Petit à petit l'oiseau fait son nid
Deux mille six cent dix (2610) réfugiés sont rentrés à ce jour, trois mois après la première vague de retour. Dans les environs de Rosso, les problèmes d'organisation dénoncés au départ semblent être d'anciens et malheureux souvenirs, même si les réfugiés soulignent quelques problèmes liés notamment à l'approvisionnement en eau. Les organisateurs eux-mêmes reconnaissent les difficultés à mettre en place un programme d'insertion durable.
À l'entrée de Rosso, à 4 kilomètres, ouvriers et réfugiés s'affairent sur les constructions de chambrée, de 4 mètres sur 4. Une pour chacune des trente-six familles qui occupent le site. Certaines d'entre elles occupent déjà leurs pièces. Une famille entière, de six à dix personnes, loge dans ces seize mètres carrés dont les travaux ont débuté il y a deux semaines à peine. La seule perspective de quitter les tentes du HCR enchante tout le monde, quitte à se retrouver dans une unique pièce. Surtout à l'approche de la période d'hivernage et des pluies. "Nous sommes là depuis le 13 avril, en provenance de "Médina Campement", près de Richard Toll; les tentes n'étaient pas très pratiques et confortables, avec la chaleur et même les insectes. Les chambres seront déjà beaucoup mieux. Mais ce ne peut être qu'une solution à moyen terme." espère Ibrahim Sow, un des anciens du site, qui occupe ses journées à la maçonnerie. Si les choses ont nettement et positivement évolué depuis la fin janvier, des erreurs d'approvisionnement (dont le Programme alimentaire mondial se charge) demeurent. "Nous sommes ravitaillés tous les quarante-cinq jours; nous avons reçu hier notre dernière livraison, avec un retard de deux semaines!" se plaint Hamadi Diallo, vingt-cinq ans, le tee-shirt noir rendu gris par le ciment.
Le HCR et le PAM sont pointés du doigt par les plus jeunes. "Ils viennent, prennent des notes, soulignent nos remarques, s'en vont et on n'a plus de nouvelles. Alors que lors de leur dernière visite, on a insisté sur le fait que les femmes et les enfants ne faisaient quasiment rien de leurs journées. Toujours pas d'école pour les enfants, et les demandes de micro crédits pour l'ouverture de commerces féminins, sont apparemment restées lettres mortes. Ce serait un début pour un minimum d'indépendance." soupire Demba Diallo, lui aussi appliqué à monter brique sur brique, sur les mono structures. À cinquante mètres, les femmes cuisinent. La seule activité de la journée quasiment.
"C'est correct dans l'ensemble, même si il y a des choses à améliorer"
''Globalement, les vagues de rapatriements se passent bien. Sur le terrain, on rencontre tout de même des réfugiés qui hésitent encore. Ils réclament des doléances assez difficiles à tenir : à savoir l'ensemble de leurs droits avant leur retour. Mais les hics du départ ont été digérés; et ceux-là pouvaient se comprendre: la première phase-test de rapatriement du 29 janvier 2008 a effectivement révélé des failles au niveau de l'organisation, de l'approvisionnement et de l'installation des réfugiés. Deux rotations par semaine, à hauteur de 200 à 300 réfugiés en retour, ont été mises en place. Là, on se trouve au Brakna, ensuite on ira au Tagant, puis dans l'Assaba, et enfin on retournera dans le Trarza." affirme longuement Ousmane Barry, coordinateur de l'union des associations de réfugiés mauritaniens au Sénégal (UARMS). De son côté, Moussa Fall, président de l'agence nationale pour l'insertion des réfugiés (ANAIR) tempère l'évolution des choses: "Certes, les choses globalement se passent correctement. Mais on est encore dans l'urgence, et les problèmes liés au moyen et long terme sont encore là. Comme le problème d'approvisionnement en eau potable, celui des réclamations des terres, et de la scolarisation des enfants. Pour ce dernier point, leurs cas devraient être réglés d'ici la prochaine rentrée scolaire." assure-t-il. En fait, c'est toujours le programme d'insertion durable qui peine à trouver ses marques.
