Le 22 octobre 1987, début des arrestations de militaires noirs mauritaniens pour tentative de coup d'état, faisant écho aux arrestations et à l'emprisonnement de dirigeants des FLAM de 1986, signataires du manifeste du négro-mauritanien opprimé et eux mêmes héritiers des signataires de l'appel des 19 de 1966 qui connurent eux aussi la prison.
Suite aux arrestations de 1987, le 6 décembre de la même année, trois officiers de l'armée, Sarr Amadou, Sy Saidou et Ba Seydi, avaient été lâchement fusillés et beaucoup d'autres officiers, sous officiers et civils furent condamnés à de trés lourdes peines (5ans, 10ans, 20 ans et à la perpétuité). Seront encore assassinés à la prison de Walata Téne Youssouf Guéye, Djigo Tafsirou, Ba Alassane Oumar et Ba Abdoul Ghoudouss, et suivront en 1989,1990, 1991 des emprisonnements, des déportations de populations vers le Sénégal et le Mali, des centaines d'excécutions extrajudiciaires, des tortures de civils et de militaires tous noirs et mauritaniens, dans les commissariats de police et dans les casernes de l'armée nationale où, le 28 novembre1990, 28 militaires noirs numérotés de 1 à 28 furent pendus sous un hangar à Inal.Nous n'oublierons pas!
Nous, organisations de victimes, partis politiques, associations des droits de l'homme nationales et internationales, gens de bonne volonté (maures, noirs, africains, américains et européens) avons porté la lutte pour que justice soit rendue et que les principaux responsables de ces violations trés graves des droits de l'homme en Mauritanie soient identifiés et poursuivis afin que cela ne se répéte plus jamais. Pour que nos martyrs ne soient pas partis pour rien, nous nous sommes battus pour les idéaux de justice, de démocratie, et d'égalité entre tous les citoyens.
Nous avons, tous ensemble, marqué des points importants contre le système ignoble, injuste, qui a régné chez nous et responsable de nos malheurs. Mais nous n'avons pas encore gagné la lutte contre l'impunité et pour la justice, même si l'espoir est permis ajourd'hui plus que jamais.
Des signaux encourageants fruits de notre lutte sont à relever:
1- La reconnaissance de la responsabilité de l'état par les présidents Sidi ould Cheikh Abdallahi et Mohamed ould Abdel Aziz.
2- Les journées de concertations du président Sidi remplacées par celles du président Aziz.
3- Le retour des déportés du Sénégal (retour parrainé par le HCR et qui se poursuit encore).
4- Le soutien financier du président Aziz aux veuves
5- La décision récente, du président Aziz, de réintégrer 144 fonctionnaires de l'éducation nationale qui avaient été radiés en 1989.
Au plan international, nous continuons de traquer les officiers criminels qui sont protégés par une loi d'amnistie injuste en Mauritanie. Sur ce plan nous pouvons noter la condamnation à Nîmes à 10 ans de réclusion criminelle du capitaine Ely ould Dah (même s'il demeure à ce jour libre), le renvoi par les autorités françaises du colonel tortionnaire ould Boylil ou la fuite de Paris du Colonel directeur du génie militaire Mohamed ould Ahmed Salem.... Les manifestations, conférences et autres journées de commémoration pour dénoncer l'impunité des tortionnaires, exiger la création en toute transparence d'une commission nationale d'enquête et des réparations pour toutes les victimes ou de leurs ayant droits, se sont poursuivies et se poursuivront tant qu'il n'y aura pas une solution juste et définitive du passif humanitaire, malgré les engagements forts et répétés de l'actuel président de la république qu'il faut souligner et encourager.
C'est dire que nous n'avons pas chômé. En même temps, nous avons perdu beaucoup d'énergie en nous dressant les uns contre les autres, jusqu'à hypothéquer parfois dangereusement notre lutte commune. C'est pourquoi, je voudrais m'adresser solennellement à toutes les victimes de l'intérieur et de l'extérieur, les veuves, les orphelins, les rescapés civils et militaires, les amis de la Mauritanie, à tous les mauritaniens de toute composante ethnique, pour leur dire que nous avons grand besoin d'unité et de solidarité pour pousser et accompagner le processus du règlement du passif humanitaire.
