Accueil contrasté pour le nouveau gouvernement. Si le microcosme nouakchottois est sceptique, ce n’est pas le cas de l’opinion en général. Il est en effet surprenant de constater que la tension a baissé, comme si ‘on’ était quelque part rassuré par la composition ‘politique’.
D’aucuns vous l’expliquent par la présence de figures connues pour leur ‘prodigalité’. D’autres vous disent que les choix se sont portés sur des gens connus, ayant une certaine expérience des affaires de l’Etat et donc ‘moins étrangers’ du point de vue du public. Pour les plus objectifs des observateurs, le caractère ‘politique’ du Gouvernement est en lui seul une notable avancée sur la voie de l’établissement de nouvelles pratiques. Il est désormais acquis qu’un gouvernement doit discuter avec ses partenaires – protagonistes et alliés – de la composition nouvelle. Autre nouveauté, chaque parti s’engage à donner les meilleurs noms, ou du moins les plus représentatifs dans sa configuration.
Le Parti national pour la démocratie et le développement (PNDD, Adil pour les intimes) a fourni en grande partie des membres de son bureau politique, sinon de son conseil national. Donc des membres de ses instances dirigeantes. D’ailleurs la plupart des promus ont tenu à faire apparaître leurs fonctions politiques dans les C-V officiels publiés.
C’est, après le président du parti Yahya Ould Ahmed Waghf, Premier ministre, le cas de Boydiel Ould Hoummoid nommé au poste de ministre secrétaire général de la présidence. Vice-président de Adil, Ould Hoummoid est un administrateur de régie financière. Né en 1953, il a occupé plusieurs postes dont Trésorier, plusieurs fois ministres. Le syndicaliste qu’il est s’est toujours fait une place à l’ombre du pouvoir qui le jugeait incontournable. Même quand il est allé à contre-courant en 2005, au lendemain du coup d’août, le président du CMJD n’avait trouvé d’autre voie que celle de l’amadouer et de chercher à en faire un allié. En le nommant à la place de Ould Ahmed Waghf, le Président Ould Cheikh Abdallahi va lui confier les dossiers des réfugiés et du Programme spécial d’intervention dont son prédécesseur s’est occupé plutôt bien. Un poids lourd à la présidence manquait dans la configuration civile d’avant.
Toujours à la présidence, c’est Cheyakh Ould Ely qui remplace Sidi Mohamed Ould Amajar nommé Délégué général pour la promotion de l'investissement privé. Le cabinet présidentiel a jusque-là été en-deçà du rôle qui lui est dévolu. On est loin – très loin – de l’époque Louleid Ould Wedad où tout se faisait et se défaisait au cabinet présidentiel. L’adjoint de Ould Amajar, Mohamedou Ould Tijany, a été mal exploité car n’ayant pas eu les coudées franches pour créer un embryon de système. Les ‘Maures du Niger’ partagent cette méconnaissance parfaite de la Mauritanie actuelle. Ould Ely, le nouveau DIRCAB, a une expérience politique (ancien Baath), militant et cadre du PRDS, ancien secrétaire d’Etat au Maghreb, est nettement plus ouvert et plus indiqué pour réhabiliter le rôle prépondérant du cabinet.
Comme ministre de la justice, le choix s’est porté sur Yahya Ould Sid’el Moustaph qui est aussi membre du directoire politique de Adil. Sa formation d’administrateur, son origine sociale, le prédisposent à occuper à un poste comme celui-là. Saura-t-il renouer avec les réformes entreprises par Me Mahfoudh Ould Bettah pendant la transition. Le retard est grand parce que la Mauritanie a fait des pas en arrière. Ould Sid’el Moustaph est obligé de remettre de l’ordre dans un corps de Magistrats qui souffrent de multiples maux.
Comme ministre des Affaires étrangères et de la coopération, c’est un Adil, Cheikh El Avia Ould Mohamed Khouna qui est nommé. Un poste qu’il a déjà occupé. L’éducation, le parcours de l’ancien Premier ministre lui seront d’un grand secours. La diplomatie mauritanienne reste à inventer par la mise en place d’une stratégie globale et le choix d’hommes adéquats. Redonner à la Mauritanie son rôle de trait-d’union, de terre de convergence arabo-africaine. Réhabiliter ces vocations naturelles et renouer avec l’humilité qui a marqué les choix. La sortie de la CEDEAO, la reconnaissance d’Israël, la coupure des relations avec l’Iraq, l’inscription du Maroc aux côtés d’Israël et de l’Afrique du Sud (années 80) sont autant d’extravagances qui ont marqué les tâtonnements des régimes militaires. Ce n’est pas le Président Ould Cheikh Abdallahi qui va le freiner s’il veut apporter du nouveau.