Écrit par MLK
Source: lauthentique
http://www.lauthentique.info/index.php?option=com_content&task=view&id=476&Itemid=1
(M)
Deux mille six cent dix (2610) réfugiés sont rentrés à ce jour, trois mois après la première vague de retour. Dans les environs de Rosso, les problèmes d'organisation dénoncés au départ semblent être d'anciens et malheureux souvenirs, même si les réfugiés soulignent quelques problèmes liés notamment à l'approvisionnement en eau. Les organisateurs eux-mêmes reconnaissent les difficultés à mettre en place un programme d'insertion durable.
À l'entrée de Rosso, à 4 kilomètres, ouvriers et réfugiés s'affairent sur les constructions de chambrée, de 4 mètres sur 4. Une pour chacune des trente-six familles qui occupent le site. Certaines d'entre elles occupent déjà leurs pièces. Une famille entière, de six à dix personnes, loge dans ces seize mètres carrés dont les travaux ont débuté il y a deux semaines à peine. La seule perspective de quitter les tentes du HCR enchante tout le monde, quitte à se retrouver dans une unique pièce. Surtout à l'approche de la période d'hivernage et des pluies. "Nous sommes là depuis le 13 avril, en provenance de "Médina Campement", près de Richard Toll; les tentes n'étaient pas très pratiques et confortables, avec la chaleur et même les insectes. Les chambres seront déjà beaucoup mieux. Mais ce ne peut être qu'une solution à moyen terme." espère Ibrahim Sow, un des anciens du site, qui occupe ses journées à la maçonnerie. Si les choses ont nettement et positivement évolué depuis la fin janvier, des erreurs d'approvisionnement (dont le Programme alimentaire mondial se charge) demeurent. "Nous sommes ravitaillés tous les quarante-cinq jours; nous avons reçu hier notre dernière livraison, avec un retard de deux semaines!" se plaint Hamadi Diallo, vingt-cinq ans, le tee-shirt noir rendu gris par le ciment.
Le HCR et le PAM sont pointés du doigt par les plus jeunes. "Ils viennent, prennent des notes, soulignent nos remarques, s'en vont et on n'a plus de nouvelles. Alors que lors de leur dernière visite, on a insisté sur le fait que les femmes et les enfants ne faisaient quasiment rien de leurs journées. Toujours pas d'école pour les enfants, et les demandes de micro crédits pour l'ouverture de commerces féminins, sont apparemment restées lettres mortes. Ce serait un début pour un minimum d'indépendance." soupire Demba Diallo, lui aussi appliqué à monter brique sur brique, sur les mono structures. À cinquante mètres, les femmes cuisinent. La seule activité de la journée quasiment.
"C'est correct dans l'ensemble, même si il y a des choses à améliorer"
''Globalement, les vagues de rapatriements se passent bien. Sur le terrain, on rencontre tout de même des réfugiés qui hésitent encore. Ils réclament des doléances assez difficiles à tenir : à savoir l'ensemble de leurs droits avant leur retour. Mais les hics du départ ont été digérés; et ceux-là pouvaient se comprendre: la première phase-test de rapatriement du 29 janvier 2008 a effectivement révélé des failles au niveau de l'organisation, de l'approvisionnement et de l'installation des réfugiés. Deux rotations par semaine, à hauteur de 200 à 300 réfugiés en retour, ont été mises en place. Là, on se trouve au Brakna, ensuite on ira au Tagant, puis dans l'Assaba, et enfin on retournera dans le Trarza." affirme longuement Ousmane Barry, coordinateur de l'union des associations de réfugiés mauritaniens au Sénégal (UARMS). De son côté, Moussa Fall, président de l'agence nationale pour l'insertion des réfugiés (ANAIR) tempère l'évolution des choses: "Certes, les choses globalement se passent correctement. Mais on est encore dans l'urgence, et les problèmes liés au moyen et long terme sont encore là. Comme le problème d'approvisionnement en eau potable, celui des réclamations des terres, et de la scolarisation des enfants. Pour ce dernier point, leurs cas devraient être réglés d'ici la prochaine rentrée scolaire." assure-t-il. En fait, c'est toujours le programme d'insertion durable qui peine à trouver ses marques.
Écrit par MLK
Source: lauthentique
http://www.lauthentique.info/index.php?option=com_content&task=view&id=476&Itemid=1
(M)