
Aziz embauche un nègre "sokkinne" le temps de se repositionner
Pour nous, l’avènement d’un Nègre à la tête de la Mauritanie n’est pas un évènement politique. Il est surtout un évènement historique, une étape dans la coulée temporelle de l’histoire du Fuuta. Voila pourquoi, nous pensons utile d'utiliser le rétroviseur de l’histoire pour mieux étudier cet évènement et le comprendre dans le contexte de l’histoire récente du Fuuta Tooro. Cette histoire récente est en effet jonchée de multiples révolutions même si l’opinion publique a surtout retenue celle de Suleymaan Baal il y'a de cela 233 ans.
Même si il est vrai que la révolution tooroodo de 1776 a reçu plus de publicité, il n’en demeure pas moins que d’autres révolutions, peut être de même importance, continuent encore de marquer notre histoire. De même, même si un des faits marquants de la Révolution futanke de 1776 demeure sans doute la fin du Muudo Hormo ou tribut que les populations futanke payaient aux Maures, nos griots modernes insistent beaucoup plus sur cette phase que sur celle ayant conduit à l’instauration de ce tribut, instauration à attribuer surtout aux faiblesses du pouvoir deyniyanke sous les Sawa laamu et sa connivence avec les tribues hassan du sud de la Mauritanie actuelle et notamment Brakhna et Trarza. De même, la Révolution futanke est une suite logique du Congres de Fugumba au Fuuta Jalon, lui même, largement attribuable aux évènements académiques et politiques du Bunndu et à l’instauration de la théocratie SiisiiBe dans cette partie du Fuuta.
Un autre fait que les populations locales ont retenu de la Révolution de 1776, est le retour à une observance plus stricte de la religion musulmane. Il faudra aussi rappeler que de manière générale même lorsque la plupart des Africains ont embrassé les religions dites révélées, les mentalités ont peu évolué. Les Africains, pour ce qui est du cas de la religion venue de l'Arabie, sont restés fermés au substrat pré-islamique et ont ajouté à celui-ci les bases de la nouvelle religion. Ce que J.Cuoq dit : “l'Islam s'est africanisé et l'Afrique s'est islamisée”. Et dans ce système de troc, chacun a gardé sa base intacte. Voila pourquoi, les différentes tentatives de création de théocraties en Afrique ont lamentablement échoué. L'élite politique s'est convertie à l'Islam pour une raison politique.
Au Ghana, le roi à continué à adorer les divinités locales tout en construisant des mosquées et au Fuuta, les Satigi étaient loin de pratiquer l'Islam selon l'orthodoxie. C'est justement pour ramener le Fuuta à une observance plus stricte de la religion musulmane que Suleyman Baal a initié la Révolution de 1776. Mais déjà, vers 1674, Nasr El Din avec le Mouvement Zawiya lançait la même campagne contre les tribus Hassan du Brakhna et du Trarza. Ce sont ces tribus qui ont imposé au Fuuta e Kummbaaru le Muuda Hormu.
Il est utile de signaler aussi que les Tooroodo ne furent pas les seuls auteurs de la Révolution de 1776 contrairement à ce que pense la plupart de la négraille. En effet, les pionniers de cette révolution viennent de “backgrounds” très divers. Je dois même ajouter que la Révolution de 1776 est d'abord un mouvement politique né de la frustration populaire et téléguidée par les Ulemas du Fuuta. Ces Ulémas sont originaires de toute cette bande de terre entre Saint Louis et Bakel.
Il faut dire que l'Afrique de l'ouest ne fût pas seulement une plate forme expérimentale de la forme étatique du pouvoir, elle fût aussi le laboratoire de la première tentative d'instauration d'une théocratie en Afrique avec les SiisiiBe de Suyumma dirigés par El Hadj Malick Sy. Celui-ci n'est pas à confondre avec celui de Tivaoune même s'il s'agit des branches d'un même arbre. Pour certains, l’arbre en question est à mettre sous l'actif de Shamsiddin; les Simaasiid maures se reclament aussi du même ancetre. Nous ne partageons pas cette approche historque car elle liairait l'apparution des SiisiiBe au Fuuta à la pénétration des Maures en Afrique ce qui est historiquement une abérration. Mais tel n’est l’object de notre réflexion.