Ministre de l'intérieur : Mohamed Yehdhih Ould Moctar El Hacen, une personnalité et un caractère. Là aussi beaucoup de choses à faire. Depuis le fameux projet initié par Mohamed Ould Maawiya sous la houlette de feu Ahmed Ould Minnih, la réforme de l’administration a été un vœu pieux. Tout observateur averti plaindrait le président de Alternative, initiateur du Mithaq, devant l’ampleur de la tâche. Quand on sait le niveau de ses collaborateurs immédiats, il y a de quoi s’inquiéter pour lui.
Retour à la direction de Adil, Kane Moustapha est nommé ministre du pétrole et des mines. Ancien ministre, son nom a été lié à l’affaire de la raffinerie. La première vente qui a finalement coûté plus de quatre millions dollars après l’arrangement à l’amiable préconisé par les avocats français. Une affaire qui a impliqué nombre de personnalités de l’ancien régime. Il arrive dans un ministère qui est l’objet de beaucoup de fantasmes. Et où l’opacité est de règle.
Plus Adil que Me Salma Mint Tegueddi, tu meurs. Elle devient ministre du commerce et de l’industrie. Aucune prédisposition pour la descendante de la lignée Lemtouna, première population du pays, à diriger ce département.
Le ministère des transports est confié à Bebbaha Ould Ahmed Youra, ancien directeur du port autonome de Nouadhibou. Il est revenu cette semaine où son départ a été l’objet de cérémonies de tristes adieux. C’est dire qu’il a laissé de grands souvenirs. D’abord de gestionnaire juste et visionnaire. Ensuite d’homme à l’écoute de tous. Plusieurs fois secrétaire général de ministères, il a été directeur de la SONELEC, de la SONIMEX et du Port de Nouadhibou. Le parcours politique de Ould Ahmed Youra est inégalable : du Parti du peuple à l’Union des forces démocratiques, premier parti d’opposition des années 90. Redoutable négociateur, Ould Ahmed Youra bénéficie d’une image surfaite de manipulateur, entretenue par ses détracteurs et concurrents politiques. En réalité, il est l’ineffable expression de la culture iguidienne faite de mesure et d’écoute.
Autre secrétaire exécutif de Adil, Mohamed Ould R'zeizim qui va à l’hydraulique et l’énergie, moins les TIC’s. Cet administrateur civil a prouvé ses compétences de meneur par le passé. En d’autres temps, il a appartenu à quelques (très) rares administrateurs qui n’ont pas versé dans le zèle vulgaire. Ce qui lui vaudra d’être victime d’un montage grossier au lendemain du 8 juin 2003. Ce qu’on avait appelé à l’époque ‘le délit de parenté’, l’avait mis sur la voie de la traversée du désert. Homme politique averti et confirmé, il s’est retrouvé sans mal secrétaire exécutif de Adil. Comme il est aussi un homme du terroir, Ould R’zeizim n’aura aucun mal à apporter du nouveau dans un secteur essentiel pour les populations et pour le programme du Président dont l’intéressé avait été directeur de campagne à Nouakchott dans l’entre-deux-tours. L’ancrage social et politique lui donne des atouts certains.
