
Le Premier ministre, Dr. Moulaye Ould Mohamed Laghdhaf a présenté, ce mercredi matin, au cours d’une plénière présidée par M. Messaoud Ould Boulkheir, président de l’Assemblée nationale, la Déclaration de Politique Générale du gouvernement pour l’année 2010.
Voici le texte intégral de cette Déclaration de politique générale :
"Au nom d’ALLAH, le Clément, le Miséricordieux,
Paix et Salut sur le Prophète Mouhammad.
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs les députés.
J’ai le grand honneur de m’adresser à votre honorable assemblée et de vous exposer, à travers ce discours, la politique générale du Gouvernement.
En cette session ordinaire de novembre je commencerai par présenter, conformément à l’article 73 de la constitution, dans une forme synthétique, le résultat de l’action du Gouvernement durant l’année écoulée. Ensuite, sous le volet réservé aux perspectives de l’action gouvernementale, j’entamerai l’exposé détaillé de la politique générale du Gouvernement pour l’année 2010.
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
A la suite de la crise politique qu’avait connue notre pays durant l’été 2008, le Gouvernement a su relever le défi par le rétablissement de l’ordre constitutionnel après le mouvement du 6 août. Ce mouvement, faut-il le rappeler, était nécessaire pour sauver les acquis démocratiques et préserver les institutions républicaines.
Le Gouvernement a privilégié, en choix réaliste, la voie du dialogue et de la concertation pour opérer une sortie de crise et épargner au pays les retombées de l’embargo économique, les dérives de la discorde et les dangers de l’instabilité. Il put jouer un rôle majeur par l’appui et l’encouragement des initiatives de compromis et la recherche intrépide de terrains d’entente entre les protagonistes politiques.
Notre pays, louange à ALLAH, est sorti en douceur de la crise constitutionnelle, grâce au génie de ses dirigeants, à la responsabilité de sa classe politique et au soutien de ses amis et voisins.
Durant la période de crise, les soutiens des voisins et amis, dispensés à intensité variable, ont fusionné dans un élan de haute entente et ont généré les accords de Dakar. S’en étaient suivi alors des élections présidentielles transparentes, organisées sous la supervision d’un Gouvernement d’union nationale dûment constitué.
L’opposition politique, associée au processus de transition, reçut les 2/3 des portefeuilles ministériels et se voit dotée de la part du lion dans le Gouvernement chargé d’organiser les élections du 18 juillet 2008.
Le Gouvernement d’unité nationale parvient à organiser les élections présidentielles dans un temps record et à garantir, par le strict respect des conditions techniques et organisationnelles, les impératifs de crédibilité, de transparence et d’honnêteté.
Un tel défi a été relevé avec l’accompagnement responsable du groupe de contact international, le contrôle éveillé de dizaines d’observateurs internationaux, appuyés par un déploiement massif d’autres d’observateurs issus de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI).
La voie du compromis, adoptée par les hautes autorités du pays, s’est ancrée après l’investiture du Président de la République qui, sans tarder, avait invité les leaders des partis opposants au dialogue et à une participation responsable aux efforts de développement.
Inexpérimenté en gestion des crises, vulnérable à la déstabilisation du fait de l’incurie des régimes précédents, et exposé à des risques externes (comme la drogue, le terrorisme et la migration clandestine), notre pays, avec des institutions fragiles et une position géostratégique importante, a besoin d’une classe politique qui, par dessus tout, s’accorde à faire prévaloir l’intérêt général.
Par son rôle constructif, une opposition responsable forcera le respect et recevra, à cet égard, une reconnaissance méritée. Mais il ne faut pas oublier que le devoir de contribution positive à l’effort du développement et la responsabilité partagée dans la sauvegarde de la sécurité et de la stabilité, imposent à toutes les forces politiques un abandon systématique de la logique de confrontation. Les leaders d’opinion doivent privilégier, en toutes circonstances, la tolérance, l’ouverture et la modération dans les opinions et attitudes.
Dans cet ordre d’idées, le Gouvernement, sans jamais ménager d’efforts, s’engage à concrétiser toujours la volonté d’ouverture exprimée activement par le Président de la République.
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
Bien que la gestion du processus de sortie de crise ait accaparé une grande part de l’action gouvernementale, il n’en demeure pas moins qu’une importance particulière a été accordée à tous les domaines de la vie nationale. Des mesures adéquates ont été prises pour résoudre les difficultés ponctuelles et on a pu traiter les problèmes structurels qui gangrenaient le pays depuis quelques décennies.
Ainsi, le Gouvernement a traité de manière satisfaisante les problèmes consécutifs aux inondations enregistrées durant le dernier hivernage, surtout dans les wilayas du Hodh Al Gharbi, Assaba, Guidimagha, Gorgol, Brakna, Trarza, Tiris Zemour et Nouakchott.
Les opérations de sauvetage, à savoir les soins médicaux et appuis nécessaires, ont permis aux victimes la poursuite de leurs activités habituelles dans les conditions de dignité et de sécurité. Durant l’accomplissement de ce travail noble, des bienfaiteurs (hommes d’affaires, dirigeants et Oulémas) ont prodigué, aux côtés des services de l’Etat, une assistance louable. Je saisis l’occasion pour saluer leur exploit et leur présenter mes plus vifs remerciements.
Le Gouvernement a également exécuté un grand nombre de mesures et de programmes visant à améliorer les conditions de vie des populations. On citera à cet égard la baisse des prix des produits de première nécessité, la distribution gratuite de grandes quantités de denrées alimentaires ; en plus de l’amélioration de l’accès aux infrastructures, aux services de santé, à l’eau potable, à l’énergie et au transport.
L’Etat a dépensé un milliard cent millions d’ouguiyas pour subventionner les produits de première nécessité à l’occasion du mois de Ramadan. Cette opération a permis de diminuer à hauteur de 35% les prix des huiles alimentaires, des produits laitiers, du sucre, des pommes de terre et des oignons.
Sur toute l’entendue du territoire, les personnes pauvres et les ménages à faible revenu ont profité de ces baisses de prix. Une opération parallèle s’est soldée par une distribution gratuite d’énormes quantités de produits alimentaires aux mosquées, Mahadras et personnes indigentes dans les centres urbains. Et en continuité de l’effort soutenu visant à améliorer les conditions de vie des populations les plus vulnérables, plus de 14.000 tonnes de produit alimentaires, essentiellement du blé, du riz et du sucre ont été distribuées ; et durant le mois d’avril passé, les populations de Nouakchott ont bénéficié de la distribution de 2000 tonnes de riz et de blé.
L’appui du Gouvernement a également englobé l’énergie, l’eau potable, les soins d’urgence et les médicaments. Dans ce cadre, la Société Nationale d’Eau et la Société Mauritanienne de Gaz ont respectivement baissé leurs prix de 8% et de 20%. La Société Mauritanienne d’Electricité a systématiquement gelé ses tarifs. Toutes ces subventions ont coûté au trésor public un montant global de 4 milliards d’ouguiya.
Sur le plan du rapprochement des services médicaux, il a été procédé au renforcement des réseaux hospitaliers par la rationalisation de la répartition géographique et la modernisation des équipements et moyens. De surcroît, l’Etat a pris en charge les soins médicaux de personnes indigentes, les situations médicales d’urgence, les hémodialyses, les médicaments antipaludéens et les maladies contagieuses.
En outre, pour traduire la haute attention accordée par le Président de la République aux couches sociales les plus démunies, il a été procédé à l’ouverture de l’hôpital de la mère et de l’enfant. Dans cette perspective, s’inscrit également l’ouverture à Nouakchott de l’hôpital de cardiologie et de l’hôpital d’oncologie.
Pour mettre fin à la souffrance des citoyens dans les bidonvilles, le Gouvernement, sous le patronage direct du Président de la république, a exécuté un programme d’urgence pour la restructuration des quartiers dits ‘’ d’attente ‘’ dans les villes de Nouadhibou et Nouakchott.
Ce programme s’est soldé, jusqu’à présent, par la construction de routes, la réservation d’espaces suffisants à des infrastructures collectives et l’attribution de terrains à 11.100 familles à Nouakchott. A Nouadhibou, 500 familles ont disposé de terrains avant la fin de l’année écoulée et 53.000 autres vont disposer de leurs terrains propres durant le premier semestre 2010. A la fin de ce programme, on aura mis fin, de manière définitive, aux phénomènes des Gazra dans notre capitale économique.
