
Jamais, depuis le 6 août dernier, la Mauritanie n’a été aussi proche de l’embargo que menace de lui imposer la communauté internationale. Les Etats-Unis ont déjà fait un premier pas dans ce sens en nous excluant du Millenium Challenge, qui allait nous apporter 25 millions de dollars, tout de suite, et quelques centaines de millions, au cours des prochaines années.
L’Union Africaine, après quelques atermoiements, a demandé, explicitement, le retour de l’ancien président, avant le 6 octobre prochain, délai de rigueur. Un ultimatum que nos militaires ne prennent apparemment pas au sérieux, l’UA n’ayant aucun moyen de les faire plier. A part, peut-être, les condamnations de principe.
Cette erreur de jugement pourrait nous être fatale : l’Union est coordonnée, en effet, avec les Nations Unies, l’Union Européenne et la Ligue Arabe et sa position peut provoquer un effet domino dont on risque de ne pas se relever avant longtemps.
En réaction, nos képis étoilés n’ont pas trouvé mieux que d’envoyer «leurs» parlementaires au charbon. Lors d’une conférence de presse, ces derniers ont déclaré que le retour aux affaires de l’ancien président constitue une «ligne rouge» infranchissable. Etrange raisonnement de la part de députés et sénateurs, élus selon la même logique, pourtant, que celui dont ils refusent le retour. Les a-t-on mandatés pour parler au nom de plus de 52% de mauritaniens qui avaient jeté leur dévolu sur Sidioca? Et qui donc? L’Union Européenne, pour sa part, a les mains liées par l’accord de Cotonou. Elle a invité les nouveaux maîtres du pays à venir discuter à Bruxelles pour trouver une issue à la crise. Si, comme les autres, elle n’exige pas le retour à la situation ante 06 août, elle acceptera difficilement le fait accompli. Et ne se contentera pas d’une feuille de route aux contours flous, comme celle que vient d’adopter l’Assemblée nationale.
Après les rejets africain, français et américain, ces négociations avec l’UE constitueront, pour la junte, la seule possibilité de conserver, encore, un interlocuteur de poids. En cas d’échec, le pays sera mis au ban de la communauté des nations.
La totale pour un Etat pauvre, vivant, pour, au moins 1/5ème de ses ressources, de l’aide internationale, et qui a, impérativement, besoin de l’extérieur, pour financer son déficit budgétaire chronique et ses projets de développement. Souvenons-nous : il y a 15 ans, le Togo a été mis sous embargo, pour non-respect des droits de l’Homme et tripatouillages électoraux. Tous ses projets se sont arrêtés. Ses infrastructures, effondrées. Son économie a reculé de 20 ans.
Qu’adviendra alors de nous si le Togo, un pays autrement plus riche que la Mauritanie, a souffert de la sorte? Nos dirigeants ne saisissent-ils pas la portée de telles sanctions? Ou croient-ils les laudateurs qui leur font croire que nous pouvons nous passer de l’aide extérieure qui «ne sert qu’à enrichir certains et qui ne représente que 12% du budget de l’Etat?»
Et les mauritaniens dans tout ça? Victimes – consentantes? En êtes-vous si sûrs? – d’une querelle qui a mal tourné entre Sidi et ses généraux, ils n’auraient d’autre choix que de subir l’embargo qui se profile à l’horizon. Et dont les conséquences risquent d’être fort douloureuses. A moins que, dans un ultime sursaut, les différents protagonistes ne mettent l’intérêt général au dessus de tout, lâchent du lest et se mettent, enfin, d’accord sur une formule consensuelle. Un accouchement difficile qu’on souhaite sans forceps, ni césarienne.
Quant à laisser mourir l’enfant dans le ventre de sa mère, y survivrait-elle?
Ahmed Ould Cheikh
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Source: lecalame
(M) avomm
L’Union Africaine, après quelques atermoiements, a demandé, explicitement, le retour de l’ancien président, avant le 6 octobre prochain, délai de rigueur. Un ultimatum que nos militaires ne prennent apparemment pas au sérieux, l’UA n’ayant aucun moyen de les faire plier. A part, peut-être, les condamnations de principe.
Cette erreur de jugement pourrait nous être fatale : l’Union est coordonnée, en effet, avec les Nations Unies, l’Union Européenne et la Ligue Arabe et sa position peut provoquer un effet domino dont on risque de ne pas se relever avant longtemps.
En réaction, nos képis étoilés n’ont pas trouvé mieux que d’envoyer «leurs» parlementaires au charbon. Lors d’une conférence de presse, ces derniers ont déclaré que le retour aux affaires de l’ancien président constitue une «ligne rouge» infranchissable. Etrange raisonnement de la part de députés et sénateurs, élus selon la même logique, pourtant, que celui dont ils refusent le retour. Les a-t-on mandatés pour parler au nom de plus de 52% de mauritaniens qui avaient jeté leur dévolu sur Sidioca? Et qui donc? L’Union Européenne, pour sa part, a les mains liées par l’accord de Cotonou. Elle a invité les nouveaux maîtres du pays à venir discuter à Bruxelles pour trouver une issue à la crise. Si, comme les autres, elle n’exige pas le retour à la situation ante 06 août, elle acceptera difficilement le fait accompli. Et ne se contentera pas d’une feuille de route aux contours flous, comme celle que vient d’adopter l’Assemblée nationale.
Après les rejets africain, français et américain, ces négociations avec l’UE constitueront, pour la junte, la seule possibilité de conserver, encore, un interlocuteur de poids. En cas d’échec, le pays sera mis au ban de la communauté des nations.
La totale pour un Etat pauvre, vivant, pour, au moins 1/5ème de ses ressources, de l’aide internationale, et qui a, impérativement, besoin de l’extérieur, pour financer son déficit budgétaire chronique et ses projets de développement. Souvenons-nous : il y a 15 ans, le Togo a été mis sous embargo, pour non-respect des droits de l’Homme et tripatouillages électoraux. Tous ses projets se sont arrêtés. Ses infrastructures, effondrées. Son économie a reculé de 20 ans.
Qu’adviendra alors de nous si le Togo, un pays autrement plus riche que la Mauritanie, a souffert de la sorte? Nos dirigeants ne saisissent-ils pas la portée de telles sanctions? Ou croient-ils les laudateurs qui leur font croire que nous pouvons nous passer de l’aide extérieure qui «ne sert qu’à enrichir certains et qui ne représente que 12% du budget de l’Etat?»
Et les mauritaniens dans tout ça? Victimes – consentantes? En êtes-vous si sûrs? – d’une querelle qui a mal tourné entre Sidi et ses généraux, ils n’auraient d’autre choix que de subir l’embargo qui se profile à l’horizon. Et dont les conséquences risquent d’être fort douloureuses. A moins que, dans un ultime sursaut, les différents protagonistes ne mettent l’intérêt général au dessus de tout, lâchent du lest et se mettent, enfin, d’accord sur une formule consensuelle. Un accouchement difficile qu’on souhaite sans forceps, ni césarienne.
Quant à laisser mourir l’enfant dans le ventre de sa mère, y survivrait-elle?
Ahmed Ould Cheikh
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Source: lecalame
(M) avomm