La crise au sommet entre le président de la République, son gouvernement et une partie de ses soutiens, d’une part ; une trentaine de députés de la majorité et d’anciens membres du conseil national du parti présidentiel, dont son secrétaire général, soutenus en sous-main – manipulés, disent les mauvaises langues – par les deux généraux qui avaient amené Sidi au pouvoir, d’autre part ; n’augure rien de bon pour l’avenir du pays.
Comme nous l’écrivions au lendemain de la victoire de l’actuel président, l’interférence des militaires dans le processus démocratique en faveur d’un candidat, en violation flagrante de leurs engagements initiaux, risquait de miner l’édifice démocratique en cours de construction.
Car, si l’arrivée de Sidi, grâce à une alliance contre nature entre ceux-là et les symboles de l’ère «tayeuse», leur assurait une présence au sommet de l’Etat et, donc, la possibilité d’avoir encore leur mot à dire dans la gestion du pays, elle était en même temps dangereuse pour la stabilité de celui-ci, portant les germes d’une crise politique larvée. Qui devait éclater un jour ou l’autre. Sidi ne pouvant s’accommoder, indéfiniment, de cette présence militaire qui l’empêche d’être un «vrai» président, jouissant de toutes ses prérogatives. Les généraux, pour leur part, considérant que le président leur «doit» son poste, se refusant à accepter que «leur» homme «vole de ses propres ailes». Et voilà qu’il les défie, en formant un gouvernement composé, notamment, de symboles de la gabegie, sans tenir compte de leur avis! Sidi, sans armée, a franchi allègrement le Rubicon et les généraux s’apprêtent à le lui faire payer...
Grâce aux trente-quatre députés «frondeurs» décidés à en découdre et à déposer une motion de censure dans les plus brefs délais, le second gouvernement de notre 2ème république s’annonce en champion de la brièveté. Moins de deux mois, ce sera dur à battre. Sauf si le Président (qui a toute la légitimité requise contrairement à ses contradicteurs), dans un ultime sursaut d’orgueil, reprend les choses en main, limoge ou écarte les généraux, tance les députés récalcitrants et brandit la menace de la dissolution de l’Assemblée pour les remettre dans le rang. Une hypothèse d’autant plus invraisemblable que Sidi n’a jamais été capable, du moins jusqu’à présent, de dire non à des mentors à qui il a déjà délégué tous ses pouvoirs militaires.
Ce qui ne le disculpe pas pour autant. Il arrive un moment où il faut se décider. Ou on est chef ou on ne l’est pas! Osons le raisonnement suivant : Si Sidi, chef suprême des forces armées, selon la Constitution, tente de les reprendre en main, que risque-t-il? Une démission forcée? Un pronunciamiento? Au risque de mettre le pays au ban de la communauté internationale.
Autres questions sans réponses : Que reprochent les militaires aux symboles de la gabegie avec lesquels ils s’étaient pourtant alliés pour faire élire leur candidat? Pourquoi, lorsqu’ils étaient aux commandes, n’ont-ils pas écarté des affaires ceux qu’ils vilipendent aujourd’hui? Pensaient-ils qu’ils s’agissaient d’enfants de chœur, manipulables et jetables à gré? Jusqu’à quand peut-on continuer à gouverner un pays par procuration? Si le gouvernement d’Ould Waghef rendait son tablier, où le président choisira-t-il le PM et son équipe, après l’éclatement de sa majorité?
La seule sortie de crise serait, en ce cas, un gouvernement d’union nationale. Encore faudrait-il que le principal parti d’opposition qu’est le RFD accepte de le diriger ou, à défaut, d’y siéger. Cela ne semble guère à l’ordre du jour. Et rien n’indique que Ould Daddah acceptera de tirer Sidi de ce mauvais pas, le pourrissement – pas trop quand même, il est vrai – de la situation jouant en sa faveur. Tout tient, sans doute, à une juste appréciation de subtiles nuances. On marche sur des œufs : l’heure est grave…
Ahmed Ould Cheikh
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Source: LeCalame
(M) avomm
Comme nous l’écrivions au lendemain de la victoire de l’actuel président, l’interférence des militaires dans le processus démocratique en faveur d’un candidat, en violation flagrante de leurs engagements initiaux, risquait de miner l’édifice démocratique en cours de construction.
Car, si l’arrivée de Sidi, grâce à une alliance contre nature entre ceux-là et les symboles de l’ère «tayeuse», leur assurait une présence au sommet de l’Etat et, donc, la possibilité d’avoir encore leur mot à dire dans la gestion du pays, elle était en même temps dangereuse pour la stabilité de celui-ci, portant les germes d’une crise politique larvée. Qui devait éclater un jour ou l’autre. Sidi ne pouvant s’accommoder, indéfiniment, de cette présence militaire qui l’empêche d’être un «vrai» président, jouissant de toutes ses prérogatives. Les généraux, pour leur part, considérant que le président leur «doit» son poste, se refusant à accepter que «leur» homme «vole de ses propres ailes». Et voilà qu’il les défie, en formant un gouvernement composé, notamment, de symboles de la gabegie, sans tenir compte de leur avis! Sidi, sans armée, a franchi allègrement le Rubicon et les généraux s’apprêtent à le lui faire payer...
Grâce aux trente-quatre députés «frondeurs» décidés à en découdre et à déposer une motion de censure dans les plus brefs délais, le second gouvernement de notre 2ème république s’annonce en champion de la brièveté. Moins de deux mois, ce sera dur à battre. Sauf si le Président (qui a toute la légitimité requise contrairement à ses contradicteurs), dans un ultime sursaut d’orgueil, reprend les choses en main, limoge ou écarte les généraux, tance les députés récalcitrants et brandit la menace de la dissolution de l’Assemblée pour les remettre dans le rang. Une hypothèse d’autant plus invraisemblable que Sidi n’a jamais été capable, du moins jusqu’à présent, de dire non à des mentors à qui il a déjà délégué tous ses pouvoirs militaires.
Ce qui ne le disculpe pas pour autant. Il arrive un moment où il faut se décider. Ou on est chef ou on ne l’est pas! Osons le raisonnement suivant : Si Sidi, chef suprême des forces armées, selon la Constitution, tente de les reprendre en main, que risque-t-il? Une démission forcée? Un pronunciamiento? Au risque de mettre le pays au ban de la communauté internationale.
Autres questions sans réponses : Que reprochent les militaires aux symboles de la gabegie avec lesquels ils s’étaient pourtant alliés pour faire élire leur candidat? Pourquoi, lorsqu’ils étaient aux commandes, n’ont-ils pas écarté des affaires ceux qu’ils vilipendent aujourd’hui? Pensaient-ils qu’ils s’agissaient d’enfants de chœur, manipulables et jetables à gré? Jusqu’à quand peut-on continuer à gouverner un pays par procuration? Si le gouvernement d’Ould Waghef rendait son tablier, où le président choisira-t-il le PM et son équipe, après l’éclatement de sa majorité?
La seule sortie de crise serait, en ce cas, un gouvernement d’union nationale. Encore faudrait-il que le principal parti d’opposition qu’est le RFD accepte de le diriger ou, à défaut, d’y siéger. Cela ne semble guère à l’ordre du jour. Et rien n’indique que Ould Daddah acceptera de tirer Sidi de ce mauvais pas, le pourrissement – pas trop quand même, il est vrai – de la situation jouant en sa faveur. Tout tient, sans doute, à une juste appréciation de subtiles nuances. On marche sur des œufs : l’heure est grave…
Ahmed Ould Cheikh
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Source: LeCalame
(M) avomm