
«Des centaines d’exécutions sommaires, des actes de tortures et déportations», c’est la réalité qui se cache derrière les mots «passif humanitaire. La perspective de règlement de ce dossier hérité du régime de Ould Taya suscite espoir et inquiétude.
Dimanche dernier, au palais présidentiel, le général Mohamed Ould Abdel Aziz, a reçu des mains des responsables du comité des Ulémas chargé de statuer sur le dossier du passif humanitaire les propositions pour le règlement définitif de ce dossier.
Le comité des oulémas avait reçu ces propositions du collectif des victimes de la répression de 1986 à 19991 (COVIRE) pour étude et «caution morale» avant transmission au Haut Conseil d’Etat. Après la remise des propositions au Général Ould Abdel Aziz, N’Gaidé Aly Moctar du Covire, a déclaré :
«nous sommes confiants de ce que nous venons d'entendre de nos honorables oulémas, des délégués des victimes et de la part du Président du Haut Conseil d'Etat qui nous confirme sa détermination personnelle et celle du HCE à aller de l'avant dans le règlement de ce passif humanitaire dans les plus brefs délais et de la manière la plus équitable pour les victimes.»
Le FONADH qui ne reconnaît pas la légitimité des autorités issues du coup d’Etat, a une autre appréciation. Son président, Sarr Mamadou, dans un récent entretien au Quotidien de Nouakchott, s’interrogeait : «Comment peut- on imaginer régler ce dossier très délicat sans la contribution de tous les acteurs, notamment le FONADH qui suit ce dossier depuis plusieurs années, qui a encadré les victimes et qui a été de tous les combats autour de cette question délicate ?» Il a ajouté en affirmant : «Aujourd’hui la junte veut régler cette question en catimini, en excluant certains acteurs pour des raisons inavouées.»
Le Fonadh en déniant toute légitimité aux autorités issues du coup d’Etat du 06 août 2008, ne s’est –il pas exclue de la recherche de solution ? «Nous restons ouverts à toute initiative allant dans le sens du règlement de ce problème dans la dignité des victimes afin de favoriser la réconciliation et le renforcement de l’unité nationale.» A répondu Sarr Mamadou.
Plus sévère, la Coordination des Anciens Militaires Mauritaniens en Exil (CAMME) dans un récent communiqué, «condamne avec fermeté cette démarche suicidaire et anachronique de certains camarades de l'intérieur, qui, dans l'anti chambre de la junte essaient en catimini de liquider une cause partagée et étendue à de nombreuses victimes des années de braise 86, 87, 89, 90 et 91 de partout dans le monde aux aguets d'un règlement véritable et concerté.»
La CAMME ajoute : «Notre lutte ne peut et ne pourra jamais se réduire à des indemnisations, à des réparations matérielles, l'exigence, de justice, de vérité, de mémoire doit passer avant celle du pardon et des réparations, en vue une réconciliation nationale sincère et tournée vers l'avenir.» Plusieurs autres associations de victimes ou de représentants de victimes du passif humanitaire, accusent COVIRE de ne viser que la dimension indemnisation.
Le préalable, selon le président du COVIRE, Sy Abou, est : «la Reconnaissance officielle des faits et présentation officielle d’excuses par le chef de l’Etat» Passé, cette étape, le COVIRE propose «une approche globale» qui concernera les réparation pour «les ayant droits des victimes civiles et militaires de 86 à 91» Le processus d’indemnisation proposé par COVIRE s’achèvera par un remise matérielle des indemnisations aux ayants droit par une commission suivie de présentation de condoléances.»
Pour le devoir de mémoire, COVIRE propose, entre autres, «de baptiser certaines rues et d’organiser des cérémonies publiques en hommage aux victimes.» Certaines victimes des exécutions sommaires se trouveraient dans des fosses communes. Leurs parents n’ont jamais pris possession de leurs dépouilles. Le COVIRE propose de localiser les lieux où elles ont été enterrées.
Silence des partis politiques.
Grands absents du débat sur les démarches du HCE pour le règlement du passif humanitaire : les partis politiques. A priori, les soutiens du «mouvement de rectification» acceptent et adhèrent à toutes initiatives du Général. Le silence bizarre est celui des formations politiques qui ont, traditionnellement, fait du passif humanitaire leur priorité. Le RFD, l’APP, l’UFP, Tawassoul…toujours prompts à se fendre de communiqués pour un oui ou pour un non, n’ont presque pas pipé mot des démarches entreprises par le HCE pour ce règlement.
Ont-ils d’autres priorités maintenant ? Ou bien, pour eux, ces démarches «sont classées actes illégitime d’une autorité illégitime»? Autre silence bizarre, celle de l’AJD/MR. Que pense le parti de Ibrahima Moctar Sarr des démarches qui ont abouti à la remise officielle des propositions du COVIRE au général ?