Pour améliorer le cadre de vie de façon générale, le Gouvernement vient d’entamer, sur instruction du Président de la République, une opération de nettoyage de la ville de Nouakchott. Des tonnes d’ordures ont été enlevées et l’espace public se libère sensiblement des occupants anarchiques et des exploitations non autorisées, à savoir le commerce ambulant, les étals sur trottoirs, les garages mécaniques, les ateliers pléthoriques et les maisons édifiées, en dehors de toutes normes de sécurité, dans les quartiers résidentiels.
Cette opération vient de donner d’excellents résultats et sera généralisée à toutes les villes du pays.
Dans le domaine des infrastructures, 125 Km de routes bitumées, essentiellement à Nouakchott, ont été construits. Cela fait partie d’un programme ambitieux encore en cours d’exécution et premier de son genre dans notre pays qui aboutira, à terme, à donner un visage nouveau à notre capitale à la fin de l’année courante. C’est un programme qui a été entièrement financé sur les fonds publics à près huit milliards d’ouguiyas.
La réfection, à partir de la route de l’espoir, du tronçon Kiffa - Tintane est déjà entamée et les travaux se poursuivent toujours au niveau de la route Rosso – Boghé. Aussi, faut-il le rappeler, toutes les études techniques en rapport avec la construction de la route Atar – Tidjikja ont été réalisées et les travaux doivent commencer dans les plus brefs délais.
L’étude de faisabilité lancée au sujet de la route Kiffa – Sélibabi – frontière Malienne est achevée, tout comme celle de la longue route qui ceinture la ville de Nouakchott. A cela s’ajoute le programme Aftout relatif au désenclavement des zones de production et à la lutte contre la pauvreté dans cette zone, afin qu’elle devienne le triangle de l’espoir, après avoir été qualifiée communément de triangle de la pauvreté.
Dans le domaine du transport, on vient d’entamer la mise en œuvre des reformes décidées en matière de transport terrestre et l’on s’apprête à lancer une société nationale de transport aérien et une autre société pour le transport urbain.
En dépit des obstacles liés à la crise financière mondiale et ses conséquences sur la fluidité des flux financiers orientés vers le développement, l’économie nationale s’est distinguée par un fonctionnement relativement bon. Le niveau de croissance économique garde un cap acceptable et le taux d’inflation est passé de 7,3 % en 2008 à 2% en 2009. Les recettes fiscales, y compris les dons, ont augmenté de 17%, allant de 132 Milliards en septembre 2008 à 152 Milliards en septembre 2009. Les exportations de la pêche maritime ont atteint 195 Millions de dollars durant les sept premiers mois de l’année 2009, au lieu de 149 Millions de dollars à la même période de l’année 2008 (soit une augmentation de 30%).
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
Les réalisations que l’on vient de citer, toutes importantes qu’elles soient, ont vu le jour dans un contexte pour le moins incommodant. Il était fortement marqué, vous le savez bien, par l’influence de la crise financière sur l’offre mondiale de financement et sur l’activité économique en général. D’autre part, sur le plan interne, la crise politique se mettait en travers de la mobilisation des partenaires au développement pour honorer les engagements qu’ils avaient pris avant le changement du 6 août 2008.
Pour surmonter ces obstacles, le Gouvernement, soucieux de pallier aux insuffisances de ressources, avait adopté une politique ferme, essentiellement axée sur la mise en œuvre du principe de la dépense raisonnée et de la lutte contre la dilapidation de deniers publics. Ainsi, avec beaucoup de succès, le Gouvernement sut franchir les obstacles posés par le gel de l’assistance internationale et, pour ce faire, dut prélever plus de 40 milliards sur les dépenses de fonctionnement. Ces montants ont été réservés au financement d’un grand nombre de projets de développement et de programmes sociaux, en plus de la prise en charge par l’Etat du coût des élections présidentielles : cette opération a coûté trois Milliards d’ouguiyas. Un tel défi ne saurait être relevé sans le contrôle, étroit et continu, que le Président de la République prit soin d’exercer sur les autorités publiques, afin d’évaluer leur sérieux et de mesurer leur engagement dans la concrétisation de son programme et de sa politique d’évaluation.
Aujourd’hui, on constate que cette politique, menée avec beaucoup de génie, vient de donner ses résultats après les visites, fort réussies, que le Président de la République avait accomplies dans les pays voisins et frères.
La Mauritanie redevient une destination privilégiée d’investisseurs étrangers et les diplomates s’y rendent avec une fréquence sans cesse accentuée. Les relations sont rétablies avec les partenaires au développement, comme l’atteste le règlement par la Banque Mondiale des flux financiers attendus, la signature d’un programme hautement ambitieux avec le Fonds Monétaire International et le renouvellement des accords avec l’Union Européenne.
Il n’est plus à démontrer que la politique de conciliation et d’ouverture n’était pas une tactique circonstancielle dictée par des contingences de crise. Plutôt, correspond-elle à un choix stratégique, issu d’une vision réformatrice et doublé d’une analyse profonde des quatre décennies de la Mauritanie indépendante. Il faut dire que, depuis toujours, la gestion du pays, avec quelques succès relatifs, n’a pu satisfaire les ambitions et qu’elle fut émaillée de graves échecs et de sérieux blocages : cette situation, longuement entretenue, n’est plus supportable et ne saurait continuer.
C’est dans cette optique qu’intervient l’opération de bonne gouvernance publique, à travers la gestion du parc automobile de l’Etat, la lutte contre l’anarchie dans la prise en charge, légitime ou indue, de la consommation en eau, électricité, téléphone ou logement. A cet égard, citera-t-on les instructions, réitérées en toutes occasions, par le Président de la République, au sujet de la lutte contre le clientélisme, le régionalisme, le népotisme, la complaisance et les agissements contraires à la morale ou incompatibles avec l’efficience du service public.
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
L’action du Gouvernement s’inscrit, en premier lieu, dans le cadre de l’application stricte des principes et dispositions constitutionnels, à savoir le principe, primordial et sacré, de la séparation des pouvoirs.
Je tiens justement à vous affirmer que le Gouvernement veillera, de manière intransigeante, à la garantie du respect des compétences du Parlement et à l’indépendance du pouvoir judiciaire. Aussi, s’engage-t-il à la mise en œuvre des principes constitutionnels régissant le contrôle exercé par le parlement sur l’action et le travail du Gouvernement.
Aucune entrave, à moins qu’elle ne soit d’ordre juridique, ne vous affectera dans votre droit à l’information et à l’exercice du contrôle, sans préjudice de vos compétences en matière législative. Et conformément à la Constitution, l’on procédera sans tarder à l’adoption des procédures d’interrogation du Gouvernement et à tous les instruments en rapport avec le déroulement, en bonne et due forme, du contrôle parlementaire.
En outre, le pouvoir judiciaire et le Conseil constitutionnel, en tant qu’institutions chargées d’organiser les rapports entre les pouvoirs exécutif et législatif, seront appelés à assumer leur rôle de manière efficiente.
Et pour améliorer l’efficacité de l’action parlementaire, le Gouvernement compte appuyer les efforts des organes issus des deux chambres. Ceci se traduira par une assistance au niveau de l’utilisation des techniques d’évaluation des projets de lois et de leur codification, ainsi que par la réglementation des délibérations et débats parlementaires.
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
L’action du Gouvernement reste guidée par les objectifs majeurs que le Président de la République a fixés dans son programme électoral et a réitérés en plusieurs circonstances, surtout à l’occasion de son discours d’investiture le 5 août 2009. Ces objectifs se résument, globalement, dans l’engagement, ferme et courageux, de sauver le pays de la dérive qu’il connaît du fait des mauvaises politiques, appliquées par les régimes qui se sont succédé durant quelques décennies.
En vue de concrétiser cet engagement présidentiel, le Gouvernement se réfère au diagnostic, expresse et précis, que le Président de la république a exprimé, en ces termes, dans son discours électoral : « notre pays, exposé au mécontentement de tous, n’arrive pas à s’imposer devant les antagonismes locaux et continue à souffrir de l’incompétence de ses institutions, des sureffectifs dans l’appareil administratif, des charges exorbitantes et de l’inefficience généralisée. Le citoyen se perd dans les dédales de procédures inadaptées, contradictoires et pléthoriques. A toutes ces tares, s’ajoutent le manque de transparence, la corruption de l’élite, l’incompétence et le manque d’expérience professionnelle des ressources humaines ».
