Des rumeurs de plus en plus persistantes indiquent que le président du sénat, M. Bâ MBaré pourrait occuper le fauteuil de président par intérim histoire d'organiser des élections présidentielles à la suite d'une courte période de transition de 40 jours.
La détermination du général Mohamed Ould Abdel Aziz, tombeur de Sidi Ould Cheikh Abdellahi pour parvenir à ses fins, n'a d'égale que sa ruse à l'encontre de la communauté internationale qui n'a de cesse de lui réclamer un retour à l'ordre constitutionnel sous peine d'exposer le pays à des sanctions internationales. Jusqu'ici, Ould Abdel Aziz a résisté aux pressions diplomatiques clamant haut et fort, à qui veut l'entendre, que le retour à l'ordre constitutionnel se fera selon le schéma que le Haut Conseil d'Etat a tracé, à savoir: une tenue des états généraux de la démocratie pour discuter de tous les problèmes liés à la question, la mise en place d'une feuille de route organisant la période de transition pour aboutir à des élections présidentielles. Pour les militaires, il n'est pas question de plier au diktat de la communauté internationale et que toute solution de sortie de crise se fera par les mauritaniens et surtout pas de l'étranger. Cette vision politique que le président du HCE a défendue mordicus depuis le 6 août 2008, date de sa prise du pouvoir, le peuple en a fait sienne refusant toute immixtion étrangère dans les affaires intérieures du pays. Tout au plus plaide t-il auprès de la communauté internationale de comprendre, non seulement ce qui s'est réellement passé en Mauritanie et qui a conduit au coup d'état ayant déposé Sidi Ould Cheikh Abdellahi, mais aussi de travailler dans le sens d'aider les mauritaniens à trouver une solution à leur problème et non de faire partie de ce problème.
Les proches du général se mobilisent
Derrière cette idée, se dessine le scénario envisagé pour sortir de l'impasse politique. Des rumeurs de plus en plus persistantes indiquent que le président du sénat, M. Bâ MBaré pourrait occuper le fauteuil de président de la République par intérim le temps d'organiser des élections présidentielles à la suite d'une courte période de transition. Au bout du compte, les militaires pourraient se retirer plutôt que prévu en laissant le champ politique pour ne s'occuper que de la sécurités et des autres tâches qui leurs sont dévolues.
L'idée fait son chemin et les diplomates s'activent sur le terrain alternant voyage à Nouakchott et à Lemden pour des consultations entre le général Mohamed Ould Abdel Aziz d'un côté, de Sidi Ould Cheikh Abdellahi de l'autre et le leader de l'opposition démocratique Ahmed Ould Daddah. Parce que les français, semble t-il, seraient acquis à une telle solution. Mais le nœud du problème, est que certains proches du général et principalement le sénateur de Rosso, Mohcen Ould El Haj qui dans cette solution se méfierait de la solution de Bâ MBaré au poste de président intérimaire. Il faut dire que les deux amis d'hier ne conjuguent plus ensemble au point que leurs relations sont devenues exécrables. Une raison suffisante pour que l'homme de "confiance" du général tente de convaincre son ami d'éviter une telle perspective, d'autant que le président du sénat ne s'est pas déterminé en faveur du putsch qu'au dernier moment et timidement quand les carottes ont été cuites. Or il faut bien compter avec la détermination de ces élus à barrer la route à tous ceux qu'ils ne portent pas dans leur cœur. De source bien informée, il semble que les proches du général travaillent à convaincre le général Mohamed Ould Abdel Aziz et le général Ghazouani et quelques autres membres du HCE à l'idée d'attendre le prochain renouvellement du bureau du sénat au mois de janvier 2009 pour débarquer Bâ MBaré et élire au poste de président du sénat, le sénateur de MBagne, le colonel Diop Abdoulaye en qui ils auraient plus confiance pour conduire sans anicroche la transition telle que souhaitée par les militaires. L'homme, qui a été du sérail aurait toujours maintenu de bons rapports avec ses frères d'armes et jouirait d'une bonne réputation en leur sein et compterait de nombreux amis politiques dans beaucoup de formations politiques et principalement au RFd de Ahmed Ould Daddah où il a milité avant de prendre le large et d'approcher Sidi Ould Cheikh Abdellahi et finalement de le bouder.
