
Un homme prie le 26 septembre 2008 devant des tombes de victimes non identifiées du naufrage du Joola
Les familles des victimes ont commémoré vendredi avec émotion, mais sur fond de querelle judiciaire entre Paris et Dakar, le naufrage du ferry sénégalais Le Joola, pire catastrophe maritime contemporaine qui a fait plus de 1.800 morts le 26 septembre 2002.Sous une pluie ininterrompue, plusieurs dizaines de personnes se sont recueillies sur les tombes du "Cimetière des naufragés" de Mbao (banlieue de Dakar), au cour d'une cérémonie islamo-chrétienne.
Quand retentit la sonnerie au mort, joué par un soldat, une femme s'effondre en sanglots dans les bras de sa fille.
Idrissa Diallo, un des représentants des familles de victimes, prend la parole, la voix serrée: "Avec la bénédiction de Dieu, cette affaire refait surface alors que tout le monde voulait l'enterrer".
Le 12 septembre, un juge du tribunal d'Evry (région parisienne) Jean-Wilfrid Noël avait délivré neuf mandats d'arrêt internationaux contre de hauts dignitaires sénégalais, dont l'ancien Premier ministre Mame Madior Boye, pour leur responsabilité présumée dans le naufrage.
Applaudie par les familles des victimes, cette décision avait provoqué la colère des autorités sénégalaises qui avaient aussitôt demandé l'annulation de ces mesures et menacé la France de "réciprocité".
Le Sénégal a annoncé jeudi avoir lancé le 22 septembre un mandat d'arrêt international contre le juge d'instruction français, accusé de "forfaiture et actes de nature à jeter le discrédit sur les institutions" sénégalaises.
Cette initiative a été dénoncée comme un "détournement de procédure" par l'Union syndicale des magistrats (USM), premier syndicat de cette profession en France.
Six ans après le drame, pour l'ensemble des familles de victimes réunies ici, bien des questions restent encore sans réponse. Abdou Ndoye a perdu "beaucoup de proches dans ce naufrage": sa soeur, son beau frère, des cousins des neveux.
"Nous avons réclamé la vérité, si ça ne peut pas être fait au Sénégal, que ce soit fait ailleurs", lance-t-il.
Après le naufrage, l'Etat sénégalais avait limogé des ministres et hauts-gradés de l'armée et indemnisé les familles de victimes qui le souhaitaient. Le dossier judiciaire avait toutefois été classé sans suite en 2003.
"Cette cérémonie est particulière", confie Nadine Verschatse de l'association française des familles de victimes, "c'est l'aboutissement de six ans de patience avec l'espoir que justice sera rendue".
Ndeye Dramé Diallo a pour sa part perdu trois enfants de 15, 12 et 8 ans et attend beaucoup de la relance de ce dossier.
"Ca me réconforte, dit-elle, tant qu'il n'y aura pas de justice, pas de renflouement... Elle s'interrompt et regarde dans le vide. "Quand je vois la mer, je ne supporte plus. Tout cela est nécessaire pour faire le deuil".
Car la petit centaine de corps enterrés dans le "cimetière des naufragés du Joola", n'a jamais été identifié. Et il resterait encore un millier de corps prisonniers de l'épave, située au large de la Gambie.
Venir prier dans ce cimetière "est un geste symbolique", confie Corinne Diedhiou, "je ne sais pas si mon père est là, mais je viens quand même. J'espère un jour pouvoir prier sur sa tombe".
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Source: TV5
(M) avomm
Quand retentit la sonnerie au mort, joué par un soldat, une femme s'effondre en sanglots dans les bras de sa fille.
Idrissa Diallo, un des représentants des familles de victimes, prend la parole, la voix serrée: "Avec la bénédiction de Dieu, cette affaire refait surface alors que tout le monde voulait l'enterrer".
Le 12 septembre, un juge du tribunal d'Evry (région parisienne) Jean-Wilfrid Noël avait délivré neuf mandats d'arrêt internationaux contre de hauts dignitaires sénégalais, dont l'ancien Premier ministre Mame Madior Boye, pour leur responsabilité présumée dans le naufrage.
Applaudie par les familles des victimes, cette décision avait provoqué la colère des autorités sénégalaises qui avaient aussitôt demandé l'annulation de ces mesures et menacé la France de "réciprocité".
Le Sénégal a annoncé jeudi avoir lancé le 22 septembre un mandat d'arrêt international contre le juge d'instruction français, accusé de "forfaiture et actes de nature à jeter le discrédit sur les institutions" sénégalaises.
Cette initiative a été dénoncée comme un "détournement de procédure" par l'Union syndicale des magistrats (USM), premier syndicat de cette profession en France.
Six ans après le drame, pour l'ensemble des familles de victimes réunies ici, bien des questions restent encore sans réponse. Abdou Ndoye a perdu "beaucoup de proches dans ce naufrage": sa soeur, son beau frère, des cousins des neveux.
"Nous avons réclamé la vérité, si ça ne peut pas être fait au Sénégal, que ce soit fait ailleurs", lance-t-il.
Après le naufrage, l'Etat sénégalais avait limogé des ministres et hauts-gradés de l'armée et indemnisé les familles de victimes qui le souhaitaient. Le dossier judiciaire avait toutefois été classé sans suite en 2003.
"Cette cérémonie est particulière", confie Nadine Verschatse de l'association française des familles de victimes, "c'est l'aboutissement de six ans de patience avec l'espoir que justice sera rendue".
Ndeye Dramé Diallo a pour sa part perdu trois enfants de 15, 12 et 8 ans et attend beaucoup de la relance de ce dossier.
"Ca me réconforte, dit-elle, tant qu'il n'y aura pas de justice, pas de renflouement... Elle s'interrompt et regarde dans le vide. "Quand je vois la mer, je ne supporte plus. Tout cela est nécessaire pour faire le deuil".
Car la petit centaine de corps enterrés dans le "cimetière des naufragés du Joola", n'a jamais été identifié. Et il resterait encore un millier de corps prisonniers de l'épave, située au large de la Gambie.
Venir prier dans ce cimetière "est un geste symbolique", confie Corinne Diedhiou, "je ne sais pas si mon père est là, mais je viens quand même. J'espère un jour pouvoir prier sur sa tombe".
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Source: TV5
(M) avomm