
Depuis quelques semaines, la Mauritanie vit une grave crise au sommet de l’Etat.
Le 24 juin 2008, L’Alliance pour la Justice et la Démocratie / Mouvement pour la Rénovation (AJD/MR), avait demandé au Président de la République de prendre toutes ses responsabilités pour dépasser cette situation risquée pour la stabilité du pays. S’il se sentait dans l’impossibilité d’exercer librement ses prérogatives de Chef d’Etat, qu’il démissionne en prenant le peuple mauritanien à témoin.
Par la fermeté de son discours adressé à la Nation pour mettre fin aux querelles au sein de sa majorité, l’AJD/MR pensait avoir été entendu. Mais le Chef de l’Etat fut immédiatement rappelé à l’ordre par les députés soutenant la motion de censure de son gouvernement. Il renonce à exécuter sa menace brandie de dissoudre l’assemblée nationale et évite la confrontation en acceptant la démission de son gouvernement.
Cette reculade, loin de calmer la fronde, sape durablement l’autorité du Président de la République, qui finit par céder à toutes les doléances des députés contestataires dont la moins consistante était le retrait du gouvernement des symboles de la gabegie. Bon nombre de la liste des signataires de la motion appartient à cette catégorie.
Le recyclage par le Président de la République des Roumouz El Vessad est une grave erreur et un coup de frein aux réformes nécessaires pour développer le pays, consolider l’unité nationale et relever de nombreux défis : le retour des déportés, le règlement du passif humanitaire, la lutte contre l’esclavage, la corruption, le combat contre la misère et la cherté de la vie…
Devant cette situation, le report de l’annonce de la composition du nouveau gouvernement, les accusations contre la fondation dirigée par la première dame et les attaques contre le Président du Sénat laissent penser par ailleurs que la motion de censure n’était que le premier jalon d’un plan de destitution du Président de la République lui-même. Ceux qui tirent les ficelles de cette déstabilisation ne sont-ils pas à chercher du côté des autorités de la transition démocratique ratée ?
Fort de ces constats, L’AJD.MR :
1. réaffirme son attachement aux acquis fragiles de notre jeune démocratie (liberté de la presse, retour des déportés, loi sur l’éradication de l’esclavage, débat sur le passif humanitaire …) qu’elle entend défendre avec pugnacité ;
2. exige la dissolution de l’assemblée Nationale, pour sortir la Mauritanie de cette crise institutionnelle et demande que toutes les dispositions soient prises pour l’organisation d’élections anticipées libres et transparentes;
L’AJD/MR se concertera avec les forces favorables à un changement véritable, dans le respect de la légalité, pour décider ensemble des actions à entreprendre pour éviter la paralysie de nos institutions.
Nouakchott le 14 juillet 2008
Le Bureau Politique