
Déclaration
Le mercredi 06 août 2008, un coup d’État militaire a été perpétré contre le Président Sidi Mohamed OULD CHEIKH ABDALLAHI dont le principal instigateur est les général Mohamed OULD ABDEL AZIZ à un moment où une nouvelle ère s’ouvrait suite aux élections libres et démocratiques du mois de mars 2007. Ce coup de force traduit une régression inqualifiable et une insulte au peuple mauritanien, à ses organisations politiques, à ses associations pour la défense des droits humains et à la communauté internationale dans son ensemble.
Après plusieurs décennies de régime dictatorial et raciste, notre pays avait commencé à vivre dans l’espoir d’une société en voie de démocratisation, en dépit des difficultés, des résistances, des lenteurs et des piétinements. Quel processus de démocratisation peut-il être à l’abri de maladresses et de crises ? Les généraux putschistes ont pris prétexte, faut-il le rappeler, de cette période difficile pour mettre à exécution leurs ambitions personnelles par un déni du droit et de la légalité constitutionnelle. Ainsi, ont-ils remis à l’ordre du jour des pratiques qui ne sont plus conformes aux exigences universelles de démocratie, de droit, d’égalité et de liberté, fondements d’un monde libre et piliers de la modernité politique.
A l’heure où les préoccupations des Mauritaniennes et des Mauritaniens portaient sur : l’amélioration des conditions déplorables de nos compatriotes rapatriés, la continuation du processus du retour des déportés et des réfugiés, la résolution du passif humanitaire, la criminalisation de l’esclavage, la traduction des auteurs des crimes devant les tribunaux nationaux ou internationaux, la recherche de solutions à la crise économique et sociale, ce coup de force est intervenu en brisant tous les espoirs. A défaut de leur trouver des réponses définitives, le Président OULD CHEIKH ABDALLAHI a exprimé clairement sa volonté politique de s’y consacrer.
En conséquence, nous, militantes et militants des organisations politiques, syndicales et associations pour la défense des droits humains :
1. Condamnons avec la plus grande fermeté ce coup d’État ;
2. Rappelons notre attachement indéfectible à la démocratie et à la République ;
3. Appelons toutes les forces démocratiques nationales, sous-régionales et internationales pour une mobilisation active et forte contre ce coup d’État ;
4. Engageons l’ONU, l’Union Européenne, l’Union Africaine, l’Union du Maghreb Arabe, l’Organisation de la Conférence Islamique, la Fédération Internationale des Droits de l’Homme, Reporters sans Frontière, la Rencontre Africaine des droits de l’Homme ( la RADHO), Amnesty International à exiger la remise en liberté sans condition du Président de la République et de ses codétenus, leur réintégration dans leurs fonctions ainsi que le rétablissement sans retard de l’ordre constitutionnel.
Vive la Démocratie
Vive la République.
Paris le 10 août 2008
Les organisations signataires :
APP, AVOMM, CAMME, CSDM, GREM, OCVIDH, OTMF, TEWASSOUL, UFP