
"Optimiste dans l’âme et panafricaniste convaincu, je suis fier d’être parmi ceux qui porteront à la connaissance de la jeunesse africaine le fait que si le Continent est en retard, c’est parce que les politiques mises en œuvre ne sont pas compatibles avec beaucoup de nos réalités. Au lieu de nous conduire au développement, ces politiques nous ont menés à la pauvreté et à la dépendance. Malgré tout, cette situation ne doit pas être un handicap pour la construction politique de l’Afrique. Au contraire, elle doit être une source de motivation, de rêve et d’entreprenariat pour soustraire notre Continent à son sous-développement. " Ardo Dia
Ma vision est celle d’une Afrique unie qui parlera d’une seule voix. Elle est l’incarnation d’une conscience fondamentale que le Continent n’est fort que lorsqu’il est uni pour éclairer sa marche éternelle vers la liberté et la lumière. Que tout problème a une solution, donc il faut regarder ces phénomènes en face et leur faire front dans une attitude volontaire et rationnelle. Si l’Afrique est en retard, c’est parce que les politiques mises en œuvre par les dirigeants sont incompatibles avec les besoins des Africains ordinaires. Cette vision est l’expression de mes rêves des lendemains meilleurs pour le Continent. Elle est caractérisée par la paix avant tout et la paix par dessus tout. Je fais allusion à l’héritage de Nelson Mandela, l’homme du XXe siècle, qui a compris mieux que quiconque, que rien n’est plus sûr que d’investir dans la paix. Après 27 ans de prison et la souffrance généralisée de son peuple, ce fils de l’Afrique et père de la Nation sud- africaine d’arc en ciel, a porté à la connaissance du monde entier que l’avenir de son pays c’est d’abord et avant tout la réconciliation nationale. Comme le disait Wole Soyinka, parlant de Mandela, « une personnalité exceptionnelle, dotée du rayonnement sans complexe d’une humanité toute simple. Le besoin de mettre les choses au clair de part et d’autre, mais avec une remarquable générosité à l’égard des anciens adversaires, accordant toujours le bénéfice du doute, et cela aux Blancs comme aux Noirs, domine véritablement cette autobiographie lucide et instructive ». L’œuvre de Mandela est non seulement un repère, mais une condition de notre humanité. Jeune africain, je revendique pour moi cet héritage. C’est pourquoi j’insiste et je signe pour la paix, puisqu’avec elle on aura un dialogue, une justice sociale et la mise sur pied d’un partenariat avec le reste du monde dans le respect mutuel.
Certains verront un optimisme démesuré ou simplement quelqu’un doté d’une idéologie sans fondement. Mais le mot optimisme ne me fait pas peur surtout dans une Afrique où je suis plus que jamais conscient de l’ampleur des défis qui attend sa jeunesse. Que faut-il faire devant ces défis ? Il faut agir maintenant sinon attendre serait pire. À l’aube de ce nouveau millénaire, ces défis doivent être poursuivis sans relâche avec courage et détermination, car il ne faut jamais songer à reculer devant les obstacles de la vie. Le devoir de responsabilité nous interpelle pour que chacun de nous agisse pour une cause juste et en fasse l’idéal de sa vie. Tout au long de notre compagnonnage, nous avons vu et compris que parmi les immenses défis, l’Afrique est :
• Meurtrie par des guerres,
• Frappée par le seuil de pauvreté,
• Où l’Afro-pessimisme gagne du terrain chez une jeunesse,
• Exaspérée pour qui partir semble être la voie du salut.
Mon message est simple. Il ne faut pas démissionner, car la démission individuelle peut être un suicide collectif dont la seule victime serait l’Afrique. Je comprends le désarroi de la jeunesse qui, face à l’indifférence et aux détournements de fonds publics qui devraient servir à développer l’Afrique, ne sait plus où donner de la tête. Comme disait le président Wade du Sénégal « dis-moi quelle jeunesse tu as, je te dirai quel peuple tu seras ». Une jeunesse courageuse aujourd’hui deviendra demain un peuple courageux et conscient de ses responsabilités qui affrontera à bras-le-corps les problèmes de notre Continent.
