Au troisième jour du recensement des fonctionnaires, le Quotidien de Nouakchott a fait un tour à l’Agence Nationale d’Appui et d’Insertion des Réfugiés (ANAIR), autre site d’identification réservé aux anciens fonctionnaires et agents de la Présidence de la République, de la Primature et de la BCM.
S’est ajouté au recensement dans ce site, les anciens policiers victimes des évènements douloureux d’avril 1989 intervenus entre le Sénégal et la Mauritanie. En fait la raison en est simple pour ces derniers.
Pensant qu’ils devaient se faire recenser à leur ministère de tutelle, ils se sont rendus très tôt en masse, dimanche 4 janvier, au ministère de l’intérieur et de la décentralisation. Mais les services de Mohamed Ould Boïlil leur feront remarquer qu’ils ne sont pas concernés par le recensement. Une réponse suffisante pour déclencher leur colère.
Saisi aussitôt, le FONADH de Sarr Mamadou, une organisation membre de la Commission Nationale de Recensement de ces anciens fonctionnaires et agents de l’Etat que la bêtise humaine a bouté hors du pays en 1989, s’en est référé à qui de droit, pour résoudre ce problème. Dans la même journée, après une entrevue avec le ministre de la fonction publique, les représentants des anciens policiers sont informés que leur recensement se passera à l’ANAIR.
Mobilisation tous azimuts
Il était 10 heures passées quand nous mettons pied à terre ce mardi 6 janvier 2009. A l’entrée des bureaux aménagés côté Sud –Est du siège de l’ANAIR, trône très haut une enseigne sur laquelle est écrit en gros caractère « Commission Nationale de Recensement des Anciens Fonctionnaires et Agents de l’Etat Victimes des Evènements de 1989 ».
A l’intérieur du bâtiment deux bureaux de recensement sont installés. Il n’y avait pas foule ici aussi. A côté, assises sur des sièges mis à disposition, des victimes attendent leur tour pour s’enregistrer. Ce n’est pas encore la bousculade en ces lieux calme et bien entretenus. L’atmosphère est jovial et l’ambiance tout de même détendue. Tout semble se dérouler normalement et les recenseurs ont été instruits de toutes les solutions à apporter aux problèmes qui peuvent se poser.
Par exemple, si l’ancien fonctionnaire n’a pu présenter que sa carte de réfugié parce que les autres documents qui lui sont réclamés ne sont pas disponibles, pour une raison ou pour une autre, l’individu est quand même recensé en attendant que la Commission Nationale de Recensement clarifie sa situation.
« Au départ, je doutais du sérieux de cette opération, maintenant que je me suis recensé et observé depuis le début du recensement comment ça se passe, j’ai téléphoné à mes collègues restés au village dans la région du Gorgol pour leur dire qu’ils peuvent venir se recenser. Normalement, si Dieu le veut ils seront là demain », lance souriant un ancien fonctionnaire de la BCM, dossier sous les bras.
Une femme toute radieuse renchérit : « Ould Abdel Aziz c’est Dieu qui le paiera, ce n’est pas nous. Par contre nous le remercions pour sa volonté de résoudre le passif humanitaire avec l’examen du cas des fonctionnaires victimes de ces évènements. Qu’Allah le protège !
A l’Agence Nationale d’Appui et d’Insertion des Réfugiés, attention est prêtée aux problèmes qui peuvent surgir au cours de ce recensement puisque c’est elle qui a recruté des agents recenseurs mis à la disposition des différents sites de recensement. L’organisme tient beaucoup à la réussite de cette importante opération.
Où sont les partis politiques et les syndicats ?
Ailleurs peut-être, alors que demeure posées des questions sans réponse, s’agissant du cas des travailleurs des entreprises publiques comme la Société Nationale d’Import Export (Sonimex), la Société Nationale d’Electricité (Sonelec devenue Somelec), la Société Nationale Industrielle et Minière (Snim), la Société de Construction et de Gestion Immobilière (Socogim), la Société Mauritanienne des Industries de Raffinage (Somir), l’Office Mauritanien de Recherche Géologique (Omrg), l’ancien Office Mauritanien du Tapis ou la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (Cnss), pour ne citer que ceux là, sans oublier ceux qui étaient dans le secteur privé.
L’Etat compte t-il seulement s’en arrêter à régler la question de ses fonctionnaires sans se soucier le moins du monde du cas des autres travailleurs du secteur publique et privé ? Et la Commission nationale de recensement qui a coopté parmi ses membres des organisations de défense des droits de l’homme, va-t-elle faire l’impasse sur cette question ?
