
La question du passif humanitaire n’est pas une question facile à résoudre. Elle est avant tout une question nationale parce derrière ce vocable se cache l’une des tragédies humaines que la Mauritanie n’ait jamais connu dans son histoire. Tragédie dont l’origine remonte à la crise frontalière entre le Sénégal et la Mauritanie en avril 89.
Pas étonnant de se poser des questions au moment où une bonne partie des réfugiés sont de retour disséminés à travers le pays mais dans quel état ? Ce nouveau tournant préoccupe la classe politique mauritanienne toute tendance confondue, les concernés eux-mêmes et l’ensemble de la communauté négro-africaine notamment les halpulaaren victimes de cet exode forcé.
Peut-on aujourd’hui nier la culpabilité d’un régime nationaliste arabe longtemps au pouvoir, représenté par des courants baathiste, nassériste et islamiste et qui a orchestré savamment une vaste opération de déportation et de liquidation avec procés pour certains et sans pour d’autres de cadres halpulareen issus des différents corps armée, administrations publiques et parapubliques ?
L’heure n’est pas à la victimisation ni à un simple fait de reconnaissance puisque les plus hautes autorités de l’Etat, l’ancien président Sidi Ould Abdallahi et l’actuel président Mohammed Ould Abdel Aziz ont déjà montré l’exemple en pointant les erreurs du passé. Les deux hommes ont compatis à la douleur des réfugiés rentrés récemment chez eux et demandé pardon. Une décrispation politique qu’il faut saluer.
Ce nouveau regard des dirigeants est un pas vers la réconciliation nationale et un début de solution à la longue crise politique que vit le pays depuis ces évènements qui constituent une grave atteinte aux droits de l’homme.
Cependant la lecture politique de ce drame humain exige une certaine probité et beaucoup d’humilités de la part de tous les acteurs de la société civile et des mauritaniens de l’extérieur. Ces errements du régime Ould Taya ont le mérite au moins de poser la question d’identité mauritanienne et le règlement pacifique de ce douloureux problème. C’est quoi être mauritanien ?
Rappelons que le régime de Taya a utilisé le lieu de naissance comme élément fondamental de la nationalité pendant les évènements de 89. Ce n’est pas parce qu’on est né dans un pays qu’on a forcément la nationalité de ce pays. Alors pourquoi les maures qui sont nés au Sénégal ne sont-ils pas considérés comme des sénégalais ?
Cette approche identitaire qui n’est pas empirique et résulte de l’obscurantisme est dangereuse pour l’unité nationale. Ould Taya comme beaucoup d’autres leaders africains l’ont utilisée pour tromper leur opinion publique et internationale et justifier ainsi leur politique négationniste. C’est la porte ouverte aux ennemis de la république.
On est mauritanien parce qu’on a la nationalité mauritanienne selon le code de nationalité, ce qui relève du droit. Et non pas parce qu’on appartient à telle tribu ou à telle ethnie ou à telle religion ou qu’on vient de telle région. Etre mauritanien c’est surtout un état d’esprit qui fait plus référence à la notion de citoyenneté avec des droits et des devoirs.
Barak Obama serait-il aujourd’hui président des Etats-Unis si l’Amérique avait fait prévaloir son lieu de naissance ? L’identité c’est un couteau à double tranchant c’est ce qui fait la diversité mauritanienne : maures, haratins, halpulaareen, soninké et wolof. C’est ce qui nous unit et nous différencie.
C’est ainsi qu’on peut affirmer sans ambages qu’il existe une identité arabo-berbère ou arabe et une autre identité négro-africaine car la Mauritanie est un pays multiculturel, un trait d’union entre le monde arabe et africain. Le contraire serait faire preuve d’ostracisme.
La question du retour des réfugiés est une question qui concerne tous les mauritaniens sans exception. Le nouvel homme fort mauritanien en a fait son cheval de bataille en créant un département aux droits de l’homme, à l’action humanitaire et aux relations avec la société civile.
Ould Abdel Aziz entend ainsi booster le dialogue social mais à condition qu’un élan de solidarité s’organise en dehors de tout opportunisme politique et de toute mesquinerie et ensuite que les nouvelles autorités de Nouakchott s’attèlent à régler définitivement le problème d’état-civil, n’oublions pas que la quasi-totalité des déportés avaient perdu toute leur identité (carte d’identité, passeport, extrait de naissance certificat de nationalité ou de mariage etc...
L’urgence est aussi sociale, le logement et le travail mais aussi la scolarisation des enfants qui ont longtemps été coupé de leur système éducatif , en un mot la réinsertion socio-professionnelle qui suppose avant tout une indemnisation matérielle pour parer au plus pressé. Mais la vraie question est d’ordre psychologique et moral. Comment sont-ils perçus par leurs compatriotes ?
Comment revivre après 20 ans d’exil ? C’est une œuvre de longue haleine mais qui demande d’y croire et de se donner les voies et moyens pour y parvenir et de laisser le temps au temps.
