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Le bureau exécutif de l'AVOMM

"L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous." Jean-Paul Sartre

"L'Association d'aides aux veuves et aux orphelins de mauritanie (AVOMM) qui nous rassemble, a été créée le 25/12/95 à PARIS par d'ex-militaires mauritaniens ayant fui la terreur, l'oppression, la barbarie du colonel Mawiya o/ sid'ahmed Taya ......
Ces rescapés des geôles de ould Taya, et de l'arbitraire, décidèrent, pour ne jamais oublier ce qui leur est arrivé, pour garder aussi la mémoire des centaines de martyrs, de venir en aide aux veuves, aux orphelins mais aussi d'engager le combat contre l'impunité décrétée par le pouvoir de Mauritanie."
E-mail : avommavomm@yahoo.fr

Bureau exécutif

*Ousmane SARR, président
*Demba Niang, secrétaire général
*Secrétaire général Adjt; Demba Fall
*Alousseyni SY, Chargé des relations extérieures
*Mme Rougui Dia, trésorière
*Chargé de l’organisation Mariame Diop
*adjoint Ngolo Diarra
*Mme Mireille Hamelin, chargée de la communication
*Chargé de mission Bathily Amadou Birama
Conseillers:
*Kane Harouna
*Hamdou Rabby SY










AVOMM

Sénégal - À Dakar, les habitants les plus pauvres se partagent des miettes de plage : “La mer se paie”


Privatisées par des hôtels de luxe réservés aux touristes, les plages de la capitale sénégalaise ne sont désormais accessibles qu’à des tarifs mirobolants. Privés de ce “bien commun”, les Dakarois moins aisés se tournent vers des plages négligées et non surveillées. Une “barrière invisible”, qui tend à créer une ségrégation sociale de la baignade, alerte “L’Observateur”.

À Dakar, le soleil caresse l’Atlantique d’une lumière éclatante. Les vagues viennent mourir sur les rochers dans un fracas régulier, tandis que les palmiers se balancent paresseusement sous la brise marine. La carte postale est parfaite. Pourtant, pour beaucoup de Dakarois, ce décor cache désormais un goût amer : se baigner dans l’océan est devenu un privilège. Le long du littoral, les plages se rétrécissent, mordues par les clôtures, cernées par les parkings de restaurants et les murets des hôtels. À mesure que les établissements chics se multiplient, l’accès à la mer se tarifie. Parfois lourdement.

Face à l’horizon, l’île de Ngor découpe sa silhouette. Sur cet îlot, l’une des rares plages encore accessibles à moindre coût (250 francs CFA) [0,38 centime d’euros] est en sursis.

À l’aube, Mamadou, courbé sur une pelle, tente de sauver les apparences. Son tee-shirt, trempé de sueur et collé à son dos, se confond avec la poussière. Devant lui, des tas de déchets, bouteilles échouées, sachets plastiques, filets abandonnés. Derrière lui, des clients attendent, serviettes sous le bras, sacs à la main. Mamadou les devance d’un regard, lance un “deux minutes” en accélérant la cadence. “Il faut que je nettoie un peu avant qu’ils s’installent. Ce n’est pas propre, mais on n’a pas mieux ici”, confie-t-il, tout en balayant à mains nues ce qu’il peut. Mamadou travaille pour un petit loueur de transats. Cette scène est banale. Pourtant, c’est presque une routine.

Plages sales pour les plus précaires

Ngor est l’un des bastions de baignade les moins chers à Dakar. Seulement, la plage est étroite, saturée et très sale. Beaucoup de Sénégalais y passent du bon temps avec leurs familles. Ici, pas de structures officielles. C’est du système D, bricolé au quotidien. Et pourtant, ce décor de fortune attire. “On vient quand même, parce qu’on n’a pas le choix”, lance Awa, mère de famille, assise à même le sable, les yeux rivés sur ses enfants qui pataugent à quelques mètres de là. Elle ajoute :

“Il n’y a presque plus de plages libres à Dakar. Toutes les belles plages sont privatisées. Alors, on s’accommode des saletés, des cailloux, des détritus.”