Le Gouvernement se lance sur le chemin que Président de la République a désigné pour arracher le pays à la crise structurelle et le placer, de manière confiante, sur la voie balisée du développement global. Une Mauritanie sereine sera édifiée sur de toute nouvelles bases.
D’ailleurs, le Président de la République considère qu’ «en reconstruisant nos institutions sur de nouvelles bases, nous aurons œuvré pour l’émergence d’un Etat de droit où tous les sujets, individus ou groupes, se soumettent au commandement, impartial et exclusif, de la loi applicable. Notre objectif reste alors la reconstruction d’un Etat qui peut garantir des institutions républicaines bien assises, consolider l’unité nationale, gérer une administration publique moderne et préserver un système judiciaire équitable».
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
La consolidation de l’unité nationale constitue un objectif essentiel dont la réalisation suppose le rétablissement d’une harmonie sociale et la marche collective, et à pas confiants, vers un avenir meilleur. Le Gouvernement ne saurait ignorer qu’un tel but exige, en premier lieu, la rupture totale avec les politiques défaillantes et la lutte contre l’instrumentalisation qu’on en faisait pour désagréger le socle de l’unité. Il s’engage, à cet égard, à prendre des mesures concrètes pour renforcer l’entente générale et préserver notre société contre les dangers consécutifs, dans bien des cas, aux sentiments de lésion, d’injustice ou d’exclusion.
A juste titre, le Gouvernement poursuivra le règlement du passif humanitaire, par la réparation des préjudices, la garantie de conditions de vie dignes et la promotion de l’esprit de tolérance.
Parallèlement à ces actions, il encouragera les approches de discrimination positive, au profit des catégories démunies, et veillera à ce qu’elles rejoignent, par leur niveau de vie et leurs privilèges, les autres couches de la population. La mise en place de ces approches se traduira par le recours à des outils et procédures spécifiques et doit contribuer à l’amélioration des conditions de vie des pauvres, en donnant priorité aux anciennes victimes de l’esclavage.
Cette préséance à l’aide englobe l’accès privilégié aux services de base, à la formation professionnelle, à la micro finance et à la propriété immobilière.
Pour sauver ces acquis, le Gouvernement s’engage à combattre toutes pratiques ou discours contraires à l’unité nationale. Aussi, entend-il promouvoir les organisations politiques et locales qui, par vocation ou en priorité, s’attaquent au tribalisme, au racisme et aux appartenances étroites.
De façon générale, le Gouvernement s’engage solennellement à œuvrer pour que les mauritaniens éprouvent la fierté d’appartenir à une nation qui les protège, les traite sur un pied d’égalité et leur garantit, sans aucune exclusion, un accès équitable aux services publics.
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
La réforme administrative - à travers son rôle dans une gestion transparente, visionnaire et responsable des ressources de l’Etat - occupe une place de choix dans la politique du Gouvernement. Ainsi, l’on envisage déjà la réalisation d’une réforme radicale de l’Administration publique, en vue de l’assainir et d’en chasser, de manière définitive, les pratiques de dilapidation, de corruption et de détournements de deniers. Pourra-t-on en faire alors une administration modèle, hissée au summum de l’efficacité et opérant, sans blocages, avec crédibilité et honnêteté.
Le Gouvernement, à travers la formation, l’équipement adéquat, l’augmentation des salaires et l’assainissement du cadre professionnel, mettra l’accent sur la restructuration du service public et l’amélioration des performances des personnels.
A cet égard, on procédera, dans un premier temps, à une vérification générale dans tous les services publics, y compris les établissements publics, les sociétés nationales, les agences publiques et autres entités similaires. Ensuite, passera-t-on, en cas de besoin, à la restructuration de ces services, en se référant à l’impératif de réédification de l’Etat sur de nouvelles bases, marquées par la simplicité, l’harmonie, l’efficience et la crédibilité.
L’augmentation des salaires s’effectuera, de manière particulière, à travers la révision et la rationalisation des avantages en nature accordés aux fonctionnaires et agents de l’Etat et incluant, bien entendu, le régime de retraite et de protection sociale. Cette opération doit se dérouler de manière à faire accéder les intéressés au transport et à la propriété immobilière.
Le Gouvernement œuvrera également pour le rapprochement entre l’Administration et le citoyen, à travers la simplification des procédures administratives et l’utilisation des nouvelles technologies. De telles démarches permettront d’ôter un fardeau aux usagers et de veiller au suivi et à l’évaluation de l’activité des services de l’Etat.
D’autre part, on s’engagera davantage dans l’ancrage de la bonne gouvernance, à travers la diminution du coût de gestion de l’administration publique, l’amélioration de son rendement et la valorisation des ressources humaines. Aussi, pour ne pas politiser l’Administration, on s’attellera à appliquer « le principe de la récompense et de la sanction » et de placer «l’homme qu’il faut au poste qu’il faut ».
Dans le cadre de l’exécution de la réforme globale, fort requise dans les circonstances actuelles, le Gouvernement entreprendra des mesures concrètes afin de revêtir la vie publique de vertu et de morale nécessaires. On y parviendra à travers la réactualisation des textes contre la corruption, la restructuration des procédures judiciaires et la mise en œuvre des organes de contrôle. En outre, faudra-t-il opérer une révision des textes en rapport avec la transparence de la vie publique, réfléchir sur la réforme du cadre légal de la finance et réexaminer, pour plus d’harmonie, le code des marchés publics.
Dans cet ordre d’idées, une stratégie de lutte contre la corruption sera adoptée et, pour une dissuasion optimale, des textes spécifiques seront édictés dans le sens d’un renforcement des sanctions et d’une rigueur contre les auteurs d’une telle pratique. La fermeté reste nécessaire pour la réorganisation d’une vie publique fondée, pour sa pérennité, sur des bases assainies et solides.
Pour augmenter l’efficience de l’activité administrative, le Gouvernement s’engage à introduire l’idée d’une gestion orientée vers les résultats, en vue de garantir le passage rapide de l’approche de moyens à celle des résultats : cela implique, sur le plan juridique, une réforme conçue dans une optique de spécialisation des ressources et suppose, sur le plan technique, par le biais de la programmation et des plans d’action, l’établissement de liens entre les objectifs et les moyens.
Dans la même optique, le Gouvernement veillera à l’ancrage des procédés de l’administration exemplaire par l’épuration de l’état civil. On prendra soin d’organiser les archives, d’en moderniser la gestion et de mettre en place un cadre juridique, pouvant garantir l’enregistrement exact des données relatives aux nationaux et ressortissants étrangers. L’état civil et la citoyenneté doivent être fondés sur la transparence et ne point s’ouvrir aux pourvoyeurs de la falsification et de l’escroquerie. Pour réaliser ces objectifs, et établir une situation exhaustive des citoyens, on procédera à l’ouverture d’un centre d’état civil dans chaque capitale de wilaya.
Toutes les mesures seront prises pour mettre en place un recensement complet des ressortissants étrangers, en vérifiant les motifs de leur arrivée et en accordant des titres de séjour à ceux, d’entre eux, qui répondent aux conditions légales exigées. A l’instar des autres pays du monde, cette œuvre de maîtrise de l’état civil, des nationaux et étrangers, se fera sans compromettre l’image de notre pays.
La Mauritanie restera une destination privilégiée, une terre de rencontres et un territoire d’échange de richesses. Elle demeurera une terre hospitalière et continuera à accueillir, dans le respect des règlements et lois applicables, les ressortissants des pays amis et frère.
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
La réédification de l’Etat sur des bases saines passe par la mise en place d’un système judiciaire qui, impartial et crédible, parvient à servir le citoyen avec une grande indépendance et une absolue honnêteté. Un tel système doit contribuer à la lutte contre les détournements, le crime organisé et le banditisme transfrontalier.
