« Nous ne nous reprochons rien, et nous ne craignons rien ! » Sans doute avez-vous entendu, vous aussi, cette phrase lancée à la cantonade par le ministre mauritanien de la Justice, après que l’Union européenne, l’autre jour à Paris, eût refusé de lever ses menaces de sanction contre les putschistes au pouvoir, depuis bientôt trois mois, à Nouakchott.
S’ils ne se reprochent rien, qu’allaient-ils donc chercher à Paris, en délégation conduite par le Premier ministre ? Cet excès d’assurance avait un arrière-goût de désarroi. Un gouvernement obligé de comparaître, tel un élève fautif convoqué en conseil de discipline, pour justifier son inconduite, ce n’est pas très glorieux ! Et d’ailleurs, l’élève a été recalé, renvoyé à la maison, pour un mois, le temps de revoir sa copie.
Et si, à cette session de rattrapage, les autorités mauritaniennes ne présentent toujours pas un plan convaincant pour revenir dans le droit chemin, on passera aux sanctions.
Celles-ci n’ont cependant d’intérêt que si elles visent directement les comptes en banque et les déplacements des dirigeants et de leurs proches, tant il est vrai que les putschistes, en Mauritanie comme ailleurs sur le continent, sont, en général, davantage motivés par la jouissance du pouvoir que par un quelconque souci de la patrie.
Face aux petites humiliations infligées au régime du général Abdel Aziz, on se dit que Jacob Zuma a bien de la chance. Car enfin, un mois après la Mauritanie, l’Afrique du Sud a, elle aussi, réussi à se débarrasser d’un chef d’Etat. En l’espace de dix jours, Thabo Mbeki a été contraint à la démission, remplacé, et son successeur participe à des réunions au sommet, sans être marginalisé par ses pairs.
La différence entre ces deux nations illustre, à merveille, ce qui peut distinguer un pays véritablement ancré dans la démocratie, d’un autre, qui n’y va qu’à reculons. En Afrique du Sud, comme en Mauritanie, il y avait sans doute des reproches graves à faire au président. Alors que Jacob Zuma a choisi d’utiliser tous les artifices juridiques pour faire partir Mbeki, le général Abdel Aziz, lui, a préféré la force militaire, qui n’est qu’une solution de facilité, sinon un aveu de faiblesse.
Et si ce qui est reproché au président Abdallahi était réellement fondé, ceux qui l’ont renversé auraient trouvé, dans les dispositions constitutionnelles, les instruments nécessaires pour le débarquer de manière propre. Cela s’est d’ailleurs déjà vu en Afrique, notamment à Madagascar, où le président Albert Zafy a été destitué par l’Assemblée nationale, en septembre 1996, sans que qui que ce soit ait trouvé à y redire. Aux Etats-Unis, ce procédé a un nom : l’impeachment, et c’est bien plus élégant que la force brute.
par Jean-Baptiste Placca
source:rfi
S’ils ne se reprochent rien, qu’allaient-ils donc chercher à Paris, en délégation conduite par le Premier ministre ? Cet excès d’assurance avait un arrière-goût de désarroi. Un gouvernement obligé de comparaître, tel un élève fautif convoqué en conseil de discipline, pour justifier son inconduite, ce n’est pas très glorieux ! Et d’ailleurs, l’élève a été recalé, renvoyé à la maison, pour un mois, le temps de revoir sa copie.
Et si, à cette session de rattrapage, les autorités mauritaniennes ne présentent toujours pas un plan convaincant pour revenir dans le droit chemin, on passera aux sanctions.
Celles-ci n’ont cependant d’intérêt que si elles visent directement les comptes en banque et les déplacements des dirigeants et de leurs proches, tant il est vrai que les putschistes, en Mauritanie comme ailleurs sur le continent, sont, en général, davantage motivés par la jouissance du pouvoir que par un quelconque souci de la patrie.
Face aux petites humiliations infligées au régime du général Abdel Aziz, on se dit que Jacob Zuma a bien de la chance. Car enfin, un mois après la Mauritanie, l’Afrique du Sud a, elle aussi, réussi à se débarrasser d’un chef d’Etat. En l’espace de dix jours, Thabo Mbeki a été contraint à la démission, remplacé, et son successeur participe à des réunions au sommet, sans être marginalisé par ses pairs.
La différence entre ces deux nations illustre, à merveille, ce qui peut distinguer un pays véritablement ancré dans la démocratie, d’un autre, qui n’y va qu’à reculons. En Afrique du Sud, comme en Mauritanie, il y avait sans doute des reproches graves à faire au président. Alors que Jacob Zuma a choisi d’utiliser tous les artifices juridiques pour faire partir Mbeki, le général Abdel Aziz, lui, a préféré la force militaire, qui n’est qu’une solution de facilité, sinon un aveu de faiblesse.
Et si ce qui est reproché au président Abdallahi était réellement fondé, ceux qui l’ont renversé auraient trouvé, dans les dispositions constitutionnelles, les instruments nécessaires pour le débarquer de manière propre. Cela s’est d’ailleurs déjà vu en Afrique, notamment à Madagascar, où le président Albert Zafy a été destitué par l’Assemblée nationale, en septembre 1996, sans que qui que ce soit ait trouvé à y redire. Aux Etats-Unis, ce procédé a un nom : l’impeachment, et c’est bien plus élégant que la force brute.
par Jean-Baptiste Placca
source:rfi