La politique : l'art du possible
Dans cette situation que peut faire la diplomatie internationale pour aider la Mauritanie à sortir de son impasse politique? La France par son ambassadeur à Nouakchott s'active auprès des protagonistes. Elle est épaulée dans sa tâche par le diplomate espagnol dont le pays ne veut pas entendre parler de sanctions économiques contre le pays. Et c'est parce que les positions des uns et des autres évoluent sur la problématique que Paris a dépêché quelques conseillers de la cellule africaine de l'Elysée pour "s'informer" et rendre fidèlement compte au président français, Nicolas Sarkozy de l'état d'esprit des hommes politiques par rapport à une solution de sortie de crise. C'est la raison pour laquelle, la délégation française s'est rendue à Nouakchott pour précéder celle de la communauté internationale arrivée quelques jours plus tard. Cette dernière, conduite par l'ambassadeur de l'UA auprès de l'Union Européenne, le tchadien Mahamat Saleh Annadif a rencontré le tombeur de Sidi Ould Cheikh Abdellahi et le président déchu lui-même. La seule information révélée à l'issue de ces consultations par l'émissaire de l'UA a été que le général Mohamed Ould Abdel Aziz s'est engagé à libérer Sidi au plus tard le 24 décembre. Une condition exigée par la communauté internationale avant de reprendre langue avec la junte au pouvoir. Ce qui lève un coin du voile de la diplomatie française qui ne défend plus apparemment les mêmes positions qu'au lendemain du coup d'état du 6 août 2008 demandant le retour à l'ordre constitutionnel avec Sidi Ould Cheikh Abdellahi rétabli dans ses fonctions. Il semble que le retour de Sidi Ould Cheikh Abdellahi ne soit plus un enjeu politique pour les français qui veulent préserver leurs intérêts économiques en Mauritanie à l'exemple de l'Espagne et d'autres pays européens qui n'ont pas la même approche politique que les tenants de la ligne dure et de la fermeté vis-à-vis de la junte au pouvoir. D'autant qu'ils sont désormais convaincus que les pays arabes peu enclins à aider à l'échec du coup d'état trouvent plus convenant de laisser les mauritaniens trouver eux-mêmes une solution à leur problème politique et ne sont pas prêts à participer à des sanctions économiques ou autres et ont clairement manifesté leur hostilité à une telle démarche. Ni la ligue arabe ni les pays de l'OCI ne souscrivent à cela. Au contraire, ils ont tous manifesté le désir d'aider la Mauritanie économiquement et politiquement pour surmonter l'épreuve difficile qu'elle traverse en ce moment. C'est en raison de cette nouvelle donne, que d'autres cartes diplomatiques sont entrain d'être échafaudées pour résoudre la crise politique qui prend en compte les nouvelles réalités du pouvoir.
Moulay Najim
Source : POINTS CHAUDS N°107 du Dimanche
La détermination du général Mohamed Ould Abdel Aziz, tombeur de Sidi Ould Cheikh Abdellahi pour parvenir à ses fins, n'a d'égale que sa ruse à l'encontre de la communauté internationale qui n'a de cesse de lui réclamer un retour à l'ordre constitutionnel sous peine d'exposer le pays à des sanctions internationales. Jusqu'ici, Ould Abdel Aziz a résisté aux pressions diplomatiques clamant haut et fort, à qui veut l'entendre, que le retour à l'ordre constitutionnel se fera selon le schéma que le Haut Conseil d'Etat a tracé, à savoir: une tenue des états généraux de la démocratie pour discuter de tous les problèmes liés à la question, la mise en place d'une feuille de route organisant la période de transition pour aboutir à des élections présidentielles. Pour les militaires, il n'est pas question de plier au diktat de la communauté internationale et que toute solution de sortie de crise se fera par les mauritaniens et surtout pas de l'étranger. Cette vision politique que le président du HCE a défendue mordicus depuis le 6 août 2008, date de sa prise du pouvoir, le peuple en a fait sienne refusant toute immixtion étrangère dans les affaires intérieures du pays. Tout au plus plaide t-il auprès de la communauté internationale de comprendre, non seulement ce qui s'est réellement passé en Mauritanie et qui a conduit au coup d'état ayant déposé Sidi Ould Cheikh Abdellahi, mais aussi de travailler dans le sens d'aider les mauritaniens à trouver une solution à leur problème et non de faire partie de ce problème.
Les proches du général se mobilisent
Derrière cette idée, se dessine le scénario envisagé pour sortir de l'impasse politique. Des rumeurs de plus en plus persistantes indiquent que le président du sénat, M. Bâ MBaré pourrait occuper le fauteuil de président de la République par intérim le temps d'organiser des élections présidentielles à la suite d'une courte période de transition. Au bout du compte, les militaires pourraient se retirer plutôt que prévu en laissant le champ politique pour ne s'occuper que de la sécurités et des autres tâches qui leurs sont dévolues.