Pour revenir à notre fil de raisonnement, Siyumma, jadis un village, est devenu aujourd'hui un quartier de Podor, la ville natale de Baaba Maal. C'est donc des SiisiiBe partis de cette localité, qui ont traversé le Lowre pour créer dans le Bundu la première théocratie musulmane en Afrique. Lowre était le refuge de tous les déchus de pouvoir du Fuuta et de ce fait le lieu choisi par Sammba Gelaajo Jeegi pour mettre en marche le premier coup d'Etat du Fuuta. L’ Etat théocratique de Bunndu va être le point de ralliement des intellectuels africains. C'est dans ce cadre que des AlmuBBe ou étudiants coraniques et des marabouts ont quitté le Fuuta Jalon pour répondre à l'appel du Bunndu. L'École de Bunndu devint ainsi le phare religieux pour le reste de la sous région.
De retour dans leur contrée, les éléments du Fuuta Jalon, s'étant inspirés du cadre bunndu, ont organisé le Congrès de Fugumba qui accouchera d'une autre théocratie au Fuuta Jalon en 1776. C'est au même moment que Suleyman Baal lance sa tentative de regroupement des Uléma du Fuuta Tooro sous la même bannière pour lutter contre le pouvoir des DeyniyankooBe et leur collision avec les Hassaaniin de Trarza et de Brakhna. Deux raisons majeures justifient la lutte contre les DeyniyankooBe. D'abord les faire ramener à une observance plus stricte de l'Islam et ensuite lutter contre l'état de léthargie dans lequel était tombé le pouvoir deyniyanke au point d'accepter le Muudo Horma. Le muudo hormo est un tribut que le Fuuta, sous la deynikenkooBe des Sawa Laamu, avait accepté de payer au Hassaaniin pour bénéficier de leur soutien militaire et se maintenir ainsi au pouvoir face à des populations de plus en plus frustrées. Il faut aussi mentionner que le pouvoir deynikanke n'observait pas à la lettre les préceptes islamiques. Ce qui est logique et compréhensible puisque le pouvoir deyniyanke, comme la majorité des pouvoirs politiques de l'époque, tirait ses forces, sa raison d'être et sa légitimité d'un substrat pré-islamique.
C'est ce même phénomène qui se produisit au Gana. Voilà pourquoi l'acceptation de l'islam était plutôt une nécessité politique, un maquillage pour se maintenir au pouvoir et diriger des populations de plus en plus profondément islamisées. Une erreur commune aujourd'hui est de penser l'Afrique d'avant-Berlin comme une continuité de l'Afrique post-Berlin. Les frontières actuelles sont plutôt une forme d'assassinat colonial d'une unité culturelle. Ceci est si vrai que lorsque El Hadj Omar Taal a quitté le Fuuta Tooro pour le Fuuta Kingui,le Mali actuel, il n'avait pas demandé de visa d'entrée; l'Afrique était une UNITE.
Et Osman Dan Fodjo ne demanda pas de visa pour aller à Kano au Nigeria actuel et Koli Tenguela ne demanda pas de permission pour aller en Guinée actuelle et plus tard au Fuuta, Ahmadu Bamba pareil et El Hadj Malik Sy ne demanda jamais l'autorisation des BundunkooBe pour s'installer sur ces terres. Le Mali de Kankan Musa inclut le Sénégal, la Mauritanie, la Guinée etc.. . Le royaume de Gana inclut la Mauritanie, le Mali etc... et pareil pour le royaume Tekrur.
Bref, l'hospitalité et la liberté de circulation sont des héritages africains et ont précédé la colonisation et les accords modernes. Il est important ici de souligner que le Fuuta de cette époque va bien au delà de cette bande de terre actuelle. La capitale du royaume de Fuuta était dans le bassin de Gorgol. Et il faut aussi souligner que nous sommes à une époque où le pouvoir était trop centralisé et les moyens modernes de communication inexistants rendant ainsi le service aux populations très inéfficaces. C'est, d'une part, pour remédier à cela que la capitale va être transposée sur des zones qui permettront aux populations de bénéficier le même accès au pouvoir. L'autre raison est stratégique; il fallait éloigner la capitale, centre du pouvoir de décision, loin de la menace hassaan.
Pour revenir au fil de notre raisonnement, il faut dire qu'avant le muudo hormo, ce sont les populations hassan et arabes qui payaient le Muudo Asru qui voulait dire qu'elles acceptent qu'elles sont invitées sur le territoire qu'elles habitent et que leur droit sur ces terres se limitait au minimum; cultiver.
