
Si la dénonciation d’un sans papiers par une agence du Pôle Emploi passe mal auprès des syndicats et associations humanitaires locales, cet exemple d’étroite collaboration entre un service de l’état et la police n’est pourtant pas un cas isolé. «En Rhône-Alpes, il y a deux ans, un agent de l’Anpe avait convoqué, à la demande de sa hiérarchie, un demandeur d’emploi sans papiers», raconte Véronique Legrand, syndicaliste (FNU) au Pôle Emploi du Loiret. «Le jour du rendez-vous, la police de l’air et des frontières était présente. Après cet épisode, nous avons décidé de créer le Réseau éducation, formation et insertion (REFI-ndlr) pour dénoncer le dévoiement de nos missions». Si ces militants montrent du doigt ce qu’ils considèrent comme une forme élaborée de «délation», la démarche de l’agence orléanaise Pôle Emploi semble très différente. «On lui a tout simplement tendu un piège», tranche Damien Nantes, cadre national de la Cimade. «Cette démarche rentre dans la politique de chasse aux étrangers, même si les pouvoirs publics réfutent ce terme». Pour Véronique Legrand, rien de surprenant à ce dérapage. Selon elle, «les décrets successifs incitant à la délation, dont celui d’octobre 2007», alimentent une politique interne offensive à l’encontre des sans papiers.
Contactée par Libération, la direction régionale du Pôle Emploi prend cette affaire de haut, pour finalement botter en touche. Elle dit «ne pas vouloir commenter les cas particuliers». Une manière habile de contourner la difficulté de justifier la présence de policiers le jour de la convocation du demandeur d’emploi mauritanien. Elle s’appuie également sur des textes de loi obligeant les agents à vérifier les pièces d’identité des détenteurs de permis de séjour. Et s’auto congratule de ne pas avoir, au final, «porté plainte», puisque Dah n’aura jamais perçu la moindre indemnité. Lui qui a pourtant cotisé cinq années durant. «Ce qui est troublant c’est qu’il ait été arrêté quelques jours seulement avant son passage aux prud’hommes pour licenciement abusif. Son ancien employeur l’avait licencié pour avoir volé trois bonbons dans un sac posé sur un bureau de l’entreprise qu’il nettoyait…».
Malheureusement pour le zèle militant du Pôle Emploi d’Orléans, bon nombre de Mauritaniens font partie des «ni-ni». Ni régularisables, et surtout ni expulsables, leur ambassade se refusant à délivrer les précieux laisser passer nécessaires à leur expulsion. C’est peut-être cet état de fait et les conditions douteuses de l’interpellation qui ont conduit le juge des libertés à prononcer sa libération quelques jours seulement après son placement en centre de rétention.
Mourad Guichard
(photo: Eric Gaillard/Reuters)
via flamnet.net
Contactée par Libération, la direction régionale du Pôle Emploi prend cette affaire de haut, pour finalement botter en touche. Elle dit «ne pas vouloir commenter les cas particuliers». Une manière habile de contourner la difficulté de justifier la présence de policiers le jour de la convocation du demandeur d’emploi mauritanien. Elle s’appuie également sur des textes de loi obligeant les agents à vérifier les pièces d’identité des détenteurs de permis de séjour. Et s’auto congratule de ne pas avoir, au final, «porté plainte», puisque Dah n’aura jamais perçu la moindre indemnité. Lui qui a pourtant cotisé cinq années durant. «Ce qui est troublant c’est qu’il ait été arrêté quelques jours seulement avant son passage aux prud’hommes pour licenciement abusif. Son ancien employeur l’avait licencié pour avoir volé trois bonbons dans un sac posé sur un bureau de l’entreprise qu’il nettoyait…».
Malheureusement pour le zèle militant du Pôle Emploi d’Orléans, bon nombre de Mauritaniens font partie des «ni-ni». Ni régularisables, et surtout ni expulsables, leur ambassade se refusant à délivrer les précieux laisser passer nécessaires à leur expulsion. C’est peut-être cet état de fait et les conditions douteuses de l’interpellation qui ont conduit le juge des libertés à prononcer sa libération quelques jours seulement après son placement en centre de rétention.
Mourad Guichard
(photo: Eric Gaillard/Reuters)
via flamnet.net