Si la junte n’accepte pas ce compromis (démission de Aziz et gestion de la transition par Sidi) et va à l’élection le 06 juin, qu’est-ce que vous allez faire ? Réponse de Messaoud Ould Boulkheir, Président de l’assemblée nationale : «Nous allons user de tous les moyens légaux de protestation pour essayer d’empêcher que les élections se passent. Nous essayerons d’occuper la rue, ça vous pouvez en être sûr. Ça entraînera ce que ça entraînera. Nous n’acceptons pas le fait accompli».
Si les opposants au putsch essaient d’occuper la rue, les forces de l’ordre tenteront, certainement, de les en empêcher. De cette confrontation, pourrait naître une grosse pagaille aux conséquences incalculables.
En Afrique, la mauvaise gestion des crises institutionnelles ou politiques a conduit, dans certains pays, à des situations de non Etat, de non puissance publique, de non pouvoir central…des sortes de Far West où tous les coups sont permis.
En Mauritanie, la division née du putsch du 06 août 2008 s’est greffée à une société déjà ethnicisée, « racialisée », tribalisée…reposant sur des équilibres fragiles. Des équilibres fragiles miraculeusement maintenues.
Ce miracle, ce minimum permettant au chef de famille d’aller payer le pain à six heures sans se faire tuer sur le chemin, au fonctionnaire de se faire payer chaque mois, au commerçant d’ouvrir sa boutique sans être pillé, à l’enfant d’aller à l’école à huit heures et de revenir à midi…ce miracle là est plus important que le FNDD, le général, le HCE…
Quand il n’y a plus police, plus d’armée, plus de tribunal. Quand le pays est fait de milices armées et de paramilitaires retranchés chacun dans une parcelle d’influence, on ne rêve plus démocratie, on rêve «sauver sa peau.»
Pour que les mauritaniens continuent «à rêver démocratie», il faut que leur Etat, à travers son Administration et sa puissance publique continue d’exister. Le premier responsable de la continuité, même si c’est de fait, de la continuité de cette Administration et de cette puissance publique, c’est le général Ould Abdel Aziz. C’est lui qui s’est emparé du pouvoir, c’est à lui d’agir pour que ne sonne le glas de l’Etat mauritanien.
Report pour sauver la République
La Communauté internationale (Union Africaine et Union Européenne), le principal parti d’opposition (RFD), le Front national pour la défense de la démocratie (FNDD), une partie de la société civile mauritanienne…toutes les parties à la crise politique en Mauritanie, et ceux qui s’y intéressent de près ont mis, avec insistance, la junte auteur du coup d’Etat, en garde contre « les conséquences d’une démarche unilatérale de sortie de crise.»
Ils n’ont pas été entendus. Jusqu’ici le général n’a écouté que ses partisans, ses soutiens « indéfectibles et inconditionnels » pour qui ses engagements, ses discours, ses désirs, ses humeurs…ont force de loi. Il n’y a que les partisans du général (même s’ils sont très nombreux) qui adhèrent à son processus de sortie de crise. Il n’y a qu’eux qui veulent aller avec lui à l’élection du 06 juin 2009.
Les autres, par la voix du président de l’assemblée nationale, ont décidé d’empêcher cette élection et ça « entraînera ce que ça entraînera.» Maintenir la date de l’élection présidentielle pourrait être synonyme de confrontation. Une confrontation sur laquelle se grefferont toutes les frustration et rancoeurs, toutes les contradictions, toutes les tensions étouffées…
Faut-il aller à l’élection le 06 juin pour être la Somalie après ? Faut-il reporter cette élection pour sauver la peau de la République ?
Khalilou Diagana
source : Le Quotidien de Nouakchott
Si les opposants au putsch essaient d’occuper la rue, les forces de l’ordre tenteront, certainement, de les en empêcher. De cette confrontation, pourrait naître une grosse pagaille aux conséquences incalculables.
En Afrique, la mauvaise gestion des crises institutionnelles ou politiques a conduit, dans certains pays, à des situations de non Etat, de non puissance publique, de non pouvoir central…des sortes de Far West où tous les coups sont permis.
En Mauritanie, la division née du putsch du 06 août 2008 s’est greffée à une société déjà ethnicisée, « racialisée », tribalisée…reposant sur des équilibres fragiles. Des équilibres fragiles miraculeusement maintenues.
Ce miracle, ce minimum permettant au chef de famille d’aller payer le pain à six heures sans se faire tuer sur le chemin, au fonctionnaire de se faire payer chaque mois, au commerçant d’ouvrir sa boutique sans être pillé, à l’enfant d’aller à l’école à huit heures et de revenir à midi…ce miracle là est plus important que le FNDD, le général, le HCE…
Quand il n’y a plus police, plus d’armée, plus de tribunal. Quand le pays est fait de milices armées et de paramilitaires retranchés chacun dans une parcelle d’influence, on ne rêve plus démocratie, on rêve «sauver sa peau.»
Pour que les mauritaniens continuent «à rêver démocratie», il faut que leur Etat, à travers son Administration et sa puissance publique continue d’exister. Le premier responsable de la continuité, même si c’est de fait, de la continuité de cette Administration et de cette puissance publique, c’est le général Ould Abdel Aziz. C’est lui qui s’est emparé du pouvoir, c’est à lui d’agir pour que ne sonne le glas de l’Etat mauritanien.
Report pour sauver la République
La Communauté internationale (Union Africaine et Union Européenne), le principal parti d’opposition (RFD), le Front national pour la défense de la démocratie (FNDD), une partie de la société civile mauritanienne…toutes les parties à la crise politique en Mauritanie, et ceux qui s’y intéressent de près ont mis, avec insistance, la junte auteur du coup d’Etat, en garde contre « les conséquences d’une démarche unilatérale de sortie de crise.»
Ils n’ont pas été entendus. Jusqu’ici le général n’a écouté que ses partisans, ses soutiens « indéfectibles et inconditionnels » pour qui ses engagements, ses discours, ses désirs, ses humeurs…ont force de loi. Il n’y a que les partisans du général (même s’ils sont très nombreux) qui adhèrent à son processus de sortie de crise. Il n’y a qu’eux qui veulent aller avec lui à l’élection du 06 juin 2009.
Les autres, par la voix du président de l’assemblée nationale, ont décidé d’empêcher cette élection et ça « entraînera ce que ça entraînera.» Maintenir la date de l’élection présidentielle pourrait être synonyme de confrontation. Une confrontation sur laquelle se grefferont toutes les frustration et rancoeurs, toutes les contradictions, toutes les tensions étouffées…
Faut-il aller à l’élection le 06 juin pour être la Somalie après ? Faut-il reporter cette élection pour sauver la peau de la République ?
Khalilou Diagana
source : Le Quotidien de Nouakchott