A la culture et à la Communication, c’est un autre Adil qui échout : Mohamed Ould Amar qui était jusque-là directeur de l’ENS. A la Fonction publique et la Modernisation de l'Administration, c’est Moustapha Ould Hamoud, ancien directeur d’Air Mauritanie, qui remplace Aziz Ould Dahi. Le ministre partant regretté pour tout le travail qu’il abattu en si peu de temps. En choisissant un groupe de cadre de grandes compétences, Ould Dahi s’est assuré une réussite dans un département clé dans le projet de changement. Le seul ministre dont l’action et la réussite ne font l’objet d’aucune remise en cause a été congédié. De quoi être inquiet…
Ministre chargé des Relations avec le Parlement et la Société civile, c’est Sidney Sokhona qui est déjà député ; Secrétaire général du Gouvernement : Bâ Abdoulaye Mamadou,ancien directeur de la SOMIR et de l’ENER ; Secrétaire d'Etat auprès du Ministère de l'Economie et des Finances chargé du Budget : Sid'Ahmed Ould Rayes, ancien ministre du commerce ; Secrétaire d'Etat chargé des Mauritaniens à l'Etranger : Mohamed Ould Mohamedou,éphémère CSA du début du régime civil ; Secrétaire d'Etat chargé des TIC : Abdallahi Ould Ely Ould Benane, ancien directeur commercial de la SMCP.
Le deuxième parti pour le nombre de postes pourvus est l’APP de Messaoud Ould Boulkheir. Avec ses cinq députés, APP continue d’engranger les bénéfices de sa position au second tour : Messaoud est tours président de l’Assemblée, le parti a trois ministres.
Ministre de l'agriculture et de l'élevage : Corréra Issagha qui garde sa place. Probablement qu’il a satisfait dans l’exercice passé. Deux nouveaux font leur entrée : Mohamed Ould Bourboss au ministère du sport et de la jeunesse, un professeur qui a fait ses classes politiques dans l’ombre de Ould Boulkheir ; Mohamed Lemine Ould Naty qui va au Maghreb Arabe, une sorte de revanche de l’histoire quand on sait que l’intéressé avait démissionné du poste de directeur de cabinet du secrétariat d’Etat au Maghreb en 1996, pour protester contre la politique de l’époque.
Autre parti avec trois porte-feuilles : l’Union des forces du progrès (UFP). Elle a proposé Assane Soumaré au poste qu’il occupait déjà, la pêche. Sa réussite y est pour quelque chose. Mais là où ce parti progressiste a ‘faibli’, c’est en proposant Mohamed Ould Khlil, ancien Wali de Nouakchott, monolingue et nouvelle recrue. Le prétexte : le récompenser pour son engagement dans le parti. L’inconvénient : l’inquiétude des populations de Fallouja (quartier de Nouakchott où la multiplicité des emplois et des octrois pose problème). Last but not least : Bâ Boubakar Moussa, vice-président de l’UFP, figure emblématique du parti, et bien avant du MND, se retrouve ministre conseiller du Président de la République. Sa sagesse, la clarté de ses idées, sa franchise changeront certainement l’atmosphère de cet espace qui tend à être clos. En tout cas assez pour déranger certaines certitudes.
Pour Atawasul (Islamistes), la part qui revient est de deux ministères. Le ministère de l'enseignement supérieur revient à Mohamed Mahmoud Ould Seyidi qui a été l’un des chefs syndicaux du corps enseignant du supérieur. Lequel a été secoué par une grève qui a été annoncée pour 45 jours, il y a quelques semaines et qui a fini en queue de poisson. Le ministère de l’emploi, de l’insertion et de la formation professionnelle revient à Habib Ould Hemdeit, un professeur qui n’a pas de grande expérience de gestion. Il s’agit quand même d’une figure historique du mouvement islamiste en Mauritanie. Pour cela il est allé plusieurs fois en prison.
Malgré son bagage intellectuel aussi bien traditionnelle que moderne, on mettra du temps à comprendre comment Dahane Ould Ahmed Mahmoud a échoué aux affaires islamiques. L’ancien capitaine de frégate – c’est comme ça comme on dit ? ou dit-on lieutenant de Vaisseau ? – a-t-il pour mission de moderniser un département jusque-là confié à de vieux marabouts n’ayant d’autre référentiel que le cursus traditionnel ? Peut-être. Il est promu au nom du parti al Vadila, ce qui irrite un peu le chef de ce parti.
Autre singleton, celui du PRDR, Dahmoud Ould Merzoug à qui a été confié l'Environnement. Ancien secrétaire général du ministère du développement rural et de l’environnement, Ould Merzoug a occupé plusieurs postes relevant du secteur.
En conclusion, on peut noter que le plus jeune des promus est Mohamed Ould Mohamedou qui serait né en 1970. Le plus vieux est Ould Mokhtar el Hacen qui est né en 1948. 22 ans séparent les deux hommes, pas assez pour créer une nouvelle classe politique.
