Le calvaire des revenants continue : Un ressortissant de Louboyré témoigne

Vexations, brimades, tels sont les actes vécus au quotidien et depuis de longues années par plusieurs villages peulhs du département de Ould Yengé au Guidimakha. Au moment où le retour des réfugiés entre dans une phase cruciale, des mauritaniens continuent d’être l’objet de mesures arbitraires qui découragent les candidats au retour de nos compatriotes déportés, vivant dans les camps des réfugiés au Mali.

A l’approche de la saison des pluies, un ressortissant du village de Louboyré livre un témoignage poignant. Ndoula Yéro parle :

Le Rénovateur : Au Guidimakha, précisément dans le département de Ould Yengé, la cohabitation est-elle revenue à la normale entre les voisins mauritaniens d’hier, après les douloureux événements de 1989 ?

Ndoula Yéro : Il n y a jamais eu de problèmes entre les différentes communautés dans les villages de Louboyré Ifra et les autres qui ont vécu ensemble depuis de longues années. Le grand problème, c’est l’attitude de l’administration locale qui cherche par tous les moyens à diviser les populations. L’exemple de Louboyré Ifra est là pour le prouver. Il y a toujours ce litige qui oppose les ressortissants de ce village dont les habitants étaient déportés avec leurs voisins d’hier au sujet d’une propriété foncière à l’origine appartenant à ces mauritaniens revenus depuis 1999.

Les autorités locales dont le Wali ont ordonné aux anciens propriétaires de suspendre toute exploitation de ces endroits qui ont été réattribués à d’autres. Ces derniers jours, les tensions ont failli dégénérer dans ce village à cause du comportement des autorités locales qui ont envoyé des gendarmes pour intimider les ex propriétaires ne demandant rien qu’un compromis pour accéder à leur bien foncier. Les autorités ont préféré priver les revenants de leur droit.

Le Rénovateur : Pensez-vous que cela ne risquera pas de décourager les candidats au retour ?

Ndoula Yéro : Bien sûr ! Il y a déjà une famille qui a préféré rentrer au Mali. Elle estime que les conditions de sécurité ne sont pas remplies pour vivre en paix. Actuellement, beaucoup de familles établies au Mali veulent retourner dans leur pays. Mais la situation que traverse les premiers revenants, objets de toutes les vexations de la part des autorités locales, n’encourage pas ce retour.

Le Rénovateur : A combien estime t-on les villages peulhs déportés du département de Ould Yengé ?

Ndoula Yéro : Il y a 26 villages peulhs victimes des déportations dont Louboyré Ifra, Louboyré Barinabe, Louboyré Dialel, Louboyré Layri, Mouta Goumalo, Boulhayé dont personne n’est revenu, Korok, Agou M’baye, Dagvel Koulouko, Ould Jiddou Galo Worno, Ould Jiddou Ganguebe, Gourel Seydi, Ndomoli Niaka, Tektaké, Nebia…etc. Tous ces villages ont été victimes des événements de 1989. Le Président de la République doit intervenir pour que sa décision courageuse ne souffre pas de mauvaises méthodes dignes d’un autre âge.

Propos recueillis par Amadou Diarra

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Source: Le Rénovateur Quotidien (Mauritanie)
(M) avomm