
Le groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) a-t-il mis sa menace à exécution en Mauritanie ? Cette question s’impose dans la mesure où ce groupe, rebaptisé Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), dans un communiqué daté du 10 août 2008, diffusé sur Internet, avait exhorté "le peuple de Mauritanie" à se préparer "à la guerre".
Estimant que les militaires du 6 août, avec à leur tête le général Mohamed Ould Abdel Aziz, avaient probablement eu "l’approbation de l’Amérique, de la France et d’Israël".
Dans un courrier écrit en prison, le chef présumé de la branche mauritanienne d’Al-Qaïda, El Khadem Ould Esseman, avait enfoncé le clou en demandant aux musulmans de ne pas reconnaître "le régime mécréant" issu du putsch.
Ce qui s’est passé le 16 septembre dans le pays de Moctar Ould Daddah semble être un début d’exécution de cette menace. En effet, dans la nuit de dimanche à lundi, une patrouille de l’armée dans le nord de la Mauritanie a enregistré dans ses rangs 12 morts ou disparus, selon des sources sécuritaires.
Cette attaque, produite près de la localité de Tourine à 70 km à l’est de la ville minière de Zouèrate, a été attribuée à des éléments du GSPC. Ce macabre "bienvenue" des terroristes à la junte au pouvoir à Nouakchott constitue véritablement la première épreuve de taille à laquelle cette dernière devrait faire face.
Mis au ban de la communauté internationale pour avoir renversé le président démocratiquement élu Sidi Ould Cheikh Abdallahi et tenaillés par le front de l’opposition au putsch, qui vient de qualifier la feuille de route, prévoyant une élection présidentielle dans 12 à 14 mois, d’"illégale et sans effet", les militaires au pouvoir doivent également faire face aux adeptes de la "guerre sainte", qui les considèrent comme des "dirigeants apostats".
Voilà qui va, une fois de plus, ternir l’image d’un pays qui a fait parler de lui en matière d’insécurité en décembre 2007 avec l’assassinat de quatre (4) touristes français et le report, subséquent en janvier 2008, du Rallye Paris-Dakar pour cause de menace terroriste. Que peuvent bien faire les investisseurs dans un pays aux frontières poreuses et qui se caractérise par son instabilité politique ?
Ils ne peuvent qu’aller voir ailleurs, et c’est le peuple, dont la vie de l’immense majorité rime avec pauvreté, qui en pâtit. Le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi, qu’on a "balayé" à coup de baîllonnette, avait peut-être le malheur d’être un civil, qu’on pourrait taxer d’incapable dans ces genres de situation. Alors, que le général prouve qu’il mérite ses galons, même si d’autres avant lui, et sur d’autres théâtres d’opérations, se sont cassés et continuent de se casser les dents face à un ennemi qui est d’autant plus dangereux qu’il est invisible.
Mais si le Conseil des militaires n’a pas encore trouvé de programme de société, qu’il prennent ce que lui proposent à peu de frais les partisans d’Ossama Ben Laden, c’est-à-dire la "Lutte contre le terrorisme", un peu à l’image de la guerre planétaire que mène, depuis le 11 septembre 2001, le cow-boy de la Maison-Blanche contre la multinationale de la terreur.
Ce serait pour les putschistes mauritaniens un joli prétexte tout trouvé pour s’enraciner au mépris des règles démocratiques et ce, avec, c’est possible, la bénédiction de la Maison- Blanche. Du reste, le chef de la Junte ne semble pas voir les choses autrement, lui qui, peu après sa prise de pouvoir, s’était engagé à livrer une "lutte sans merci contre le terrorisme sous toutes ses formes et quelles que soient ses causes". Le voilà servi avec de bons travaux pratiques.
Mais ce que le général ignore, ou feint d’ignorer, c’est que, dans une république islamique, comme la Mauritanie, une bataille contre les terroristes, qui pensent défendre l’intérêt de l’islam au prix de leur vie, n’est jamais un combat aisé, même avec l’aide de la plus puissante armée du monde.
L’Afghanistan, l’Irak, la Somalie et le Soudan sont là pour nous rappeler cette réalité. Prendre le pouvoir avec une nuée de courtisans, comme c’est souvent le cas sous nos tropiques, est une chose, une autre est de démontrer, par des actes, des attitudes et des comportements, qu’on avait raison de briser "l’élan démocratique".
