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Le bureau exécutif de l'AVOMM

"L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous." Jean-Paul Sartre

"L'Association d'aides aux veuves et aux orphelins de mauritanie (AVOMM) qui nous rassemble, a été créée le 25/12/95 à PARIS par d'ex-militaires mauritaniens ayant fui la terreur, l'oppression, la barbarie du colonel Mawiya o/ sid'ahmed Taya ......
Ces rescapés des geôles de ould Taya, et de l'arbitraire, décidèrent, pour ne jamais oublier ce qui leur est arrivé, pour garder aussi la mémoire des centaines de martyrs, de venir en aide aux veuves, aux orphelins mais aussi d'engager le combat contre l'impunité décrétée par le pouvoir de Mauritanie."
E-mail : avommavomm@yahoo.fr

Bureau exécutif

*Ousmane SARR, président
*Demba Niang, secrétaire général
*Secrétaire général Adjt; Demba Fall
*Alousseyni SY, Chargé des relations extérieures
*Mme Rougui Dia, trésorière
*Chargé de l’organisation Mariame Diop
*adjoint Ngolo Diarra
*Mme Mireille Hamelin, chargée de la communication
*Chargé de mission Bathily Amadou Birama
Conseillers:
*Kane Harouna
*Hamdou Rabby SY










AVOMM

Opérations retour des réfugiés: Problèmes à répétitions...

Mamadou Moctar Sarr, Secrétaire Exécutif du FONADH, relève des manquements par rapport à ce qui a été convenu dans l’accord triparti signé entre la Mauritanie, le Sénégal et le HCR.

Depuis le début de l’opération de rapatriement des déportés mauritaniens vivant au Sénégal, il y a officiellement 4.076 réfugiés qui sont rentrés au pays. Cependant, depuis leur arrivée et jusqu’à nos jours, ils vivent dans la précarité. Alors que l’hivernage s’est déjà installé.

Ce 20 juin, sera célébrée la Journée Mondiale des Réfugiés. A cette occasion, nous en avons profité pour discuter avec Mamadou Moctar Sarr, Secrétaire Exécutif du FONADH, dans l’interview suivante, de la question des réfugiés et du passif humanitaire.


Opérations retour des réfugiés: Problèmes à répétitions...
Le Rénovateur Quotidien : Vous venez d’effectuer une visite dans les camps des réfugiés. Comment avez-vous trouvé la situation ?

Mamadou Moctar Sarr : Effectivement, nous avons été au Gorgol, au Brakna et au Trarza dans le cadre d’une mission conjointe dont l’objet était de vulgariser le contenu de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et la Charte Africaine des Droits de l’Homme.

Nous estimons que le premier devoir d’un citoyen, c’est de connaître ses droits et ses devoirs. Nous en avons profité pour visiter les sites du Brakna. La situation est très difficile. Il y a beaucoup d’insuffisances par rapport à l’accueil et à la réception des déportés. Les problèmes rencontrés sont relatifs à ceux de l’habitat.

A leur arrivée, ces populations étaient logées sous des tentes en matière plastique. Avec la chaleur qu’il fait ces temps-ci, elles deviennent invivables.

Et pourtant, il était prévu, dans l’accord triparti entre la Mauritanie, le Sénégal et le HCR, de construire des logements. A ce niveau, rien encore n’a été fait. Il y a aussi le problème de l’eau potable. Le HCR prévoyait 10 litres par jour et par personne.

Mais, sur le terrain, la réalité est tout autre. Et cela constitue un grand handicap pour les populations ! L’autre aspect concerne l’éducation. Il y a des enfants qui sont revenus avec leurs parents.

A ce niveau aussi, le problème n’a pas encore été réglé définitivement. Globalement, on peut dire qu’il y a toujours des manquements par rapport à ce qui a été convenu dans l’accord tripartite.