Agriculture comme moyen d’assurer l’autosuffisance alimentaire
La pauvreté est un problème cyclique depuis de nombreuses années. Cela traduit le manque d’organisation et de préoccupation du secteur agricole. Pourtant, tous sont conscients qu’un pays sans agriculture est un pays affamé. C’est exactement la situation en Afrique. Avec des budgets limités, aucun pays ne peut assurer son autosuffisance alimentaire par l’importation. Ma vision de l’Afrique serait de réserver l’eau gaspillée en ce moment pour la production d’hydroélectricité, pour garantir le développement agricole. En Afrique, nous avons d’autres sources d’énergie capables d’assurer les besoins d’électricité. Il s’agit du soleil qui brille 12 mois sur 12, et du vent qui souffle sans arrêt d’est en ouest et du nord au sud. Ces deux sources d’énergie respectivement solaire et éolienne pourraient être mises en valeur pour la production de l’électricité.
Égalité des genres
Je veux rendre ici un hommage appuyé à toutes les femmes du monde, et à la femme africaine en particulier. À l’orée du XXIe siècle, le rôle de la femme africaine ne doit plus se limiter aux tâches ménagères. Leur importance intellectuelle et démographique fait en sorte que nul ne peut concevoir le développement en Afrique sans la participation effective des femmes. Mon souhait encore une fois serait de porter la cause de la femme africaine, qui revendique encore sa place dans la société africaine généralement patriarcale, pour que triomphe son combat de tous les temps : l’égalité du genre. Dans chaque pays d’Afrique, le pourcentage des femmes avoisine facilement 50 à 55 % de la population globale. Dans cette situation, l’avenir de l’Afrique dépend de l’égalité où les femmes et les hommes peuvent décider ensemble de ce que sera l’Afrique de demain.
La réflexion sur l’efficacité de la dette
Pour ma part, je suis d’accord avec le principe de l’aide publique au développement, mais à condition qu’elle permette un jour aux Africains de dépasser cette aide. Cependant, l’aide dans son état actuel qui, au fil des années, n’a conduit qu’à l’endettement et à la déresponsabilisation des Africains, doit être revue. De 1960 à 2009, voilà 49 ans d’indépendance pendant lesquels l’Afrique n’a fait que tendre la main et l’Occident n’a fait que donner. Mais hélas l’aide n’a pas produit les résultats escomptés. En ce début du XXIe siècle, il nous faut se poser des questions: où va l’aide ? Comment est-elle gérée ? En Afrique, comme ailleurs dans le monde, l’heure est venue de marquer un temps d’arrêt pour réfléchir. Vivre africain c’est définir des projets à partir de l’Afrique, en fonction des réalités et des attentes des populations cibles. Si nous voulons que la liberté triomphe chez nous, il nous faut des hommes et des femmes qui assument leur responsabilité et qui rendent compte de leur gestion de la chose publique.
Questions militaires :
D’abord, voici mes considérations toute particulières à certains militaires qui furent grands dans la guerre comme dans la paix. Je veux parler de Thomas Sankara (Burkina Fasso), Jerry Rawlings (Ghana), d’Amadou Toumani Touré (Mali), Abdou Salami Aboubacar (Nigéria) et de Daouda M. Wanké (Niger). Ces militaires étaient à la hauteur de leur responsabilité en dirigeant honnêtement et de façon responsable les transitions démocratiques de leur pays.
Cependant, le comportement de certaines armées dans la grande majorité des pays africains constitue un obstacle fondamental pour la stabilité politique du Continent. Partout en Afrique, mon souhait serait de voir non seulement la résolution définitive du statut de l’armée, mais aussi la mise en œuvre des programmes d’éducation, de formation pacifique et patriotique. Cela doterait l’Afrique d’une armée professionnelle au sein du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine qui ne s’ingérerait plus dans les affaires politiques. Une armée consciente de sa vocation traditionnelle notamment la protection de la vérité, la défense de l’intégrité territoriale, la participation aux missions de l’Union africaine et des Nations-unies pour le maintien de la paix et pour la protection des populations menacées par la folie des hommes. Au final, je veux une armée républicaine capable de faire preuve de retenue et d’objection de conscience, lorsque les hommes politiques mal intentionnés, qui, au nom de leurs intérêts particuliers, appellent l’armée à tirer sur des manifestants innocents. Comme le disait Thomas Sankara, dans son discours à la 39e Assemblée générale des Nations-Unies, « militaire, je ne peux pas oublier ce soldat obéissant aux ordres, le doigt sur la détente, et qui sait que la balle qui va partir ne porte que le message de la mort ».
