Le Sahara est devenu le plus grand désert chaud de la planète il y a environ 2700 ans après un très lent changement selon des travaux parus jeudi aux États-Unis qui remettent en cause une théorie avancée en 2000 selon laquelle la désertification aurait été brutale.
Il y a 6.000 ans le Sahara était alors très vert, couvert d'arbres, de savanes et comptant de nombreux lacs. Cette vaste région plus grande que l'Australie était aussi habitée, précisent les auteurs de cette étude publiée dans la revue américaine Science datée du 9 mai.
La plus grande partie des indices physiques témoignant de l'évolution de la géographie du Sahara ont été perdus. Mais en étudiant les couches de sédiments prélevés au fond de l'un des plus grands lacs sahariens restant, le lac Yoa, situé dans une région reculée du nord du Tchad, cette équipe européenne, canadienne et américaine de scientifiques a pu reconstituer l'histoire de la région au cours des 6000 dernières années.
Ils ont analysé ces sédiments, effectué des tests géochimiques et examiné les indicateurs biologiques comme les pollens provenant des arbres et plantes qui se trouvaient tout autour avant que le désert ne s'installe. Ils ont également procédé à des analyses des restes de micro-organismes aquatiques.
Les résultats de ces travaux vont à l'encontre de la théorie selon laquelle le Sahara est devenu un désert il y a environ 5500 ans et ce en quelques siècles, marquant la fin de la période humide africaine, quand des pluies saisonnières comme des moussons s'abattaient régulièrement sur la région, explique Stefan Kröpelin, un géologue de l'Institut d'archéologie préhistorique de l'Université de Cologne en Allemagne et principal auteur de l'étude.
En 2000, une analyse de carottes de sédiments obtenues avec des forages effectués au large des côtes à l'ouest de la Mauritanie montraient une augmentation soudaine de la poussière transportée par les vents soufflant vers l'extérieur de l'Afrique saharienne, selon une recherche de Peter deMenocal, de l'Université de Columbia (New York, est).
Les données recueillies dans le lac Yoa montrent au contraire que la transition climatique a été graduelle, poursuit Stefan Kröpelin.
L'abondante végétation tropicale initiale s'est progressivement réduite avant la disparition de l'herbe qui recouvrait le sol et finalement l'installation du désert, ajoute-t-il.
Le géologue allemand ne conteste pas les données de Peter deMenocal, mais il estime qu'elles sont mal interprétées.
Le lac Yoa, profond de 24 mètres, continue à être alimenté en eau par les réservoirs aquifères souterrains remplis durant la période humide du Sahara qui a commencé il y a près de 15 000 ans. Cette alimentation suffit à remplacer les six mètres d'eau perdue chaque année avec l'évaporation, expliquent ces chercheurs précisant que les précipitations annuelles ne dépassent pas quelques millimètres.
La désertification du Sahara a eu pour conséquence de chasser les populations du sud de l'Afrique du nord et pourrait avoir conduit à l'avènement de la civilisation égyptienne des Pharaons, estiment ces scientifiques.
Source: cyberpresse
(M)