A notre avis, les autorités doivent réagir très rapidement pour que les populations soient rassurées. Sinon, ce sera la catastrophe si aucune solution d’urgence n’est trouvée. Les déportés sont actuellement dans des abris précaires qui ne peuvent pas les protéger.

Le Rénovateur Quotidien : Outre ces manquements que vous avez relevés dans les sites, il y a aussi le problème relatif aux terres auxquels sont confrontés les déportés rentrés au pays.

Mamadou Moctar Sarr : Le problème des terres va au-delà du problème des réfugiés. C’est un problème qui se pose au niveau de toute la vallée.

Aujourd’hui, nous avons constaté qu’il y a des spéculateurs qui veulent s’accaparer des terres. Cela est lié au retour des déportés. Nous lançons un appel solennel aux autorités de régler rapidement ce problème.

Pour l’essentiel, ceux qui sont revenus sont des agriculteurs. L’écrasante majorité d’entre eux n’ont pas encore retrouvé ni leurs biens et encore moins leurs terres. Nous avons tenu des conférences de presse pour sensibiliser l’opinion nationale sur cette question et attirer l’attention des autorités.

On ne peut pas comprendre que des populations qui avaient des terres soient expropriées du jour au lendemain ou courent toujours derrière leurs terres. C’est un problème crucial qui n’a commencé qu’avec le début du rapatriement. C’est un problème de spéculation que les gens veulent éveiller pour créer des problèmes.

Le Rénovateur Quotidien : Vous appelez à l’arbitrage de l’Etat dans ce problème. Or, on a remarqué qu’il y a la main des autorités locales qui se dissimulent derrière pour empêcher toute résolution de la question des terres de la vallée notamment celles expropriées.

Mamadou Moctar Sarr : Malheureusement, le constat est là ! Ce sont les autorités qui devraient mettre fin à cette occupation des terres. Jusqu’à présent, les populations ont gardé leur calme et leur sérénité.

Mais, il n’y a pas un répondant au niveau des autorités locales. Et, nous avons suggéré aux populations de continuer à se battre pour recouvrer leurs terres, mais, dans un cadre de dialogue et suivant les lois en vigueur. En revanche, il est inconcevable que les gens continuent de s’accaparer illégalement les terres d’autrui. On sait qu’un wali ne peut pas donner plus de 30 ha, un hakem plus de 10 ha. Il y a une loi sur le régime foncier qui définit le niveau de compétence des autorités locales.

Le Rénovateur Quotidien : Il y a des informations faisant état d’une campagne de dissuasion menée auprès des réfugiés qui voudraient revenir. Qu’en est-il exactement et qui sont derrière cette campagne ?

Mamadou Moctar Sarr : Cette campagne ne date pas d’aujourd’hui. Malgré cela, je peux vous dire que les réfugiés n’ont qu’une seule envie : revenir. Ce n’est pas les biens matériels qui les intéressent ! L’écrasante majorité s’est inscrite dans cette dynamique. Il y a des gens qui sont contre ce retour, c’est vrai. Mais, il faudrait que les autorités prennent en charge ceux qui sont déjà revenus pour les rassurer. Maintenant, les détracteurs peuvent profiter de certains incidents pour essayer de décourager les autres.

Le Rénovateur Quotidien : Puisque la situation est catastrophique pour reprendre votre terme, ne serait-il pas nécessaire de créer un fonds d’urgence pour ceux qui sont revenus pour appuyer l’ANAIR qui semble ne plus tenir le coup ?

Mamadou Moctar Sarr : Il y a deux acteurs chargés de l’organisation du retour des déportés. D’abord, le HCR qui doit prendre en charge les déportés pendant 3 mois.

Actuellement, tout le monde se plaint de la manière dont l’ALPD gère le retour des réfugiés. Puisqu’il y a une arrivée massive des déportés, il fallait essayer de répartir ce retour entre différentes ONGs. Le HCR et l’ALPD ne remplissent pas entièrement leurs missions.