Mon optimisme est-il bien fondé ?
Ma justification tire ses racines d’abord et avant tout de l’histoire. Les peuples libres d’Europe, d’Amérique et d’Asie ont connu exactement la même situation que l’Afrique vit aujourd’hui. Certes l’héritage n’est pas le même partout. Mais le monde bouge, les sociétés évoluent et dans chaque transformation se produisent des chocs parfois heureux parfois malheureux. L’essentiel c’est de ne pas céder à la peur. Comme nous l’a si bien enseigné l’histoire des pays ci-dessous :
Les États-Unis :
L’Amérique et ses balbutiements, allant de l’esclavage à la guerre civile, en passant par les assassinats de certains de leurs présidents et leaders des mouvements civiques. Dans les deux premières Guerres mondiales, l’Amérique aussi fut le sauveur du monde libre. Mais cette même Amérique s’est longtemps contredite en bafouant sur son territoire les valeurs qu’elle a toujours défendues ailleurs dans le monde. La guerre de sécession opposait les États du sud, pauvres, agricoles et esclavagistes aux États du nord riches et industrialisés. Face à la menace de l’unité nationale, Abraham Lincoln n’a pas hésité à mobiliser l’armée fédérale pour venir à bout des États sécessionnistes. C’est ce qu’on appelle : The Civil War, qui a fait plus de sept millions de morts dont les victimes étaient principalement des femmes, des enfants et des personnes âgées. Mais avec le recul, les deux camps ont compris que l’Amérique n’est forte que lorsqu’elle est unie. Ils ont non seulement initié la réconciliation interaméricaine, mais tous sont unanimes que l’esprit de paix n’a pas de frontière. Finalement l’Amérique s’est réconciliée avec elle-même et le reste du monde. À l’orée du XXIe siècle, l’Amérique n’a pas encore fini d’étonner le monde. Ce qui était un rêve il y a 45 ans, à la place Lincoln Memorial, Martin L. King, pasteur noir prêchant devant des centaines de milliers d’Américains « I Have A Dream », s’est petit à petit transformé en « Yes We Can », le slogan qui a propulsé Barak Obama à la présidence des États-Unis le 4 novembre 2008. Quelle terre que cette Amérique qui n’a pas fini d’étonner le monde ?
La France du général De Gaulle :
Le vieux continent a fait sombrer le monde dans des conflits incroyables, les plus dramatiques de l’histoire du XXe siècle. Devant la France détruite par la puissance du feu de l’Allemagne nazie, Charles De Gaulle a sauvé deux fois la république. En exil, comme en France, l’homme n’a jamais douté du bien-fondé de son action jusqu’à la libération finale de son pays. De Gaulle, un soldat au cœur de la République, incarnait un esprit de paix hors limite. Un combattant de la liberté dans cette époque douloureuse de l’histoire de France où la politique était confondue avec l’épée, il parlait aux Français avec une certitude que, « rien n’est jamais perdu tant que la flamme de la résistance continue de brûler dans le cœur d’un seul homme, le refus du renoncement, la rupture avec les idées reçues et l’ordre établi quand ils entraînent la France vers le déclin ». L’humanisme de l’homme amène la France à initier sa réconciliation avec l’Allemagne, car il est d’une conviction profonde que l’Europe n’est forte que lorsqu’elle est rassemblée. Pour favoriser cette démarche de paix, voici comment Charles De Gaulle parlait à la jeunesse allemande : « Vous n’êtes pas méchants parce que vos parents ont commis des crimes, mais je vous félicite d’être des enfants d’un grand peuple qui a commis des erreurs à un moment donné de son histoire ». La Communauté européenne du charbon et de l’acier qui était hier une initiative franco-allemande est devenue aujourd’hui l’Union européenne.
L’Inde de Mahatma Gandhi
Cet homme savait mieux que quiconque ce que la non-violence pouvait apporter à son pays et au monde entier. Il n’a jamais voulu que ce principe soit une idéologie vide de sens, mais une exigence morale, la conviction que le don de soi conduira son pays vers l’indépendance, sans effusion de sang. Ce personnage mythique avait la certitude que la non-violence apporterait à l’Inde ce que les plus grands canons ne pourront jamais apporter à l’humanité. Pour convaincre ceux qui remettaient en cause l’efficacité de sa stratégie, Gandhi leur disait ceci, « si tu hésites devant une action, demande-toi ce qu’elle peut apporter de bien aux générations futures ». Alors la leçon que je tire de cette histoire est simple, elle a permis non seulement l’indépendance pacifique de l’Inde, mais aussi elle a fait de cette nation l’un des pays émergents de notre planète.
