Opposition mauritanienne : La stratégie du raccourci

« Pour aller au pouvoir, nous ne passerons plus par l’opposition» a dit un militant de l’Opposition.» La forte propension des politiciens mauritaniens à se ranger à l’ombre du pouvoir ne contribue-t- elle pas à la clochardisation de la démocratie ?

«La concomitance entre notre démission du RFD et le refus de ce parti d’entrer au gouvernement est fortuite» Ont déclaré les cadres d’El Horr ayant claqué la porte du RFD.

Après le départ de l’APP, il y a un an, suivie de l’UFP et des Islamiste du RNRD, il reste, dans l’opposition, principalement, trois formations politiques (Le RFD, l’AJD/MR et Hatem).

« La déviation de la ligne originelle du parti, le manquement aux textes, le non fonctionnement de ses institutions, la marginalisation de militants sincères et dévoués....» Pour justifier leur démission du RFD, les cadres d’El Horr n’ont pas manqué d’arguments. Ils ont quitté le RFD quelques jours après le refus de ce parti d’entrer au gouvernement. La simple coïncidence, le hasard voudraient que ces cadres restent dans l’Opposition, dans le cadre d’u nouveau parti ou d’un parti existant. S’ils intègrent l’APP (avec laquelle ils partagent une certaine histoire ou ADIL, le hasard du calendrier (refus du RFD d’intégrer le gouvernement et démission) serait difficilement défendable.

La démission des cadre d’El Horr du RFD n’est-elle pas la suite, l’accélération de la ruée vers le pouvoir. Le pluralisme démocratique en Mauritanie a toujours souffert de la forte propension des hommes politique à aller vers celui qui détient le bâton. Au temps de Ould Taya, il y avait la superpuissance (le PRDS) et des petits partis satellites qui complétaient le décor. ADIL, de par son personnel, est presque une photocopie du défunt parti Etat. Il a Vingt ministres sur trente avec presque tous les départements régaliens. Le reste (10 ministères) est reparti entre une pléthore de petits partis qui auront du mal à faire autre chose que se laisser entraîner par la superpuissance.

Même les mécontents (l´UDP qui aurait décliné un poste de secrétaire d’Etat) et le PRDR (mécontent de son quota) prennent la précaution de rester dans la majorité présidentielle. Une opposition, désertée par ses plus anciens et plus actifs animateurs, n’est pas une bonne planque. Quoi qu’il arrive, il est préférable de rester aux affaires ou avec ceux qui sont aux affaires.

L’opposition a clochardisé la démocratie

Les mauritaniens qui croient à la démocratie, à l’alternance par les urnes, au Changement, les dernières élections en attestent, ne sont pas majoritaires dans le pays. Ils sont cependant nombreux. Seulement, les comportements des partis qui incarnaient ce changement ont fortement contribué à la banalisation de toute idée de changement.

La très récente guerre autour de l’institution de l’opposition entre l’UFP d’une part et le RFD et l’AJD/MR d’autre part a fait dire à certains que cette Opposition était « incapable de renoncer aux miettes pour se tourner vers l’essentiel.» Ensuite, la destitution de la Maire Islamiste de la Commune de Tevragh Zeina a été perçue par les électeurs comme une sorte de trahison. L’opposition, pendant la campagne pour l’élection des maires, avait demandé aux citoyens de Nouakchott de voter pour le changement et contre la candidate du PRDR, Mint Abdel Malick. Les habitants de Tevragh Zeina ont suivi la consigne. Une année après, le conseil municipal de la commune de Tevragh Zeina, en majorité composé de conseillers de l’opposition, après avoir destitué la Maire islamiste pour « mauvaise gestion », élit Mint Abdel Malick maire. «Pour aller au pouvoirs, nous ne passerons plus par l’opposition» A dit un militant déçu. Expliquer aux militants pendant des décennies que le pouvoir, « c’est le diable qui appauvrit le peuple.» Se lever un bon jour et dire à ces mêmes militants «je vais rejoindre le diable pour y faire de la figuration.», c’est contribuer à la clochardisation la démocratie.

L’objectif principal des partis politiques mauritaniens qui se réclament de l’Opposition semble être « Faire beaucoup de bruits et négocier ensuite une petite planque à l’ombre du pouvoir.» Les tenants de discours enflammés, de la radicalisation finissent toujours par rejoindre le pouvoir. Après, on peut toujours dire à la plèbe : « C’est dans votre intérêt ; C’est pour éviter le chaos. C’est pour sauver la démocratie.» Le chaos, c’est quand les ONG, les cadres souteneurs, l’Administration, les marabouts, les érudits et tous les partis politiques sont dans le même parti, celui du Président de la république.

Khalilou Diagana
khalioubi@yahoo. fr

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Source: http://www.quotidien-nouakchott.com/
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