Le tribunal de Matam a renvoyé les parents de la jeune Coumba Keïta en prison, le procès relatif à l’excision de leur fille devant finalement se tenir le 28 mai prochain. Cette affaire a poussé les imams et les chefs religieux de Matam à la révolte. Ils ont battu le rappel des troupes pour soutenir la famille Keïta.
- L'affaire, qui continue de défrayer la chronique à Matam, c'est l'excision de la jeune Coumba Keïta, habitante de la commune de Ourossogui, distante de Matam de 10 km. Les populations de la ville, les parents et autres curieux ont pris d'assaut hier la capitale régionale pour assister à ce que d’aucuns qualifient de "procès de l'année". Cette fille, âgée de 4 ans, a été excisée la semaine dernière par ses propres parents. Cette pratique reste encore une coutume bien ancrée chez les Hal Pulaar qui ont l'habitude d'exciser les filles dès le bas âge.
Mais, informée de cette affaire, la section de la Raddho de Matam avait condamné cet acte et porté l'affaire à la gendarmerie. Pour les camarades du président Alioune Tine, "l’objectif fondamental est de promouvoir les droits humains". Joint au téléphone, David Diagne, point focal de l’organisation, ajoute que "la Raddho n'a jamais enfermé un citoyen, ce rôle appartient plutôt à l'Etat qui en a les prérogatives". Selon lui, les gens doivent arrêter de polémiquer sur cette affaire d'arrestation. Pour l’instant, les parents de la fillette ainsi que ses grands parents ont été conduits à la maison d'arrêt et de correction. L'affaire qui devait être jugée, hier, a finalement été renvoyée au jeudi 28 mai 2009.
En attendant ce nouveau rendez-vous, les parents de Coumba Keïta peuvent compter sur le soutien de leurs proches. Hier, déjà, les imams et autres chefs religieux de la région de Matam avaient sonné la mobilisation pour venir soutenir les parents de la fillette. Accompagnés de leurs taalibé, les religieux avaient pris d'assaut les locaux du tribunal régional de Matam pour "protester contre l'arrestation d’Alassane Keïta (le père de la fillette), son épouse et ses beaux-parents". Mais c'était sans compter avec la vigilance des autorités qui, de leur côté, avaient déployé la grande artillerie. Puisque deux cars contenant des éléments du Groupement mobile d’intervention et des éléments du commissaire urbain de Matam, Bécaye Cheikh Diarra, avaient été déployés sur les lieux pour garantir la sécurité au moment du procès.
Interrogé sur cette arrestation, le porte-parole des guides religieux, par ailleurs imam ratib de la grande mosquée de la commune de Ourossogui, soutient que ‘c'est là une occasion pour l'Etat de remettre en cause le riche patrimoine des populations du Fouta’. Et l'imam Abou Ly d’ajouter : "L'Islam a bel et bien autorisé la pratique de l'excision et nous demandons au gouvernement de retirer la loi visant à interdire la pratique de l'excision". Dans ce même ordre d'idées, Thierno Oumar Sow hausse le ton et lance : "Il y a des choses beaucoup plus graves et indécentes qui sont pratiquées au Sénégal et qui sont indignes. Il s’agit notamment de la consommation de l'alcool, de la prostitution qui est aujourd'hui légalisée dans le pays, du phénomène des jeunes qui fument la cigarette et du chanvre indien. Autant de choses qui devaient être non autorisées et que nous autres imams, dénonçons avec la dernière énergie". En tout état de cause, les chefs religieux se disent prêts à aller jusqu'au bout de leur combat, si l'Etat continue d'empêcher la pratique de l'excision dans le Fouta.
Au même moment, les femmes montent au créneau et font remarquer que "l'excision n'a jamais tué quelqu'un ici au Fouta". La dame Couma Guèye ajoute que l'Etat doit se ressaisir, car nul n'a le droit de bafouer la tradition de l'autre. "Nous avons trouvé un legs de nos aïeuls, nous nous devons de le respecter dignement ; surtout si l'on sait que dans chaque région, il y a des pratiques qui se font, et l'Etat n'a jamais pipé mot… Donc qu'on nous laisse en paix, s'ils veulent la paix", soutient Mme Guèye.
APRES LEUR MOBILISATION D’HIER : Les imams veulent rencontrer les autorités
Hier, peu après leur forte mobilisation, les imams et autres chefs religieux de la région de Matam se sont retirés à la Zawiya Thierno Mohamadou Samassa pour tirer le bilan de "cette dure journée de soutien à des parents victimes d’injustice". Ils promettent de rencontrer les autorités supérieures de l'Etat dans les jours à venir pour voir à quoi s'en tenir.
En attendant la réouverture du procès, les parents de la jeune Coumba Keïta, y compris la dame qui a excisé la fillette, vont continuer de croupir à la maison d'arrêt et de correction de Matam. Le procès d’hier a été vécu dans un contexte difficile par les populations de la commune de Matam qui sont restées pratiquement trois jours sans électricité. Et le thermomètre, qui affichait hier les 47 degrés, n’était pas pour apaiser des esprits d’autochtones surchauffés par une histoire étroitement liée aux us et coutumes de la localité.