Le rêve d’une Afrique unie
Mon rêve s’inscrit dans la lignée de ceux qui croient à l’unité africaine. En ce sens, je suis l’héritier de Kwame Nkrumah, le premier président du Ghana qui disait devant l’impératif de l’unité en 1963, « nous devons saisir cette occasion exceptionnelle pour montrer que le génie de notre peuple peut nous permettre de dépasser les velléités de séparatisme en une multitude de petits États souverains, puis construire rapidement pour la plus grande gloire de l’Afrique et le progrès de ses populations, une union des États africains ». L’appel fut relayé par d’autres grandes figures, notamment Patrice Lumumba, Modibo Keita et Cheick A. Diop. Dès l’indépendance, ces pères fondateurs avaient compris que l’avenir de l’Afrique ne dépend pas des États nations surtout ceux qui ne sont pas issus d’un processus sui generis. En 1885, lors du Congrès de Berlin, l’Afrique était partagée entre les différentes puissances coloniales, non en fonction des réalités africaines, mais conformément aux intérêts des colonisateurs. Ironie du sort, en 1945, au lendemain de la victoire des alliés, l’Allemagne se retrouve divisée entre la République fédérale d’Allemagne (RFA) et la République démocratique d’Allemagne (RDA), division symbolisée par le mur de Berlin. En 1989, après 44 ans de séparation, les Allemands ont compris qu’ils ne doivent pas être les victimes éternelles de la folie Est/Ouest. D’où leur décision de détruire ce mur de la honte pour vivre dans une Allemagne réconciliée et plus forte.
Il en va de même pour l’Afrique. C’est maintenant qu’il faut agir. S’unir pour survivre ou être condamné à disparaître. Les défis ci-hauts cités sont nombreux, mais la somme des peurs engendre le courage collectif. Que l’Afrique cesse d’être victime de ses richesses, mais qu’elle en soit la principale bénéficiaire. Je termine en évoquant ce proverbe latin, « c’est en suivant le fleuve qu’on parvient à la mer ».
Ardo-M-Dia
Maître en Science politique
Et Droit international public
Pour avomm.com
Ma vision est celle d’une Afrique unie qui parlera d’une seule voix. Elle est l’incarnation d’une conscience fondamentale que le Continent n’est fort que lorsqu’il est uni pour éclairer sa marche éternelle vers la liberté et la lumière. Que tout problème a une solution, donc il faut regarder ces phénomènes en face et leur faire front dans une attitude volontaire et rationnelle. Si l’Afrique est en retard, c’est parce que les politiques mises en œuvre par les dirigeants sont incompatibles avec les besoins des Africains ordinaires. Cette vision est l’expression de mes rêves des lendemains meilleurs pour le Continent. Elle est caractérisée par la paix avant tout et la paix par dessus tout. Je fais allusion à l’héritage de Nelson Mandela, l’homme du XXe siècle, qui a compris mieux que quiconque, que rien n’est plus sûr que d’investir dans la paix. Après 27 ans de prison et la souffrance généralisée de son peuple, ce fils de l’Afrique et père de la Nation sud- africaine d’arc en ciel, a porté à la connaissance du monde entier que l’avenir de son pays c’est d’abord et avant tout la réconciliation nationale. Comme le disait Wole Soyinka, parlant de Mandela, « une personnalité exceptionnelle, dotée du rayonnement sans complexe d’une humanité toute simple. Le besoin de mettre les choses au clair de part et d’autre, mais avec une remarquable générosité à l’égard des anciens adversaires, accordant toujours le bénéfice du doute, et cela aux Blancs comme aux Noirs, domine véritablement cette autobiographie lucide et instructive ». L’œuvre de Mandela est non seulement un repère, mais une condition de notre humanité. Jeune africain, je revendique pour moi cet héritage. C’est pourquoi j’insiste et je signe pour la paix, puisqu’avec elle on aura un dialogue, une justice sociale et la mise sur pied d’un partenariat avec le reste du monde dans le respect mutuel.
