
Après les délégations de l’Union Africaine, de la Ligue Arabe et de l’OIF, c’est au tour des français de se pencher sur le cas de ce malade – de sa démocratie balbutiante – qu’est devenue la Mauritanie.
Les français viennent, en effet, de dépêcher des émissaires pour rencontrer les différents protagonistes de la crise, avant la grande mission, comprenant des représentants de ces institutions en plus de l’Union européenne, qui doit arriver le 6 décembre à Nouakchott, cinq mois, pile, après l’épisode qu’on sait. La France de Sarkozy, qui assure la présidence tournante de l’UE, dont les positions sur le «coup d’Etat rectifié» – coupons court – étaient particulièrement tranchées, serait-elle en train de revenir à de meilleurs sentiments, se rappelant, subitement, que la Mauritanie fait partie de son pré carré africain? Et qu’elle a tout intérêt à mettre, rapidement, son nez dans l’affaire si elle ne veut pas qu’elle lui échappe.
Car, à trop tirer sur la corde, on risque de la casser. Surtout que l’Espagne, le grand rival qui avance, lentement mais sûrement, dans la sous-région, n’a condamné le coup que du bout des lèvres et s’est déclarée contre les sanctions. Faut-il comprendre, dans cette initiative française, la volonté de reprendre la main? En voulant rompre avec la Françafrique et les anciennes méthodes à la Foccart, le président Sarkozy s’est fourvoyé. Tenter de privilégier le règlement du problème mauritanien dans un cadre multilatéral, alors que notre pays, à l’instar de quelques autres, n’a, pas encore, vraiment coupé le cordon ombilical avec l’ancienne puissance coloniale, c’était brouiller la voix de la France, prépondérante encore ; au moins dans les têtes, sinon dans les faits. Et pour des putschistes en mal de reconnaissance, l’onction de celle-ci reste primordiale. C’est ce que Sarkozy semble avoir fini par comprendre. Mais, à présent, après tant d’à-peu-près et de non-dits, que peut la France face à deux camps apparemment inconciliables? Comment faire entendre raison, au président élu? Comment expliquer, aux militaires, qu’il faut, impérativement, faire des concessions, pour remettre la démocratie sur les rails? Quel langage faut-il utiliser? Un véritable casse-tête chinois pour des français réputés, pourtant, pour leur subtilité d’esprit...
Sidi parti, faut-il, pour autant, le lâcher? Ce serait donner un mauvais exemple, encourager la prise du pouvoir par les armes et s’inscrire en porte-à-faux avec la démocratie. Le beau discours ne résiste, cependant pas, à une réalité têtue : les militaires sont au pouvoir, ils disposent d’une confortable majorité au parlement, d’une certaine caution populaire, de plus en plus certaine, et, en trois mois, ont déjà un bilan. «De la démagogie et du populisme, du profit tiré sur le régime précédent», selon leurs détracteurs. Mais on en a si peu connu, de bilan, sous Sidi et en quinze mois de pouvoir, que l’achat de deux scanners et une promesse de lotir une «gazra» apparaissent comme de grandioses réalisations. Autre donnée avec laquelle il faut compter : les képis étoilés n’accepteront jamais, ne serait-ce qu’un instant, le retour de celui qu’ils ont contribué à élire et qui a tenté de se séparer d’entre eux, sans coup férir.
