Le président de la République renversé par le coup d’état du 6 août 2008, Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, a signé le décret portant nomination du Gouvernement Transitoire d’Union Nationale (GTUN), vendredi soir au cours d’une cérémonie organisée au Centre International des Conférences de Nouakchott (CICN- Palais des Congrès). Et a annoncé, officiellement, sa démission de la présidence de la République. Une nouvelle étape décisive est franchie sur la voie de l’application de l’accord de Dakar.
Est-ce la fin des souffrances et l’entrée en vigueur d’une logique de compromis ou allait-on assister à de nouveaux blocages pour la prise de chaque décision ?Un événement dont la postérité retiendra qu’il s’est déroulé en présence d’un témoin privilégié, maître Abdoulaye Wade, chef de l’état sénégalais et médiateur en chef dans la crise, entouré des représentants du Groupe de Contact International sur la Mauritanie (GCIM).
En signant le décret de nomination du GTUN, le président de la République, désormais démissionnaire, dans l’acception constitutionnelle du terme, Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, a fait le bilan de ses 15 mois de magistère. Une période marquée par le renforcement des libertés collectives et individuelles, l’approfondissement de la Démocratie avec notamment la création de la Haute Cour de Justice (HCJ), le début du mouvement de rapatriement des réfugiés mauritaniens au Sénégal, le lancement du Programme Spécial d’Intervention (PSI) pour faire face à l’insécurité alimentaire….
Un exercice accompli grâce à un discours radio diffusé dont le cours a été émaillé de quelques « incidents » techniques, pas forcément involontaires, à l’origine de son interruption.
La diffusion a cependant repris plus tard pour permettre au président démissionnaire d’aller « au bout » de son discours.
En fait, le problème du canal de diffusion de l’allocation de Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi a même failli complètement « gâcher » la fête quand il a été porté à sa connaissance que les médias d’état, objet de manipulation depuis août 2008, étaient absents de la partie.
Pour parer au plus pressé : Arrivée en catastrophe de Radio Mauritanie. Alors que la TVM trouvait l’argument en «béton» de l’absence de moyens pour faire le direct.
Le forcing de maître Wade
Arrivé jeudi en fin d’après midi à Nouakchott, le président Abdoulaye Wade, médiateur en chef, a fait un véritable forcing pour parvenir à l’épilogue du vendredi soir.
Le contexte de ce troisième voyage en terre mauritanienne du médiateur sénégalais est marqué par une évolution politique récente dont les principales séquences sont le décret du président de la République intérimaire, Bâ Mamadou dit M’Baré, convoquant le collège électoral pour le scrutin présidentiel du 18 juillet 2009. Un acte réglementaire fixant le dernier délai de dépôt des candidatures à juste 48 heures après sa publication. Une démarche ressentie comme une véritable « provocation » par les forces politiques opposées au coup d’état.
Cependant, l’arrêt du Conseil Constitutionnel annulant le décret du président de la République intérimaire est venu fortement « décrisper » l’atmosphère tendue. Cela en dépit de la démarche singulière d’un bataillon de députés putschistes, dans le cadre d’une manœuvre sous marine visant à faire adopter par un vote parlementaire l’Accord Cadre de Dakar (ACD) comme une convention internationale. Histoire de trouver une norme juridique « supérieure » de nature à contrer l’arrêt du Conseil Constitutionnel.
Pire, ces mêmes parlementaires désormais nourris à la sève des coups d’état et de toutes les combines maléfiques contre la République, entretenaient l’idée d’un vote pour destituer le président de la haute juridiction. Un exercice pour lequel ils sont pourtant totalement incompétents.
Juste après avoir quitté le salon d’honneur de l’aéroport international de Nouakchott, le premier magistrat sénégalais installe son QG dans une villa du Palais des Congrès.
De la sorte, il entame pied au plancher le marathon des audiences qui commence avec les membres du Conseil Constitutionnel.
Il rencontre par la suite en aparté Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi. Le président renversé est reçu une deuxième fois avec une délégation du Front National pour la Défense de la Démocratie (FNDD). Après, c’est le tour du président du Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD), Ahmed Ould Daddah.