C'est donc suite à renversement politique que les règles du jeu ont changé. Et c'est justement pour mettre fin aux exactions hassaan et au régime denniyanke, leurs protégés, que Suleymaan Baal a initié son projet de renversement de régime. Puisque les DenniyankooBe avaient pour soutien les Hassaan, les marabouts de Fuuta, sous leur leader Suleymaan Baal, vont chercher et obtenir le soutien des Zaawiiya. Alors deux (2) camps se formèrent: Zaawiiya + Marabouts et Hassaan + régime deyniyankooBe. Et si Suleyman Baal a réussi à mettre fin au Muudo Hormo, il appartiendra à son successeur Abdul Kader Kan de continuer la résolution du second point: la chute du régime en place et l'instauration de l'Almamat. La mission fût difficile et à la longue impossible par manque de soutien et des complots répétitifs. Et après la disparition d'Adul Kader Kan, l'Almaamat comme forme de gouvernement, la sharia comme socle de l'Etat et le peuple comme voix s'effondrèrent comme un château de cartes. L'Almamat devient corrompu et pire que le pouvoir deyniyanke.
Les JaagorBe s'imposèrent et le Fuuta retomba dans l'anarchie, rendant ainsi le territoire vulnérable à la colonisation. Un fait repris très souvent par Baaba Maal. C'est pour remédier à cela que Cheikh Umar Tall tentera une autre révolution au XIX siècle. Là aussi la tache fût impossible au Fuuta Tooro et incomplète au Fuuta Kingi où l'homme disparut. Au Fuuta Jalon et au Nord du Nigeria, les mêmes causes produisirent les mêmes effets.
Au cours des siècles, le mouvement de 1776 a fini par être confondu avec les Tooroodo et surtout à Suleyman Baal and Abdul Kadir Kan. La longévité de la Révolution fut très courte car les JaaggorBe ont fini par "kidnapper" ou highjacker" le mouvement populaire à leur bénéfice. Et depuis cette phase, le Fuuta a sombré politiquement.
Il faudra attendre presque trois siècles, pour voir émerger une autre Révolution, culturelle celle là. Cette Révolution fut l’œuvre des Yarimaayo. Mais la question majeure est de savoir pourquoi la Révolution Yarimaayo de l’Ère moderne n’a pas eu la même publicité que la Révolution Tooroodo de 1776? Il faut sans doute chercher la réponse dans trois directions:
-La première est que le Fuuta, dans son rejet du paganisme, a rejeté sa culture et les défenseurs de la cultures sont vus plutôt comme des nostalgiques du Fuuta pre-islamique et de ce fait païens.
-La seconde justification est à chercher dans la place qu’occupe le groupe précurseur de cette révolution dans la pyramide sociale futanke.
-La troisième est que, partant de la deuxième raison, les Yarimaayo ont choisi une révolution silencieuse, le travail de fourmis. Les SubalBe ne furent pas simplement les pionniers de cette révolution, ils furent aussi les gardiens de la culture pulaar et les Pères et fondateurs ce mouvement. De Sammba Joop Leele, Ablay Ceenel, Gellaay Aali Fall, Murtudo etc… à la New Génération de Baaba Maal, Ndilaan, Maamuudu Jool, Aamadu Tijaani Njaay et…, les SubalBe ont été les “ Oupouaout”, les “ Pathfinders” de la culture pulaar.
Si le mouvement de 1776 était surtout politique et religieux, le mouvement des Yarimaayo fut d’abord culturel et ensuite politique. Sur la scène politique, les SubalBe ont surtout occupé les seconds rangs. Nous pensons que cela est moins une coïncidence qu’un choix . En effet, il faut comprendre que les “ mécanismes culturels sont plus puissants que les mécanismes politiques”. C’est ce que ce groupe a compris. La candidature de Ibrahima Saar à l’Élection présidentielle de 2007 et l’annonce que l’homme se présentera de nouveau à l’élection de 2009 constituent une suite logique dans la révolution culturelle. La quête du pouvoir politique est l’autre pan de cette révolution culturelle silencieuse, sans doute le couronnement d’un processus. En 2007, pour le Fuuta, cette candidature avait offert une chance unique de dépasser le clan pour plutôt adopter cette notion de Nation. Ibrahima Saar, même si beaucoup avait la certitude qu’il ne pourra pas gagner, l’avait soutenu parce qu’il était à leurs yeux l’espérance de tout un peuple. Mais le rêve du pouvoir ne doit point se réduire au désir d’obtenir sa part des dattes de la Mauritanie ( pour ne pas dire gâteau). La candidature de 2009 a déjà créé une rupture au sein de son parti et les vieux ennemis de l'union des haalpulaar se sont reveillés encore et menace les efforts de l'homme et l'espoir d'un peuple.
