Liste de liens

Le bureau exécutif de l'AVOMM

"L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous." Jean-Paul Sartre

"L'Association d'aides aux veuves et aux orphelins de mauritanie (AVOMM) qui nous rassemble, a été créée le 25/12/95 à PARIS par d'ex-militaires mauritaniens ayant fui la terreur, l'oppression, la barbarie du colonel Mawiya o/ sid'ahmed Taya ......
Ces rescapés des geôles de ould Taya, et de l'arbitraire, décidèrent, pour ne jamais oublier ce qui leur est arrivé, pour garder aussi la mémoire des centaines de martyrs, de venir en aide aux veuves, aux orphelins mais aussi d'engager le combat contre l'impunité décrétée par le pouvoir de Mauritanie."
E-mail : avommavomm@yahoo.fr

Bureau exécutif

*Ousmane SARR, président
*Demba Niang, secrétaire général
*Secrétaire général Adjt; Demba Fall
*Alousseyni SY, Chargé des relations extérieures
*Mme Rougui Dia, trésorière
*Chargé de l’organisation Mariame Diop
*adjoint Ngolo Diarra
*Mme Mireille Hamelin, chargée de la communication
*Chargé de mission Bathily Amadou Birama
Conseillers:
*Kane Harouna
*Hamdou Rabby SY










AVOMM

Entretien avec le rappeur Monza. Organisateur du festival «Assalamalekoum hip hop festival»:

''....les responsables politiques du pays doivent donc se tourner vers la jeunesse, qui est le seul moteur de développement d'un pays. Et dans le domaine de la musique et du rap, les responsables de la culture doivent observer, mais surtout faire, car si ils ne le font pas, nous le ferons par nous-mêmes.''


Entretien avec le rappeur Monza.  Organisateur du festival «Assalamalekoum hip hop festival»:
Assalamalekoum hip hop Festival, est le premier du genre en Mauritanie. Il sera axé sur la forme scénique des prestations des danses hip hop, du live avec disc jockey (DJ), et des formules live avec un orchestre. Ce festival a comme objectif de participer à l'effort de reconnaissance de l'esthétique hip hop mauritanien. Organisé pour sa première édition les 7, 8 et 9 mai prochains au Centre culturel français de Nouakchott, le festival espère se poursuivre annuellement.

Il est porté par une structure indépendante de production et de promotion et par son fondateur Limam Kane Aka Monza, qui nous livre ici sa vision du rap mauritanien, et les espoirs placés dans ce festival.

L'Authentique: quelle est la qualité, et l'état du hip hop mauritanien aujourd'hui ? Celle-ci est-elle assez importante pour permettre un festival annuel?

Monza: depuis 2004, le rap mauritanien se professionnalise autour de structures qui se montent en ce sens, notamment au niveau de la production, qui atteste d'une amélioration sensible de la qualité du rap ici. On a plusieurs studios d'enregistrement aujourd'hui, avec des ingénieurs de sons de bonne qualité, et les rappeurs eux-mêmes prennent conscience de la nécessité de travailler leurs textes et leur flow.

L'Authentique: selon quels critères la sélection des groupes s'est-elle faite?

Monza: on a été confronté au problème des groupes prolifiques en Mauritanie (plus de 300- ndlr), et comme on avait un quota d'une demi-douzaine de groupes sélectionnables, on a dû trancher. Dans nos discussions internes, pour le festival, on a considéré qu'il y avait une dizaine de groupes sur lesquels on pouvait plancher. Ça a été délicat: mais heureusement que nous avons un directeur artistique, en la personne de MD Max, un des pionniers du rap en Mauritanie, qui a un regard assez objectif et appréciable sur les groupes dans leur ensemble. Au final, nous avons été satisfaits de ses choix. D'autant que le premier critère, et seul d'ailleurs, de sélection, c'était la performance, lyricale et sur scène. Les six groupes sélectionnés remplissaient aisément ce critère, dans l'optique de donner en live, un spectacle de qualité. Parmi ceux sélectionnés, certains n'ont pas encore sortis d'album, mais en terme de performance scénique, ils sont reconnus dans le milieu; et pour un concert, c'est extrêmement important. Il n'y a pas que ces groupes, mais voilà, il fallait faire des choix.

L'Authentique: la culture hip hop a du mal à se faire une «place officielle» en Mauritanie. Sa reconnaissance est inéluctable? C'est un des objectifs de ce festival?

Monza: effectivement. On n'a pas dit «Assalamalekoum Rap Festival», mais «Assalamalekoum hip hop festival»; et le rap est englobé dans le hip hop, qui englobe aussi la danse, le dee-jaying et le graff'. C'est pour cela que le festival prévoit aussi des ateliers de danse hip hop, et une session de dee-jaying avec DJ Gee Bayss du Sénégal. Nous espérons ainsi faire valoir cette culture chez nous, qui est la plus diffusée dans le monde (vous avez du hip hop dans tous les pays du monde!). Parce qu'elle existe aujourd'hui: nous avons des danseurs de talent, des DJ potentiels, mais qui manquent de structures pour s'exprimer. C'est pour cela que ce festival mettra aussi l'accent sur une certaine forme de sensibilisation et de communication sur le hip hop mauritanien, à travers la projection d'un reportage. Ce sera l'occasion aussi de montrer, et mettre en valeur, les autres artistes de talent, qui n'ont pas été sélectionnés pour le festival. En fait, une seule discipline hip hop manquera dans ce festival, c'est le graffiti, qui est encore embryonnaire chez nous. Mais on espère la promouvoir dans les prochaines éditions à l'avenir, avec son développement lent mais sûr. On n'a pas encore une expression ouverte du graffiti.