La deuxième phase, c’est au niveau de l’ANAIR. C’est vrai qu’elle a distribué du bétail et autres. Mais, là aussi, il faut qu’elle redouble d’efforts. On est à la veille de l’hivernage. Il faut que ces populations puissent, une fois dépassée la phase d’urgence, prendre leurs propres dispositions. Il y a des mesures d’accompagnement que le HCR, le gouvernement et tous les acteurs concernés doivent inventorier pour une meilleure prise en charge.

Le Rénovateur Quotidien : Est-ce qu’on peut parler de fiasco dans la gestion du retour des déportés au vu des insuffisances qui ont été notées çà et là ?

Mamadou Moctar Sarr : Il faut d’abord distinguer l’action du HCR et celle de l’ANAIR. Chacun d’entre eux a une mission bien précise. Nous estimons que c’est au HCR de mettre les moyens nécessaires (eau, habitat, santé, éducation) afin que les réfugiés soient mis dans de bonnes conditions.

Si, une ONG n’est pas capable de mobiliser les ressources humaines, il faudrait que le HCR cherche d’autres partenaires qui vont suppléer cette ONG. Il ne faut pas que le HCR se cramponne sur une ONG (l’ALPD) qui n’est pas en mesure de satisfaire la demande.

Aujourd’hui, on est à 4076 personnes qui sont rentrées au niveau du Trarza et du Brakna. Si on doit construire 4076 logements, une seule ONG ne pourra le faire à elle seule. Il convient donc de revoir les choses et éviter l’exclusivité. Mais, surtout, impliquer toutes les parties qui peuvent apporter un plus aux opérations de rapatriement.

Le Rénovateur Quotidien : Si aujourd’hui, l’ALPD n’arrive pas à assurer l’organisation du retour des déportés, ne faudrait-il pas tout simplement lui en retirer la gestion ?

Mamadou Moctar Sarr : On ne demande pas n’importe quoi. Cependant, nous voudrions que le HCR renforce l’ALPD. Pourquoi pas ne pas revoir son travail dans la mesure où elle ne peut pas mobiliser tous les moyens nécessaires ?

Pourquoi pas ne pas voir d’autres partenaires qui pourront suppléer les insuffisances de l’ALPD ? Si cette ONG ne peut pas tout faire, pourquoi pas ne pas associer d’autres ONGs compétentes et capables de renforcer le processus de rapatriement ?

Nous ne jetons pas l’anathème sur l’ALPD. L’essentiel pour nous, c’est que ces réfugiés soient dans de bonnes conditions optimales. Le reste nous importe peu. Il y a des engagements qui ont été pris. Il faudrait qu’ils soient respectés.

Le Rénovateur Quotidien : Le 31 mai dernier, vous avez tenu une conférence de presse au cours de laquelle vous exigiez qu’une Commission Nationale d’Enquête soit mise en place à propos du passif humanitaire. Est-ce que votre demande a été entendue par les autorités ?

Mamadou Moctar Sarr : Pour le moment, ça n’évolue pas. Or, la mise en place de cette commission d’enquête nous paraît extrêmement importante. Et, ceci en définissant un plan d’action bien ficelé par rapport à la question pour ne pas rester dans le flou.

Il paraît qu’il y a une commission en gestation, mais nous attendons de voir. De toute façon, nous n’avons pas encore été sollicités ou saisis. A notre avis, c’est seulement, cette commission indépendante qui pourra faire la lumière.

Sept mois, après la tenue des Journées Nationales de Concertation, il faut que cette commission puisse être mise en place mais avec un cahier de charges bien ficelé. Nous souhaitons que cette commission ne soit pas composée de femmes et d’hommes ayant eu un passé sombre par rapport à la gestion de ce dossier.

Des femmes et des hommes capables d’apporter un plus pour réellement permettre de connaître la vérité sur ces années de braise. Nous allons continuer dans la recherche des solutions pour la mise en place d’une commission indépendante capable de faire toutes les investigations nécessaires sur ce qui s’est passé.

