
La célébration prochaine du 350ème anniversaire de notre ancienne capitale, Saint-Louis (Ndar), est une occasion d'évoquer une question de nationalité d'un grand nombre de Mauritaniens.
Cette célébration concerne, également, notre pays, en reconnaissance d'une histoire commune et au profit de la jeunesse, pour la paix. Il est souhaitable que le gouvernement de la République s'associe activement à la cette célébration. Un Comité national devrait ainsi être constitué à cette fin.
Ce serait un acte majeur de consolidation des relations entre le Sénégal et la Mauritanie, deux pays que tout lie, la terre et le sang, la culture et la religion. Mais aussi une histoire coloniale commune.
Il est du plus grand intérêt que les jeunes générations sachent que ces deux Etats d'aujourd'hui ont partagé la ville de Saint-Louis, comme capitale de chacune des colonies qu'elles étaient alors. Ils ont le même député et les mêmes établissements d'enseignement secondaire, les mêmes directions de la plupart des grands services. Et ceci, pendant six décennies.
Au cours de cette existence de la capitale politique, économique et administrative de la Mauritanie à Saint-Louis, dans le quartier de Ndar-Toute (petit Saint-Louis), sur la rive droite du fleuve Sénégal, des générations de Mauritaniens, de toutes origines, y sont nés. Parce que leurs parents y résidaient, et que l'hôpital et la maternité s'y trouvaient. Au moins deux générations de Mauritaniens, de la création de la colonie à l'indépendance, sont ainsi des Saint-Louisiens.
Aujourd'hui, cette catégorie de personnes doit satisfaire à un vrai parcours du combattant, pour l'obtention des pièces d'identité nationale. Sont concernés, aussi bien des Noirs que des Maures, mais ce sont les premiers qui sont les victimes de cet ostracisme, alors que les Arabo-berbères, de manière générale, sont réputés et admis comme Mauritaniens, quelque soit leur origine. C'est ainsi qu'ils peuvent venir, aussi bien de Guinée, du Burkina, du Tchad, du Mali, ou d'ailleurs, leur mauritanité ne souffre d'aucune restriction. Les exemples sont courants.
Cette discrimination quotidienne, fondée sur le lieu de naissance, qui s'ajoute aux autres, et qui frappe les Noirs en Mauritanie. On se rappelle que c'est la mention "né au Sénégal", qui a constitué le motif de déportation en 1989, et du passif humanitaire, que le nouveau chef de l'Etat s'engage, fort heureusement, à réparer.
Dans le même dossier, se trouve ainsi la question de la reconnaissance de la nationalité des Mauritaniens nés à Saint-Louis et de leurs descendants. C'est aussi un acte de justice. Il est fondamental pour la stabilité et l'unité nationale, que la nationalité ne soit plus attaché à la couleur de la peau. Les Noirs ne doivent plus être astreints à plus de preuves bureaucratiques que les Maures. Il est urgent et salutaire qu’un acte d’Etat vienne régler cette question nationale fondamentale, qui concerne un grand nombre de mauritaniens.
Au-delà de ce cas des Saint-Louisiens, les Mauritaniens, Négro-Africains et Arabo-berbères confondus, sont également concernés par la question de la double nationalité. Elle est légalement non reconnue, alors qu’elle est forte réalité, pour la majorité des citoyens de ce pays. Elle est d'essence naturelle, par le contexte géographique, autant que par le processus historique de constitution du territoire colonial français de la Mauritanie.
C'est ainsi qu'il est vain de décréter l’uninationalité, quand on sait que les parentés transfrontalières sont une réalité naturelle, et que, par naissance ou par ascendance, elle donne droit à la double-nationalité. C'est le cas, notamment, dans toutes les régions habitées du pays, toutes périphériques et à cheval sur les tracés frontaliers ave les pays voisins :
-les deux Hodh avec le Mali,
-le Trarza, le Brakna et le Gorgol avec le Sénégal,
-le Guidimakha avec le Sénégal et le Mali,
-l'Adrar et Dakhlet Nouadhibou avec le Maroc et l'Algérie.
A ce contexte national, il faut ajouter les effets de l’émigration et des relations à l’étranger, qu’entretiennent de très nombreux mauritaniens. C’est ainsi que la bi ou même trinationalité, est une réalité structurelle de la Mauritanie, dont il est de notoriété publique qu’en sont porteurs un très grand nombre de Mauritaniens, y compris chez les dirigeants. Certains sont même réputés de nationalité moyen-orientale, dans la simple cohérence de leur (inacceptable) appartenance à des partis politiques de cette région du monde, non frontalière de la Mauritanie.
De manière générale, la plurinationalité est considérée comme une richesse, d’ailleurs encouragée par la plupart des pays avancés, compte tenu de ses effets sur la qualité des relations internationales, et de ses effets comme facteur de paix entre les peuples. Le repli identitaire exclusif, souvent porteurs d’ostracisme raciste, dans un pays sous-peuplé et pauvre comme la Mauritanie, qui a besoin de compétences et de ressources, est porteur de lourdes conséquences dommageables pour son développement. La Mauritanie ne peut pas, sans risque, poursuivre une politique qui ne correspond pas à ses réalités.