Le secteur judiciaire joue un rôle majeur dans l’affermissement des assises de l’Etat de droit, la préservation du prestige de la Nation, la généralisation de la paix sociale et l’encouragement des initiatives. Le Gouvernement, pour toutes ces raisons, accorde une attention particulière à la réforme de ce secteur mais, conscient de la grandeur du projet, ne perd pas de vue l’ampleur des efforts à consentir pour une adaptation des textes à la spécificité et à l’évolution sociales. Cette réforme fera entrer en ligne de compte, pour amélioration ou perfectionnement, les aptitudes scientifiques et les vertus morales des personnels judiciaires. Aussi, pour réserver au troisième pouvoir la place qui lui revient au sein de la République, les conditions matérielles du personnel judiciaire seront examinées et redéfinies, selon les paramètres raisonnables du confort professionnel.
Le Gouvernement promet d’entamer, dans les plus brefs délais, l’exécution complète de tous les engagements pris dans le programme du Président de la République en matière de réforme judiciaire. Il s’agit de :
• mettre en place un programme élargi de formation des magistrats, essentiellement axé sur l’acquisition de connaissances et l’enseignement de la déontologie professionnelle,
• ériger une justice indépendante qui inspire confiance par son professionnalisme, sa célérité et qui garantit la protection des investissements,
• améliorer et élargir les infrastructures judiciaires et les prisons sur toute l’étendue du territoire,
• généraliser l’utilisation des nouvelles technologies pour se conformer aux délais,
• uniformiser l’application des textes juridiques et mettre la justice à portée des justiciables,
• achever et promouvoir les règles de médiation et d’arbitrage. Les textes en rapport avec l’assistance judiciaire relèvent évidemment de ce point.
• améliorer les conditions de travail des magistrats, à travers une protection légale et matérielle nécessaire pour leur indépendance, et réexaminer le cadre organisationnel des auxiliaires de justice.
• rendre le milieu carcéral plus clément, en y introduisant des programmes de réinsertion et de resocialisation.
De façon générale, ce secteur fera l’objet d’un travail soutenu dont le but est de refonder notre système judiciaire sur des bases, en mesure de garantir l’indépendance, la crédibilité et la célérité des procédures. A cela s’ajouteront une rationalisation des codifications légales, une valorisation des ressources humaines et l’amélioration des conditions de travail. En outre, œuvrera-t-on pour la modernisation des infrastructures et équipements, parallèlement à l’application d’une politique pénitentiaire axée, de manière fondamentale, sur la rééducation et la réinsertion des anciens détenus.
Sur un autre plan, le Gouvernement appliquera une politique dynamique dans le domaine des droits et libertés. La protection des droits fondamentaux sera garantie et l’on s’efforcera à ce que chacun puisse bénéficier de l’assistance sociale nécessaire et que les talents individuels soient valorisées et soutenus. Aussi, ne manégera-t-on point d’efforts pour sensibiliser les citoyens sur leurs devoirs envers la communauté et leur montrer, dans une optique éducative, leurs droits et leurs prérogatives. Un appui substantiel sera consenti à la Commission Nationale des Droits de l’Homme, pour l’aider à suivre et évaluer les efforts de l’Etat en matière de lutte contre les séquelles de l’esclavage et dans le règlement définitif du passif humanitaire. Dans cet ordre d’idées, les organisations de la société civile et autres organes indépendants, bénéficieront de l’aide adéquate afin de s’acquitter, convenablement, de leurs missions de contrôle.
Dans le domaine de défense et de sécurité, le Gouvernement entreprendra, sous l’autorité du Président de la République, les procédures de modernisation des forces armées et de sécurité. Il compte renforcer leurs capacités défensives et les impliquer, en temps de paix, dans les activités de développement. Il va sans dire que ces hautes ambitions supposent, en plus de l’amélioration des conditions de vie, une réorganisation et une professionnalisation de l’armée nationales et des forces de sécurité. Une attention particulière sera alors accordée à la mise en place de corps professionnels en mesure d’assumer leurs tâches de défense et de sécurité, de servir la République et de lutter, en toute efficacité, contre le trafic de drogue, le terrorisme et la migration clandestine.
En matière de politique étrangère et d’intégration régionale, l’action du Gouvernement s’inscrit dans le cadre des choix et orientations fixés par le Président de la république : il s’agit en particulier de servir les intérêts suprêmes de l’Etat, de consolider son rôle dans les sphères du monde arabe et de l’Afrique et de lui faire occuper, au plan international, la grande place qui lui sied.
Cette présence internationale doit être marquée, conformément aux orientations du Président de la République, par le soutien des causes justes, l’ouverture au dialogue et la mise en place de coopérations fructueuses. Dans ce cas, le Gouvernement s’empresse à dynamiser les relations d’entente et de coopération avec les Etats voisins et œuvrera, sans relâche, pour le nivellement des obstacles à l’édification effective du Maghreb arabe. Ensuite, s’efforcera-t-il à promouvoir le dialogue arabo-africain et à consolider la coopération avec les pays de l’Unité européenne.
La diplomatie mauritanienne, avec ses amis et homologues, travaillera pour répandre la paix et la coopération dans le monde. Elle s’emploiera de manière particulière à appuyer les efforts visant à installer une paix réelle et durable au Moyen Orient. D’ailleurs, s’agit-il, à cet égard, d’une condition essentielle pour l’instauration, dans tous les pays du monde, de la sécurité, la stabilité et la prospérité.
La Mauritanie reste attachée à la nécessité de faire réussir le processus de paix au Moyen Orient par le retrait d’israël des terres arabes occupées et la mise en place d’un Etat palestinien indépendant, avec Al Qouds comme capitale.
Le Gouvernement mettra sa diplomatie à contribution en vue d’ appuyer nos citoyens établis à l’étranger, protéger leurs vie et biens et leur garantir, où qu’ils se trouvent, la dignité et la tranquillité. Les migrants mauritaniens bénéficieront d’un encadrement qui leur permettra de rester en contact avec le pays et les encouragera à mobiliser leurs épargnes pour y acquérir des propriétés immobilières ou y réaliser des projets importants.
Conscient du rôle primordial de l’Administration territoriale dans la représentation de l’Etat et l’application de sa politique sur l’étendue du territoire, le Gouvernement veillera à consolider le pouvoir des autorités administratives, à élargir leurs compétences, à les transformer en structures de développement, entièrement au service du citoyen, et à exclure toutes pratiques incompatibles avec l’esprit de la modernité. Le processus de recentrage des missions de l’autorité administrative sur les questions du développement économique et social va être accompagné du rééquipement des circonscriptions administratives, de l’amélioration des conditions de vie des représentants de l’Etat et de l’organisation, à leur profit, de formations adéquates. Il sera également procédé à l’approvisionnement, en fournitures adaptées, de structures comme les Directions régionales d’équipement et les instituts régionaux d’administration publique. Ces actions seront forcément accompagnées de procédures de décentralisation des moyens financiers.
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
Pour agir dans l’optique de l’intérêt accordé par le Président de la République à l’ancrage d’un aménagement rationnel et équilibré du territoire national, le Gouvernement s’engage à opérer une réforme radicale qui balise la voie à l’exécution de politiques de développement justes, mesurées et raisonnables. De telles politiques doivent, à moyen et long terme, mettre fin aux écarts économiques entre les régions du pays.
Pour atteindre ces objectifs, l’on entamera sans tarder une concrétisation de l’option de la régionalisation, à travers la mise en place de collectivités territoriales disposant de la personnalité juridique et opérant avec des compétences réelles. Ceci implique le recours à des organes régionaux représentatifs et aux compétences nécessaires pour la conception et l’exécution des programmes de développement. De manière progressive, procédera-t-on à l’adoption de stratégies pour le déplacement des services publics à l’intérieur du pays, en fonction des exigences dictées par l’amélioration des infrastructures de base.
Dans ce cadre, le crédit agricole disposera d’une branche à kiffa et l’on mettra en place une représentation du programme de renforcement de la sécurité alimentaire, financé par la Banque Islamique. Le programme des filières agricoles, financé par l’Agence Internationale pour le Développement, sera, quant à lui, étendu à la ville Néma.
L’effort du Gouvernement sera concentré sur le renforcement de la décentralisation et le développement local, à travers la répartition judicieuse des spécialités et la transformation effective des compétences et moyens. Dans tous les cas, ces démarches auront lieu en privilégiant, à chaque fois, l’impératif de complémentarité entre les services décentralisés et les collectivités locales.