Ces intenses concertations avec la classe politique se déroulèrent jeudi soir.
Le tour du général Aziz
Le lendemain vendredi, c’est le tour du général Mohamed Ould Abdel Aziz, candidat à la présidentiel du 18 juillet prochain. L’ancien chef de l’état venait juste de rentrer dans la capitale par voie terrestre, après un égarement de son avion de « campagne » à l’Est et un épuisant voyage par voiture entre Tamchekett et Nouakchott.
L’entrevue entre maître Abdoulaye Wade et le général Mohamed Ould Abdel Aziz est brève. Sur de lui, Le candidat « des pauvres » sort de la rencontre et sacrifie au rituel des déclarations à l’emporte pièce: le maintien de la date de l’élection présidentielle et la non dissolution du HCE représentent des lignes rouges.
Pourtant quelques heures après, les compagnons du général entament une réunion d’auto dissolution par rapport aux résultats de laquelle Sidi Ould Cheikh Abdallahi conditionne le prononcé de son discours de démission.
Le Haut Conseil d’Etat (HCE) prend finalement la dénomination de Conseil National de Défense (CND)- une institution prévue par la constitution. Il est placé sous l’autorité du Gouvernement Transitoire d’Union National (GTUN).
Fin du désaccord ?
Après la formation du nouveau gouvernement démission du président de la République, la question fondamentale est de savoir si les trois pôles de la crise politique et institutionnelle en Mauritanie ont dépassé le temps du désaccord ? Ce qui permettrait naturellement une gestion consensuel du processus de transition au cours de la période nous séparant du scrutin présidentiel.
Ou alors, d’autres problèmes vont-ils encore surgir ? Un cas de figure hautement probable avec la date du 18 juillet, techniquement « intenable » pour l’organisation du vote, selon certains candidats et ligne rouge pour d’autres.
L’expérience qui nous venons de vivre avec l’application de l’accord de Dakar laisserait que rien n’est facile dans les relations entre les partenaires de la crise et que le gouvernement a de minces chances de travailler comme une seul équipe. Si cela se confirmerait, il faut s’attendre à de nouvelles crises et à de nouvelles sueurs froides…
Kouchka
Source: Biladi
Est-ce la fin des souffrances et l’entrée en vigueur d’une logique de compromis ou allait-on assister à de nouveaux blocages pour la prise de chaque décision ?Un événement dont la postérité retiendra qu’il s’est déroulé en présence d’un témoin privilégié, maître Abdoulaye Wade, chef de l’état sénégalais et médiateur en chef dans la crise, entouré des représentants du Groupe de Contact International sur la Mauritanie (GCIM).
En signant le décret de nomination du GTUN, le président de la République, désormais démissionnaire, dans l’acception constitutionnelle du terme, Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, a fait le bilan de ses 15 mois de magistère. Une période marquée par le renforcement des libertés collectives et individuelles, l’approfondissement de la Démocratie avec notamment la création de la Haute Cour de Justice (HCJ), le début du mouvement de rapatriement des réfugiés mauritaniens au Sénégal, le lancement du Programme Spécial d’Intervention (PSI) pour faire face à l’insécurité alimentaire….
Un exercice accompli grâce à un discours radio diffusé dont le cours a été émaillé de quelques « incidents » techniques, pas forcément involontaires, à l’origine de son interruption.
La diffusion a cependant repris plus tard pour permettre au président démissionnaire d’aller « au bout » de son discours.
En fait, le problème du canal de diffusion de l’allocation de Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi a même failli complètement « gâcher » la fête quand il a été porté à sa connaissance que les médias d’état, objet de manipulation depuis août 2008, étaient absents de la partie.
Pour parer au plus pressé : Arrivée en catastrophe de Radio Mauritanie. Alors que la TVM trouvait l’argument en «béton» de l’absence de moyens pour faire le direct.
Le forcing de maître Wade
Arrivé jeudi en fin d’après midi à Nouakchott, le président Abdoulaye Wade, médiateur en chef, a fait un véritable forcing pour parvenir à l’épilogue du vendredi soir.