Et les employeurs du secteur publique et privé, pourquoi gardent-ils le silence sur les abus qui ont été commis vis-à-vis de ces travailleurs qui leurs ont rendus de bons et loyaux services.
Ould Abdel Aziz a annoncé les couleurs, s’ils sont des patriotes sincères soucieux de la réconciliation et de l’unité nationale, qu’attendent-ils pour accompagner le mouvement qui a été enclenché et penser à réparer le tort qu’ont subit leurs employés ?
Pour l’heure le seul constat fait, est que les partis politiques, qu’ils soient de la Majorité au pouvoir ou de l’opposition, tout comme d’ailleurs les syndicats, gardent le silence sur un dossier épineux plus complexe que celui des hommes d’affaires qui viennent de humer l’air libre.
Ni les partis de la Majorité prompte à applaudir la moindre décision du président de la République, ni l’Opposition apte à critiquer sans rien proposer en retour, ni les syndicats apparemment plus politisés que jamais, n’ont de regard ou d’oreilles sur l’opération d’enregistrement en cours.
Est-ce parce que ces gens ne méritent aucune attention ? Comprenne qui pourra les attitudes de nos hommes politiques surtout des syndicalistes concernés au premier chef. Pauvres victimes des évènements de 1989, la route est encore longue, mais gardez toujours espoir.
Moussa Diop
*************************************
Entretien avec M. Diallo Hamady, président du collectif des policiers victimes des évènements de 1989. A travers quelques questions, il nous a livré ses impressions et évoqué leur souhait.
Quotidien de Nouakchott : l’opération de recensement des anciens fonctionnaires et agents de l’Etat a démarré le 4 janvier dernier. Quelles ont vos premières impressions ?
Diallo Hamady : Pour l’instant l’opération a bien débuté. Les gens continuent de se recenser sans problème ici à l’ANAIR. Nous sommes contents que ce processus ait commencé et nous avons grand espoir que cela va se terminer sans problème inchallah. Nous avons confiance en l’Agence Nationale d’Appui et d’Insertion des Réfugiés parce que ce sont gens engagés qui aident tout le monde. Nous remarquons également qu’une très bonne organisation a été mise en place pour les besoins du recensement. Les victimes viennent, s’enregistrent normalement sans difficultés.
Quotidien de Nouakchott : Avez-vous rencontré des cas de recensement où des difficultés sont apparues ?
Diallo Hamady : Oui, nous avons eu quelques cas. Par exemple, il y a eu quelqu’un qui n’avait que sa carte de réfugié. Nous avons référé auprès des responsables de l’Agence de ce cas. Immédiatement après contrôle de l’ANAIR, instruction a été donnée à l’agent recenseur pour l’enregistrer. D’autres cas concernent des collègues décédés. Des problèmes se sont posés parce que les veuves n’avaient en main aucun document les concernant sinon les leurs. Dans ces cas, c’est le collectif qui s’est investi pour retrouver auprès de leurs promotionnaires, une décision ou un arrêté de la fonction publique les concernant tous, avant de le présenter à l’ANAIR. Sans attendre, ils ont automatiquement enregistrés. Quotidien de Nouakchott : Certes, il y a le recensement qui se poursuit, mais quelles sont vos doléances dans le cadre du règlement de ce dossier ? Diallo Hamady : Nous voulons être rétablis dans tous nos droits. Autrement dit, le paiement intégral de nos salaires depuis notre renvoie. Nous avons beaucoup souffert de cette période douloureuse. Des familles ont éclaté, des enfants qui auraient dû être à l’école n’ont pu le faire parce que pour y aller, il faut d’abord bien manger. Certains qui étaient malades sont morts, faute de soins. Par ailleurs, bien que je ne puisse quantifier leur nombre, beaucoup d’anciens policiers victimes des évènements de 1989 sont encore jeunes. Par conséquent, ceux parmi eux qui souhaitent réintégrer la fonction publique, doivent préalablement se faire payer l’intégralité de leurs salaires depuis le renvoi. Idem pour ceux qui ne veulent plus servir dans la fonction publique ou ceux qui ont atteint l’âge de la retraite. Pour cela, je fais entière confiance à la Commission Nationale de Recensement. J’en profite pour remercier le président de la République, Mohamed Ould Abdel Aziz, d’avoir pensé à régler ce problème épineux. Anciens policiers que nous sommes et victimes des évènements de 1989, nous lui faisons confiance. Nous lui souhaitons bonne réussite dans tout ce qu’il entreprendra et nous le soutenons aussi pour le règlement de ce problème.