Le Rénovateur Quotidien : Est-ce qu’au niveau du FONADH, vous avez constaté une volonté politique manifeste par rapport à cette question ?

Mamadou Moctar Sarr : Jusqu’à preuve du contraire, et par rapport aux résultats que nous avons obtenus, nous pensons que cette volonté politique existe. Mais, nous savons qu’il y a des résistances à certains niveaux.

Sinon, depuis sept mois, on aurait pu ébaucher un processus pour la mise en place de cette commission.

Le FONADH a, par rapport à cette question, une position très claire : c’est de façon consensuelle qu’on trouve une solution par rapport à ce problème, né du régime de Ould Taya. La volonté existe au niveau du Président de la République qui a pris l’engagement de régler le problème du passif humanitaire et des déportés dans la dignité.

Le Rénovateur Quotidien : A la limite, le passif humanitaire n’est-il pas un sujet qui dérange, c’est pour cela qu’il y a des lenteurs dans sa résolution ?

Mamadou Moctar Sarr : Ce n’est pas un sujet facile à aborder et nous le comprenons. Mais un sujet qui dérange doit trouver une solution.

Il ne faudrait pas qu’il y ait, comme le dit quelqu’un, une ligne rouge. Ce problème doit être traité de manière responsable dans le cadre d’un dialogue concerté.

Si cela est fait, il n’y a pas de raison qu’on ne puisse pas trouver de solutions. Le plus difficile, c’était de reconnaître les faits. Jusqu’en 2005, les gens disaient que c’est un faux problème. Aujourd’hui, il y a un consensus sur le plan national. A partir de là, on doit pouvoir s’acheminer vers le règlement définitif de ce problème.

Le Rénovateur Quotidien : Depuis la nomination du nouveau gouvernement, on n’entend plus parler de la question des déportés. Croyez-vous véritablement que ce gouvernement a l’intention de poursuivre le travail entamé par son prédécesseur ?

Mamadou Moctar Sarr : Le plus important, pour nous, c’est la position du Président de la République. Les ministres ne sont là que pour exécuter sa vision des choses. On sait aussi que ce n’est pas tout le monde qui a la même vision par rapport à cette question.

Mais, si le cap est maintenu, en conformité avec les engagements pris lors des Journées Nationales de Concertation, nous pensons que nous pouvons réussir.

A chaque fois que nous verrons un dysfonctionnement dans la mise en œuvre, nous le dénoncerons. Il y a des engagements qui ont été pris et des solutions ont été suggérées durant les Journées Nationales de Concertation.

Je pense qu’il y a une volonté affichée par le Président de la République et son gouvernement pour aller de l’avant par rapport à cette question.

Le Rénovateur Quotidien : Par rapport aux solutions sur le passif humanitaire, la Mauritanie doit-elle, à votre avis, s’inspirer des modèles sud africain ou marocain. Ou plutôt, doit-elle partir de son expérience pour résoudre le problème du passif humanitaire ?

Mamadou Moctar Sarr : Chaque pays a sa spécificité, même s’il y a des standards internationaux sur lesquels nous pouvons nous inspirer. Je pense que tout cela doit être fait dans la concertation.

Si, effectivement, tous les acteurs concernés sont associés à la démarche, je suis convaincu qu’on pourra trouver une solution. Il y a plusieurs ateliers au cours desquels plusieurs expériences ont été exposées. Cela peut permettre d’avoir une vision globale et voir par rapport à cette question quels sont les meilleurs voies et moyens qu’on peut utiliser pour régler la question du passif humanitaire. C’est un débat ouvert et l’essentiel, c’est d’arriver à un résultat satisfaisant.

Propos recueillis par
Babacar Baye Ndiaye

Jeudi 19 Juin 2008 - 11:58
Jeudi 19 Juin 2008 - 12:00
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