Le contexte de ce troisième voyage en terre mauritanienne du médiateur sénégalais est marqué par une évolution politique récente dont les principales séquences sont le décret du président de la République intérimaire, Bâ Mamadou dit M’Baré, convoquant le collège électoral pour le scrutin présidentiel du 18 juillet 2009. Un acte réglementaire fixant le dernier délai de dépôt des candidatures à juste 48 heures après sa publication. Une démarche ressentie comme une véritable « provocation » par les forces politiques opposées au coup d’état.
Cependant, l’arrêt du Conseil Constitutionnel annulant le décret du président de la République intérimaire est venu fortement « décrisper » l’atmosphère tendue. Cela en dépit de la démarche singulière d’un bataillon de députés putschistes, dans le cadre d’une manœuvre sous marine visant à faire adopter par un vote parlementaire l’Accord Cadre de Dakar (ACD) comme une convention internationale. Histoire de trouver une norme juridique « supérieure » de nature à contrer l’arrêt du Conseil Constitutionnel.
Pire, ces mêmes parlementaires désormais nourris à la sève des coups d’état et de toutes les combines maléfiques contre la République, entretenaient l’idée d’un vote pour destituer le président de la haute juridiction. Un exercice pour lequel ils sont pourtant totalement incompétents.
Juste après avoir quitté le salon d’honneur de l’aéroport international de Nouakchott, le premier magistrat sénégalais installe son QG dans une villa du Palais des Congrès.
De la sorte, il entame pied au plancher le marathon des audiences qui commence avec les membres du Conseil Constitutionnel.
Il rencontre par la suite en aparté Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi. Le président renversé est reçu une deuxième fois avec une délégation du Front National pour la Défense de la Démocratie (FNDD). Après, c’est le tour du président du Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD), Ahmed Ould Daddah.
Ces intenses concertations avec la classe politique se déroulèrent jeudi soir.
Le tour du général Aziz
Le lendemain vendredi, c’est le tour du général Mohamed Ould Abdel Aziz, candidat à la présidentiel du 18 juillet prochain. L’ancien chef de l’état venait juste de rentrer dans la capitale par voie terrestre, après un égarement de son avion de « campagne » à l’Est et un épuisant voyage par voiture entre Tamchekett et Nouakchott.
L’entrevue entre maître Abdoulaye Wade et le général Mohamed Ould Abdel Aziz est brève. Sur de lui, Le candidat « des pauvres » sort de la rencontre et sacrifie au rituel des déclarations à l’emporte pièce: le maintien de la date de l’élection présidentielle et la non dissolution du HCE représentent des lignes rouges.
Pourtant quelques heures après, les compagnons du général entament une réunion d’auto dissolution par rapport aux résultats de laquelle Sidi Ould Cheikh Abdallahi conditionne le prononcé de son discours de démission.
Le Haut Conseil d’Etat (HCE) prend finalement la dénomination de Conseil National de Défense (CND)- une institution prévue par la constitution. Il est placé sous l’autorité du Gouvernement Transitoire d’Union National (GTUN).
Fin du désaccord ?
Après la formation du nouveau gouvernement démission du président de la République, la question fondamentale est de savoir si les trois pôles de la crise politique et institutionnelle en Mauritanie ont dépassé le temps du désaccord ? Ce qui permettrait naturellement une gestion consensuel du processus de transition au cours de la période nous séparant du scrutin présidentiel.
Ou alors, d’autres problèmes vont-ils encore surgir ? Un cas de figure hautement probable avec la date du 18 juillet, techniquement « intenable » pour l’organisation du vote, selon certains candidats et ligne rouge pour d’autres.
L’expérience qui nous venons de vivre avec l’application de l’accord de Dakar laisserait que rien n’est facile dans les relations entre les partenaires de la crise et que le gouvernement a de minces chances de travailler comme une seul équipe. Si cela se confirmerait, il faut s’attendre à de nouvelles crises et à de nouvelles sueurs froides…
Kouchka
Source: Biladi