Propos recueillis par Moussa Diop.
source : Le Quotidien de Nouakchott
S’est ajouté au recensement dans ce site, les anciens policiers victimes des évènements douloureux d’avril 1989 intervenus entre le Sénégal et la Mauritanie. En fait la raison en est simple pour ces derniers.
Pensant qu’ils devaient se faire recenser à leur ministère de tutelle, ils se sont rendus très tôt en masse, dimanche 4 janvier, au ministère de l’intérieur et de la décentralisation. Mais les services de Mohamed Ould Boïlil leur feront remarquer qu’ils ne sont pas concernés par le recensement. Une réponse suffisante pour déclencher leur colère.
Saisi aussitôt, le FONADH de Sarr Mamadou, une organisation membre de la Commission Nationale de Recensement de ces anciens fonctionnaires et agents de l’Etat que la bêtise humaine a bouté hors du pays en 1989, s’en est référé à qui de droit, pour résoudre ce problème. Dans la même journée, après une entrevue avec le ministre de la fonction publique, les représentants des anciens policiers sont informés que leur recensement se passera à l’ANAIR.
Mobilisation tous azimuts
Il était 10 heures passées quand nous mettons pied à terre ce mardi 6 janvier 2009. A l’entrée des bureaux aménagés côté Sud –Est du siège de l’ANAIR, trône très haut une enseigne sur laquelle est écrit en gros caractère « Commission Nationale de Recensement des Anciens Fonctionnaires et Agents de l’Etat Victimes des Evènements de 1989 ».
A l’intérieur du bâtiment deux bureaux de recensement sont installés. Il n’y avait pas foule ici aussi. A côté, assises sur des sièges mis à disposition, des victimes attendent leur tour pour s’enregistrer. Ce n’est pas encore la bousculade en ces lieux calme et bien entretenus. L’atmosphère est jovial et l’ambiance tout de même détendue. Tout semble se dérouler normalement et les recenseurs ont été instruits de toutes les solutions à apporter aux problèmes qui peuvent se poser.
Par exemple, si l’ancien fonctionnaire n’a pu présenter que sa carte de réfugié parce que les autres documents qui lui sont réclamés ne sont pas disponibles, pour une raison ou pour une autre, l’individu est quand même recensé en attendant que la Commission Nationale de Recensement clarifie sa situation.
« Au départ, je doutais du sérieux de cette opération, maintenant que je me suis recensé et observé depuis le début du recensement comment ça se passe, j’ai téléphoné à mes collègues restés au village dans la région du Gorgol pour leur dire qu’ils peuvent venir se recenser. Normalement, si Dieu le veut ils seront là demain », lance souriant un ancien fonctionnaire de la BCM, dossier sous les bras.
Une femme toute radieuse renchérit : « Ould Abdel Aziz c’est Dieu qui le paiera, ce n’est pas nous. Par contre nous le remercions pour sa volonté de résoudre le passif humanitaire avec l’examen du cas des fonctionnaires victimes de ces évènements. Qu’Allah le protège !
A l’Agence Nationale d’Appui et d’Insertion des Réfugiés, attention est prêtée aux problèmes qui peuvent surgir au cours de ce recensement puisque c’est elle qui a recruté des agents recenseurs mis à la disposition des différents sites de recensement. L’organisme tient beaucoup à la réussite de cette importante opération.
Où sont les partis politiques et les syndicats ?
Ailleurs peut-être, alors que demeure posées des questions sans réponse, s’agissant du cas des travailleurs des entreprises publiques comme la Société Nationale d’Import Export (Sonimex), la Société Nationale d’Electricité (Sonelec devenue Somelec), la Société Nationale Industrielle et Minière (Snim), la Société de Construction et de Gestion Immobilière (Socogim), la Société Mauritanienne des Industries de Raffinage (Somir), l’Office Mauritanien de Recherche Géologique (Omrg), l’ancien Office Mauritanien du Tapis ou la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (Cnss), pour ne citer que ceux là, sans oublier ceux qui étaient dans le secteur privé.
L’Etat compte t-il seulement s’en arrêter à régler la question de ses fonctionnaires sans se soucier le moins du monde du cas des autres travailleurs du secteur publique et privé ? Et la Commission nationale de recensement qui a coopté parmi ses membres des organisations de défense des droits de l’homme, va-t-elle faire l’impasse sur cette question ?
Et les employeurs du secteur publique et privé, pourquoi gardent-ils le silence sur les abus qui ont été commis vis-à-vis de ces travailleurs qui leurs ont rendus de bons et loyaux services.