Le Gouvernement, dans le cadre du réexamen de la répartition administrative, veillera à la mise en place de pôles administratifs englobant les écoles, les centres de santé, les bureaux de poste, les communes et les centres d’état civil etc.… On parviendra alors à rassembler les campements, les groupements ruraux et les bourgs, afin d’éradiquer le phénomène de sédentarité anarchique et de garantir un développement socio-économique équilibré.
On ouvrira, en parallèle, à l’intérieur du pays, des pôles d’attraction économiques qui permettront de valoriser les possibilités de la région et de pallier aux velléités de migration vers des centres urbains déjà saturés.
Le Gouvernement traitera avec beaucoup de fermeté les problèmes cumulés dans les grandes villes du pays, surtout Nouakchott et Nouadhibou.
Comme vous le savez, ces problèmes sont dus à l’absence d’une politique urbaine véritable car fallait-il prendre en compte les liens étroits entre le plan urbain et les questions relatives au réseau routier, à l’assainissement et au fonctionnement des services en rapport immédiat avec la vie des populations. S’y ajoutera forcément, dans le cadre urbain, un redéploiement rationnel des activités à type de services. Pour accompagner la nouvelle politique en matière d’aménagement du territoire, le Gouvernement entreprendra les mesures suivantes :
- L’élaboration des textes d’application de la loi d’orientation en matière d’aménagement du territoire,
- La mise en place d’un observatoire national de l’aménagement du territoire,
- La promotion progressive et la mise en œuvre des instruments pratiques de l’aménagement du territoire, qu’il s’agisse du plan national, régional ou encore du plan local des infrastructures.
- L’encadrement de l’urbanisation à travers le lancement d’opérations pilotes,
- L’intensification des activités pouvant conduire à l’élaboration des cartes des différents départements et leur actualisation en cas de besoin.
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
Si l’indépendance de la justice reste une garantie pour la pérennité et la crédibilité de l’Etat, il convient de rappeler que la liberté d’opinion et d’expression constitue un chevron indispensable à l’affermissement de la démocratie. A cet égard, le Gouvernement s’engage, en application des directives du Président de la République, à donner priorité au renforcement du pluralisme, à la liberté d’expression et à la liberté de presse en particulier.
Le Gouvernement initiera à cet effet, au cours de l’année 2010, une stratégie nationale pour la promotion du secteur de la communication. Cette stratégie sera axée sur l’adaptation du cadre juridique de la communication audiovisuelle avec les nouvelles réalités politiques et sociales. D’autre part, en prenant soin d’introduire les progrès en matière de technologies de l’information, on parviendra, dans cette optique, à élargir le champ des libertés, à restructurer le secteur, à l’organiser et à professionnaliser ceux qui y opèrent.
A cet égard, un centre de formation des journalistes et des techniciens travaillant dans le domaine de la presse sera ouvert. Une société de télédiffusion verra le jour et permettra la maîtrise de l’évolution du secteur et son accompagnement dans le sens d’une libéralisation progressive et organisée des intermédiaires audiovisuels. Dans cet ordre d’idées, on élaborera des cahiers de charge adaptés que l’on soumettra aux opérateurs privés désireux d’investir dans le secteur.
Par ailleurs, le Gouvernement proposera, au moment convenu, l’appui qui se doit à la haute autorité de la presse et de l’audiovisuel.
Nos efforts seront également axés sur la transformation des medias publics en services publics véritables et d’en fixer la mission, conformément à l’attention accordée par le Président de la République à la liberté d’expression.
De manière générale, le Gouvernement mettra au point des outils adéquats pour garantir l’accès à l’information et faciliter son passage avec fluidité. Il veillera également à l’élaboration de fondements étudiés, en mesure d’appuyer la présence communicationnelle de notre pays et d’en refléter, au plan international, une image hautement positive.
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
Du fait de l’importance que lui réserve le Président de la République, aussi bien dans son programme électoral que dans les politiques qu’il eut à mener depuis son investiture, la lutte contre la pauvreté vient en tête des priorités de l’action gouvernementale. Ainsi, le renforcement de la croissance économique, la réduction de la pauvreté et l’amélioration des conditions de vie des citoyens constituent les axes principaux de l’action gouvernementale.
Dans ce cadre, le Gouvernement exploitera les résultats de la nouvelle enquête sur les conditions de vie des ménages afin de déterminer l’état de pauvreté et élaborer, en connaissance de cause, l’analyse pertinente desdits résultats. Ensuite, pour les adapter aux directives du Président de la République, peut-on, sur la base des données collectées, faire la révision du cadre stratégique de lutte contre la pauvreté et celui des dépenses.
En se référant à cette vision stratégique, le Gouvernement s’engage, avec fermeté et persévérance, à poursuivre la lutte contre la pauvreté.
Une telle mission passera par la réalisation d’une croissance économique maintenue, l’implication progressive des pauvres dans le processus de création des richesses, une meilleure répartition des fruits de la croissance et une augmentation des dépenses dans le domaine de lutte contre la pauvreté.
A ce sujet, le Gouvernement entreprendra dans les prochaines années une politique économique qui, étudiée et harmonieuse, permettra une meilleure création de l’emploi à travers la réalisation d’une croissance économique solide et équilibrée. Il s’engage également à jeter les bases d’un système de bonne gouvernance et de gestion des ressources, tout en poursuivant la lutte invétérée contre les détournements de deniers publics, la corruption et la dilapidation des ressources de l’Etat.
Le Gouvernement, dans l’exécution du budget, adoptera une politique qui donne priorité à l’investissement efficace et privilégie les réformes structurelles pertinentes. Cette politique sera en mesure d’encourager l’investissement privé et de renforcer les pouvoirs compétitifs et productifs de l’économie nationale. En parallèle, essentiellement dans le domaine de l’artisanat, du bâtiment et des travaux publics, une attention particulière sera accordée à la prise de mesures incitatives adaptées à la spécificité des moyennes et petites entreprises.
Conformément à cette orientation, le projet de budget pour l’exercice 2010, adopté par le Gouvernement en date du 16 novembre 2009, cherche à dynamiser les activités économiques et révèle la priorité accordée aux secteurs ayant un impact immédiat sur les conditions de vie des citoyens (enseignement, santé, eau potable, transport). Ainsi, une enveloppe correspondant à 27 % du crédit budgétaire a été réservée à ces secteurs vitaux, alors que le crédit d’investissement - relatif au budget consolidé d’investissement, financé sur les ressources propres de l’Etat - a atteint 66.820.010.000 UM (soit une augmentation de 21,8 % par rapport au budget 2009).
Dans le domaine des réformes structurelles, le Gouvernement révisera le cadre institutionnel en vue d’améliorer l’orientation de l’économie et de lutter contre les monopoles.
Afin de relever la classification de notre économie, élargir l’assiette d’impôts et améliorer les procédés de lutte contre la soustraction aux obligations fiscales, le Gouvernement entreprendra des réformes profondes dans le domaine des impôts. Il œuvrera en outre pour l’amorce d’une nouvelle dynamique des outils de programmation du budget. On arrivera alors à construire un système de spécialisation des ressources, essentiellement basé sur le lien entre les objectifs et la qualité du rendement.
Dans ce cadre, la loi organique relative aux lois de finance sera révisée afin d’améliorer la classification économique en vigueur et, comme d’usage dans les dépenses à moyen terme, initier une classification fonctionnelle des documents du budget.
Afin de contrôler les dépenses publiques, le système « RACHAD » sera élargi pour prendre en compte toutes les opérations en rapport avec le budget de l’Etat.
Dans le domaine de la politique monétaire, les bonnes mesures appliquées par les autorités monétaires ont permis une rapide maîtrise de l’inflation, dont le taux est passé de 7,3% en 2008 à 2% en 2009. Les efforts seront multipliés dans ce cadre pour entretenir les conditions propices à l’essor économique. D’autre part, les mesures prises pour le renforcement de la compétitivité dans le système financier seront maintenues afin de faire baisser le taux réel d’intérêt et augmenter les chances d’accès aux crédits.
Edifié sur la situation inquiétante des entreprises publiques, globalement accablées par les pertes résultant de la mauvaise gestion, le Gouvernement ne ménagera aucun effort pour apporter des solutions adéquates et dissiper les menaces qui pèsent alors sur la continuité du service public.