Mohamed Fouad Barrada
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Source: www.barrada.unblog.fr
(M)
D’aucuns vous l’expliquent par la présence de figures connues pour leur ‘prodigalité’. D’autres vous disent que les choix se sont portés sur des gens connus, ayant une certaine expérience des affaires de l’Etat et donc ‘moins étrangers’ du point de vue du public. Pour les plus objectifs des observateurs, le caractère ‘politique’ du Gouvernement est en lui seul une notable avancée sur la voie de l’établissement de nouvelles pratiques. Il est désormais acquis qu’un gouvernement doit discuter avec ses partenaires – protagonistes et alliés – de la composition nouvelle. Autre nouveauté, chaque parti s’engage à donner les meilleurs noms, ou du moins les plus représentatifs dans sa configuration.
Le Parti national pour la démocratie et le développement (PNDD, Adil pour les intimes) a fourni en grande partie des membres de son bureau politique, sinon de son conseil national. Donc des membres de ses instances dirigeantes. D’ailleurs la plupart des promus ont tenu à faire apparaître leurs fonctions politiques dans les C-V officiels publiés.
C’est, après le président du parti Yahya Ould Ahmed Waghf, Premier ministre, le cas de Boydiel Ould Hoummoid nommé au poste de ministre secrétaire général de la présidence. Vice-président de Adil, Ould Hoummoid est un administrateur de régie financière. Né en 1953, il a occupé plusieurs postes dont Trésorier, plusieurs fois ministres. Le syndicaliste qu’il est s’est toujours fait une place à l’ombre du pouvoir qui le jugeait incontournable. Même quand il est allé à contre-courant en 2005, au lendemain du coup d’août, le président du CMJD n’avait trouvé d’autre voie que celle de l’amadouer et de chercher à en faire un allié. En le nommant à la place de Ould Ahmed Waghf, le Président Ould Cheikh Abdallahi va lui confier les dossiers des réfugiés et du Programme spécial d’intervention dont son prédécesseur s’est occupé plutôt bien. Un poids lourd à la présidence manquait dans la configuration civile d’avant.
Toujours à la présidence, c’est Cheyakh Ould Ely qui remplace Sidi Mohamed Ould Amajar nommé Délégué général pour la promotion de l'investissement privé. Le cabinet présidentiel a jusque-là été en-deçà du rôle qui lui est dévolu. On est loin – très loin – de l’époque Louleid Ould Wedad où tout se faisait et se défaisait au cabinet présidentiel. L’adjoint de Ould Amajar, Mohamedou Ould Tijany, a été mal exploité car n’ayant pas eu les coudées franches pour créer un embryon de système. Les ‘Maures du Niger’ partagent cette méconnaissance parfaite de la Mauritanie actuelle. Ould Ely, le nouveau DIRCAB, a une expérience politique (ancien Baath), militant et cadre du PRDS, ancien secrétaire d’Etat au Maghreb, est nettement plus ouvert et plus indiqué pour réhabiliter le rôle prépondérant du cabinet.
Comme ministre de la justice, le choix s’est porté sur Yahya Ould Sid’el Moustaph qui est aussi membre du directoire politique de Adil. Sa formation d’administrateur, son origine sociale, le prédisposent à occuper à un poste comme celui-là. Saura-t-il renouer avec les réformes entreprises par Me Mahfoudh Ould Bettah pendant la transition. Le retard est grand parce que la Mauritanie a fait des pas en arrière. Ould Sid’el Moustaph est obligé de remettre de l’ordre dans un corps de Magistrats qui souffrent de multiples maux.
Comme ministre des Affaires étrangères et de la coopération, c’est un Adil, Cheikh El Avia Ould Mohamed Khouna qui est nommé. Un poste qu’il a déjà occupé. L’éducation, le parcours de l’ancien Premier ministre lui seront d’un grand secours. La diplomatie mauritanienne reste à inventer par la mise en place d’une stratégie globale et le choix d’hommes adéquats. Redonner à la Mauritanie son rôle de trait-d’union, de terre de convergence arabo-africaine. Réhabiliter ces vocations naturelles et renouer avec l’humilité qui a marqué les choix. La sortie de la CEDEAO, la reconnaissance d’Israël, la coupure des relations avec l’Iraq, l’inscription du Maroc aux côtés d’Israël et de l’Afrique du Sud (années 80) sont autant d’extravagances qui ont marqué les tâtonnements des régimes militaires. Ce n’est pas le Président Ould Cheikh Abdallahi qui va le freiner s’il veut apporter du nouveau.