Certains verront un optimisme démesuré ou simplement quelqu’un doté d’une idéologie sans fondement. Mais le mot optimisme ne me fait pas peur surtout dans une Afrique où je suis plus que jamais conscient de l’ampleur des défis qui attend sa jeunesse. Que faut-il faire devant ces défis ? Il faut agir maintenant sinon attendre serait pire. À l’aube de ce nouveau millénaire, ces défis doivent être poursuivis sans relâche avec courage et détermination, car il ne faut jamais songer à reculer devant les obstacles de la vie. Le devoir de responsabilité nous interpelle pour que chacun de nous agisse pour une cause juste et en fasse l’idéal de sa vie. Tout au long de notre compagnonnage, nous avons vu et compris que parmi les immenses défis, l’Afrique est :
• Meurtrie par des guerres,
• Frappée par le seuil de pauvreté,
• Où l’Afro-pessimisme gagne du terrain chez une jeunesse,
• Exaspérée pour qui partir semble être la voie du salut.
Mon message est simple. Il ne faut pas démissionner, car la démission individuelle peut être un suicide collectif dont la seule victime serait l’Afrique. Je comprends le désarroi de la jeunesse qui, face à l’indifférence et aux détournements de fonds publics qui devraient servir à développer l’Afrique, ne sait plus où donner de la tête. Comme disait le président Wade du Sénégal « dis-moi quelle jeunesse tu as, je te dirai quel peuple tu seras ». Une jeunesse courageuse aujourd’hui deviendra demain un peuple courageux et conscient de ses responsabilités qui affrontera à bras-le-corps les problèmes de notre Continent.
Agriculture comme moyen d’assurer l’autosuffisance alimentaire
La pauvreté est un problème cyclique depuis de nombreuses années. Cela traduit le manque d’organisation et de préoccupation du secteur agricole. Pourtant, tous sont conscients qu’un pays sans agriculture est un pays affamé. C’est exactement la situation en Afrique. Avec des budgets limités, aucun pays ne peut assurer son autosuffisance alimentaire par l’importation. Ma vision de l’Afrique serait de réserver l’eau gaspillée en ce moment pour la production d’hydroélectricité, pour garantir le développement agricole. En Afrique, nous avons d’autres sources d’énergie capables d’assurer les besoins d’électricité. Il s’agit du soleil qui brille 12 mois sur 12, et du vent qui souffle sans arrêt d’est en ouest et du nord au sud. Ces deux sources d’énergie respectivement solaire et éolienne pourraient être mises en valeur pour la production de l’électricité.
Égalité des genres
Je veux rendre ici un hommage appuyé à toutes les femmes du monde, et à la femme africaine en particulier. À l’orée du XXIe siècle, le rôle de la femme africaine ne doit plus se limiter aux tâches ménagères. Leur importance intellectuelle et démographique fait en sorte que nul ne peut concevoir le développement en Afrique sans la participation effective des femmes. Mon souhait encore une fois serait de porter la cause de la femme africaine, qui revendique encore sa place dans la société africaine généralement patriarcale, pour que triomphe son combat de tous les temps : l’égalité du genre. Dans chaque pays d’Afrique, le pourcentage des femmes avoisine facilement 50 à 55 % de la population globale. Dans cette situation, l’avenir de l’Afrique dépend de l’égalité où les femmes et les hommes peuvent décider ensemble de ce que sera l’Afrique de demain.
La réflexion sur l’efficacité de la dette
Pour ma part, je suis d’accord avec le principe de l’aide publique au développement, mais à condition qu’elle permette un jour aux Africains de dépasser cette aide. Cependant, l’aide dans son état actuel qui, au fil des années, n’a conduit qu’à l’endettement et à la déresponsabilisation des Africains, doit être revue. De 1960 à 2009, voilà 49 ans d’indépendance pendant lesquels l’Afrique n’a fait que tendre la main et l’Occident n’a fait que donner. Mais hélas l’aide n’a pas produit les résultats escomptés. En ce début du XXIe siècle, il nous faut se poser des questions: où va l’aide ? Comment est-elle gérée ? En Afrique, comme ailleurs dans le monde, l’heure est venue de marquer un temps d’arrêt pour réfléchir. Vivre africain c’est définir des projets à partir de l’Afrique, en fonction des réalités et des attentes des populations cibles. Si nous voulons que la liberté triomphe chez nous, il nous faut des hommes et des femmes qui assument leur responsabilité et qui rendent compte de leur gestion de la chose publique.