Quant à la situation actuelle en Mauritanie, nous pensons que si la candidature de Ibrahiima Saar en 2007 et son désir de recidiver en 2009 peuvent être perçus comme une étape importante du parcours culturel des Yarimaayo, l’accès temporaire de Ba Mbare à la tête du pouvoir est véritablement une revanche historique des Deyniyanke. En effet, il a fallu attendre 233 ans pour voir un Deyniyanke, un descendant des Sawa Laamu, à la tête de la Mauritanie. Cet accès au pouvoir, même temporaire et “sokkiniste”, demeure important au point de vue historique. Et au point de vue politique, il peut servir de leçon à ceux qui pensent que l'accès d'un nègre au pouvoir doit être l'ultime objectif de notre combat politique; l'histoire les donne tort. L'importance de notre combat politique doit être la mise sur place d'institutions démocratiques qui permettront à tous les enfants du pays de competir sur une base égale et d'oser aspirer aux mêmes opportunités. Pour cela, la strategie doit être un travail à la base et pas un parachutage ou "sokkinisme" au sommet. La force d'une pyramide et sa longivité dependent de l'équilibre de la base et jamais de ce qui jonché au sommet. Mais les Nègres de manière générale et les Deyniyanke, par l'intermediare de Ba Mbare, viennent, une fois de plus, de rater une opportunité énorme d’influencer la direction du train de l’histoire. En effet, l’actuel homme faible de la Mauritanie(pour ne pas dire homme fort et partant mentir} aurait pu être courageux et demander du Général déchu et decevant de jouir de toutes les prérogatives attachées à la présidence: disoudre le gouvernement, restaurer l’ordre constitutionnel, annuler la farce de Juin 2009 etc...
Il faut dire que les Noirs Mauritaniens, ou plutôt ce qu'il en reste après les multiples pogroms de 1960 à 1991, viennent une fois de plus rater la marche du siècle. En effet, notre équation est simple. Si les mêmes tares persistent dans notre pays, ils produiront tôt ou tard les mêmes effets; que cela soit sous un Deyniyanke, Yarimaayo, Kalajjo, Simaasiid, Dawaali, Soninke, Wolof, Bambara ou autre. En effet, on ne soigne pas une fracture institutionnelle et structurelle par un massage ou un "sokkinisme" au sommet de l'Etat.
Comprenons-nous bien,les événements de 1989 ne sont pas un accident historique, un faux pas dans l’évolution politique de notre pays, une rupture éphémère de logique et de raisonnement, la faute d’Ibliss ou Sheytann mais plutôt le couronnement d’un processus historique mûrement réfléchi, la matérialisation d’une volonté politique, la concrétisation d’un rêve. Et les Mauritaniens, pour l'instant, n'ont pas besoin de promesses électorales ou post électorales et encore moins d’investissement à des fins purement électorales ou de Président "sokkinne" nègre; ils ont besoin qu'on arrête de les prendre pour des imbéciles politiques.
Quant à Saar Ibrahiima, nous repetons ce que nous lui disions il y'a de cela quelques mois:"Ratissez large, ne diviser pas". Bien sur que beaucoup d'amis nous disent que Saar aura moins de 8% cette fois-ci. Nous pensons bien le contraire. En effet, la seule façon pour le Général de légitimer sa farce démocratique et électorale serait de laisser l'homme avoir plus de 8%. Sinon, le Général ne saurait pas servi énormement de cette candidature nègre. Or, n'est-ce pas ce que cherche le Général?
Pour terminer,paraphrasons un slogan en vogue dans le milieu estudiantin: "Des Présidents, on en a, mais des Présidents qui président, on en cherche encore et surtout en Mauritanie".