Une vérification technique et financière sera réalisée pour déterminer les procédures stratégiques les mieux indiquées pour le redressement d’un secteur aussi vital de l’économie. On procédera également au renforcement des organes délibérants des établissements et sociétés publics.
Toutes ces procédures doivent baliser la voie pour la conclusion de contrats-programmes avec les sociétés et établissements les plus importants et garantir, au final, les conditions appropriées pour l’amélioration des services au citoyen.
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
Les efforts consentis pour la promotion de l’investissement viennent de donner leurs fruits car, en dépit de la crise économique mondiale, notre pays fait l’objet d’une ruée encourageante d’investisseurs étrangers, attirés par la profusion des opportunités et encouragés par la qualité de l’environnement des affaires. D’autres investisseurs sont attendus, en plus grand nombre, dans les prochaines années. D’ailleurs, de telles prévisions sont corroborées par les conventions de financement qui, conclues dans les mois passés, dénotent le rétablissement de la confiance des partenaires au développement en l’économie nationale.
Pour consolider cette orientation, le Commissariat Chargé de la Promotion de l’Investissement vient de réaliser un certain nombre d’activités, dans le but de sensibiliser les partenaires étrangers et d’améliorer le climat d’investissement en Mauritanie.
Le Gouvernement continuera à donner la priorité au secteur privé et œuvrera pour le dépassement des obstacles qui entravent la promotion de l’investissement privé. A cet égard, un nouveau code des investissements sera soumis, dans les plus brefs délais, à votre honorable assemblée. Le Gouvernement s’engage également à opérer une réforme du secteur financier en vue de favoriser l’accès au crédit, d’élargir le cadre des services financiers et de dynamiser le secteur des assurances.
Le Commissariat Chargé de la Promotion de l’investissement privée ne ménagera aucun effort pour faire de la Mauritanie une destination pour l’investissement étranger, tout en recherchant, avec l’appui et l’accompagnement nécessaire, le renforcement des investisseurs nationaux. Il entamera sans tarder une stratégie de promotion du secteur privé, en particulier après l’achèvement de l’étude sur le développement de la Baie de Nouadhibou. D’autres efforts seront consentis pour l’encouragement du partenariat public et privé.
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
Le Gouvernement exécutera une politique dynamique, destinée à contenir l’augmentation des prix, à travers l’organisation du marché, l’amélioration de son approvisionnement, le contrôle de la concurrence, le renforcement des organisations de consommateurs, l’application des dispositions commerciales, la diminution des coûts de production, de l’importation et de la distribution. En plus, des outils adéquats seront mis en place pour garantir la stabilité des prix dans les zones les plus défavorisées.
Il va sans dire que ces objectifs ambitieux, visés par le Gouvernement en matière de croissance économique, ne peuvent être atteints que par une dynamisation véritable des secteurs de l’exportation.
Dans le domaine du pétrole et de l’industrie, le travail du Gouvernement sera axé sur la valorisation des potentialités de croissance, l’amélioration de l’environnement des affaires, la révision du cadre juridique, la consolidation des capacités administratives et institutionnelles, le suivi et l’encadrement des opérateurs dans les activités de prospection pétrolière et minière.
En ce qui concerne le secteur du pétrole, l’action du Gouvernement sera concentrée sur le suivi des opérations de prospection dans les bassins de Taoudenni et du Hodh Sahili car, à l’heure actuelle, certaines sociétés pétrolières ont déjà entamé des forages dans le but de confirmer les prévisions retenues à la suite des campagnes sismiques (surtout dans le bassin de Taoudenni).
Le Gouvernement prendra les mesures nécessaires pour appuyer les chances de découverte de gisements pétroliers exploitables. Dans ce cadre, il sera procédé à une révision du dispositif actuel d’incitation afin d’encourager les sociétés pétrolières à intensifier leurs activités prospectives.
Dans le secteur minier, le Gouvernement continuera à appuyer la SNIM pour lui permettre de concrétiser son plan de développement. Ce plan a bénéficié du plus grand financement de programme dans l’histoire de l’industrie extractive en Mauritanie (un milliard de dollars américains). Il constitue, par son volume et par la nature de ses produits, une étape cruciale sur le chemin de la valorisation de nos ressources minières. Pour la première fois dans notre pays, ce projet permettra d’augmenter la production du fer de 4 millions de tonnes par an, soit une hausse de 40%.
Le Gouvernement œuvrera également pour la préparation des conditions de lancement de l’exploitation du phosphate de Boufal. Pour ce faire, il compte mobiliser davantage de fina
Source: ANI
Voici le texte intégral de cette Déclaration de politique générale :
"Au nom d’ALLAH, le Clément, le Miséricordieux,
Paix et Salut sur le Prophète Mouhammad.
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs les députés.
J’ai le grand honneur de m’adresser à votre honorable assemblée et de vous exposer, à travers ce discours, la politique générale du Gouvernement.
En cette session ordinaire de novembre je commencerai par présenter, conformément à l’article 73 de la constitution, dans une forme synthétique, le résultat de l’action du Gouvernement durant l’année écoulée. Ensuite, sous le volet réservé aux perspectives de l’action gouvernementale, j’entamerai l’exposé détaillé de la politique générale du Gouvernement pour l’année 2010.
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
A la suite de la crise politique qu’avait connue notre pays durant l’été 2008, le Gouvernement a su relever le défi par le rétablissement de l’ordre constitutionnel après le mouvement du 6 août. Ce mouvement, faut-il le rappeler, était nécessaire pour sauver les acquis démocratiques et préserver les institutions républicaines.
Le Gouvernement a privilégié, en choix réaliste, la voie du dialogue et de la concertation pour opérer une sortie de crise et épargner au pays les retombées de l’embargo économique, les dérives de la discorde et les dangers de l’instabilité. Il put jouer un rôle majeur par l’appui et l’encouragement des initiatives de compromis et la recherche intrépide de terrains d’entente entre les protagonistes politiques.
Notre pays, louange à ALLAH, est sorti en douceur de la crise constitutionnelle, grâce au génie de ses dirigeants, à la responsabilité de sa classe politique et au soutien de ses amis et voisins.
Durant la période de crise, les soutiens des voisins et amis, dispensés à intensité variable, ont fusionné dans un élan de haute entente et ont généré les accords de Dakar. S’en étaient suivi alors des élections présidentielles transparentes, organisées sous la supervision d’un Gouvernement d’union nationale dûment constitué.
L’opposition politique, associée au processus de transition, reçut les 2/3 des portefeuilles ministériels et se voit dotée de la part du lion dans le Gouvernement chargé d’organiser les élections du 18 juillet 2008.
Le Gouvernement d’unité nationale parvient à organiser les élections présidentielles dans un temps record et à garantir, par le strict respect des conditions techniques et organisationnelles, les impératifs de crédibilité, de transparence et d’honnêteté.
Un tel défi a été relevé avec l’accompagnement responsable du groupe de contact international, le contrôle éveillé de dizaines d’observateurs internationaux, appuyés par un déploiement massif d’autres d’observateurs issus de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI).
La voie du compromis, adoptée par les hautes autorités du pays, s’est ancrée après l’investiture du Président de la République qui, sans tarder, avait invité les leaders des partis opposants au dialogue et à une participation responsable aux efforts de développement.
Inexpérimenté en gestion des crises, vulnérable à la déstabilisation du fait de l’incurie des régimes précédents, et exposé à des risques externes (comme la drogue, le terrorisme et la migration clandestine), notre pays, avec des institutions fragiles et une position géostratégique importante, a besoin d’une classe politique qui, par dessus tout, s’accorde à faire prévaloir l’intérêt général.
Par son rôle constructif, une opposition responsable forcera le respect et recevra, à cet égard, une reconnaissance méritée. Mais il ne faut pas oublier que le devoir de contribution positive à l’effort du développement et la responsabilité partagée dans la sauvegarde de la sécurité et de la stabilité, imposent à toutes les forces politiques un abandon systématique de la logique de confrontation. Les leaders d’opinion doivent privilégier, en toutes circonstances, la tolérance, l’ouverture et la modération dans les opinions et attitudes.
Dans cet ordre d’idées, le Gouvernement, sans jamais ménager d’efforts, s’engage à concrétiser toujours la volonté d’ouverture exprimée activement par le Président de la République.
