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Le bureau exécutif de l'AVOMM

"L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous." Jean-Paul Sartre

"L'Association d'aides aux veuves et aux orphelins de mauritanie (AVOMM) qui nous rassemble, a été créée le 25/12/95 à PARIS par d'ex-militaires mauritaniens ayant fui la terreur, l'oppression, la barbarie du colonel Mawiya o/ sid'ahmed Taya ......
Ces rescapés des geôles de ould Taya, et de l'arbitraire, décidèrent, pour ne jamais oublier ce qui leur est arrivé, pour garder aussi la mémoire des centaines de martyrs, de venir en aide aux veuves, aux orphelins mais aussi d'engager le combat contre l'impunité décrétée par le pouvoir de Mauritanie."
E-mail : avommavomm@yahoo.fr

Bureau exécutif

*Ousmane SARR, président
*Demba Niang, secrétaire général
*Secrétaire général Adjt; Demba Fall
*Alousseyni SY, Chargé des relations extérieures
*Mme Rougui Dia, trésorière
*Chargé de l’organisation Mariame Diop
*adjoint Ngolo Diarra
*Mme Mireille Hamelin, chargée de la communication
*Chargé de mission Bathily Amadou Birama
Conseillers:
*Kane Harouna
*Hamdou Rabby SY










AVOMM

Racisme économique et accaparement des terres en Mauritanie : pour une justice foncière réelle et réparatrice


La question foncière en Mauritanie est l’un des foyers les plus silencieux, mais aussi les plus explosifs, de tensions sociales, ethniques et politiques.

Depuis plusieurs décennies, le pays est confronté à une forme de racisme économique systémique, dont la manifestation la plus brutale se traduit par l’accaparement massif des terres agricoles au sud du pays, notamment dans la vallée du fleuve Sénégal, par une élite agrobusiness beïdane étroitement liée à l’appareil d’État.

Ce processus n’est ni anodin ni neutre. Il constitue une stratégie de domination structurelle, visant à déposséder les communautés noires mauritaniennes (Peuls, Soninkés, Wolofs) de leur base économique, identitaire et culturelle. Il est impératif d’y mettre un terme immédiatement, en arrêtant toute mesure foncière ou agraire porteuse de conflit, et en engageant un processus de vérité, de restitution et de réparation.

Un accaparement organisé et soutenu par l’État

Au fil des années, des politiques foncières discriminatoires ont permis à de riches investisseurs beïdanes — souvent proches du pouvoir ou issus de l’armée — de s’approprier les terres les plus fertiles, jadis cultivées collectivement par les communautés locales. Sous couvert de « modernisation agricole », de « réformes agraires » ou de soi-disant « investissements pour le développement », des milliers d’hectares ont été détournés au profit d’une minorité privilégiée, laissant derrière elle un profond sentiment d’injustice, d’humiliation et de dépossession.

Une expropriation intérieure et racialisée

Cette politique foncière ne vise pas simplement le profit. Elle participe d’une véritable recolonisation intérieure, dans laquelle les Noirs mauritaniens sont progressivement réduits à de simples ouvriers agricoles subalternes sur leurs propres terres. Ils sont exclus des circuits de décision, privés d’accès aux ressources hydriques, et relégués à des conditions de travail précaires, informelles et souvent déshumanisantes. Ce processus reproduit, sous des formes nouvelles, les logiques esclavagistes du passé.

Un modèle de développement fondé sur l’injustice et l’exclusion

Les projets agricoles à grande échelle vantés comme « moteurs du développement » sont en réalité des machines d’exploitation :

• Ils profitent à une minorité ethnique alliée au pouvoir ;
• Ils aggravent les inégalités territoriales et raciales ;
• Ils compromettent la souveraineté alimentaire du pays ;
• Ils détruisent le lien ancestral entre les peuples de la vallée et leur terre.

C’est une attaque frontale contre l’autonomie économique, la culture et la dignité des Noirs mauritaniens.

Ce modèle doit cesser. Une autre voie est possible, fondée sur la justice, la vérité et la réparation.

1. Faire un audit complet des terres expropriées depuis au moins 30 ans

Un audit national indépendant, transparent et inclusif doit être lancé sans délai. Il devra :

• Identifier toutes les terres accaparées illégalement ;
• Dresser la liste des bénéficiaires, y compris les réseaux d’influence ayant profité de leur proximité avec le pouvoir ;
• S’appuyer sur les archives coutumières, les témoignages communautaires et les preuves historiques.

Cet acte de vérité est essentiel pour démonter le mythe d’un développement qui, en réalité, a enrichi les prédateurs et appauvri les propriétaires légitimes.

2. Dessaisir les prédateurs et les nouveaux « agriculteurs » de ces terres

L’État doit avoir le courage de désavouer toutes les décisions iniques prises au nom de réformes biaisées. Il faut sans ambiguïté :

• Retirer les terres usurpées aux agrobusiness contrôlés par des notables beïdanes ou leurs partenaires étrangers ;
• Récupérer les terres captées par des structures para-étatiques ou religieuses servant de façade à la spoliation ;
• Mettre fin à l’impunité des groupes qui se sont enrichis sur le dos des paysans autochtones.

La terre doit revenir à ceux qui la cultivent, la protègent et y sont enracinés depuis des générations.

3. Restituer les terres aux ayants droit légitimes

Une fois les terres libérées, elles doivent être restituées sans délai aux familles et communautés qui en sont les propriétaires historiques. Cette restitution doit s’accompagner :

• D’un appui juridique renforcé ;
• D’un soutien économique et technique à la relance de l’agriculture paysanne ;
• Du respect du droit coutumier et des formes traditionnelles de propriété collective.

Ce n’est pas qu’une mesure administrative, c’est un acte de justice, de reconnaissance et de réconciliation.

4. Dédommager les propriétaires pour les crimes d’exploitation

Il ne suffit pas de rendre la terre : il faut réparer les préjudices subis. Pendant des décennies, les terres volées ont généré des profits colossaux, pendant que les ayants droit sombraient dans la pauvreté. Il faut :

• Indemniser les familles spoliées pour les pertes matérielles et les souffrances morales ;
• Évaluer les bénéfices tirés de l’exploitation illégitime pour mettre en place un mécanisme de réparation équitable ;
• Poursuivre les complices administratifs de ces crimes économiques.

Il s’agit là d’une exigence conforme aux principes de justice transitionnelle, nécessaires pour tourner la page d’un passé fait de violence, d’exclusion et de racisme institutionnalisé.

la justice foncière est une condition non négociable de la paix en Mauritanie

Tant que les peuples de la vallée resteront privés de leurs terres, il n’y aura ni paix véritable, ni stabilité durable, ni unité nationale sincère. Le modèle fondé sur le pillage foncier et la racialisation de l’économie n’a pas d’avenir. Il faut désormais rompre avec les logiques coloniales internes, mettre fin à la marginalisation organisée des Noirs mauritaniens, et refonder la politique foncière sur des bases d’égalité, de respect et de réparation.

Ce combat pour la terre est un combat pour la dignité, l’émancipation et la souveraineté. Il engage notre avenir commun. Wetov



SY Mamadou

Source : Kassataya

Dimanche 15 Juin 2025 - 11:35
Dimanche 15 Juin 2025 - 11:36
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