Ministre de l'intérieur : Mohamed Yehdhih Ould Moctar El Hacen, une personnalité et un caractère. Là aussi beaucoup de choses à faire. Depuis le fameux projet initié par Mohamed Ould Maawiya sous la houlette de feu Ahmed Ould Minnih, la réforme de l’administration a été un vœu pieux. Tout observateur averti plaindrait le président de Alternative, initiateur du Mithaq, devant l’ampleur de la tâche. Quand on sait le niveau de ses collaborateurs immédiats, il y a de quoi s’inquiéter pour lui.
Retour à la direction de Adil, Kane Moustapha est nommé ministre du pétrole et des mines. Ancien ministre, son nom a été lié à l’affaire de la raffinerie. La première vente qui a finalement coûté plus de quatre millions dollars après l’arrangement à l’amiable préconisé par les avocats français. Une affaire qui a impliqué nombre de personnalités de l’ancien régime. Il arrive dans un ministère qui est l’objet de beaucoup de fantasmes. Et où l’opacité est de règle.
Plus Adil que Me Salma Mint Tegueddi, tu meurs. Elle devient ministre du commerce et de l’industrie. Aucune prédisposition pour la descendante de la lignée Lemtouna, première population du pays, à diriger ce département.
Le ministère des transports est confié à Bebbaha Ould Ahmed Youra, ancien directeur du port autonome de Nouadhibou. Il est revenu cette semaine où son départ a été l’objet de cérémonies de tristes adieux. C’est dire qu’il a laissé de grands souvenirs. D’abord de gestionnaire juste et visionnaire. Ensuite d’homme à l’écoute de tous. Plusieurs fois secrétaire général de ministères, il a été directeur de la SONELEC, de la SONIMEX et du Port de Nouadhibou. Le parcours politique de Ould Ahmed Youra est inégalable : du Parti du peuple à l’Union des forces démocratiques, premier parti d’opposition des années 90. Redoutable négociateur, Ould Ahmed Youra bénéficie d’une image surfaite de manipulateur, entretenue par ses détracteurs et concurrents politiques. En réalité, il est l’ineffable expression de la culture iguidienne faite de mesure et d’écoute.
Autre secrétaire exécutif de Adil, Mohamed Ould R'zeizim qui va à l’hydraulique et l’énergie, moins les TIC’s. Cet administrateur civil a prouvé ses compétences de meneur par le passé. En d’autres temps, il a appartenu à quelques (très) rares administrateurs qui n’ont pas versé dans le zèle vulgaire. Ce qui lui vaudra d’être victime d’un montage grossier au lendemain du 8 juin 2003. Ce qu’on avait appelé à l’époque ‘le délit de parenté’, l’avait mis sur la voie de la traversée du désert. Homme politique averti et confirmé, il s’est retrouvé sans mal secrétaire exécutif de Adil. Comme il est aussi un homme du terroir, Ould R’zeizim n’aura aucun mal à apporter du nouveau dans un secteur essentiel pour les populations et pour le programme du Président dont l’intéressé avait été directeur de campagne à Nouakchott dans l’entre-deux-tours. L’ancrage social et politique lui donne des atouts certains.
A la culture et à la Communication, c’est un autre Adil qui échout : Mohamed Ould Amar qui était jusque-là directeur de l’ENS. A la Fonction publique et la Modernisation de l'Administration, c’est Moustapha Ould Hamoud, ancien directeur d’Air Mauritanie, qui remplace Aziz Ould Dahi. Le ministre partant regretté pour tout le travail qu’il abattu en si peu de temps. En choisissant un groupe de cadre de grandes compétences, Ould Dahi s’est assuré une réussite dans un département clé dans le projet de changement. Le seul ministre dont l’action et la réussite ne font l’objet d’aucune remise en cause a été congédié. De quoi être inquiet…
Ministre chargé des Relations avec le Parlement et la Société civile, c’est Sidney Sokhona qui est déjà député ; Secrétaire général du Gouvernement : Bâ Abdoulaye Mamadou,ancien directeur de la SOMIR et de l’ENER ; Secrétaire d'Etat auprès du Ministère de l'Economie et des Finances chargé du Budget : Sid'Ahmed Ould Rayes, ancien ministre du commerce ; Secrétaire d'Etat chargé des Mauritaniens à l'Etranger : Mohamed Ould Mohamedou,éphémère CSA du début du régime civil ; Secrétaire d'Etat chargé des TIC : Abdallahi Ould Ely Ould Benane, ancien directeur commercial de la SMCP.
