
En cinquante ans d’indépendance, la Mauritanie n’a pas encore fini avec le premier terme de cette proposition de Rousseau. L’autre viendra fatalement un jour si nos dirigeants, présents et à venir, continuent à manquer de clairvoyance et de volonté.
Le pouvoir en Mauritanie a toujours relevé de la volonté du chef et de la nomenklatura politique qui l’entoure. Qu’il s’agisse de la gestion des affaires sous le parti unique de feu Moktar Ould Daddah, de celle des régimes militaires d’exception, de Moustapha Ould Mohamed Saleck à Maaouiya Ould Ahmed Taya, de la démocratie de façade de ce dernier, balayée un certain 3 août 2005, par le « gardien du temple », Mohamed Ould Abdel Aziz, alors colonel commandant la garde présidentielle, de la Transition d’Ely et de son CMJD – aujourd’hui décriés – du mandat écourté de Sidioca – démocratique mais ne répondant pas aux canaux d’un Système qui a décidément la peau très dure – ou enfin de la « Rectification », tout se fait avec l’élite intellectuelle du pays mais sans le peuple !
Qu’on ne s’y trompe pas, ce qu’on appelle soutien populaire relève de la manipulation comme au bon vieux temps des « Structures d’Education des Masses » mises en place par le régime de Ould Haidalla pour embrigader des populations dans des programmes politiques et sociaux auxquels ils ne comprennent sans doute pas grand-chose.
L’effet de multiplication des initiatives de soutien et autres manifestations d’estime et d’adhésion au projet politique du Haut Conseil d’Etat (HCE) ont pour particularité d’être passagers (on a servi le même plat à tous les régimes qui se sont succédés en Mauritanie) et inefficaces dans la construction d’une vraie démocratie et le décollage économique du pays.
Il est décevant de voir les mêmes visages, d’entendre les mêmes paroles, d’entretenir les mêmes illusions et de devoir toujours saluer les coups d’Etat comme l’unique voie de nous sauver ! N’est-il pas étonnant, en effet, de voir le président démocratiquement élu, Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, ravir la « palme d’or » dans la vindicte officielle à un Ould Taya quinze fois plus de temps que lui au pouvoir et qui est considéré comme l’origine de tous nos problèmes passés, présents et futurs ?
L’étrange silence qui entoure actuellement le règne de l’homme du 12/12 – et les crimes économiques dont la Transition l’a rendu responsable – cache mal la volonté de l’actuel pouvoir d’accabler un président qu’il a fait et défait en fonction de ses intérêts du moments : intermède démocratique entre deux transitions dont la deuxième doit faire revenir le pouvoir à celui qui l’a réellement pris à Ould Taya !
Une sorte de prime au mérite qui avait besoin de pas mal de scenarii pour aboutir : désaveu du Premier ministre Zéine Ould Zeidane, au motif que son gouvernement « technocratique » a échoué, formation d’un gouvernement politique de la Majorité qui devait subir le même sort eu égard à la cooptation en son sein d’anciens barons du PRDS fichés comme des « roumouz el veçad » (symboles de la gabegie) et à l’entrée dans cette équipe de l’UFP et de « Tawassoul », deux formations dont apparemment les généraux ne portent bien dans leurs cœurs.
Ce qu’on a appelé alors la « fronde parlementaire » était en fait le début du processus de destitution du président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi. Un terrible engrenage qu ouvrait sur deux possibilité : la démission de Sidioca, envisagée comme la « bonne » solution pour ses adversaires qui allaient alors réorganiser le pouvoir en fonction de leurs intérêts, ou le coup d’Etat, solution extrême qui présentait l’inconvénient de mettre ses auteurs au ban des accusés de la communauté internationale.
Le Vieux qui cherché durant toute la crise à éviter la confrontation directe avec les généraux, quitte à donner après à ses adversaires politiques de sérieux arguments utilisés aujourd’hui contre lui, a flairé le coup fourré de sa Majorité-Nouvelle Opposition et a pris la décision combien risquée de limoger le quartet le plus haut placé de l’Armée (Etat-major particulier, états-majors de l’armée, de la gendarmerie et de la garde).
La suite on la connaît. Mais la suite de la suite, elle, est faite d’improvisations, de remake du passé encore récent de la gestion – très personnelle de Ould Taya – et de l’embrigadement des masses par une élite politique sans foi ni loi. Il est à craindre alors qu’un jour ou l’autre le second terme de la terrible sentence de Rousseau ne trouve sa raison d’être.