Questions militaires :
D’abord, voici mes considérations toute particulières à certains militaires qui furent grands dans la guerre comme dans la paix. Je veux parler de Thomas Sankara (Burkina Fasso), Jerry Rawlings (Ghana), d’Amadou Toumani Touré (Mali), Abdou Salami Aboubacar (Nigéria) et de Daouda M. Wanké (Niger). Ces militaires étaient à la hauteur de leur responsabilité en dirigeant honnêtement et de façon responsable les transitions démocratiques de leur pays.
Cependant, le comportement de certaines armées dans la grande majorité des pays africains constitue un obstacle fondamental pour la stabilité politique du Continent. Partout en Afrique, mon souhait serait de voir non seulement la résolution définitive du statut de l’armée, mais aussi la mise en œuvre des programmes d’éducation, de formation pacifique et patriotique. Cela doterait l’Afrique d’une armée professionnelle au sein du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine qui ne s’ingérerait plus dans les affaires politiques. Une armée consciente de sa vocation traditionnelle notamment la protection de la vérité, la défense de l’intégrité territoriale, la participation aux missions de l’Union africaine et des Nations-unies pour le maintien de la paix et pour la protection des populations menacées par la folie des hommes. Au final, je veux une armée républicaine capable de faire preuve de retenue et d’objection de conscience, lorsque les hommes politiques mal intentionnés, qui, au nom de leurs intérêts particuliers, appellent l’armée à tirer sur des manifestants innocents. Comme le disait Thomas Sankara, dans son discours à la 39e Assemblée générale des Nations-Unies, « militaire, je ne peux pas oublier ce soldat obéissant aux ordres, le doigt sur la détente, et qui sait que la balle qui va partir ne porte que le message de la mort ».
Mon optimisme est-il bien fondé ?
Ma justification tire ses racines d’abord et avant tout de l’histoire. Les peuples libres d’Europe, d’Amérique et d’Asie ont connu exactement la même situation que l’Afrique vit aujourd’hui. Certes l’héritage n’est pas le même partout. Mais le monde bouge, les sociétés évoluent et dans chaque transformation se produisent des chocs parfois heureux parfois malheureux. L’essentiel c’est de ne pas céder à la peur. Comme nous l’a si bien enseigné l’histoire des pays ci-dessous :
Les États-Unis :
L’Amérique et ses balbutiements, allant de l’esclavage à la guerre civile, en passant par les assassinats de certains de leurs présidents et leaders des mouvements civiques. Dans les deux premières Guerres mondiales, l’Amérique aussi fut le sauveur du monde libre. Mais cette même Amérique s’est longtemps contredite en bafouant sur son territoire les valeurs qu’elle a toujours défendues ailleurs dans le monde. La guerre de sécession opposait les États du sud, pauvres, agricoles et esclavagistes aux États du nord riches et industrialisés. Face à la menace de l’unité nationale, Abraham Lincoln n’a pas hésité à mobiliser l’armée fédérale pour venir à bout des États sécessionnistes. C’est ce qu’on appelle : The Civil War, qui a fait plus de sept millions de morts dont les victimes étaient principalement des femmes, des enfants et des personnes âgées. Mais avec le recul, les deux camps ont compris que l’Amérique n’est forte que lorsqu’elle est unie. Ils ont non seulement initié la réconciliation interaméricaine, mais tous sont unanimes que l’esprit de paix n’a pas de frontière. Finalement l’Amérique s’est réconciliée avec elle-même et le reste du monde. À l’orée du XXIe siècle, l’Amérique n’a pas encore fini d’étonner le monde. Ce qui était un rêve il y a 45 ans, à la place Lincoln Memorial, Martin L. King, pasteur noir prêchant devant des centaines de milliers d’Américains « I Have A Dream », s’est petit à petit transformé en « Yes We Can », le slogan qui a propulsé Barak Obama à la présidence des États-Unis le 4 novembre 2008. Quelle terre que cette Amérique qui n’a pas fini d’étonner le monde ?