L'Authentique: peut-on considérer que le hip hop est devenu le courant majeur de la musique mauritanienne, par le nombre de ses groupes, par l'ampleur de sa production?

Monza: le hip hop est encore une sous culture, que la Mauritanie a du mal à adopter. D'un autre côté, grâce à certains artistes, le hip hop s'est aujourd'hui imposé de lui-même en tant que musique et genre à part de la musique mauritanienne. Personne ne peut le nier. Quand on parle de musique mauritanienne, la musique traditionnelle ressort beaucoup, avec des artistes comme Malouma, Noura Mint Seymali, Ousmane Gangué ou Dimi, qui essayent de mêler modernisme et traditionnel. Et c'est dans cet enchevêtrement de musique majoritairement traditionnelle que le hip hop se fait une place. Difficilement c'est vrai, car on a du hip hop, comme dans beaucoup d'autres pays, ce cliché en tête, que le rap est une «musique de voyous», malsaine, corruptrice. Mais un rapide coup d'oeil vous prouve le contraire. En Mauritanie, le rap est reconnu comme un excellent instrument de sensibilisation, dans certaines couches de la société.

L'Authentique: justement, quels sont les thèmes essentiels du rap mauritanien, sachant justement que ce style s'assimile plus à un instrument de revendications sociales, au départ en tout cas?

Monza: à la base, le rap est un moyen de contestation, de protestation. Maintenant, selon l'environnement social et économique, selon l'histoire d'une communauté ou d'une autre, les thèmes varient, et certains sont inhérents à certains pays. Prenons l'exemple des Etats-Unis: un courant majeur du hip hop, qui d'ailleurs nuit beaucoup à l'image de ce genre, c'est le «gangsta rap» (rap de voyous- ndlr), qui fait une apologie du luxe, du gangstérisme. Ce genre correspond aux réalités sociologiques américaines capitalistes, matérialistes et individualistes; avec une communauté noire plus ou moins en marge de la société américaine. À ce moment-là, certaines voix du rap américain prônent la réussite par tous les moyens. En France, les thèmes sont plus orientés vers la dénonciation d'une France raciale à deux vitesses, entre les banlieues, qui sont carrément des ghettos créés pour la première vague d'immigrés, particulièrement africains, et le reste du pays. En Mauritanie, nos réalités sont toutes autres: nous avons une société multiculturelle assez unique dans son genre, avec les soninkés, les wolofs, les maures et les halpulaars. Nous avons aussi le poids de nos traditions qui pèse encore, mais aussi les incivilités quotidiennes, qui prennent des proportions ahurissantes et anarchistes chez nous, l'état de la santé misérabiliste, le système éducatif quasi-inexistant, le mariage forcé etc.. Les sujets ne manquent pas, pour qu'on aille se prendre pour ce qu'on n'est pas, en plagiant américains ou français. On a réellement besoin de discours positifs sur la paix en ce sens. D'où la dénomination du festival, «Assalamalekoum hip hop festival».

L'Authentique: y a-t-il une identité sonore dans les productions mauritaniennes, ou on suit ce qui se fait outre Atlantique?

Monza: le rap, c'est un discours «rappé» (déclamé- ndlr) sur une rythmique donnée. Cette règle est universelle au genre, vous la retrouverez dans le rap mongol, zimbabwéen, chilien ou mauritanien. Maintenant, la différence se fait au niveau de la couleur musicale. Celle-ci dépend de tes influences sociales et musicales. Et pour ce qui est de la Mauritanie, qui a quatre cultures, les sources sont importantes, avec différents styles et genres de musiques dans chaque culture. Les combinaisons sont très importantes. Pour le rap mauritanien, ce sont des sources inespérées où elle pourrait, et même doit puiser pour se forger une identité musicale originale. Dans notre groupe, la «Rue publique», nous faisons intervenir un peu de «Hoddou» (musique halpulaar- ndlr), selon le thème abordé, en l'occurence là pour un morceau sur le mariage forcé. Et nous avons un featuring avec Noura Mint Seymali, pour montrer justement que le rap n'est pas figé dans un genre musical précis.

L'Authentique: la musique mauritanienne, et son rap en particulier peut-il sortir son épingle du jeu dans un contexte de mondialisation qui tend à écraser les particularismes?

Monza: nous sommes mauritaniens certes, mais africains avant tout. Si les Etats-unis sont aujourd'hui la première puissance au monde, dans tous les domaines, surtout culturel, c'est justement parce que des «Etats» se sont «unis». Et la sauvegarde de nos cultures, et de nos musiques passe par une telle union africaine. À un moment dans l'Histoire, l'Angleterre était la première puissance mondiale, en grande partie grâce aux Beatles (rires). Nous nous devons aussi de rayonner de la sorte sur le plan international. Et les responsables politiques du pays doivent donc se tourner vers la jeunesse, qui est le seul moteur de développement d'un pays. Et dans le domaine de la musique et du rap, les responsables de la culture doivent observer, mais surtout faire, car si ils ne le font pas, nous le ferons par nous-mêmes.

Écrit par Mamoudou Lamine Kane

Source:lauthentique
http://www.lauthentique.info/index.php?option=com_content&task=view&id=438&Itemid=1
(M)
Dimanche 4 Mai 2008 - 21:20
Dimanche 4 Mai 2008 - 21:36
INFOS AVOMM
Accueil | Envoyer à un ami | Version imprimable | Augmenter la taille du texte | Diminuer la taille du texte


Dans la même rubrique :
1 2 3 4 5 » ... 594