Les règles coutumières peules imposent à la mère d’une nouvelle mariée de fournir à sa fille : calebasses, mortiers, vans, canaris, gargoulettes, écuelles et toutes sortes d’ustensiles qui doivent permettre à celle-ci de partir d’un bon pied le jour de son « faltaare » (quand elle cessera d’être sous la dépendance domestique de sa belle-mère), et qu’elle aura seule la charge de gérer la participation culinaire de son couple aux repas collectifs de la concession. On dit alors qu’« elle prend son hiraande ».Ces modestes trousseaux n’étaient destinés qu’aux jeunes mariées se préparant à prendre leur autonomie par rapport à leurs beaux-parents.
Aujourd’hui, dans les grandes villes en particulier, de nouvelles coutumes sont nées, et prennent de plus en plus d’influence. Les brassages sociaux et culturels et le poids de l’argent ont profondément changé les choses. Les cadeaux de mariage ont pris des dimensions gigantesques, et sont devenus des prétextes à un gaspillage quelque fois à la limite de l’indécence : montagnes de valises, malles et cantines emplies de boubous luxueux, de pagnes africains précieux, de tissus et d’objets « made in » ailleurs (China, Iindia, Indonésia, Hongkong, etc.), tous achetés à Dubaï.
Certes, une partie de tout cela est redistribuée aux parents et amis proches, mais les nyamakala et autres quémandeurs professionnels ne se laissent jamais oublier.Car cette exhibition manquerait de sel et de saveur si elle n’était pas ponctuée de chants et d’airs de guitare exécutés par des griots relatant des épopées réelles ou imaginaires, des généalogies revues et corrigées, des légendes réadaptées afin que les ancêtres des généreux « distributeurs » paraissent toujours comme d’illustres héros.
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Source: ADJ/MR
(M)