Le deuxième parti pour le nombre de postes pourvus est l’APP de Messaoud Ould Boulkheir. Avec ses cinq députés, APP continue d’engranger les bénéfices de sa position au second tour : Messaoud est tours président de l’Assemblée, le parti a trois ministres.
Ministre de l'agriculture et de l'élevage : Corréra Issagha qui garde sa place. Probablement qu’il a satisfait dans l’exercice passé. Deux nouveaux font leur entrée : Mohamed Ould Bourboss au ministère du sport et de la jeunesse, un professeur qui a fait ses classes politiques dans l’ombre de Ould Boulkheir ; Mohamed Lemine Ould Naty qui va au Maghreb Arabe, une sorte de revanche de l’histoire quand on sait que l’intéressé avait démissionné du poste de directeur de cabinet du secrétariat d’Etat au Maghreb en 1996, pour protester contre la politique de l’époque.
Autre parti avec trois porte-feuilles : l’Union des forces du progrès (UFP). Elle a proposé Assane Soumaré au poste qu’il occupait déjà, la pêche. Sa réussite y est pour quelque chose. Mais là où ce parti progressiste a ‘faibli’, c’est en proposant Mohamed Ould Khlil, ancien Wali de Nouakchott, monolingue et nouvelle recrue. Le prétexte : le récompenser pour son engagement dans le parti. L’inconvénient : l’inquiétude des populations de Fallouja (quartier de Nouakchott où la multiplicité des emplois et des octrois pose problème). Last but not least : Bâ Boubakar Moussa, vice-président de l’UFP, figure emblématique du parti, et bien avant du MND, se retrouve ministre conseiller du Président de la République. Sa sagesse, la clarté de ses idées, sa franchise changeront certainement l’atmosphère de cet espace qui tend à être clos. En tout cas assez pour déranger certaines certitudes.
Pour Atawasul (Islamistes), la part qui revient est de deux ministères. Le ministère de l'enseignement supérieur revient à Mohamed Mahmoud Ould Seyidi qui a été l’un des chefs syndicaux du corps enseignant du supérieur. Lequel a été secoué par une grève qui a été annoncée pour 45 jours, il y a quelques semaines et qui a fini en queue de poisson. Le ministère de l’emploi, de l’insertion et de la formation professionnelle revient à Habib Ould Hemdeit, un professeur qui n’a pas de grande expérience de gestion. Il s’agit quand même d’une figure historique du mouvement islamiste en Mauritanie. Pour cela il est allé plusieurs fois en prison.
Malgré son bagage intellectuel aussi bien traditionnelle que moderne, on mettra du temps à comprendre comment Dahane Ould Ahmed Mahmoud a échoué aux affaires islamiques. L’ancien capitaine de frégate – c’est comme ça comme on dit ? ou dit-on lieutenant de Vaisseau ? – a-t-il pour mission de moderniser un département jusque-là confié à de vieux marabouts n’ayant d’autre référentiel que le cursus traditionnel ? Peut-être. Il est promu au nom du parti al Vadila, ce qui irrite un peu le chef de ce parti.
Autre singleton, celui du PRDR, Dahmoud Ould Merzoug à qui a été confié l'Environnement. Ancien secrétaire général du ministère du développement rural et de l’environnement, Ould Merzoug a occupé plusieurs postes relevant du secteur.
En conclusion, on peut noter que le plus jeune des promus est Mohamed Ould Mohamedou qui serait né en 1970. Le plus vieux est Ould Mokhtar el Hacen qui est né en 1948. 22 ans séparent les deux hommes, pas assez pour créer une nouvelle classe politique.
Mohamed Fouad Barrada
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Source: www.barrada.unblog.fr
(M)