
C’est un Ahmed Ould Daddah très en forme et visiblement serein qui a présenté son rapport à l’ouverture du premier congrès de son parti, le Rassemblement des Forces démocratiques (RFD), le jeudi 26 juin dernier. Une salle de conférence du Palais des Congrès pleine à rejeter du monde, accueillait pour trois jours les travaux du Congrès de la «Fidélité et de la persévérance», le thème choisi à l’occasion de ce premier rendez-vous du parti avec ses délégués.
En plus des délégués, on notait la présence des représentants de partis politiques de l’opposition, de la majorité, de la société civile, des diplomates et des représentants de partis politiques étrangers, dont le Maroc, la France le Sénégal…
Ahmed Daddah, leader de l’opposition démocratique a, à l’occasion de son discours, convenablement joué son rôle: celui de critiquer et de proposer en même temps ses solutions pour sortir le pays de sa situation actuelle qualifiée de crise. Il a fait un long et acerbe retour sur le passé sombre de son parti à cause des agissements «barbares» de l’ancien régime contre les militants, dirigeants et sympathisants de sa formation, l’union des Forces démocratiques à l’époque et aussi avec le RFD actuel au cours des années de fin de règne de l’ancien dictateur.
Il énuméra ainsi des tortures, arrestations et autres déboires auxquels dirigeants et militants de sa formation ont été soumis dans le passé. Jusqu’à ce qu’intervienne la tentative de coup d’État de juin 2003 «qui a sonné le glas du régime dictatorial», que les soutiens et laudateurs finiront par «bouder le 3 août 2005».
Le leader de l’opposition fera, sous des applaudissements nourris et répétés, un passage non moins remarqué sur la période de la transition militaire, qui a selon lui joué un rôle important dans la chasse du dictateur et aidé à asseoir un régime démocratique. Mais, les responsables du coup d’État du 3 août 2005, ont trahi leurs propos en soutenant un candidat à la présidentielle au détriment d’autres. Contrairement à ce qu’ils disaient en public, «les officiers aux commandes sous la transition s’étaient profondément impliqués dans le jeu politique à travers un scénario dûment tracé par eux» soutient Ould Daddah.
Par la suite vinrent les élections avec les truquages et manigances notoires pour soutenir le camp des indépendants au cours des législatives et l’actuel Président pendant la présidentielle, poursuit-il en substance. Cependant, dès l’annonce des résultats, et par souci de sauver la Mauritanie de tout dérapage, «nous avons reconnu la victoire de l’actuel président de la République», a confié dans son discours-bilan Ould Daddah. Pour ce qui est de la situation politique et sociale post-présidentielle, Ould Daddah ne la trouve pas meilleure et ce malgré les multiples «suggestions et propositions de la part du RFD sur la situation difficile des populations». Il a fallu «les émeutes de la fin» pour que le pouvoir en place daigne prendre sous le sceau de l’urgence, une mesure à travers un premier plan d’urgence «mal conduit». Lequel plan sera suivi, sans aucune forme d’évaluation du premier, par un autre encore en cours, mais dont la situation présente ne pousse pas à «l’optimisme».
Le pays est, selon Ahmed Daddah, dans une situation difficile à la fois sur le plan social (les réfugiés souffrent encore et se trouvent dans de sites; la situation alimentaire précaire; le passif humanitaire demeure sans solution; les enseignants sont en grève et le dialogue n’est pas entamé entre eux et le pouvoir; l’insécurité est récurrente…) et sur le plan politique (crise politique au niveau de la majorité, dont les éléments composant le gouvernement n’ont rien en commun). Ould Daddah renvoie, à cet effet, les forces en dispute dos à dos.
Il faut pour surmonter cette crise, revoir sa copie en matière sociale en créant les emplois et surtout en majorant les salaires des fonctionnaires, de sorte que le plus bas salaire atteigne 50.000 UM. Sur le plan politique, il faut que prime l’intérêt général et combattre la corruption, le clientélisme, le régionalisme et le clanisme, sources principales des maux dont souffre le pays aujourd’hui.
Le leader de l’opposition a aussi évoqué l’implantation de son parti sur l’ensemble du territoire national. Il compte aujourd’hui un peu moins de 170.000 adhérents à l’issue de sa toute dernière campagne d’implantation.
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Source: biladi
(M) avomm