Amadou Diawara
source : Le Rénovateur Quotidien
Le pouvoir en Mauritanie a toujours relevé de la volonté du chef et de la nomenklatura politique qui l’entoure. Qu’il s’agisse de la gestion des affaires sous le parti unique de feu Moktar Ould Daddah, de celle des régimes militaires d’exception, de Moustapha Ould Mohamed Saleck à Maaouiya Ould Ahmed Taya, de la démocratie de façade de ce dernier, balayée un certain 3 août 2005, par le « gardien du temple », Mohamed Ould Abdel Aziz, alors colonel commandant la garde présidentielle, de la Transition d’Ely et de son CMJD – aujourd’hui décriés – du mandat écourté de Sidioca – démocratique mais ne répondant pas aux canaux d’un Système qui a décidément la peau très dure – ou enfin de la « Rectification », tout se fait avec l’élite intellectuelle du pays mais sans le peuple !
Qu’on ne s’y trompe pas, ce qu’on appelle soutien populaire relève de la manipulation comme au bon vieux temps des « Structures d’Education des Masses » mises en place par le régime de Ould Haidalla pour embrigader des populations dans des programmes politiques et sociaux auxquels ils ne comprennent sans doute pas grand-chose.
L’effet de multiplication des initiatives de soutien et autres manifestations d’estime et d’adhésion au projet politique du Haut Conseil d’Etat (HCE) ont pour particularité d’être passagers (on a servi le même plat à tous les régimes qui se sont succédés en Mauritanie) et inefficaces dans la construction d’une vraie démocratie et le décollage économique du pays.
Il est décevant de voir les mêmes visages, d’entendre les mêmes paroles, d’entretenir les mêmes illusions et de devoir toujours saluer les coups d’Etat comme l’unique voie de nous sauver ! N’est-il pas étonnant, en effet, de voir le président démocratiquement élu, Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, ravir la « palme d’or » dans la vindicte officielle à un Ould Taya quinze fois plus de temps que lui au pouvoir et qui est considéré comme l’origine de tous nos problèmes passés, présents et futurs ?
L’étrange silence qui entoure actuellement le règne de l’homme du 12/12 – et les crimes économiques dont la Transition l’a rendu responsable – cache mal la volonté de l’actuel pouvoir d’accabler un président qu’il a fait et défait en fonction de ses intérêts du moments : intermède démocratique entre deux transitions dont la deuxième doit faire revenir le pouvoir à celui qui l’a réellement pris à Ould Taya !
Une sorte de prime au mérite qui avait besoin de pas mal de scenarii pour aboutir : désaveu du Premier ministre Zéine Ould Zeidane, au motif que son gouvernement « technocratique » a échoué, formation d’un gouvernement politique de la Majorité qui devait subir le même sort eu égard à la cooptation en son sein d’anciens barons du PRDS fichés comme des « roumouz el veçad » (symboles de la gabegie) et à l’entrée dans cette équipe de l’UFP et de « Tawassoul », deux formations dont apparemment les généraux ne portent bien dans leurs cœurs.
Ce qu’on a appelé alors la « fronde parlementaire » était en fait le début du processus de destitution du président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi. Un terrible engrenage qu ouvrait sur deux possibilité : la démission de Sidioca, envisagée comme la « bonne » solution pour ses adversaires qui allaient alors réorganiser le pouvoir en fonction de leurs intérêts, ou le coup d’Etat, solution extrême qui présentait l’inconvénient de mettre ses auteurs au ban des accusés de la communauté internationale.
Le Vieux qui cherché durant toute la crise à éviter la confrontation directe avec les généraux, quitte à donner après à ses adversaires politiques de sérieux arguments utilisés aujourd’hui contre lui, a flairé le coup fourré de sa Majorité-Nouvelle Opposition et a pris la décision combien risquée de limoger le quartet le plus haut placé de l’Armée (Etat-major particulier, états-majors de l’armée, de la gendarmerie et de la garde).
La suite on la connaît. Mais la suite de la suite, elle, est faite d’improvisations, de remake du passé encore récent de la gestion – très personnelle de Ould Taya – et de l’embrigadement des masses par une élite politique sans foi ni loi. Il est à craindre alors qu’un jour ou l’autre le second terme de la terrible sentence de Rousseau ne trouve sa raison d’être.
Amadou Diawara
source : Le Rénovateur Quotidien