Siikam Sy Chief Editor
Free speech mauritania
Source:
http://www.webzinemaker.com/admi/m7/page.php3?num_web=27310&rubr=1&id=359348
Pour nous, l’avènement d’un Nègre à la tête de la Mauritanie n’est pas un évènement politique. Il est surtout un évènement historique, une étape dans la coulée temporelle de l’histoire du Fuuta. Voila pourquoi, nous pensons utile d'utiliser le rétroviseur de l’histoire pour mieux étudier cet évènement et le comprendre dans le contexte de l’histoire récente du Fuuta Tooro. Cette histoire récente est en effet jonchée de multiples révolutions même si l’opinion publique a surtout retenue celle de Suleymaan Baal il y'a de cela 233 ans.
Même si il est vrai que la révolution tooroodo de 1776 a reçu plus de publicité, il n’en demeure pas moins que d’autres révolutions, peut être de même importance, continuent encore de marquer notre histoire. De même, même si un des faits marquants de la Révolution futanke de 1776 demeure sans doute la fin du Muudo Hormo ou tribut que les populations futanke payaient aux Maures, nos griots modernes insistent beaucoup plus sur cette phase que sur celle ayant conduit à l’instauration de ce tribut, instauration à attribuer surtout aux faiblesses du pouvoir deyniyanke sous les Sawa laamu et sa connivence avec les tribues hassan du sud de la Mauritanie actuelle et notamment Brakhna et Trarza. De même, la Révolution futanke est une suite logique du Congres de Fugumba au Fuuta Jalon, lui même, largement attribuable aux évènements académiques et politiques du Bunndu et à l’instauration de la théocratie SiisiiBe dans cette partie du Fuuta.
Un autre fait que les populations locales ont retenu de la Révolution de 1776, est le retour à une observance plus stricte de la religion musulmane. Il faudra aussi rappeler que de manière générale même lorsque la plupart des Africains ont embrassé les religions dites révélées, les mentalités ont peu évolué. Les Africains, pour ce qui est du cas de la religion venue de l'Arabie, sont restés fermés au substrat pré-islamique et ont ajouté à celui-ci les bases de la nouvelle religion. Ce que J.Cuoq dit : “l'Islam s'est africanisé et l'Afrique s'est islamisée”. Et dans ce système de troc, chacun a gardé sa base intacte. Voila pourquoi, les différentes tentatives de création de théocraties en Afrique ont lamentablement échoué. L'élite politique s'est convertie à l'Islam pour une raison politique.
Au Ghana, le roi à continué à adorer les divinités locales tout en construisant des mosquées et au Fuuta, les Satigi étaient loin de pratiquer l'Islam selon l'orthodoxie. C'est justement pour ramener le Fuuta à une observance plus stricte de la religion musulmane que Suleyman Baal a initié la Révolution de 1776. Mais déjà, vers 1674, Nasr El Din avec le Mouvement Zawiya lançait la même campagne contre les tribus Hassan du Brakhna et du Trarza. Ce sont ces tribus qui ont imposé au Fuuta e Kummbaaru le Muuda Hormu.
Il est utile de signaler aussi que les Tooroodo ne furent pas les seuls auteurs de la Révolution de 1776 contrairement à ce que pense la plupart de la négraille. En effet, les pionniers de cette révolution viennent de “backgrounds” très divers. Je dois même ajouter que la Révolution de 1776 est d'abord un mouvement politique né de la frustration populaire et téléguidée par les Ulemas du Fuuta. Ces Ulémas sont originaires de toute cette bande de terre entre Saint Louis et Bakel.
Il faut dire que l'Afrique de l'ouest ne fût pas seulement une plate forme expérimentale de la forme étatique du pouvoir, elle fût aussi le laboratoire de la première tentative d'instauration d'une théocratie en Afrique avec les SiisiiBe de Suyumma dirigés par El Hadj Malick Sy. Celui-ci n'est pas à confondre avec celui de Tivaoune même s'il s'agit des branches d'un même arbre. Pour certains, l’arbre en question est à mettre sous l'actif de Shamsiddin; les Simaasiid maures se reclament aussi du même ancetre. Nous ne partageons pas cette approche historque car elle liairait l'apparution des SiisiiBe au Fuuta à la pénétration des Maures en Afrique ce qui est historiquement une abérration. Mais tel n’est l’object de notre réflexion.