L'idée fait son chemin et les diplomates s'activent sur le terrain alternant voyage à Nouakchott et à Lemden pour des consultations entre le général Mohamed Ould Abdel Aziz d'un côté, de Sidi Ould Cheikh Abdellahi de l'autre et le leader de l'opposition démocratique Ahmed Ould Daddah. Parce que les français, semble t-il, seraient acquis à une telle solution. Mais le nœud du problème, est que certains proches du général et principalement le sénateur de Rosso, Mohcen Ould El Haj qui dans cette solution se méfierait de la solution de Bâ MBaré au poste de président intérimaire. Il faut dire que les deux amis d'hier ne conjuguent plus ensemble au point que leurs relations sont devenues exécrables. Une raison suffisante pour que l'homme de "confiance" du général tente de convaincre son ami d'éviter une telle perspective, d'autant que le président du sénat ne s'est pas déterminé en faveur du putsch qu'au dernier moment et timidement quand les carottes ont été cuites. Or il faut bien compter avec la détermination de ces élus à barrer la route à tous ceux qu'ils ne portent pas dans leur cœur. De source bien informée, il semble que les proches du général travaillent à convaincre le général Mohamed Ould Abdel Aziz et le général Ghazouani et quelques autres membres du HCE à l'idée d'attendre le prochain renouvellement du bureau du sénat au mois de janvier 2009 pour débarquer Bâ MBaré et élire au poste de président du sénat, le sénateur de MBagne, le colonel Diop Abdoulaye en qui ils auraient plus confiance pour conduire sans anicroche la transition telle que souhaitée par les militaires. L'homme, qui a été du sérail aurait toujours maintenu de bons rapports avec ses frères d'armes et jouirait d'une bonne réputation en leur sein et compterait de nombreux amis politiques dans beaucoup de formations politiques et principalement au RFd de Ahmed Ould Daddah où il a milité avant de prendre le large et d'approcher Sidi Ould Cheikh Abdellahi et finalement de le bouder.
La politique : l'art du possible
Dans cette situation que peut faire la diplomatie internationale pour aider la Mauritanie à sortir de son impasse politique? La France par son ambassadeur à Nouakchott s'active auprès des protagonistes. Elle est épaulée dans sa tâche par le diplomate espagnol dont le pays ne veut pas entendre parler de sanctions économiques contre le pays. Et c'est parce que les positions des uns et des autres évoluent sur la problématique que Paris a dépêché quelques conseillers de la cellule africaine de l'Elysée pour "s'informer" et rendre fidèlement compte au président français, Nicolas Sarkozy de l'état d'esprit des hommes politiques par rapport à une solution de sortie de crise. C'est la raison pour laquelle, la délégation française s'est rendue à Nouakchott pour précéder celle de la communauté internationale arrivée quelques jours plus tard. Cette dernière, conduite par l'ambassadeur de l'UA auprès de l'Union Européenne, le tchadien Mahamat Saleh Annadif a rencontré le tombeur de Sidi Ould Cheikh Abdellahi et le président déchu lui-même. La seule information révélée à l'issue de ces consultations par l'émissaire de l'UA a été que le général Mohamed Ould Abdel Aziz s'est engagé à libérer Sidi au plus tard le 24 décembre. Une condition exigée par la communauté internationale avant de reprendre langue avec la junte au pouvoir. Ce qui lève un coin du voile de la diplomatie française qui ne défend plus apparemment les mêmes positions qu'au lendemain du coup d'état du 6 août 2008 demandant le retour à l'ordre constitutionnel avec Sidi Ould Cheikh Abdellahi rétabli dans ses fonctions. Il semble que le retour de Sidi Ould Cheikh Abdellahi ne soit plus un enjeu politique pour les français qui veulent préserver leurs intérêts économiques en Mauritanie à l'exemple de l'Espagne et d'autres pays européens qui n'ont pas la même approche politique que les tenants de la ligne dure et de la fermeté vis-à-vis de la junte au pouvoir. D'autant qu'ils sont désormais convaincus que les pays arabes peu enclins à aider à l'échec du coup d'état trouvent plus convenant de laisser les mauritaniens trouver eux-mêmes une solution à leur problème politique et ne sont pas prêts à participer à des sanctions économiques ou autres et ont clairement manifesté leur hostilité à une telle démarche. Ni la ligue arabe ni les pays de l'OCI ne souscrivent à cela. Au contraire, ils ont tous manifesté le désir d'aider la Mauritanie économiquement et politiquement pour surmonter l'épreuve difficile qu'elle traverse en ce moment. C'est en raison de cette nouvelle donne, que d'autres cartes diplomatiques sont entrain d'être échafaudées pour résoudre la crise politique qui prend en compte les nouvelles réalités du pouvoir.
Moulay Najim
Source : POINTS CHAUDS N°107 du Dimanche