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Le bureau exécutif de l'AVOMM

"L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous." Jean-Paul Sartre

"L'Association d'aides aux veuves et aux orphelins de mauritanie (AVOMM) qui nous rassemble, a été créée le 25/12/95 à PARIS par d'ex-militaires mauritaniens ayant fui la terreur, l'oppression, la barbarie du colonel Mawiya o/ sid'ahmed Taya ......
Ces rescapés des geôles de ould Taya, et de l'arbitraire, décidèrent, pour ne jamais oublier ce qui leur est arrivé, pour garder aussi la mémoire des centaines de martyrs, de venir en aide aux veuves, aux orphelins mais aussi d'engager le combat contre l'impunité décrétée par le pouvoir de Mauritanie."
E-mail : avommavomm@yahoo.fr

Bureau exécutif

*Ousmane SARR, président
*Demba Niang, secrétaire général
*Secrétaire général Adjt; Demba Fall
*Alousseyni SY, Chargé des relations extérieures
*Mme Rougui Dia, trésorière
*Chargé de l’organisation Mariame Diop
*adjoint Ngolo Diarra
*Mme Mireille Hamelin, chargée de la communication
*Chargé de mission Bathily Amadou Birama
Conseillers:
*Kane Harouna
*Hamdou Rabby SY










AVOMM

Non les ulémas mauritaniens ne soutiennent pas l’autorité injuste


Non les ulémas mauritaniens ne soutiennent pas l’autorité injuste
Pour localiser les troupes mecquoises lors des préparatifs de Badr en 624, le Prophète accompagné d’Abû Bakr, avait interrogé un homme rencontré dans le désert. Celui-ci avait demandé à son tour : « D’où êtes vous ? » Le Prophète avait répondu : « Nous sommes d’eau (Nahnu min mâ’) ». L’homme s’en fut songeur en répétant : « min mâ’ », ce qu’il pensait être une localité. Bien entendu le Prophète et son compagnon ne pouvaient pas s’identifier auprès de lui au risque de se faire localiser par leurs adversaires mais en répondant « Nous sommes d’eau » il donnait une réponse suffisante car le Coran lui donne raison puisqu’il fait de l’eau la source de toute vie donc tout être vivant est d’eau: « (…) Et Nous avons fait d’eau toute chose vivante) 21, 30.

Les ulémas mauritaniens ne soutiennent pas l’injustice mais s’ils se sont réellement exprimés sur le Haut Conseil d’Etat, ils ont certainement dit : « Nous sommes d’eau (Nahnu min mâ’) » comme nous tous. Car ils savent bien qu’à propos du Haut Conseil d’Etat (al-Majlis al-A‘lâ li al-Dawla), qu’il n’y a de Conseil (Majlis) que celui des sages et des justes ; qu’il n’est de Haut et de Suprême que l’Absolu (Allâh tabâraka wa ta‘âlâ) et enfin il n’est d’Etat (al-Dawla) donc de pouvoir octroyé par Celui au pouvoir, que celui gagné légitimement donc par la voie du scrutin. (La formulation de la basmala n’est-elle pas la voie légale ouvrant à l’autorisation de la consommation de la chaire de l’animal licite sacrifié dont le possesseur n’est pas l’acheteur mais le Créateur)

Alors par souci de sauvegarder la sacralité des lieux de culte afin qu’ils ne deviennent pas un espace d’invectives et de défense du moi et d’appel acharné à allégeance à autorité injuste mais restent des lieux de recueillement et d’enseignements profitables aux fidèles, les ulémas disent qu’ils « sont d’eau ». Sachant qu’ils savent également que l’injustice arrogante se nourrissant des discordes qu’elle crée, doit être dénoncée fermement, inlassablement mais pacifiquement et pédagogiquement. C’est cela même défendre le bien et se garder du mal (al-amr bi al-ma‘rûf wa al-nahy an al-munkar).

Cependant libre à quiconque veut soutenir l’injustice de le faire mais harceler les autres pour chercher à les entraîner dans cette perdition, c’est un grand tort. Sachant que la porte du repentir est encore ouverte pour laisser entrer quiconque le souhaite.

Savants et politiques, une hiérarchie

Les ulémas savent aussi qu’en déclarant : « Le pire des savants est celui qui fréquente les hommes de pouvoir et le meilleur des hommes de pouvoir est celui qui fréquente les savants», le Prophète établit une hiérarchisation entre les savants et les politiques.