Sous la carte postale, la précarité saute aux yeux : vendeurs ambulants de boissons errant avec des glacières branlantes, Mamadou qui tend la main pour son dû, après avoir installé une natte. “On fait ce qu’on peut. Mais ce n’est pas normal que la mer soit devenue comme ça”, dit-il en soufflant. Puis, baissant les yeux, il reprend son balai de fortune et, centimètre après centimètre, racle un accès précaire à cette mer qui demeure, malgré tout, un endroit superbe pour ceux qui n’ont pas les moyens d’accéder aux plages privatisées de Dakar de plus en plus nombreuses. Le seul espace de liberté…

Depuis plusieurs années, la mer à Dakar se paie. Il est de plus en plus difficile pour les Dakarois de trouver un endroit libre et gratuit où se baigner. Ce qui était jadis un espace ouvert, accessible à tous, se vend désormais à prix d’or. Les plages libres se raréfient, rongées par des projets immobiliers et des complexes hôteliers. Les rares portions de sable épargnées sont souvent délaissées, jonchées de détritus, dangereuses.
“C’est dangereux, oui, mais c’est chez nous”

Derrière le phare des Mamelles, une crique cachée subsiste, presque en dépit du bon sens. Par endroits, la mer cogne violemment contre les rochers. Le sable est rare, parsemé de pierres noires. Le sol est glissant, souvent coupant. Et pourtant, chaque jour, ce lopin de terre se remplit. Le sol est traître. Mais une eau claire, étonnamment préservée.

L’endroit a des allures de crique abandonnée, mais il vit. Il vibre avec un seul restaurant. “C’est dangereux, oui, mais c’est chez nous”, lance Malick, étudiant fidèle de ce bout de rivage. Il explique :

“Il n’y a plus de plages publiques à Dakar. Les grands hôtels privatisent les rivages. Ce qui était à tout le monde devient un produit de luxe. Pendant ce temps, ces petites plages sont laissées à l’abandon. Personne ne les nettoie, personne ne les sécurise.”

À quelques encablures, la plage du Virage illustre ce paradoxe : un accès libre, mais saturé, mal entretenu. Coincée entre de nouveaux immeubles, des restaurants en construction et le reste du littoral encore sauvage. Mais le cadre n’a rien de paradisiaque : les rochers y dominent, l’eau devient profonde très vite, et aucun service de secours n’est disponible. Ici, les familles s’installent comme elles peuvent. Des nattes en bordure de mer, des transats, des parasols… “Ici, au moins, c’est gratuit. Mais à chaque fois qu’on vient, j’ai peur que mon fils se blesse”, confie Fatou, les pieds dans l’eau, surveillant son garçon qui saute d’un rocher à l’autre.

Ramata, la trentaine, ajoute d’une voix lasse : “Ce n’est pas compliqué. On veut juste une plage propre et libre. On nous marginalise, on pousse les familles vers des coins hostiles, pendant qu’on vend le front de mer aux plus riches. C’est une injustice silencieuse.”
Rares îlots de liberté

Sur la corniche des Almadies, entre restaurants huppés et installations de fortune, une petite plage discrète survit. Un bout de sable sans nom, sans infrastructure, mais devenu un refuge informel pour les joggeurs, les familles, les jeunes en quête de fraîcheur. Ici, il n’y a pas de transats, encore moins de parasols. Juste un coin de liberté. Malgré l’exiguïté des lieux et l’absence d’infrastructures, les Dakarois continuent d’y affluer.

Parmi eux, Ibrahima Fall, 15 ans, sac en bandoulière et tongs usées. Depuis le début des vacances scolaires, il vient ici chaque jour avec ses amis du quartier. “Beaucoup ont honte de venir ici à cause des restaurants. Les clients nous regardent de travers, comme si on n’avait pas le droit d’être là”, raconte-t-il en haussant les épaules. Mais Ibrahima, lui, refuse de se laisser intimider : “On n’a pas d’autre endroit où aller. Alors on se lave sans gêne. L’eau est bonne, ça nous suffit.” Ibrahima connaît chaque recoin de cette étroite plage.

C’est leur petit sanctuaire, un îlot de liberté qu’ils défendent à chaque bain. Plus loin, les plages de Malibu et de Cassation offrent un décor tout aussi paradoxal, larges et ouvertes, mais bordées de petits restaurants de fortune, montés de bric et de broc.

Bien commun menacé

À Dakar, il ne suffit plus d’avoir un maillot pour aller à la plage. Il faut désormais un portefeuille bien garni. Les plages dites “sécurisées” sont privatisées, tarifées. Sur la corniche Ouest, un hôtel de prestige facture l’entrée à 35 000 francs CFA [53 euros] par adulte. À ce prix, chaise longue et piscine à débordement. Mais surtout, une barrière invisible qui exclut les milliers de jeunes, d’étudiants, de familles modestes.

Un peu plus loin, une autre enseigne facture 10 000 francs CFA [15 euros] pour accéder à sa plage-restaurant. Les plus “abordables” se trouvent dans la zone industrielle, à 2 000 francs CFA [3 euros] l’entrée. Mais ces plages, submergées en période estivale, sont loin d’être des havres de paix. À Dakar, les plages publiques deviennent des souvenirs. Ce qui était un bien commun, offert par la nature, se transforme, sous nos yeux, en produit marchand.

Aïcha Goudiaby

Source : Courrier international
Lundi 1 Septembre 2025 - 13:49
Lundi 1 Septembre 2025 - 13:52
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