Amadou Issa KANE
Source: walfad
- L'affaire, qui continue de défrayer la chronique à Matam, c'est l'excision de la jeune Coumba Keïta, habitante de la commune de Ourossogui, distante de Matam de 10 km. Les populations de la ville, les parents et autres curieux ont pris d'assaut hier la capitale régionale pour assister à ce que d’aucuns qualifient de "procès de l'année". Cette fille, âgée de 4 ans, a été excisée la semaine dernière par ses propres parents. Cette pratique reste encore une coutume bien ancrée chez les Hal Pulaar qui ont l'habitude d'exciser les filles dès le bas âge.
Mais, informée de cette affaire, la section de la Raddho de Matam avait condamné cet acte et porté l'affaire à la gendarmerie. Pour les camarades du président Alioune Tine, "l’objectif fondamental est de promouvoir les droits humains". Joint au téléphone, David Diagne, point focal de l’organisation, ajoute que "la Raddho n'a jamais enfermé un citoyen, ce rôle appartient plutôt à l'Etat qui en a les prérogatives". Selon lui, les gens doivent arrêter de polémiquer sur cette affaire d'arrestation. Pour l’instant, les parents de la fillette ainsi que ses grands parents ont été conduits à la maison d'arrêt et de correction. L'affaire qui devait être jugée, hier, a finalement été renvoyée au jeudi 28 mai 2009.
En attendant ce nouveau rendez-vous, les parents de Coumba Keïta peuvent compter sur le soutien de leurs proches. Hier, déjà, les imams et autres chefs religieux de la région de Matam avaient sonné la mobilisation pour venir soutenir les parents de la fillette. Accompagnés de leurs taalibé, les religieux avaient pris d'assaut les locaux du tribunal régional de Matam pour "protester contre l'arrestation d’Alassane Keïta (le père de la fillette), son épouse et ses beaux-parents". Mais c'était sans compter avec la vigilance des autorités qui, de leur côté, avaient déployé la grande artillerie. Puisque deux cars contenant des éléments du Groupement mobile d’intervention et des éléments du commissaire urbain de Matam, Bécaye Cheikh Diarra, avaient été déployés sur les lieux pour garantir la sécurité au moment du procès.
Interrogé sur cette arrestation, le porte-parole des guides religieux, par ailleurs imam ratib de la grande mosquée de la commune de Ourossogui, soutient que ‘c'est là une occasion pour l'Etat de remettre en cause le riche patrimoine des populations du Fouta’. Et l'imam Abou Ly d’ajouter : "L'Islam a bel et bien autorisé la pratique de l'excision et nous demandons au gouvernement de retirer la loi visant à interdire la pratique de l'excision". Dans ce même ordre d'idées, Thierno Oumar Sow hausse le ton et lance : "Il y a des choses beaucoup plus graves et indécentes qui sont pratiquées au Sénégal et qui sont indignes. Il s’agit notamment de la consommation de l'alcool, de la prostitution qui est aujourd'hui légalisée dans le pays, du phénomène des jeunes qui fument la cigarette et du chanvre indien. Autant de choses qui devaient être non autorisées et que nous autres imams, dénonçons avec la dernière énergie". En tout état de cause, les chefs religieux se disent prêts à aller jusqu'au bout de leur combat, si l'Etat continue d'empêcher la pratique de l'excision dans le Fouta.
Au même moment, les femmes montent au créneau et font remarquer que "l'excision n'a jamais tué quelqu'un ici au Fouta". La dame Couma Guèye ajoute que l'Etat doit se ressaisir, car nul n'a le droit de bafouer la tradition de l'autre. "Nous avons trouvé un legs de nos aïeuls, nous nous devons de le respecter dignement ; surtout si l'on sait que dans chaque région, il y a des pratiques qui se font, et l'Etat n'a jamais pipé mot… Donc qu'on nous laisse en paix, s'ils veulent la paix", soutient Mme Guèye.
APRES LEUR MOBILISATION D’HIER : Les imams veulent rencontrer les autorités
Hier, peu après leur forte mobilisation, les imams et autres chefs religieux de la région de Matam se sont retirés à la Zawiya Thierno Mohamadou Samassa pour tirer le bilan de "cette dure journée de soutien à des parents victimes d’injustice". Ils promettent de rencontrer les autorités supérieures de l'Etat dans les jours à venir pour voir à quoi s'en tenir.
En attendant la réouverture du procès, les parents de la jeune Coumba Keïta, y compris la dame qui a excisé la fillette, vont continuer de croupir à la maison d'arrêt et de correction de Matam. Le procès d’hier a été vécu dans un contexte difficile par les populations de la commune de Matam qui sont restées pratiquement trois jours sans électricité. Et le thermomètre, qui affichait hier les 47 degrés, n’était pas pour apaiser des esprits d’autochtones surchauffés par une histoire étroitement liée aux us et coutumes de la localité.
Amadou Issa KANE
Source: walfad