
« Ô temps suspends ton vol !
Pour que demeurent indélébiles dans la mémoire collective nos faits d’armes passés. Pour que jamais les empêcheurs-de-planer-haut n’exigent de nous l’abandon de notre petit nuage doucereux, pour le cambouis d’une lutte devenue complexe. Pour que le mythe si virilement entretenu par nos slogans mille fois remâchés résiste aux craquelures du réel.
Ô temps suspends ton vol !
Pour que la légende des endormis force la somnolence des éveillés. Pour que nos dos tournés au futur, nos regards bercés par les rivages du passé ne croise point les yeux de ceux qui nous invitent au présent.
Temps chéri, temps immobile, temps gardien de notre gloire passée, temps complice de nos victoires rêvées, nous te prions de brouiller les pistes ; afin que notre amnésie devienne méthode, et notre cécité le filtre de nos vieilles angoisses politiques. Temps architecte, temps poète, remodèle le pouvoir des mots, afin que la certitude des ainés survive à la vérité des cadets. Temps immuable, temps protecteur, épargne-nous la faiblesse de l’autocritique. Détourne nos regards du miroir éblouissant de nos manquements, de nos sordides querelles byzantines, afin que nous apparaisse seule et indéboulonnable, l’image que nous avons voulue de nous-mêmes, celle de notre cybernétique bravoure, porteuse de notre victoire sur nous-mêmes.
Nous voilà soumis à la salve des insoumis, ô temps complice de nos berceuses, remets à l’étrier le pied du cavalier sans monture, afin que la fuite en avant permette de sauver les apparences. »
Telle est donc le piètre appel de ceux qui ne veulent rien humer de l’air du temps. Puisse la gifle du Temps les tirer de leur torpeur !
Alpha Amare
Source: Alpha Amare
Pour que demeurent indélébiles dans la mémoire collective nos faits d’armes passés. Pour que jamais les empêcheurs-de-planer-haut n’exigent de nous l’abandon de notre petit nuage doucereux, pour le cambouis d’une lutte devenue complexe. Pour que le mythe si virilement entretenu par nos slogans mille fois remâchés résiste aux craquelures du réel.
Ô temps suspends ton vol !
Pour que la légende des endormis force la somnolence des éveillés. Pour que nos dos tournés au futur, nos regards bercés par les rivages du passé ne croise point les yeux de ceux qui nous invitent au présent.
Temps chéri, temps immobile, temps gardien de notre gloire passée, temps complice de nos victoires rêvées, nous te prions de brouiller les pistes ; afin que notre amnésie devienne méthode, et notre cécité le filtre de nos vieilles angoisses politiques. Temps architecte, temps poète, remodèle le pouvoir des mots, afin que la certitude des ainés survive à la vérité des cadets. Temps immuable, temps protecteur, épargne-nous la faiblesse de l’autocritique. Détourne nos regards du miroir éblouissant de nos manquements, de nos sordides querelles byzantines, afin que nous apparaisse seule et indéboulonnable, l’image que nous avons voulue de nous-mêmes, celle de notre cybernétique bravoure, porteuse de notre victoire sur nous-mêmes.
Nous voilà soumis à la salve des insoumis, ô temps complice de nos berceuses, remets à l’étrier le pied du cavalier sans monture, afin que la fuite en avant permette de sauver les apparences. »
Telle est donc le piètre appel de ceux qui ne veulent rien humer de l’air du temps. Puisse la gifle du Temps les tirer de leur torpeur !
Alpha Amare
Source: Alpha Amare