude les défis actuels et "ne fait pas le poids".
Le texte a des défauts, admet Sipho Seepe, président de l'Institut sud-africain sur les relations entre les races. Mais, selon lui, "il offre une chance à la Nation de discuter. C'est très important."
Source: AFP
(M)