Pour revenir à notre fil de raisonnement, Siyumma, jadis un village, est devenu aujourd'hui un quartier de Podor, la ville natale de Baaba Maal. C'est donc des SiisiiBe partis de cette localité, qui ont traversé le Lowre pour créer dans le Bundu la première théocratie musulmane en Afrique. Lowre était le refuge de tous les déchus de pouvoir du Fuuta et de ce fait le lieu choisi par Sammba Gelaajo Jeegi pour mettre en marche le premier coup d'Etat du Fuuta. L’ Etat théocratique de Bunndu va être le point de ralliement des intellectuels africains. C'est dans ce cadre que des AlmuBBe ou étudiants coraniques et des marabouts ont quitté le Fuuta Jalon pour répondre à l'appel du Bunndu. L'École de Bunndu devint ainsi le phare religieux pour le reste de la sous région.
De retour dans leur contrée, les éléments du Fuuta Jalon, s'étant inspirés du cadre bunndu, ont organisé le Congrès de Fugumba qui accouchera d'une autre théocratie au Fuuta Jalon en 1776. C'est au même moment que Suleyman Baal lance sa tentative de regroupement des Uléma du Fuuta Tooro sous la même bannière pour lutter contre le pouvoir des DeyniyankooBe et leur collision avec les Hassaaniin de Trarza et de Brakhna. Deux raisons majeures justifient la lutte contre les DeyniyankooBe. D'abord les faire ramener à une observance plus stricte de l'Islam et ensuite lutter contre l'état de léthargie dans lequel était tombé le pouvoir deyniyanke au point d'accepter le Muudo Horma. Le muudo hormo est un tribut que le Fuuta, sous la deynikenkooBe des Sawa Laamu, avait accepté de payer au Hassaaniin pour bénéficier de leur soutien militaire et se maintenir ainsi au pouvoir face à des populations de plus en plus frustrées. Il faut aussi mentionner que le pouvoir deynikanke n'observait pas à la lettre les préceptes islamiques. Ce qui est logique et compréhensible puisque le pouvoir deyniyanke, comme la majorité des pouvoirs politiques de l'époque, tirait ses forces, sa raison d'être et sa légitimité d'un substrat pré-islamique.
C'est ce même phénomène qui se produisit au Gana. Voilà pourquoi l'acceptation de l'islam était plutôt une nécessité politique, un maquillage pour se maintenir au pouvoir et diriger des populations de plus en plus profondément islamisées. Une erreur commune aujourd'hui est de penser l'Afrique d'avant-Berlin comme une continuité de l'Afrique post-Berlin. Les frontières actuelles sont plutôt une forme d'assassinat colonial d'une unité culturelle. Ceci est si vrai que lorsque El Hadj Omar Taal a quitté le Fuuta Tooro pour le Fuuta Kingui,le Mali actuel, il n'avait pas demandé de visa d'entrée; l'Afrique était une UNITE.
Et Osman Dan Fodjo ne demanda pas de visa pour aller à Kano au Nigeria actuel et Koli Tenguela ne demanda pas de permission pour aller en Guinée actuelle et plus tard au Fuuta, Ahmadu Bamba pareil et El Hadj Malik Sy ne demanda jamais l'autorisation des BundunkooBe pour s'installer sur ces terres. Le Mali de Kankan Musa inclut le Sénégal, la Mauritanie, la Guinée etc.. . Le royaume de Gana inclut la Mauritanie, le Mali etc... et pareil pour le royaume Tekrur.
Bref, l'hospitalité et la liberté de circulation sont des héritages africains et ont précédé la colonisation et les accords modernes. Il est important ici de souligner que le Fuuta de cette époque va bien au delà de cette bande de terre actuelle. La capitale du royaume de Fuuta était dans le bassin de Gorgol. Et il faut aussi souligner que nous sommes à une époque où le pouvoir était trop centralisé et les moyens modernes de communication inexistants rendant ainsi le service aux populations très inéfficaces. C'est, d'une part, pour remédier à cela que la capitale va être transposée sur des zones qui permettront aux populations de bénéficier le même accès au pouvoir. L'autre raison est stratégique; il fallait éloigner la capitale, centre du pouvoir de décision, loin de la menace hassaan.
Pour revenir au fil de notre raisonnement, il faut dire qu'avant le muudo hormo, ce sont les populations hassan et arabes qui payaient le Muudo Asru qui voulait dire qu'elles acceptent qu'elles sont invitées sur le territoire qu'elles habitent et que leur droit sur ces terres se limitait au minimum; cultiver.
