
Le chef de l’Etat guinéen qui aura cumulé 23 ans au pouvoir a été tué au moment où il tentait de fuir sa maison, vers 04 H locales. Les médias officiels ont été immédiatement invités à cesser leurs émissions, pour « leur sécurité », selon les militaires qui accusent le président d’être responsable de la mort de Tagmé. Ce double assassinat intervient après une période politique agitée à laquelle est confrontée l’ex-colonie portugaise depuis l’automne dernier. Le 23 novembre dernier, un groupe de militaires avait déjà essayé d’attaquer la résidence du président Vieira. La tentative a échoué après des échanges sanglants. Immédiatement après, le Sénégal voisin a réagi en force. Le président Abdoulaye Wade s’y était déplacé en personne assurant son homologue du soutien du Sénégal. L’intérêt du Sénégal pour ce pays tient du fait de son influence historique et de son rôle traditionnel de base de repli des rebelles de la Casamance. Pour le moins, cet énième coup d’Etat montre bien que la démocratie africaine est en crise. Après la Mauritanie (où le président élu démocratiquement a été déposé le 6 août 2008), la Guinée Conakry (où les militaires ont profité du décès du chef de l’Etat pour prendre le pouvoir, fin décembre), c’est au tour de la Guinée Bissau de faire les frais de cette lutte autour du pouvoir. Il faut dire que la fracture au sommet des Etats entre les partisans de la légalité et ceux favorables à la distinction entre « bons et mauvais putsch » n’est pas de nature à renforcer la solidité des institutions démocratiques. MBF