Car le savant cherchant les faveurs du pouvoir pour servir son ego sous couvert de responsabilités au service de la religion par exemple (car le savoir qui se pèse par le poids du poste est différent du savoir réel, sachant cependant qu’un savoir à poste peut aussi être réel) a rompu avec sa mission de serviteur de la lumière divine (nûr allâh). Rappelons-nous les célèbres vers pleins d’humilité attribués à Shâfi’î : « Je me suis plains à Waqî’[l’un de ses maîtres] ma médiocrité à comprendre ; il m’a conseillé d’abandonner les transgressions [à la Loi] ; et il m’a dit que le savoir est une lumière ; or la lumière divine n’est pas donnée à un transgresseur). Le caractère éducatif de ces vers est évident et la transgression est à prendre à un sens large.

Tandis que l’homme du pouvoir qui va rechercher l’amitié et le conseil des savants (les meilleurs) fait preuve d’humilité et montre sa volonté de bien remplir sa fonction en l’exerçant avec justice et équité au service du peuple.

Le libéralisme dans l’islam se voit au fait qu’un savant ne s’impose ni par ses titres ni par son physique mais par un savoir utile mis au service de tous, par sa probité, sa puissante résolution, sa magnanimité, son pacifisme, son humilité et son esprit d’ouverture ; mais aussi et surtout par la mise en pratique de ce savoir dans sa vie quotidienne car comme le rappelle un savant mauritanien, le savoir sert à la mise en pratique et la mise en pratique sert à crainte.

Un savant de l’Afrique orientale très médiatique à qui un réalisateur de documentaire européen avait demandé à propos de la thématique de la caricature, si le Coran interdisait textuellement les caricatures. Le savant avait répondu qu’il n’y avait aucun verset l’attestant. Est-il besoin d’être savant pour savoir que pour répondre à une telle question, la première étape est de comprendre le mot, de le situer dans son contexte et de chercher par analogie l’équivalent dans les sources scripturaires. Or nous savons que « caricature » selon le dictionnaire Robert « C’est la représentation qui, par la déformation, l’exagération de détails, tend à ridiculiser le modèle. C’est ce qui évoque [quelqu’un] sous une forme déplaisante ou ridicule». Le contexte de la question était celui de la montée des nationalismes xénophobes. Quant aux textes scripturaires, ils abondent sur la thématique de la « sukhriyya» présente dans la vie des prophètes et que tous ont subi. Un retour aux sources scripturaires, de la Sîra et aux qisas al-anbiyâ offre amplement des réponses dans cet exemple et préserve de cette vision figée de l’islam et du Texte sacré qui dit pourtant de lui-même : « Nous avons dans ce Coran, cité pour les gens, des exemples de toutes sortes, afin qu’ils se souviennent » C.39, 27.

De la même manière faire allégeance à une autorité putschiste en prétextant que la démocratie n’est pas une nécessité, n’est pas un argument valable. Car la démocratie qui prône la justice se définit comme « La forme de gouvernement où la souveraineté appartient au peuple ». Autrement dit c’est le peuple qui choisit ceux qui vont le gouverner, non pas les voir s’imposer par la force. Ne suffit-il pas de relire la Sîra pour voir que le Prophète a recouru au scrutin direct par la mubâya ‘a, dès les serments d’Aqaba en 621, pour soutenir un programme social, économique et post apocalyptique basé sur la parole de la Révélation, avec une campagne entamée en 610, notamment auprès des pèlerins de la Kaaba.

La question de la divergence (ikhtilâf)

« La divergence entre savants est miséricorde » selon le hadîth parce qu’en leur offrant un large espace de discussion, elle va faciliter le culte aux fidèles en leur permettant d’avoir un libre choix jurisprudentiel. Cette divergence peut parfois prendre une tournure inattendue comme dans le cas d’Ibn Rush et Ibn Mahdî.

Nous savons que les savant ont divergé à propos des formules : « Je rends grâce à Dieu Seigneur des mondes » (al-hamdu li allâh rabb al-âlamîn) et « Il n’y a de divinité qu’Allah » (lâ ilâha illâ allâh), laquelle était préférable (afdal).

Un groupe avait soutenu la primauté de la première en faisant remarquer que le tahlîl contenait le thème de l’unicité (tawhîd) tandis que le hamd contenait le double thème de l’unicité (tawhîd) et de la grâce (hamd). Il se fonde sur le hadîth rapporté par Abû Hurayra et Abû Sa‘îd al-Khudrî dans lequel le Prophète dit : « Quiconque dit : «Il n’y a de divinité qu’Allah », sera rétribué de vingt bienfaits et verra s’absoudre vingt de ses péchés. Quiconque dit : « Je rends grâce à Allah Seigneur des mondes », sera rétribué de trente bienfaits et verra s’absoudre trente de ses péchés ».