Quant aux réfugiés de luxe des pays occidentaux leur retour dépend d’abord d’eux-mêmes s’ils veulent rentrer ou pas. Une équation que devra résoudre le gouvernement de Ould Laghdaf. De la résolution de cette double équation dépend la cohésion sociale et l’avenir de la Mauritanie.
source : Kane Mamadou
cridem
Pas étonnant de se poser des questions au moment où une bonne partie des réfugiés sont de retour disséminés à travers le pays mais dans quel état ? Ce nouveau tournant préoccupe la classe politique mauritanienne toute tendance confondue, les concernés eux-mêmes et l’ensemble de la communauté négro-africaine notamment les halpulaaren victimes de cet exode forcé.
Peut-on aujourd’hui nier la culpabilité d’un régime nationaliste arabe longtemps au pouvoir, représenté par des courants baathiste, nassériste et islamiste et qui a orchestré savamment une vaste opération de déportation et de liquidation avec procés pour certains et sans pour d’autres de cadres halpulareen issus des différents corps armée, administrations publiques et parapubliques ?
L’heure n’est pas à la victimisation ni à un simple fait de reconnaissance puisque les plus hautes autorités de l’Etat, l’ancien président Sidi Ould Abdallahi et l’actuel président Mohammed Ould Abdel Aziz ont déjà montré l’exemple en pointant les erreurs du passé. Les deux hommes ont compatis à la douleur des réfugiés rentrés récemment chez eux et demandé pardon. Une décrispation politique qu’il faut saluer.
Ce nouveau regard des dirigeants est un pas vers la réconciliation nationale et un début de solution à la longue crise politique que vit le pays depuis ces évènements qui constituent une grave atteinte aux droits de l’homme.
Cependant la lecture politique de ce drame humain exige une certaine probité et beaucoup d’humilités de la part de tous les acteurs de la société civile et des mauritaniens de l’extérieur. Ces errements du régime Ould Taya ont le mérite au moins de poser la question d’identité mauritanienne et le règlement pacifique de ce douloureux problème. C’est quoi être mauritanien ?
Rappelons que le régime de Taya a utilisé le lieu de naissance comme élément fondamental de la nationalité pendant les évènements de 89. Ce n’est pas parce qu’on est né dans un pays qu’on a forcément la nationalité de ce pays. Alors pourquoi les maures qui sont nés au Sénégal ne sont-ils pas considérés comme des sénégalais ?
Cette approche identitaire qui n’est pas empirique et résulte de l’obscurantisme est dangereuse pour l’unité nationale. Ould Taya comme beaucoup d’autres leaders africains l’ont utilisée pour tromper leur opinion publique et internationale et justifier ainsi leur politique négationniste. C’est la porte ouverte aux ennemis de la république.
On est mauritanien parce qu’on a la nationalité mauritanienne selon le code de nationalité, ce qui relève du droit. Et non pas parce qu’on appartient à telle tribu ou à telle ethnie ou à telle religion ou qu’on vient de telle région. Etre mauritanien c’est surtout un état d’esprit qui fait plus référence à la notion de citoyenneté avec des droits et des devoirs.
Barak Obama serait-il aujourd’hui président des Etats-Unis si l’Amérique avait fait prévaloir son lieu de naissance ? L’identité c’est un couteau à double tranchant c’est ce qui fait la diversité mauritanienne : maures, haratins, halpulaareen, soninké et wolof. C’est ce qui nous unit et nous différencie.
C’est ainsi qu’on peut affirmer sans ambages qu’il existe une identité arabo-berbère ou arabe et une autre identité négro-africaine car la Mauritanie est un pays multiculturel, un trait d’union entre le monde arabe et africain. Le contraire serait faire preuve d’ostracisme.
La question du retour des réfugiés est une question qui concerne tous les mauritaniens sans exception. Le nouvel homme fort mauritanien en a fait son cheval de bataille en créant un département aux droits de l’homme, à l’action humanitaire et aux relations avec la société civile.
Ould Abdel Aziz entend ainsi booster le dialogue social mais à condition qu’un élan de solidarité s’organise en dehors de tout opportunisme politique et de toute mesquinerie et ensuite que les nouvelles autorités de Nouakchott s’attèlent à régler définitivement le problème d’état-civil, n’oublions pas que la quasi-totalité des déportés avaient perdu toute leur identité (carte d’identité, passeport, extrait de naissance certificat de nationalité ou de mariage etc...
L’urgence est aussi sociale, le logement et le travail mais aussi la scolarisation des enfants qui ont longtemps été coupé de leur système éducatif , en un mot la réinsertion socio-professionnelle qui suppose avant tout une indemnisation matérielle pour parer au plus pressé. Mais la vraie question est d’ordre psychologique et moral. Comment sont-ils perçus par leurs compatriotes ?
Comment revivre après 20 ans d’exil ? C’est une œuvre de longue haleine mais qui demande d’y croire et de se donner les voies et moyens pour y parvenir et de laisser le temps au temps.
Quant aux réfugiés de luxe des pays occidentaux leur retour dépend d’abord d’eux-mêmes s’ils veulent rentrer ou pas. Une équation que devra résoudre le gouvernement de Ould Laghdaf. De la résolution de cette double équation dépend la cohésion sociale et l’avenir de la Mauritanie.
source : Kane Mamadou
cridem