
Certains ont dû se regarder dans les yeux quand le général Mohamed Ould Abdel Aziz a annoncé sa volonté de mettre à plat le passif humanitaire. Comment peut-on résoudre un problème du passif humanitaire, en ignorant les victimes et ayants droits des exactions commises dans les années 89-91? Il y a anguille sous roche se sont dit bon nombre, Ould Abdel Aziz n’est pas sincère ?
Et pourtant il l’est, à en croire des responsables affiliés à l’Avomm, Association d’aide aux veuves et orphelins des militaires de Mauritanie : «nous avons rencontré le général Mohamed Ould Abdel Aziz mardi et vendredi, il affiché une volonté sincère en ce qui concerne le règlement définitif», a lâché en substance Sarr Ousmane, au cours d’une conférence de presse, organisée, hier, à l’hôtel Atlantic Ezza.
Non seulement le général est sincère mais voilà qu’il répond à un vœu capital pour les organisations des victimes : « nous lui avons dit qu’il faut mettre en place une commission d’enquête dont l’objectif sera de faire la lumière sur ce qui s’est passé à Inal, Jreida…, il est d’accord sur ce point», renchérit en substance Abdel Aziz Soumaré, autre membre de l’Association d’aide aux victimes et enfants.
En clair Mohamed Ould Abdel Aziz serait pour une solution qui prendra en compte toutes les associations de victimes et ayants droits mieux encore il souscrirait pour la mise en place d’une commission d’enquête à laquelle seront associées les associations de victimes et autres organisations des droits humains.
Mais si le général est sincère en ce qui concerne le règlement définitif du passif humanitaire il reste qu’il n’a pas évoqué un plan précis pour surmonter le problème, ont laissé entendre les responsables de l’Avomm avec qui il a pris langue le mardi et vendredi dernier. L’important à ses yeux c’est d’abord «’allégement de souffrances de veuves et orphelins de militaires tués».. A-t-il les moyens de ses ambitions, en d’autres termes, peut-il réellement rétablir la vérité en ce qui concerne les graves violations de droits humains ? Oui soutiennent avec force les responsables de l’Avomm. Ce qui s’est passé dans les camps de la torture et mouroirs ne s’est pas passé sans témoins, les exécutions et tortures se sont passées devant des témoins qui sont encore vivants alors il sera aisé de rétablir l’horreur dans toute son ampleur.
Le général veut trouver une solution équitable au passif humanitaire et les responsables de l’Avomm le disent sincère, mais l’est-il réellement ? La question mérite d’être posée. D’autant plus que mardi il a pris langue avec les responsables de l’Avomm qui ont laissé entendre sans ambages que la solution du passif humanitaire passe par un devoir de vérité, mais le mercredi suivant à Kaedi il donné, de par son allocution tenue à l’aérodrome de Kaedi, son accord à une solution qui fait l’impasse sur le devoir de vérité tant exigé par l’Avomm, pour revenir le vendredi souscrire à une solution qui passe par le devoir de vérité.
Les responsables de Covire ont du certainement se rendre compte du décalage de langage. Et ils semblent mettre en garde contre toute volte face de sa part : «nous ne marchanderons pas nos droits nous ne lâcherons pas tant que solutions adéquates, humaines ne sont pas apportées », a tenu à souligner Abdel Aziz Soumaré, avant de finir sur une note positive en en affirmant que «toute volonté qui cherche à dépasser ce problème trouvera en nous une oreille attentive».
Samba Camara
Biladi