C'est donc suite à renversement politique que les règles du jeu ont changé. Et c'est justement pour mettre fin aux exactions hassaan et au régime denniyanke, leurs protégés, que Suleymaan Baal a initié son projet de renversement de régime. Puisque les DenniyankooBe avaient pour soutien les Hassaan, les marabouts de Fuuta, sous leur leader Suleymaan Baal, vont chercher et obtenir le soutien des Zaawiiya. Alors deux (2) camps se formèrent: Zaawiiya + Marabouts et Hassaan + régime deyniyankooBe. Et si Suleyman Baal a réussi à mettre fin au Muudo Hormo, il appartiendra à son successeur Abdul Kader Kan de continuer la résolution du second point: la chute du régime en place et l'instauration de l'Almamat. La mission fût difficile et à la longue impossible par manque de soutien et des complots répétitifs. Et après la disparition d'Adul Kader Kan, l'Almaamat comme forme de gouvernement, la sharia comme socle de l'Etat et le peuple comme voix s'effondrèrent comme un château de cartes. L'Almamat devient corrompu et pire que le pouvoir deyniyanke.
Les JaagorBe s'imposèrent et le Fuuta retomba dans l'anarchie, rendant ainsi le territoire vulnérable à la colonisation. Un fait repris très souvent par Baaba Maal. C'est pour remédier à cela que Cheikh Umar Tall tentera une autre révolution au XIX siècle. Là aussi la tache fût impossible au Fuuta Tooro et incomplète au Fuuta Kingi où l'homme disparut. Au Fuuta Jalon et au Nord du Nigeria, les mêmes causes produisirent les mêmes effets.
Au cours des siècles, le mouvement de 1776 a fini par être confondu avec les Tooroodo et surtout à Suleyman Baal and Abdul Kadir Kan. La longévité de la Révolution fut très courte car les JaaggorBe ont fini par "kidnapper" ou highjacker" le mouvement populaire à leur bénéfice. Et depuis cette phase, le Fuuta a sombré politiquement.
Il faudra attendre presque trois siècles, pour voir émerger une autre Révolution, culturelle celle là. Cette Révolution fut l’œuvre des Yarimaayo. Mais la question majeure est de savoir pourquoi la Révolution Yarimaayo de l’Ère moderne n’a pas eu la même publicité que la Révolution Tooroodo de 1776? Il faut sans doute chercher la réponse dans trois directions:
-La première est que le Fuuta, dans son rejet du paganisme, a rejeté sa culture et les défenseurs de la cultures sont vus plutôt comme des nostalgiques du Fuuta pre-islamique et de ce fait païens.
-La seconde justification est à chercher dans la place qu’occupe le groupe précurseur de cette révolution dans la pyramide sociale futanke.
-La troisième est que, partant de la deuxième raison, les Yarimaayo ont choisi une révolution silencieuse, le travail de fourmis. Les SubalBe ne furent pas simplement les pionniers de cette révolution, ils furent aussi les gardiens de la culture pulaar et les Pères et fondateurs ce mouvement. De Sammba Joop Leele, Ablay Ceenel, Gellaay Aali Fall, Murtudo etc… à la New Génération de Baaba Maal, Ndilaan, Maamuudu Jool, Aamadu Tijaani Njaay et…, les SubalBe ont été les “ Oupouaout”, les “ Pathfinders” de la culture pulaar.
Si le mouvement de 1776 était surtout politique et religieux, le mouvement des Yarimaayo fut d’abord culturel et ensuite politique. Sur la scène politique, les SubalBe ont surtout occupé les seconds rangs. Nous pensons que cela est moins une coïncidence qu’un choix . En effet, il faut comprendre que les “ mécanismes culturels sont plus puissants que les mécanismes politiques”. C’est ce que ce groupe a compris. La candidature de Ibrahima Saar à l’Élection présidentielle de 2007 et l’annonce que l’homme se présentera de nouveau à l’élection de 2009 constituent une suite logique dans la révolution culturelle. La quête du pouvoir politique est l’autre pan de cette révolution culturelle silencieuse, sans doute le couronnement d’un processus. En 2007, pour le Fuuta, cette candidature avait offert une chance unique de dépasser le clan pour plutôt adopter cette notion de Nation. Ibrahima Saar, même si beaucoup avait la certitude qu’il ne pourra pas gagner, l’avait soutenu parce qu’il était à leurs yeux l’espérance de tout un peuple. Mais le rêve du pouvoir ne doit point se réduire au désir d’obtenir sa part des dattes de la Mauritanie ( pour ne pas dire gâteau). La candidature de 2009 a déjà créé une rupture au sein de son parti et les vieux ennemis de l'union des haalpulaar se sont reveillés encore et menace les efforts de l'homme et l'espoir d'un peuple.