Ould Abdel Aziz a annoncé les couleurs, s’ils sont des patriotes sincères soucieux de la réconciliation et de l’unité nationale, qu’attendent-ils pour accompagner le mouvement qui a été enclenché et penser à réparer le tort qu’ont subit leurs employés ?
Pour l’heure le seul constat fait, est que les partis politiques, qu’ils soient de la Majorité au pouvoir ou de l’opposition, tout comme d’ailleurs les syndicats, gardent le silence sur un dossier épineux plus complexe que celui des hommes d’affaires qui viennent de humer l’air libre.
Ni les partis de la Majorité prompte à applaudir la moindre décision du président de la République, ni l’Opposition apte à critiquer sans rien proposer en retour, ni les syndicats apparemment plus politisés que jamais, n’ont de regard ou d’oreilles sur l’opération d’enregistrement en cours.
Est-ce parce que ces gens ne méritent aucune attention ? Comprenne qui pourra les attitudes de nos hommes politiques surtout des syndicalistes concernés au premier chef. Pauvres victimes des évènements de 1989, la route est encore longue, mais gardez toujours espoir.
Moussa Diop
*************************************
Entretien avec M. Diallo Hamady, président du collectif des policiers victimes des évènements de 1989. A travers quelques questions, il nous a livré ses impressions et évoqué leur souhait.
Quotidien de Nouakchott : l’opération de recensement des anciens fonctionnaires et agents de l’Etat a démarré le 4 janvier dernier. Quelles ont vos premières impressions ?
Diallo Hamady : Pour l’instant l’opération a bien débuté. Les gens continuent de se recenser sans problème ici à l’ANAIR. Nous sommes contents que ce processus ait commencé et nous avons grand espoir que cela va se terminer sans problème inchallah. Nous avons confiance en l’Agence Nationale d’Appui et d’Insertion des Réfugiés parce que ce sont gens engagés qui aident tout le monde. Nous remarquons également qu’une très bonne organisation a été mise en place pour les besoins du recensement. Les victimes viennent, s’enregistrent normalement sans difficultés.
Quotidien de Nouakchott : Avez-vous rencontré des cas de recensement où des difficultés sont apparues ?
Diallo Hamady : Oui, nous avons eu quelques cas. Par exemple, il y a eu quelqu’un qui n’avait que sa carte de réfugié. Nous avons référé auprès des responsables de l’Agence de ce cas. Immédiatement après contrôle de l’ANAIR, instruction a été donnée à l’agent recenseur pour l’enregistrer. D’autres cas concernent des collègues décédés. Des problèmes se sont posés parce que les veuves n’avaient en main aucun document les concernant sinon les leurs. Dans ces cas, c’est le collectif qui s’est investi pour retrouver auprès de leurs promotionnaires, une décision ou un arrêté de la fonction publique les concernant tous, avant de le présenter à l’ANAIR. Sans attendre, ils ont automatiquement enregistrés. Quotidien de Nouakchott : Certes, il y a le recensement qui se poursuit, mais quelles sont vos doléances dans le cadre du règlement de ce dossier ? Diallo Hamady : Nous voulons être rétablis dans tous nos droits. Autrement dit, le paiement intégral de nos salaires depuis notre renvoie. Nous avons beaucoup souffert de cette période douloureuse. Des familles ont éclaté, des enfants qui auraient dû être à l’école n’ont pu le faire parce que pour y aller, il faut d’abord bien manger. Certains qui étaient malades sont morts, faute de soins. Par ailleurs, bien que je ne puisse quantifier leur nombre, beaucoup d’anciens policiers victimes des évènements de 1989 sont encore jeunes. Par conséquent, ceux parmi eux qui souhaitent réintégrer la fonction publique, doivent préalablement se faire payer l’intégralité de leurs salaires depuis le renvoi. Idem pour ceux qui ne veulent plus servir dans la fonction publique ou ceux qui ont atteint l’âge de la retraite. Pour cela, je fais entière confiance à la Commission Nationale de Recensement. J’en profite pour remercier le président de la République, Mohamed Ould Abdel Aziz, d’avoir pensé à régler ce problème épineux. Anciens policiers que nous sommes et victimes des évènements de 1989, nous lui faisons confiance. Nous lui souhaitons bonne réussite dans tout ce qu’il entreprendra et nous le soutenons aussi pour le règlement de ce problème.
Propos recueillis par Moussa Diop.
source : Le Quotidien de Nouakchott