Drôle de guêpier, pour les français, comment s’en sortiront-ils? Car, une fois mis la main à la pâte, les voilà dans l’obligation de résultat, leur crédibilité est en jeu. Et quoiqu’on dise, celle-ci a, encore, beaucoup plus de poids que celle de l’Espagne, voire des Etats-Unis. Autrement dit, plus dure sera la chute, en cas d’échec. Mais pas plus que les militaires, qui ne semblent pas avoir beaucoup de solution de rechange, le FNDD n’a rien à gagner à la déconfiture de la diplomatie française, poids lourd non négligeable d’une UE exigeante, qui pourrait, rapidement, perdre les yeux de Chimène pour le front de la Mauritanie, après la condamnation de ses étoiles…
Ahmed Ould Cheikh
Les français viennent, en effet, de dépêcher des émissaires pour rencontrer les différents protagonistes de la crise, avant la grande mission, comprenant des représentants de ces institutions en plus de l’Union européenne, qui doit arriver le 6 décembre à Nouakchott, cinq mois, pile, après l’épisode qu’on sait. La France de Sarkozy, qui assure la présidence tournante de l’UE, dont les positions sur le «coup d’Etat rectifié» – coupons court – étaient particulièrement tranchées, serait-elle en train de revenir à de meilleurs sentiments, se rappelant, subitement, que la Mauritanie fait partie de son pré carré africain? Et qu’elle a tout intérêt à mettre, rapidement, son nez dans l’affaire si elle ne veut pas qu’elle lui échappe.
Car, à trop tirer sur la corde, on risque de la casser. Surtout que l’Espagne, le grand rival qui avance, lentement mais sûrement, dans la sous-région, n’a condamné le coup que du bout des lèvres et s’est déclarée contre les sanctions. Faut-il comprendre, dans cette initiative française, la volonté de reprendre la main? En voulant rompre avec la Françafrique et les anciennes méthodes à la Foccart, le président Sarkozy s’est fourvoyé. Tenter de privilégier le règlement du problème mauritanien dans un cadre multilatéral, alors que notre pays, à l’instar de quelques autres, n’a, pas encore, vraiment coupé le cordon ombilical avec l’ancienne puissance coloniale, c’était brouiller la voix de la France, prépondérante encore ; au moins dans les têtes, sinon dans les faits. Et pour des putschistes en mal de reconnaissance, l’onction de celle-ci reste primordiale. C’est ce que Sarkozy semble avoir fini par comprendre. Mais, à présent, après tant d’à-peu-près et de non-dits, que peut la France face à deux camps apparemment inconciliables? Comment faire entendre raison, au président élu? Comment expliquer, aux militaires, qu’il faut, impérativement, faire des concessions, pour remettre la démocratie sur les rails? Quel langage faut-il utiliser? Un véritable casse-tête chinois pour des français réputés, pourtant, pour leur subtilité d’esprit...
Sidi parti, faut-il, pour autant, le lâcher? Ce serait donner un mauvais exemple, encourager la prise du pouvoir par les armes et s’inscrire en porte-à-faux avec la démocratie. Le beau discours ne résiste, cependant pas, à une réalité têtue : les militaires sont au pouvoir, ils disposent d’une confortable majorité au parlement, d’une certaine caution populaire, de plus en plus certaine, et, en trois mois, ont déjà un bilan. «De la démagogie et du populisme, du profit tiré sur le régime précédent», selon leurs détracteurs. Mais on en a si peu connu, de bilan, sous Sidi et en quinze mois de pouvoir, que l’achat de deux scanners et une promesse de lotir une «gazra» apparaissent comme de grandioses réalisations. Autre donnée avec laquelle il faut compter : les képis étoilés n’accepteront jamais, ne serait-ce qu’un instant, le retour de celui qu’ils ont contribué à élire et qui a tenté de se séparer d’entre eux, sans coup férir.
Drôle de guêpier, pour les français, comment s’en sortiront-ils? Car, une fois mis la main à la pâte, les voilà dans l’obligation de résultat, leur crédibilité est en jeu. Et quoiqu’on dise, celle-ci a, encore, beaucoup plus de poids que celle de l’Espagne, voire des Etats-Unis. Autrement dit, plus dure sera la chute, en cas d’échec. Mais pas plus que les militaires, qui ne semblent pas avoir beaucoup de solution de rechange, le FNDD n’a rien à gagner à la déconfiture de la diplomatie française, poids lourd non négligeable d’une UE exigeante, qui pourrait, rapidement, perdre les yeux de Chimène pour le front de la Mauritanie, après la condamnation de ses étoiles…
Ahmed Ould Cheikh