Ce réglement du passif humanitaire est à notre avis la clé de la réconciliation nationale pouvant mener à la réalisation d'une nation véritable.
Notre lutte commune pour recouvrir nos droits, requiert de nous une solidarité, une confiance, et une grande discipline dans nos organisations. Il faut que nous nous respections avant d'exiger le respect d'autrui. Nous nous connaissons désormais suffisamment, tous ensemble nous portons de grandes et nobles causes:
- l'abolition de la torture
- la lutte contre le racisme
- la lutte contre l'impunité
- le problème des rescapés
- la réhabilitation de nos martyrs
- la promotion des langues nationales
- l'application de la loi criminalisant l'esclavage
- la mise sur pied d'une commission vérité et réconciliation
- l'égal accès aux médias d'état de toutes les composantes nationales
- la question de la cohabitation et du juste partage des richesses
- la question globale de la démocratie.
- etc.
Aucune de nos organisations à l'intérieur ou à l'extérieur de la Mauritanie ne peut porter seule ce très lourd fardeau.
L'actuel président de la République a donné quelques signaux en notre direction, posons nos revendications en toute responsabilité pour aider à trouver leurs justes solutions. A la suite du coup d'état du 6 août il y'a eu des divergences entre nos organisations dans l'appréciation de la situation politique du pays et son évolution. Depuis le 18 juillet un nouveau président a été élu par le peuple mauritanien, la page de la crise institutionnelle est tournée. Il ne doit y avoir aucune rancœur dans nos rangs, nous avions tous pris des positions par rapport à nos convictions, pour l'intérêt de nos organisations et du pays.
Que les partis ou mouvements politiques fassent leur travail, que les associations de victimes ou de droits de l'homme fassent le leur. Aucun mauritanien, aucune formation politique ou associative n'a plus de légitimité que d'autres pour parler de l'avenir de la Mauritanie.
C'est au dépassement et à l'unité que nous convions, au nom de l'AVOMM, les organisations des droits de l'homme et les associations de victimes à l'intérieur et à l'extérieur du pays. Unis, nous serons plus forts et plus audibles dans nos revendications.
Ousmane Abdoul Sarr
président de l'AVOMM
Suite aux arrestations de 1987, le 6 décembre de la même année, trois officiers de l'armée, Sarr Amadou, Sy Saidou et Ba Seydi, avaient été lâchement fusillés et beaucoup d'autres officiers, sous officiers et civils furent condamnés à de trés lourdes peines (5ans, 10ans, 20 ans et à la perpétuité). Seront encore assassinés à la prison de Walata Téne Youssouf Guéye, Djigo Tafsirou, Ba Alassane Oumar et Ba Abdoul Ghoudouss, et suivront en 1989,1990, 1991 des emprisonnements, des déportations de populations vers le Sénégal et le Mali, des centaines d'excécutions extrajudiciaires, des tortures de civils et de militaires tous noirs et mauritaniens, dans les commissariats de police et dans les casernes de l'armée nationale où, le 28 novembre1990, 28 militaires noirs numérotés de 1 à 28 furent pendus sous un hangar à Inal.Nous n'oublierons pas!
Nous, organisations de victimes, partis politiques, associations des droits de l'homme nationales et internationales, gens de bonne volonté (maures, noirs, africains, américains et européens) avons porté la lutte pour que justice soit rendue et que les principaux responsables de ces violations trés graves des droits de l'homme en Mauritanie soient identifiés et poursuivis afin que cela ne se répéte plus jamais. Pour que nos martyrs ne soient pas partis pour rien, nous nous sommes battus pour les idéaux de justice, de démocratie, et d'égalité entre tous les citoyens.
Nous avons, tous ensemble, marqué des points importants contre le système ignoble, injuste, qui a régné chez nous et responsable de nos malheurs. Mais nous n'avons pas encore gagné la lutte contre l'impunité et pour la justice, même si l'espoir est permis ajourd'hui plus que jamais.
Des signaux encourageants fruits de notre lutte sont à relever:
1- La reconnaissance de la responsabilité de l'état par les présidents Sidi ould Cheikh Abdallahi et Mohamed ould Abdel Aziz.