Khalilou Diagana
source : Le Quotidien de Nouakchott
Dimanche dernier, au palais présidentiel, le général Mohamed Ould Abdel Aziz, a reçu des mains des responsables du comité des Ulémas chargé de statuer sur le dossier du passif humanitaire les propositions pour le règlement définitif de ce dossier.
Le comité des oulémas avait reçu ces propositions du collectif des victimes de la répression de 1986 à 19991 (COVIRE) pour étude et «caution morale» avant transmission au Haut Conseil d’Etat. Après la remise des propositions au Général Ould Abdel Aziz, N’Gaidé Aly Moctar du Covire, a déclaré :
«nous sommes confiants de ce que nous venons d'entendre de nos honorables oulémas, des délégués des victimes et de la part du Président du Haut Conseil d'Etat qui nous confirme sa détermination personnelle et celle du HCE à aller de l'avant dans le règlement de ce passif humanitaire dans les plus brefs délais et de la manière la plus équitable pour les victimes.»
Le FONADH qui ne reconnaît pas la légitimité des autorités issues du coup d’Etat, a une autre appréciation. Son président, Sarr Mamadou, dans un récent entretien au Quotidien de Nouakchott, s’interrogeait : «Comment peut- on imaginer régler ce dossier très délicat sans la contribution de tous les acteurs, notamment le FONADH qui suit ce dossier depuis plusieurs années, qui a encadré les victimes et qui a été de tous les combats autour de cette question délicate ?» Il a ajouté en affirmant : «Aujourd’hui la junte veut régler cette question en catimini, en excluant certains acteurs pour des raisons inavouées.»
Le Fonadh en déniant toute légitimité aux autorités issues du coup d’Etat du 06 août 2008, ne s’est –il pas exclue de la recherche de solution ? «Nous restons ouverts à toute initiative allant dans le sens du règlement de ce problème dans la dignité des victimes afin de favoriser la réconciliation et le renforcement de l’unité nationale.» A répondu Sarr Mamadou.
Plus sévère, la Coordination des Anciens Militaires Mauritaniens en Exil (CAMME) dans un récent communiqué, «condamne avec fermeté cette démarche suicidaire et anachronique de certains camarades de l'intérieur, qui, dans l'anti chambre de la junte essaient en catimini de liquider une cause partagée et étendue à de nombreuses victimes des années de braise 86, 87, 89, 90 et 91 de partout dans le monde aux aguets d'un règlement véritable et concerté.»
La CAMME ajoute : «Notre lutte ne peut et ne pourra jamais se réduire à des indemnisations, à des réparations matérielles, l'exigence, de justice, de vérité, de mémoire doit passer avant celle du pardon et des réparations, en vue une réconciliation nationale sincère et tournée vers l'avenir.» Plusieurs autres associations de victimes ou de représentants de victimes du passif humanitaire, accusent COVIRE de ne viser que la dimension indemnisation.
Le préalable, selon le président du COVIRE, Sy Abou, est : «la Reconnaissance officielle des faits et présentation officielle d’excuses par le chef de l’Etat» Passé, cette étape, le COVIRE propose «une approche globale» qui concernera les réparation pour «les ayant droits des victimes civiles et militaires de 86 à 91» Le processus d’indemnisation proposé par COVIRE s’achèvera par un remise matérielle des indemnisations aux ayants droit par une commission suivie de présentation de condoléances.»
Pour le devoir de mémoire, COVIRE propose, entre autres, «de baptiser certaines rues et d’organiser des cérémonies publiques en hommage aux victimes.» Certaines victimes des exécutions sommaires se trouveraient dans des fosses communes. Leurs parents n’ont jamais pris possession de leurs dépouilles. Le COVIRE propose de localiser les lieux où elles ont été enterrées.
Silence des partis politiques.
Grands absents du débat sur les démarches du HCE pour le règlement du passif humanitaire : les partis politiques. A priori, les soutiens du «mouvement de rectification» acceptent et adhèrent à toutes initiatives du Général. Le silence bizarre est celui des formations politiques qui ont, traditionnellement, fait du passif humanitaire leur priorité. Le RFD, l’APP, l’UFP, Tawassoul…toujours prompts à se fendre de communiqués pour un oui ou pour un non, n’ont presque pas pipé mot des démarches entreprises par le HCE pour ce règlement.
Ont-ils d’autres priorités maintenant ? Ou bien, pour eux, ces démarches «sont classées actes illégitime d’une autorité illégitime»? Autre silence bizarre, celle de l’AJD/MR. Que pense le parti de Ibrahima Moctar Sarr des démarches qui ont abouti à la remise officielle des propositions du COVIRE au général ?
Khalilou Diagana
source : Le Quotidien de Nouakchott