Moctar Sall
CRIDEM
Cette célébration concerne, également, notre pays, en reconnaissance d'une histoire commune et au profit de la jeunesse, pour la paix. Il est souhaitable que le gouvernement de la République s'associe activement à la cette célébration. Un Comité national devrait ainsi être constitué à cette fin.
Ce serait un acte majeur de consolidation des relations entre le Sénégal et la Mauritanie, deux pays que tout lie, la terre et le sang, la culture et la religion. Mais aussi une histoire coloniale commune.
Il est du plus grand intérêt que les jeunes générations sachent que ces deux Etats d'aujourd'hui ont partagé la ville de Saint-Louis, comme capitale de chacune des colonies qu'elles étaient alors. Ils ont le même député et les mêmes établissements d'enseignement secondaire, les mêmes directions de la plupart des grands services. Et ceci, pendant six décennies.
Au cours de cette existence de la capitale politique, économique et administrative de la Mauritanie à Saint-Louis, dans le quartier de Ndar-Toute (petit Saint-Louis), sur la rive droite du fleuve Sénégal, des générations de Mauritaniens, de toutes origines, y sont nés. Parce que leurs parents y résidaient, et que l'hôpital et la maternité s'y trouvaient. Au moins deux générations de Mauritaniens, de la création de la colonie à l'indépendance, sont ainsi des Saint-Louisiens.
Aujourd'hui, cette catégorie de personnes doit satisfaire à un vrai parcours du combattant, pour l'obtention des pièces d'identité nationale. Sont concernés, aussi bien des Noirs que des Maures, mais ce sont les premiers qui sont les victimes de cet ostracisme, alors que les Arabo-berbères, de manière générale, sont réputés et admis comme Mauritaniens, quelque soit leur origine. C'est ainsi qu'ils peuvent venir, aussi bien de Guinée, du Burkina, du Tchad, du Mali, ou d'ailleurs, leur mauritanité ne souffre d'aucune restriction. Les exemples sont courants.
Cette discrimination quotidienne, fondée sur le lieu de naissance, qui s'ajoute aux autres, et qui frappe les Noirs en Mauritanie. On se rappelle que c'est la mention "né au Sénégal", qui a constitué le motif de déportation en 1989, et du passif humanitaire, que le nouveau chef de l'Etat s'engage, fort heureusement, à réparer.
Dans le même dossier, se trouve ainsi la question de la reconnaissance de la nationalité des Mauritaniens nés à Saint-Louis et de leurs descendants. C'est aussi un acte de justice. Il est fondamental pour la stabilité et l'unité nationale, que la nationalité ne soit plus attaché à la couleur de la peau. Les Noirs ne doivent plus être astreints à plus de preuves bureaucratiques que les Maures. Il est urgent et salutaire qu’un acte d’Etat vienne régler cette question nationale fondamentale, qui concerne un grand nombre de mauritaniens.
Au-delà de ce cas des Saint-Louisiens, les Mauritaniens, Négro-Africains et Arabo-berbères confondus, sont également concernés par la question de la double nationalité. Elle est légalement non reconnue, alors qu’elle est forte réalité, pour la majorité des citoyens de ce pays. Elle est d'essence naturelle, par le contexte géographique, autant que par le processus historique de constitution du territoire colonial français de la Mauritanie.
C'est ainsi qu'il est vain de décréter l’uninationalité, quand on sait que les parentés transfrontalières sont une réalité naturelle, et que, par naissance ou par ascendance, elle donne droit à la double-nationalité. C'est le cas, notamment, dans toutes les régions habitées du pays, toutes périphériques et à cheval sur les tracés frontaliers ave les pays voisins :
-les deux Hodh avec le Mali,
-le Trarza, le Brakna et le Gorgol avec le Sénégal,
-le Guidimakha avec le Sénégal et le Mali,
-l'Adrar et Dakhlet Nouadhibou avec le Maroc et l'Algérie.
A ce contexte national, il faut ajouter les effets de l’émigration et des relations à l’étranger, qu’entretiennent de très nombreux mauritaniens. C’est ainsi que la bi ou même trinationalité, est une réalité structurelle de la Mauritanie, dont il est de notoriété publique qu’en sont porteurs un très grand nombre de Mauritaniens, y compris chez les dirigeants. Certains sont même réputés de nationalité moyen-orientale, dans la simple cohérence de leur (inacceptable) appartenance à des partis politiques de cette région du monde, non frontalière de la Mauritanie.
De manière générale, la plurinationalité est considérée comme une richesse, d’ailleurs encouragée par la plupart des pays avancés, compte tenu de ses effets sur la qualité des relations internationales, et de ses effets comme facteur de paix entre les peuples. Le repli identitaire exclusif, souvent porteurs d’ostracisme raciste, dans un pays sous-peuplé et pauvre comme la Mauritanie, qui a besoin de compétences et de ressources, est porteur de lourdes conséquences dommageables pour son développement. La Mauritanie ne peut pas, sans risque, poursuivre une politique qui ne correspond pas à ses réalités.
Moctar Sall
CRIDEM