2- Les journées de concertations du président Sidi remplacées par celles du président Aziz.
3- Le retour des déportés du Sénégal (retour parrainé par le HCR et qui se poursuit encore).
4- Le soutien financier du président Aziz aux veuves
5- La décision récente, du président Aziz, de réintégrer 144 fonctionnaires de l'éducation nationale qui avaient été radiés en 1989.
Au plan international, nous continuons de traquer les officiers criminels qui sont protégés par une loi d'amnistie injuste en Mauritanie. Sur ce plan nous pouvons noter la condamnation à Nîmes à 10 ans de réclusion criminelle du capitaine Ely ould Dah (même s'il demeure à ce jour libre), le renvoi par les autorités françaises du colonel tortionnaire ould Boylil ou la fuite de Paris du Colonel directeur du génie militaire Mohamed ould Ahmed Salem.... Les manifestations, conférences et autres journées de commémoration pour dénoncer l'impunité des tortionnaires, exiger la création en toute transparence d'une commission nationale d'enquête et des réparations pour toutes les victimes ou de leurs ayant droits, se sont poursuivies et se poursuivront tant qu'il n'y aura pas une solution juste et définitive du passif humanitaire, malgré les engagements forts et répétés de l'actuel président de la république qu'il faut souligner et encourager.
C'est dire que nous n'avons pas chômé. En même temps, nous avons perdu beaucoup d'énergie en nous dressant les uns contre les autres, jusqu'à hypothéquer parfois dangereusement notre lutte commune. C'est pourquoi, je voudrais m'adresser solennellement à toutes les victimes de l'intérieur et de l'extérieur, les veuves, les orphelins, les rescapés civils et militaires, les amis de la Mauritanie, à tous les mauritaniens de toute composante ethnique, pour leur dire que nous avons grand besoin d'unité et de solidarité pour pousser et accompagner le processus du règlement du passif humanitaire.
Ce réglement du passif humanitaire est à notre avis la clé de la réconciliation nationale pouvant mener à la réalisation d'une nation véritable.
Notre lutte commune pour recouvrir nos droits, requiert de nous une solidarité, une confiance, et une grande discipline dans nos organisations. Il faut que nous nous respections avant d'exiger le respect d'autrui. Nous nous connaissons désormais suffisamment, tous ensemble nous portons de grandes et nobles causes:
- l'abolition de la torture
- la lutte contre le racisme
- la lutte contre l'impunité
- le problème des rescapés
- la réhabilitation de nos martyrs
- la promotion des langues nationales
- l'application de la loi criminalisant l'esclavage
- la mise sur pied d'une commission vérité et réconciliation
- l'égal accès aux médias d'état de toutes les composantes nationales
- la question de la cohabitation et du juste partage des richesses
- la question globale de la démocratie.
- etc.
Aucune de nos organisations à l'intérieur ou à l'extérieur de la Mauritanie ne peut porter seule ce très lourd fardeau.
L'actuel président de la République a donné quelques signaux en notre direction, posons nos revendications en toute responsabilité pour aider à trouver leurs justes solutions. A la suite du coup d'état du 6 août il y'a eu des divergences entre nos organisations dans l'appréciation de la situation politique du pays et son évolution. Depuis le 18 juillet un nouveau président a été élu par le peuple mauritanien, la page de la crise institutionnelle est tournée. Il ne doit y avoir aucune rancœur dans nos rangs, nous avions tous pris des positions par rapport à nos convictions, pour l'intérêt de nos organisations et du pays.
Que les partis ou mouvements politiques fassent leur travail, que les associations de victimes ou de droits de l'homme fassent le leur. Aucun mauritanien, aucune formation politique ou associative n'a plus de légitimité que d'autres pour parler de l'avenir de la Mauritanie.
C'est au dépassement et à l'unité que nous convions, au nom de l'AVOMM, les organisations des droits de l'homme et les associations de victimes à l'intérieur et à l'extérieur du pays. Unis, nous serons plus forts et plus audibles dans nos revendications.
Ousmane Abdoul Sarr
président de l'AVOMM