Abdou Karim Sawadogo
© L'Observateur (Sénégal) - Septembre 2008
via Taquadoumy
Estimant que les militaires du 6 août, avec à leur tête le général Mohamed Ould Abdel Aziz, avaient probablement eu "l’approbation de l’Amérique, de la France et d’Israël".
Dans un courrier écrit en prison, le chef présumé de la branche mauritanienne d’Al-Qaïda, El Khadem Ould Esseman, avait enfoncé le clou en demandant aux musulmans de ne pas reconnaître "le régime mécréant" issu du putsch.
Ce qui s’est passé le 16 septembre dans le pays de Moctar Ould Daddah semble être un début d’exécution de cette menace. En effet, dans la nuit de dimanche à lundi, une patrouille de l’armée dans le nord de la Mauritanie a enregistré dans ses rangs 12 morts ou disparus, selon des sources sécuritaires.
Cette attaque, produite près de la localité de Tourine à 70 km à l’est de la ville minière de Zouèrate, a été attribuée à des éléments du GSPC. Ce macabre "bienvenue" des terroristes à la junte au pouvoir à Nouakchott constitue véritablement la première épreuve de taille à laquelle cette dernière devrait faire face.
Mis au ban de la communauté internationale pour avoir renversé le président démocratiquement élu Sidi Ould Cheikh Abdallahi et tenaillés par le front de l’opposition au putsch, qui vient de qualifier la feuille de route, prévoyant une élection présidentielle dans 12 à 14 mois, d’"illégale et sans effet", les militaires au pouvoir doivent également faire face aux adeptes de la "guerre sainte", qui les considèrent comme des "dirigeants apostats".
Voilà qui va, une fois de plus, ternir l’image d’un pays qui a fait parler de lui en matière d’insécurité en décembre 2007 avec l’assassinat de quatre (4) touristes français et le report, subséquent en janvier 2008, du Rallye Paris-Dakar pour cause de menace terroriste. Que peuvent bien faire les investisseurs dans un pays aux frontières poreuses et qui se caractérise par son instabilité politique ?
Ils ne peuvent qu’aller voir ailleurs, et c’est le peuple, dont la vie de l’immense majorité rime avec pauvreté, qui en pâtit. Le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi, qu’on a "balayé" à coup de baîllonnette, avait peut-être le malheur d’être un civil, qu’on pourrait taxer d’incapable dans ces genres de situation. Alors, que le général prouve qu’il mérite ses galons, même si d’autres avant lui, et sur d’autres théâtres d’opérations, se sont cassés et continuent de se casser les dents face à un ennemi qui est d’autant plus dangereux qu’il est invisible.
Mais si le Conseil des militaires n’a pas encore trouvé de programme de société, qu’il prennent ce que lui proposent à peu de frais les partisans d’Ossama Ben Laden, c’est-à-dire la "Lutte contre le terrorisme", un peu à l’image de la guerre planétaire que mène, depuis le 11 septembre 2001, le cow-boy de la Maison-Blanche contre la multinationale de la terreur.
Ce serait pour les putschistes mauritaniens un joli prétexte tout trouvé pour s’enraciner au mépris des règles démocratiques et ce, avec, c’est possible, la bénédiction de la Maison- Blanche. Du reste, le chef de la Junte ne semble pas voir les choses autrement, lui qui, peu après sa prise de pouvoir, s’était engagé à livrer une "lutte sans merci contre le terrorisme sous toutes ses formes et quelles que soient ses causes". Le voilà servi avec de bons travaux pratiques.
Mais ce que le général ignore, ou feint d’ignorer, c’est que, dans une république islamique, comme la Mauritanie, une bataille contre les terroristes, qui pensent défendre l’intérêt de l’islam au prix de leur vie, n’est jamais un combat aisé, même avec l’aide de la plus puissante armée du monde.
L’Afghanistan, l’Irak, la Somalie et le Soudan sont là pour nous rappeler cette réalité. Prendre le pouvoir avec une nuée de courtisans, comme c’est souvent le cas sous nos tropiques, est une chose, une autre est de démontrer, par des actes, des attitudes et des comportements, qu’on avait raison de briser "l’élan démocratique".
Abdou Karim Sawadogo
© L'Observateur (Sénégal) - Septembre 2008
via Taquadoumy