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Le bureau exécutif de l'AVOMM

"L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous." Jean-Paul Sartre

"L'Association d'aides aux veuves et aux orphelins de mauritanie (AVOMM) qui nous rassemble, a été créée le 25/12/95 à PARIS par d'ex-militaires mauritaniens ayant fui la terreur, l'oppression, la barbarie du colonel Mawiya o/ sid'ahmed Taya ......
Ces rescapés des geôles de ould Taya, et de l'arbitraire, décidèrent, pour ne jamais oublier ce qui leur est arrivé, pour garder aussi la mémoire des centaines de martyrs, de venir en aide aux veuves, aux orphelins mais aussi d'engager le combat contre l'impunité décrétée par le pouvoir de Mauritanie."
E-mail : avommavomm@yahoo.fr

Bureau exécutif

*Ousmane SARR, président
*Demba Niang, secrétaire général
*Secrétaire général Adjt; Demba Fall
*Alousseyni SY, Chargé des relations extérieures
*Mme Rougui Dia, trésorière
*Chargé de l’organisation Mariame Diop
*adjoint Ngolo Diarra
*Mme Mireille Hamelin, chargée de la communication
*Chargé de mission Bathily Amadou Birama
Conseillers:
*Kane Harouna
*Hamdou Rabby SY










AVOMM

J´ai vu le pays natal : Martinique !!!


J´ai vu le pays natal : Martinique !!!
L´hymne irrationnel de l´île m´a tenu le bras. Fort-de-France ! Il y a quelques semaines que j'ai foulé ce beau sol. Je conte mes sentiments au pays de Césaire, Aimé. L'homme que la négritude porte au tombeau. Voilà le destin de la valeur.

Débarquant d´un lointain-proche pays, je suis pris au dépourvu par un monde longtemps fossile dans mon esprit. Je suis passé comme cet esclave qui se libère de ses chaînes rouillées, car le maître s´est enfui sans laisser de traces.

J´habitais dans la ville de Schoelcher, un pas avant d´arriver à l´université. Je me sentais si étranger à ce monde avant de découvrir son âme. Sa vivante âme qui m´a dicté son chant, entre gazouillement d´oiseaux et cette chanson inaudible du vent qui nous fouette le corps ; et qui transmet à nos poumons cet oxygène indispensable pour notre survie.

Je suis pris dans l´ombre de l´esclave, celui-là qui est venu premier dans ce beau paysage sans le vouloir. Je pense qu´il a été pris au piège de la beauté du paysage au point d´accepter le sort à lui réservé. Il s´est résigné devant l´odeur exécrable de la cale, ce voyage inique qui l´a déraciné de son monde et qui l´a projeté dans une autre vie qui ne l´attendait point. Mais c´est le destin qu´il rencontre dans un traumatisme qui continue encore à poursuivre sa mémoire d´homme.

Homme, il était. Homme il est resté comme pour compliquer davantage le sort à lui réservé. Voilà, qu´arrivé il a droit à une nature qu´il ne soupçonnait point. Cette nature luxuriante qu´il découvre comme forcé. Il ne peut n´y repartir, ni survivre par rapport à son attente : se libérer des chaînes de son inexistence.

Oui, parti, il ne pouvait reprendre le chemin qui mène au lieu de l´existence primaire. Oui, le paradis est perdu pour lui. Et pourtant cette île est paradisiaque. Mais ce paradis ne lui était pas destiné, il était destiné à y vivre en tant qu´être diminué, esclave travaillant pour des maîtres véreux. Ceux qui pensaient que l´horizon humain se situait sur la ligne du profit et advienne que pourra car le code noir était là pour instituer un ordre de valeurs immuables pour le nègre.

Il devait y vivre en tant qu´objet humain.
Il devait y vivre en tant que force capable de produire.
Il devait y vivre en tant force de production dans un monde qui s´est mondialisé avant de l´être.
Il devait y vivre pour produire cette aberration avec laquelle nous devons nous accommoder.
Il devait y vivre car sa sueur devait servir une économie mondiale en construction.
Il devait y vivre car n´appartenant plus à ce monde qui l´a vu naître.
Il devait vivre dans un monde à lui étranger et étrange.

Etrange situation d´une nuit.
Il a vécu la nuit plus que tout autre être.
Arraché de son milieu sans s´en rendre compte, il devait démontrer que sa valeur supposée devait le sauver des supplices de la vie.

Il ne devait plus se souvenir de son lieu de capture.
Il ne devait plus se souvenir de celui-là même qui l´a mis en cale.
Il ne devait point se souvenir de son voyage sans retour.
Il devait se créer une seconde naissance, une seconde vie, un second terroir et une seconde citoyenneté.
Il devait accepter, dans le refus intériorisé, son sort.

Son éternel sort qui va le conduire au questionnement permanent.
Permanence du questionnement face au façonnement du monde, face à cette réalité avec laquelle il ne peut conjuguer, tout en conjuguant le verbe de son devenir alambiqué.
Son âme est perdue entre les pics et les montagnes, entre forêts et vides. Son âme devait s´adapter au paysage « subliminal » qui lui est imposé. Oui imposé par la force d´une nature qui avait oublié que l´existence humaine se conjugue au pluriel. Pluralité ! Le mot est lâché sans que sa signification puisse nous guider vers la rencontre : la félicité de la rencontre et son côté si sublime qu´elle tend à ne point être saisie dans toutes ses dimensions créatrices. Voilà la Martinique.

Elle nous accueille à baies ouvertes comme ses anses qui peuplent ses rivages.
La Martinique est bordée de rivages.
Longs rivages qui s´étendent et s´allongent comme de vrais contours.
Île ?
Terre ?
Monde ?
Point de repère quelque part sur la planète terre ? Elle est tout et rien. Elle rien et tout. Un tout harmonieux qui subjugue. Un tout homogène qui intrigue. Martinique !!!

Mon regret est de n´avoir pas rencontré Césaire. Aimé. Le nègre par excellence. Celui qui, avec Senghor, enfanta la NEGRITUDE. Oui ce fut mon grand regret quand débarquant il y a quelques semaines sur cette belle terre je disais à mon collègue je veux voir le vieux. Ce fut mon regret nous étions sur la même île, mais je n´étais pas venu dans une cale de bateau négrier mais dans un avion de luxe. Le nègre que je suis a eu le privilège de voyager dans la tranquillité et non dans la tourmente des vagues. A Césaire je rends mon hommage. J´ai visité ton exquis pays, ce lambeau de l´Afrique. Cette part de la France coloniale et qui n´a pas honte de dévaluer ton existence.

Que vive ton âme éternellement dans le coeur de tes héritiers non seulement de la diaspora mais aussi de la terre mère : l´Afrique.


Abderrahmane NGAIDE (Bassel)(M)
Publié sur ce site le 25 avril 2008
Jeudi 6 Janvier 2011 - 01:26
Jeudi 6 Janvier 2011 - 01:28
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