Quant à la situation actuelle en Mauritanie, nous pensons que si la candidature de Ibrahiima Saar en 2007 et son désir de recidiver en 2009 peuvent être perçus comme une étape importante du parcours culturel des Yarimaayo, l’accès temporaire de Ba Mbare à la tête du pouvoir est véritablement une revanche historique des Deyniyanke. En effet, il a fallu attendre 233 ans pour voir un Deyniyanke, un descendant des Sawa Laamu, à la tête de la Mauritanie. Cet accès au pouvoir, même temporaire et “sokkiniste”, demeure important au point de vue historique. Et au point de vue politique, il peut servir de leçon à ceux qui pensent que l'accès d'un nègre au pouvoir doit être l'ultime objectif de notre combat politique; l'histoire les donne tort. L'importance de notre combat politique doit être la mise sur place d'institutions démocratiques qui permettront à tous les enfants du pays de competir sur une base égale et d'oser aspirer aux mêmes opportunités. Pour cela, la strategie doit être un travail à la base et pas un parachutage ou "sokkinisme" au sommet. La force d'une pyramide et sa longivité dependent de l'équilibre de la base et jamais de ce qui jonché au sommet. Mais les Nègres de manière générale et les Deyniyanke, par l'intermediare de Ba Mbare, viennent, une fois de plus, de rater une opportunité énorme d’influencer la direction du train de l’histoire. En effet, l’actuel homme faible de la Mauritanie(pour ne pas dire homme fort et partant mentir} aurait pu être courageux et demander du Général déchu et decevant de jouir de toutes les prérogatives attachées à la présidence: disoudre le gouvernement, restaurer l’ordre constitutionnel, annuler la farce de Juin 2009 etc...
Il faut dire que les Noirs Mauritaniens, ou plutôt ce qu'il en reste après les multiples pogroms de 1960 à 1991, viennent une fois de plus rater la marche du siècle. En effet, notre équation est simple. Si les mêmes tares persistent dans notre pays, ils produiront tôt ou tard les mêmes effets; que cela soit sous un Deyniyanke, Yarimaayo, Kalajjo, Simaasiid, Dawaali, Soninke, Wolof, Bambara ou autre. En effet, on ne soigne pas une fracture institutionnelle et structurelle par un massage ou un "sokkinisme" au sommet de l'Etat.
Comprenons-nous bien,les événements de 1989 ne sont pas un accident historique, un faux pas dans l’évolution politique de notre pays, une rupture éphémère de logique et de raisonnement, la faute d’Ibliss ou Sheytann mais plutôt le couronnement d’un processus historique mûrement réfléchi, la matérialisation d’une volonté politique, la concrétisation d’un rêve. Et les Mauritaniens, pour l'instant, n'ont pas besoin de promesses électorales ou post électorales et encore moins d’investissement à des fins purement électorales ou de Président "sokkinne" nègre; ils ont besoin qu'on arrête de les prendre pour des imbéciles politiques.
Quant à Saar Ibrahiima, nous repetons ce que nous lui disions il y'a de cela quelques mois:"Ratissez large, ne diviser pas". Bien sur que beaucoup d'amis nous disent que Saar aura moins de 8% cette fois-ci. Nous pensons bien le contraire. En effet, la seule façon pour le Général de légitimer sa farce démocratique et électorale serait de laisser l'homme avoir plus de 8%. Sinon, le Général ne saurait pas servi énormement de cette candidature nègre. Or, n'est-ce pas ce que cherche le Général?
Pour terminer,paraphrasons un slogan en vogue dans le milieu estudiantin: "Des Présidents, on en a, mais des Présidents qui président, on en cherche encore et surtout en Mauritanie".
Siikam Sy Chief Editor
Free speech mauritania
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http://www.webzinemaker.com/admi/m7/page.php3?num_web=27310&rubr=1&id=359348