Un autre groupe soutient la primauté du tahlîl arguant qu’il supprime l’infidélité et par lui s’effectue le jihâd. Il se fonde sur le hadîth suivant : « La clef du paradis est « Il n’y a de divinité qu’Allah ».

Le célèbre juriste malékite et exégète de Grenade, Ibn Atiyya (abd al-haqq b. Ghâlib m.542/1148) qui soutient cette dernière thèse déclare : « Ce qui certifie cette position est le hadîth dans lequel le Prophète déclare : La meilleure formule que j’ai prononcée moi et les prohètes antérieurs, c’est : « Il n’y a de divinité qu’Allah l’Unique qui n’a point d’associé ».

Muhammad b. Ahmad b. Rushd (m.520 /1126), un juriste malékite réputé de Cordoue, grand-père du célèbre philosophe Muhammad b. Ahmad b. Rushd (Averroès) m. 595/1198), qui avait été interrogé à propos de cette question sur le tahlîl et le hamd donna primauté au tahlîl. Lorsque sa réponse parvint au jurisconsulte Maymûn b. Mahdî, celui-ci lui envoya les vers suivants :

« Regarde de plus près à ce que tu as écris et ne sois pas

Sans arme, pressé au militantisme.

Ta part est de rendre le savoir à ses hommes ;

Qu’il te suffise à ce sujet, d’être dans le suivisme ».

Ibn Rushd répondit à son tour :

« Du calme ! Tu n’interpelles pas en moi un endormi.

Tiens écoutes, si tu es de ceux qui entendent :

Tu as porté atteinte à Ibn Rushd comme à ceux auxquels tu es habitué ;

De sa part, tu vas récolter des coups défensifs.

Si j’avais cédé le savoir à ses hommes,

Tu ne serais pas en train de polémiquer sur ce que tu prétends.

Si la polémique nous réunit dans une assemblée

Nous t’y abreuverons un poison [d’arguments] sans conteste efficace ».

Le tort d’Ibn Mahdî est que son excès de zèle pour défendre sa position et manifestement aussi un défaut de connaissance, l’a fait sortir de la disciple de l’art de la discussion et oublier qu’en matière de divergence acceptable (ikhtilâf mahmûd), il n’y a pas lieu de polémiquer ni de condamner l’opinion différente de la sienne puisque le terrain de discussion est celui de la jurisprudence.

Cette divergence reste cependant inscrite sur le terrain de la miséricorde comme le mentionne le hadîth cité supra. Mais dès lors que la divergence sort de l’espace du credo (aqîda) et entre en rupture avec les sources scripturaires, c’est la divergence condamnable (ikhtilâf madhmûm)

La question qui se pose est celle de l’allégeance à une autorité injuste. En d’autre termes faut t-il soutenir un pouvoir s’imposant par l’usage de la force et dont le pionnier fut dans l’histoire de l’islam Yazîd b. Mu‘awiyya commanditeur du siège de la Mecque en 692, engagé dans une course effrénée pour chercher à légitimer l’illégal ? Non, selon les sources scripturaires. D’ailleurs ni al-Husayn b. Ali ni Ibn al-Zubayr ni Ibn Abbâs ni Ibn Umar n’avaient soutenu ni fait allégeance au dictateur.

C’est pour préserver de la discorde que les gens justes se sont gardées de tout face à face à la violence dès qu’elle s’est présentée à eux. Aujourd’hui l’argument, le pacifisme et la patience active reste encore leurs armes. Car soutenir l’injustice, c’est l’encourager et c’est faire acte de complicité d’une menace dangereuse pour l’avenir de la foi de chacun comme le traduit cette mise en garde : « Est-ce que les gens pensent qu’on les laissera dire : «Nous croyons » sans les éprouver » C. 29, 2 ; d’où l’urgence d’émigrer des caractères de l’injustices vers les caractères de la justice de notre être car c’est la voie du triomphe sur nous-même comme l’hégire d’un espace d’injustice (Mecque des polythéistes) pour un espace de justice (Médine des Muhâjirûn et les Ansârs) fut pour le Prophète la voie du retour triomphal : « Lorsque vient la victoire d’Allah et l’ouverture » (idhâ jâ’a nasru allâh wa al-fath) C. 110, 1.

Nevissa T.

For-Mauritania
Mardi 30 Décembre 2008 - 12:44
Mardi 30 Décembre 2008 - 12:52
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