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
Bien que la gestion du processus de sortie de crise ait accaparé une grande part de l’action gouvernementale, il n’en demeure pas moins qu’une importance particulière a été accordée à tous les domaines de la vie nationale. Des mesures adéquates ont été prises pour résoudre les difficultés ponctuelles et on a pu traiter les problèmes structurels qui gangrenaient le pays depuis quelques décennies.
Ainsi, le Gouvernement a traité de manière satisfaisante les problèmes consécutifs aux inondations enregistrées durant le dernier hivernage, surtout dans les wilayas du Hodh Al Gharbi, Assaba, Guidimagha, Gorgol, Brakna, Trarza, Tiris Zemour et Nouakchott.
Les opérations de sauvetage, à savoir les soins médicaux et appuis nécessaires, ont permis aux victimes la poursuite de leurs activités habituelles dans les conditions de dignité et de sécurité. Durant l’accomplissement de ce travail noble, des bienfaiteurs (hommes d’affaires, dirigeants et Oulémas) ont prodigué, aux côtés des services de l’Etat, une assistance louable. Je saisis l’occasion pour saluer leur exploit et leur présenter mes plus vifs remerciements.
Le Gouvernement a également exécuté un grand nombre de mesures et de programmes visant à améliorer les conditions de vie des populations. On citera à cet égard la baisse des prix des produits de première nécessité, la distribution gratuite de grandes quantités de denrées alimentaires ; en plus de l’amélioration de l’accès aux infrastructures, aux services de santé, à l’eau potable, à l’énergie et au transport.
L’Etat a dépensé un milliard cent millions d’ouguiyas pour subventionner les produits de première nécessité à l’occasion du mois de Ramadan. Cette opération a permis de diminuer à hauteur de 35% les prix des huiles alimentaires, des produits laitiers, du sucre, des pommes de terre et des oignons.
Sur toute l’entendue du territoire, les personnes pauvres et les ménages à faible revenu ont profité de ces baisses de prix. Une opération parallèle s’est soldée par une distribution gratuite d’énormes quantités de produits alimentaires aux mosquées, Mahadras et personnes indigentes dans les centres urbains. Et en continuité de l’effort soutenu visant à améliorer les conditions de vie des populations les plus vulnérables, plus de 14.000 tonnes de produit alimentaires, essentiellement du blé, du riz et du sucre ont été distribuées ; et durant le mois d’avril passé, les populations de Nouakchott ont bénéficié de la distribution de 2000 tonnes de riz et de blé.
L’appui du Gouvernement a également englobé l’énergie, l’eau potable, les soins d’urgence et les médicaments. Dans ce cadre, la Société Nationale d’Eau et la Société Mauritanienne de Gaz ont respectivement baissé leurs prix de 8% et de 20%. La Société Mauritanienne d’Electricité a systématiquement gelé ses tarifs. Toutes ces subventions ont coûté au trésor public un montant global de 4 milliards d’ouguiya.
Sur le plan du rapprochement des services médicaux, il a été procédé au renforcement des réseaux hospitaliers par la rationalisation de la répartition géographique et la modernisation des équipements et moyens. De surcroît, l’Etat a pris en charge les soins médicaux de personnes indigentes, les situations médicales d’urgence, les hémodialyses, les médicaments antipaludéens et les maladies contagieuses.
En outre, pour traduire la haute attention accordée par le Président de la République aux couches sociales les plus démunies, il a été procédé à l’ouverture de l’hôpital de la mère et de l’enfant. Dans cette perspective, s’inscrit également l’ouverture à Nouakchott de l’hôpital de cardiologie et de l’hôpital d’oncologie.
Pour mettre fin à la souffrance des citoyens dans les bidonvilles, le Gouvernement, sous le patronage direct du Président de la république, a exécuté un programme d’urgence pour la restructuration des quartiers dits ‘’ d’attente ‘’ dans les villes de Nouadhibou et Nouakchott.
Ce programme s’est soldé, jusqu’à présent, par la construction de routes, la réservation d’espaces suffisants à des infrastructures collectives et l’attribution de terrains à 11.100 familles à Nouakchott. A Nouadhibou, 500 familles ont disposé de terrains avant la fin de l’année écoulée et 53.000 autres vont disposer de leurs terrains propres durant le premier semestre 2010. A la fin de ce programme, on aura mis fin, de manière définitive, aux phénomènes des Gazra dans notre capitale économique.
Pour améliorer le cadre de vie de façon générale, le Gouvernement vient d’entamer, sur instruction du Président de la République, une opération de nettoyage de la ville de Nouakchott. Des tonnes d’ordures ont été enlevées et l’espace public se libère sensiblement des occupants anarchiques et des exploitations non autorisées, à savoir le commerce ambulant, les étals sur trottoirs, les garages mécaniques, les ateliers pléthoriques et les maisons édifiées, en dehors de toutes normes de sécurité, dans les quartiers résidentiels.
Cette opération vient de donner d’excellents résultats et sera généralisée à toutes les villes du pays.
Dans le domaine des infrastructures, 125 Km de routes bitumées, essentiellement à Nouakchott, ont été construits. Cela fait partie d’un programme ambitieux encore en cours d’exécution et premier de son genre dans notre pays qui aboutira, à terme, à donner un visage nouveau à notre capitale à la fin de l’année courante. C’est un programme qui a été entièrement financé sur les fonds publics à près huit milliards d’ouguiyas.
La réfection, à partir de la route de l’espoir, du tronçon Kiffa - Tintane est déjà entamée et les travaux se poursuivent toujours au niveau de la route Rosso – Boghé. Aussi, faut-il le rappeler, toutes les études techniques en rapport avec la construction de la route Atar – Tidjikja ont été réalisées et les travaux doivent commencer dans les plus brefs délais.
L’étude de faisabilité lancée au sujet de la route Kiffa – Sélibabi – frontière Malienne est achevée, tout comme celle de la longue route qui ceinture la ville de Nouakchott. A cela s’ajoute le programme Aftout relatif au désenclavement des zones de production et à la lutte contre la pauvreté dans cette zone, afin qu’elle devienne le triangle de l’espoir, après avoir été qualifiée communément de triangle de la pauvreté.
Dans le domaine du transport, on vient d’entamer la mise en œuvre des reformes décidées en matière de transport terrestre et l’on s’apprête à lancer une société nationale de transport aérien et une autre société pour le transport urbain.
En dépit des obstacles liés à la crise financière mondiale et ses conséquences sur la fluidité des flux financiers orientés vers le développement, l’économie nationale s’est distinguée par un fonctionnement relativement bon. Le niveau de croissance économique garde un cap acceptable et le taux d’inflation est passé de 7,3 % en 2008 à 2% en 2009. Les recettes fiscales, y compris les dons, ont augmenté de 17%, allant de 132 Milliards en septembre 2008 à 152 Milliards en septembre 2009. Les exportations de la pêche maritime ont atteint 195 Millions de dollars durant les sept premiers mois de l’année 2009, au lieu de 149 Millions de dollars à la même période de l’année 2008 (soit une augmentation de 30%).
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
Les réalisations que l’on vient de citer, toutes importantes qu’elles soient, ont vu le jour dans un contexte pour le moins incommodant. Il était fortement marqué, vous le savez bien, par l’influence de la crise financière sur l’offre mondiale de financement et sur l’activité économique en général. D’autre part, sur le plan interne, la crise politique se mettait en travers de la mobilisation des partenaires au développement pour honorer les engagements qu’ils avaient pris avant le changement du 6 août 2008.
Pour surmonter ces obstacles, le Gouvernement, soucieux de pallier aux insuffisances de ressources, avait adopté une politique ferme, essentiellement axée sur la mise en œuvre du principe de la dépense raisonnée et de la lutte contre la dilapidation de deniers publics. Ainsi, avec beaucoup de succès, le Gouvernement sut franchir les obstacles posés par le gel de l’assistance internationale et, pour ce faire, dut prélever plus de 40 milliards sur les dépenses de fonctionnement. Ces montants ont été réservés au financement d’un grand nombre de projets de développement et de programmes sociaux, en plus de la prise en charge par l’Etat du coût des élections présidentielles : cette opération a coûté trois Milliards d’ouguiyas. Un tel défi ne saurait être relevé sans le contrôle, étroit et continu, que le Président de la République prit soin d’exercer sur les autorités publiques, afin d’évaluer leur sérieux et de mesurer leur engagement dans la concrétisation de son programme et de sa politique d’évaluation.
