
A part la Marseillaise, le "God save the Queen" et l’hymne américain il n’y guère que l’hymne russe et israélien et quelques autres parmi ceux de nos voisins qui nous soient un peu connus. Mais si l’on veut bien prendre le temps de se plonger, comme je l’ai fait, au sein des hymnes nationaux du monde entier, des 192 pays recensés par l’ONU, on effectue un voyage musical et historique à la fois passionnant et plein de surprises. Votre serviteur s’est donc infligé le pensum de les écouter à peu près tous et de se renseigner autant que possible sur leur histoire, leur origine et les éventuelles curiosités qu’ils pouvaient receler.
La musique mauritanienne est une musique savante, héritée de la musique arabe, comportant de nombreux modes et styles pas faciles à assimiler par un musicien occidental. Les autorités mauritaniennes ont voulu, au moment de l’indépendance en 1960, un hymne authentiquement national et se sont adressées à un musicien français d’origine russe du nom de Tolia Nikiprowetzky qui était un spécialiste des musiques africaines afin qu’il leur compose un hymne. En voyant les difficultés auxquelles il s’est heurté, on comprend mieux les raisons, cette fois de pure technique musicale, pour lesquelles il y a si peu de musiques authentiques hors de la sphère occidentale pour les hymnes.
En l’espèce, il fallait composer une marche, donc sur un rythme à deux temps, simplisme qui ne se rencontre que très rarement dans la musique mauritanienne, mais aussi l’harmoniser ( ce qui était également étranger à sa tradition musicale) pour une fanfare militaire. Le compositeur a inventé une harmonisation qui respecte la structure modale d’une mélodie empruntée à des fragments de musique mauritanienne qu’il est allé recueillir sur place.
Pour expliquer dans la mesure du possible : la gamme mineure sans dièse ni bémol, celle de la mineur, s’établit ainsi : la, si, do, ré, mi, fa, sol. Le mode traditionnel mauritanien utilisé dans la mélodie de l’hymne est : la, si, do, ré#, mi, fa, sol#, et l’harmonisation évite les tierces, ce qui donne certainement l’hymne le plus étrange et le plus dissonant du monde.
Le poids de l’impérialisme culturel s’exerce aussi par et dans sa technologie instrumentale….
Les instruments des fanfares, actuellement fabriqués uniquement pour jouer les musiques occidentales, ne peuvent pas prendre en compte, par exemple, des intervalles inférieurs au demi-ton, et de ce fait ne peuvent reproduire la subtilité des modes caractéristiques d’un grand nombre de musiques orientales. Mais après tout, on impose bien à des musiciens indiens de jouer des musiques polyphoniques occidentales totalement étrangères à leur culture ; on ne voit donc pas pourquoi, ne serait-ce que d’un point de vue protocolaire, il n’y aurait pas une réciprocité imposée à la musique de la Garde Républicaine ou de la Royal Navy qui les obligerait à jouer des partitions comportant des quarts de tons par exemple !
L’hymne en général, (mais la musique en a sa part), voudrait être, à tort ou à raison, un facteur d’identification du caractère national, réel ou fantasmé. Il est donc à la fois une manière pour chaque nation de se représenter à elle-même et une façon de se raconter aux autres. De ce point de vue, l’existence de ces hymnes « colonisés », ne serait-elle pas l’aveu d’une culture et d’une identité qui le demeurent ?
Pour entendre et/ou découvrir l'hymne de la Mauritanie :
http://www.africa-onweb.com/pays/mauritanie/media/hymne.mid
Source: agoravo (avomm.com)
La musique mauritanienne est une musique savante, héritée de la musique arabe, comportant de nombreux modes et styles pas faciles à assimiler par un musicien occidental. Les autorités mauritaniennes ont voulu, au moment de l’indépendance en 1960, un hymne authentiquement national et se sont adressées à un musicien français d’origine russe du nom de Tolia Nikiprowetzky qui était un spécialiste des musiques africaines afin qu’il leur compose un hymne. En voyant les difficultés auxquelles il s’est heurté, on comprend mieux les raisons, cette fois de pure technique musicale, pour lesquelles il y a si peu de musiques authentiques hors de la sphère occidentale pour les hymnes.
En l’espèce, il fallait composer une marche, donc sur un rythme à deux temps, simplisme qui ne se rencontre que très rarement dans la musique mauritanienne, mais aussi l’harmoniser ( ce qui était également étranger à sa tradition musicale) pour une fanfare militaire. Le compositeur a inventé une harmonisation qui respecte la structure modale d’une mélodie empruntée à des fragments de musique mauritanienne qu’il est allé recueillir sur place.
Pour expliquer dans la mesure du possible : la gamme mineure sans dièse ni bémol, celle de la mineur, s’établit ainsi : la, si, do, ré, mi, fa, sol. Le mode traditionnel mauritanien utilisé dans la mélodie de l’hymne est : la, si, do, ré#, mi, fa, sol#, et l’harmonisation évite les tierces, ce qui donne certainement l’hymne le plus étrange et le plus dissonant du monde.
Le poids de l’impérialisme culturel s’exerce aussi par et dans sa technologie instrumentale….
Les instruments des fanfares, actuellement fabriqués uniquement pour jouer les musiques occidentales, ne peuvent pas prendre en compte, par exemple, des intervalles inférieurs au demi-ton, et de ce fait ne peuvent reproduire la subtilité des modes caractéristiques d’un grand nombre de musiques orientales. Mais après tout, on impose bien à des musiciens indiens de jouer des musiques polyphoniques occidentales totalement étrangères à leur culture ; on ne voit donc pas pourquoi, ne serait-ce que d’un point de vue protocolaire, il n’y aurait pas une réciprocité imposée à la musique de la Garde Républicaine ou de la Royal Navy qui les obligerait à jouer des partitions comportant des quarts de tons par exemple !
L’hymne en général, (mais la musique en a sa part), voudrait être, à tort ou à raison, un facteur d’identification du caractère national, réel ou fantasmé. Il est donc à la fois une manière pour chaque nation de se représenter à elle-même et une façon de se raconter aux autres. De ce point de vue, l’existence de ces hymnes « colonisés », ne serait-elle pas l’aveu d’une culture et d’une identité qui le demeurent ?
Pour entendre et/ou découvrir l'hymne de la Mauritanie :
http://www.africa-onweb.com/pays/mauritanie/media/hymne.mid
Source: agoravo (avomm.com)