La France du général De Gaulle :
Le vieux continent a fait sombrer le monde dans des conflits incroyables, les plus dramatiques de l’histoire du XXe siècle. Devant la France détruite par la puissance du feu de l’Allemagne nazie, Charles De Gaulle a sauvé deux fois la république. En exil, comme en France, l’homme n’a jamais douté du bien-fondé de son action jusqu’à la libération finale de son pays. De Gaulle, un soldat au cœur de la République, incarnait un esprit de paix hors limite. Un combattant de la liberté dans cette époque douloureuse de l’histoire de France où la politique était confondue avec l’épée, il parlait aux Français avec une certitude que, « rien n’est jamais perdu tant que la flamme de la résistance continue de brûler dans le cœur d’un seul homme, le refus du renoncement, la rupture avec les idées reçues et l’ordre établi quand ils entraînent la France vers le déclin ». L’humanisme de l’homme amène la France à initier sa réconciliation avec l’Allemagne, car il est d’une conviction profonde que l’Europe n’est forte que lorsqu’elle est rassemblée. Pour favoriser cette démarche de paix, voici comment Charles De Gaulle parlait à la jeunesse allemande : « Vous n’êtes pas méchants parce que vos parents ont commis des crimes, mais je vous félicite d’être des enfants d’un grand peuple qui a commis des erreurs à un moment donné de son histoire ». La Communauté européenne du charbon et de l’acier qui était hier une initiative franco-allemande est devenue aujourd’hui l’Union européenne.
L’Inde de Mahatma Gandhi
Cet homme savait mieux que quiconque ce que la non-violence pouvait apporter à son pays et au monde entier. Il n’a jamais voulu que ce principe soit une idéologie vide de sens, mais une exigence morale, la conviction que le don de soi conduira son pays vers l’indépendance, sans effusion de sang. Ce personnage mythique avait la certitude que la non-violence apporterait à l’Inde ce que les plus grands canons ne pourront jamais apporter à l’humanité. Pour convaincre ceux qui remettaient en cause l’efficacité de sa stratégie, Gandhi leur disait ceci, « si tu hésites devant une action, demande-toi ce qu’elle peut apporter de bien aux générations futures ». Alors la leçon que je tire de cette histoire est simple, elle a permis non seulement l’indépendance pacifique de l’Inde, mais aussi elle a fait de cette nation l’un des pays émergents de notre planète.
Le rêve d’une Afrique unie
Mon rêve s’inscrit dans la lignée de ceux qui croient à l’unité africaine. En ce sens, je suis l’héritier de Kwame Nkrumah, le premier président du Ghana qui disait devant l’impératif de l’unité en 1963, « nous devons saisir cette occasion exceptionnelle pour montrer que le génie de notre peuple peut nous permettre de dépasser les velléités de séparatisme en une multitude de petits États souverains, puis construire rapidement pour la plus grande gloire de l’Afrique et le progrès de ses populations, une union des États africains ». L’appel fut relayé par d’autres grandes figures, notamment Patrice Lumumba, Modibo Keita et Cheick A. Diop. Dès l’indépendance, ces pères fondateurs avaient compris que l’avenir de l’Afrique ne dépend pas des États nations surtout ceux qui ne sont pas issus d’un processus sui generis. En 1885, lors du Congrès de Berlin, l’Afrique était partagée entre les différentes puissances coloniales, non en fonction des réalités africaines, mais conformément aux intérêts des colonisateurs. Ironie du sort, en 1945, au lendemain de la victoire des alliés, l’Allemagne se retrouve divisée entre la République fédérale d’Allemagne (RFA) et la République démocratique d’Allemagne (RDA), division symbolisée par le mur de Berlin. En 1989, après 44 ans de séparation, les Allemands ont compris qu’ils ne doivent pas être les victimes éternelles de la folie Est/Ouest. D’où leur décision de détruire ce mur de la honte pour vivre dans une Allemagne réconciliée et plus forte.
Il en va de même pour l’Afrique. C’est maintenant qu’il faut agir. S’unir pour survivre ou être condamné à disparaître. Les défis ci-hauts cités sont nombreux, mais la somme des peurs engendre le courage collectif. Que l’Afrique cesse d’être victime de ses richesses, mais qu’elle en soit la principale bénéficiaire. Je termine en évoquant ce proverbe latin, « c’est en suivant le fleuve qu’on parvient à la mer ».
Ardo-M-Dia
Maître en Science politique
Et Droit international public
Pour avomm.com