
Sans plus attendre et moins d’une semaine après son investiture, Ould Abdel Aziz a sorti, d’on ne sait où, un conglomérat qui nous tiendra lieu de gouvernement, pour les prochains mois. Ou les prochaines années, selon l’humeur du chef.
Il est, en effet, établi que le meilleur moyen d’assurer la docilité d’un ministre est de lui faire sentir qu’une épée de Damoclès pend, en permanence, au-dessus de sa tête et qu’un remaniement peut intervenir, à n’importe quel moment.
Ce que nul n’ignore, d’ailleurs, tant les changements de ministre ont été nombreux et la fonction dévalorisée à telle enseigne que tout un chacun peut y prétendre et l’occuper, sans que cela n’émeuve outre mesure. Ce gouvernement ne déroge pas à la règle. Si l’on y trouve quelques cadres de haut vol, on est pourtant abasourdi devant la «logique» qui a valu, à certains d’entre eux, d’hériter de maroquins parfois prestigieux. Surtout que leurs prédécesseurs, à ces postes, avaient tout fait pour rester dans les bonnes grâces du «seigneur» et étaient prêts à vendre, encore, leurs âmes aux diables, pour ne pas connaître le goût amer de la disgrâce. Mais peut-on parler de logique, après tout ce qui s’est passé, au cours de cette année écoulée? A moins que la logique du système serait de ne respecter aucune logique.
Ce gouvernement est, en tout cas, un véritable pied-de-nez à nombre de gens qui pensaient, naïvement, qu’Ould Abdel Aziz leur était redevable de quelque chose et qu’ayant battu campagne pour lui, ils pouvaient s’attendre à quelque récompense. Deux d’entre eux, parmi les plus zélés durant la campagne électorale, seront même remerciés, à l’issue du premier conseil des ministres. Comme quoi, nul n’est à l’abri des mauvais coups et la flagornerie n’immunise pas contre des retours de manivelle qui peuvent, parfois, s’avérer douloureux.
On peut jaser, à l’infini, sur la nouvelle équipe, l’analyser sur les plans, politique, technocratique, régional et même tribal, la retourner dans tous les sens, la secouer, la remuer, la laisser reposer, on ne trouvera, nulle part, un lien, un fil conducteur, une idée maîtresse. L’essentiel est qu’elle a réussi l’exploit de faire plus de mécontents que de contents. Nouvelle technique de gouvernance? On a vu, avec Sidi, que celle-ci ne garantissait pas, forcément, le bon déroulement d’un mandat présidentiel. Mais Mohamed Ould Abdel Aziz a, probablement, des arguments autrement frappants pour taper du poing sur la table et imposer ses choix. Comme celui de chasser, comme un malpropre et sans raison apparente, le gouverneur de la BCM, à quelques mois de la retraite alors que celui-ci disposait un mandat de cinq ans. Le pouvoir nouveau est donc arrivé. A défaut de logique, il a la force et le fait savoir. Ainsi, la nomination, par décret présidentiel, de l’inspecteur général des forces Armées, qui devient, de facto, le tuteur de la Grande muette, relègue le Ministère de la Défense à la portion congrue. «L’Etat, c’est moi», proclamait Louis le quatorzième. En Mauritanie, il suffit de faire comprendre «L’armée, c’est moi», pour asseoir la démocratie, avec la bénédiction de la Communauté internationale.
C’est simple, la vie d’aujourd’hui…
Ahmed Ould Cheikh
Source: Le Calame n°702
Il est, en effet, établi que le meilleur moyen d’assurer la docilité d’un ministre est de lui faire sentir qu’une épée de Damoclès pend, en permanence, au-dessus de sa tête et qu’un remaniement peut intervenir, à n’importe quel moment.
Ce que nul n’ignore, d’ailleurs, tant les changements de ministre ont été nombreux et la fonction dévalorisée à telle enseigne que tout un chacun peut y prétendre et l’occuper, sans que cela n’émeuve outre mesure. Ce gouvernement ne déroge pas à la règle. Si l’on y trouve quelques cadres de haut vol, on est pourtant abasourdi devant la «logique» qui a valu, à certains d’entre eux, d’hériter de maroquins parfois prestigieux. Surtout que leurs prédécesseurs, à ces postes, avaient tout fait pour rester dans les bonnes grâces du «seigneur» et étaient prêts à vendre, encore, leurs âmes aux diables, pour ne pas connaître le goût amer de la disgrâce. Mais peut-on parler de logique, après tout ce qui s’est passé, au cours de cette année écoulée? A moins que la logique du système serait de ne respecter aucune logique.
Ce gouvernement est, en tout cas, un véritable pied-de-nez à nombre de gens qui pensaient, naïvement, qu’Ould Abdel Aziz leur était redevable de quelque chose et qu’ayant battu campagne pour lui, ils pouvaient s’attendre à quelque récompense. Deux d’entre eux, parmi les plus zélés durant la campagne électorale, seront même remerciés, à l’issue du premier conseil des ministres. Comme quoi, nul n’est à l’abri des mauvais coups et la flagornerie n’immunise pas contre des retours de manivelle qui peuvent, parfois, s’avérer douloureux.
On peut jaser, à l’infini, sur la nouvelle équipe, l’analyser sur les plans, politique, technocratique, régional et même tribal, la retourner dans tous les sens, la secouer, la remuer, la laisser reposer, on ne trouvera, nulle part, un lien, un fil conducteur, une idée maîtresse. L’essentiel est qu’elle a réussi l’exploit de faire plus de mécontents que de contents. Nouvelle technique de gouvernance? On a vu, avec Sidi, que celle-ci ne garantissait pas, forcément, le bon déroulement d’un mandat présidentiel. Mais Mohamed Ould Abdel Aziz a, probablement, des arguments autrement frappants pour taper du poing sur la table et imposer ses choix. Comme celui de chasser, comme un malpropre et sans raison apparente, le gouverneur de la BCM, à quelques mois de la retraite alors que celui-ci disposait un mandat de cinq ans. Le pouvoir nouveau est donc arrivé. A défaut de logique, il a la force et le fait savoir. Ainsi, la nomination, par décret présidentiel, de l’inspecteur général des forces Armées, qui devient, de facto, le tuteur de la Grande muette, relègue le Ministère de la Défense à la portion congrue. «L’Etat, c’est moi», proclamait Louis le quatorzième. En Mauritanie, il suffit de faire comprendre «L’armée, c’est moi», pour asseoir la démocratie, avec la bénédiction de la Communauté internationale.
C’est simple, la vie d’aujourd’hui…
Ahmed Ould Cheikh
Source: Le Calame n°702