Aujourd’hui, on constate que cette politique, menée avec beaucoup de génie, vient de donner ses résultats après les visites, fort réussies, que le Président de la République avait accomplies dans les pays voisins et frères.
La Mauritanie redevient une destination privilégiée d’investisseurs étrangers et les diplomates s’y rendent avec une fréquence sans cesse accentuée. Les relations sont rétablies avec les partenaires au développement, comme l’atteste le règlement par la Banque Mondiale des flux financiers attendus, la signature d’un programme hautement ambitieux avec le Fonds Monétaire International et le renouvellement des accords avec l’Union Européenne.
Il n’est plus à démontrer que la politique de conciliation et d’ouverture n’était pas une tactique circonstancielle dictée par des contingences de crise. Plutôt, correspond-elle à un choix stratégique, issu d’une vision réformatrice et doublé d’une analyse profonde des quatre décennies de la Mauritanie indépendante. Il faut dire que, depuis toujours, la gestion du pays, avec quelques succès relatifs, n’a pu satisfaire les ambitions et qu’elle fut émaillée de graves échecs et de sérieux blocages : cette situation, longuement entretenue, n’est plus supportable et ne saurait continuer.
C’est dans cette optique qu’intervient l’opération de bonne gouvernance publique, à travers la gestion du parc automobile de l’Etat, la lutte contre l’anarchie dans la prise en charge, légitime ou indue, de la consommation en eau, électricité, téléphone ou logement. A cet égard, citera-t-on les instructions, réitérées en toutes occasions, par le Président de la République, au sujet de la lutte contre le clientélisme, le régionalisme, le népotisme, la complaisance et les agissements contraires à la morale ou incompatibles avec l’efficience du service public.
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
L’action du Gouvernement s’inscrit, en premier lieu, dans le cadre de l’application stricte des principes et dispositions constitutionnels, à savoir le principe, primordial et sacré, de la séparation des pouvoirs.
Je tiens justement à vous affirmer que le Gouvernement veillera, de manière intransigeante, à la garantie du respect des compétences du Parlement et à l’indépendance du pouvoir judiciaire. Aussi, s’engage-t-il à la mise en œuvre des principes constitutionnels régissant le contrôle exercé par le parlement sur l’action et le travail du Gouvernement.
Aucune entrave, à moins qu’elle ne soit d’ordre juridique, ne vous affectera dans votre droit à l’information et à l’exercice du contrôle, sans préjudice de vos compétences en matière législative. Et conformément à la Constitution, l’on procédera sans tarder à l’adoption des procédures d’interrogation du Gouvernement et à tous les instruments en rapport avec le déroulement, en bonne et due forme, du contrôle parlementaire.
En outre, le pouvoir judiciaire et le Conseil constitutionnel, en tant qu’institutions chargées d’organiser les rapports entre les pouvoirs exécutif et législatif, seront appelés à assumer leur rôle de manière efficiente.
Et pour améliorer l’efficacité de l’action parlementaire, le Gouvernement compte appuyer les efforts des organes issus des deux chambres. Ceci se traduira par une assistance au niveau de l’utilisation des techniques d’évaluation des projets de lois et de leur codification, ainsi que par la réglementation des délibérations et débats parlementaires.
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
L’action du Gouvernement reste guidée par les objectifs majeurs que le Président de la République a fixés dans son programme électoral et a réitérés en plusieurs circonstances, surtout à l’occasion de son discours d’investiture le 5 août 2009. Ces objectifs se résument, globalement, dans l’engagement, ferme et courageux, de sauver le pays de la dérive qu’il connaît du fait des mauvaises politiques, appliquées par les régimes qui se sont succédé durant quelques décennies.
En vue de concrétiser cet engagement présidentiel, le Gouvernement se réfère au diagnostic, expresse et précis, que le Président de la république a exprimé, en ces termes, dans son discours électoral : « notre pays, exposé au mécontentement de tous, n’arrive pas à s’imposer devant les antagonismes locaux et continue à souffrir de l’incompétence de ses institutions, des sureffectifs dans l’appareil administratif, des charges exorbitantes et de l’inefficience généralisée. Le citoyen se perd dans les dédales de procédures inadaptées, contradictoires et pléthoriques. A toutes ces tares, s’ajoutent le manque de transparence, la corruption de l’élite, l’incompétence et le manque d’expérience professionnelle des ressources humaines ».
Le Gouvernement se lance sur le chemin que Président de la République a désigné pour arracher le pays à la crise structurelle et le placer, de manière confiante, sur la voie balisée du développement global. Une Mauritanie sereine sera édifiée sur de toute nouvelles bases.
D’ailleurs, le Président de la République considère qu’ «en reconstruisant nos institutions sur de nouvelles bases, nous aurons œuvré pour l’émergence d’un Etat de droit où tous les sujets, individus ou groupes, se soumettent au commandement, impartial et exclusif, de la loi applicable. Notre objectif reste alors la reconstruction d’un Etat qui peut garantir des institutions républicaines bien assises, consolider l’unité nationale, gérer une administration publique moderne et préserver un système judiciaire équitable».
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
La consolidation de l’unité nationale constitue un objectif essentiel dont la réalisation suppose le rétablissement d’une harmonie sociale et la marche collective, et à pas confiants, vers un avenir meilleur. Le Gouvernement ne saurait ignorer qu’un tel but exige, en premier lieu, la rupture totale avec les politiques défaillantes et la lutte contre l’instrumentalisation qu’on en faisait pour désagréger le socle de l’unité. Il s’engage, à cet égard, à prendre des mesures concrètes pour renforcer l’entente générale et préserver notre société contre les dangers consécutifs, dans bien des cas, aux sentiments de lésion, d’injustice ou d’exclusion.
A juste titre, le Gouvernement poursuivra le règlement du passif humanitaire, par la réparation des préjudices, la garantie de conditions de vie dignes et la promotion de l’esprit de tolérance.
Parallèlement à ces actions, il encouragera les approches de discrimination positive, au profit des catégories démunies, et veillera à ce qu’elles rejoignent, par leur niveau de vie et leurs privilèges, les autres couches de la population. La mise en place de ces approches se traduira par le recours à des outils et procédures spécifiques et doit contribuer à l’amélioration des conditions de vie des pauvres, en donnant priorité aux anciennes victimes de l’esclavage.
Cette préséance à l’aide englobe l’accès privilégié aux services de base, à la formation professionnelle, à la micro finance et à la propriété immobilière.
Pour sauver ces acquis, le Gouvernement s’engage à combattre toutes pratiques ou discours contraires à l’unité nationale. Aussi, entend-il promouvoir les organisations politiques et locales qui, par vocation ou en priorité, s’attaquent au tribalisme, au racisme et aux appartenances étroites.
De façon générale, le Gouvernement s’engage solennellement à œuvrer pour que les mauritaniens éprouvent la fierté d’appartenir à une nation qui les protège, les traite sur un pied d’égalité et leur garantit, sans aucune exclusion, un accès équitable aux services publics.
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
La réforme administrative - à travers son rôle dans une gestion transparente, visionnaire et responsable des ressources de l’Etat - occupe une place de choix dans la politique du Gouvernement. Ainsi, l’on envisage déjà la réalisation d’une réforme radicale de l’Administration publique, en vue de l’assainir et d’en chasser, de manière définitive, les pratiques de dilapidation, de corruption et de détournements de deniers. Pourra-t-on en faire alors une administration modèle, hissée au summum de l’efficacité et opérant, sans blocages, avec crédibilité et honnêteté.
Le Gouvernement, à travers la formation, l’équipement adéquat, l’augmentation des salaires et l’assainissement du cadre professionnel, mettra l’accent sur la restructuration du service public et l’amélioration des performances des personnels.
A cet égard, on procédera, dans un premier temps, à une vérification générale dans tous les services publics, y compris les établissements publics, les sociétés nationales, les agences publiques et autres entités similaires. Ensuite, passera-t-on, en cas de besoin, à la restructuration de ces services, en se référant à l’impératif de réédification de l’Etat sur de nouvelles bases, marquées par la simplicité, l’harmonie, l’efficience et la crédibilité.
L’augmentation des salaires s’effectuera, de manière particulière, à travers la révision et la rationalisation des avantages en nature accordés aux fonctionnaires et agents de l’Etat et incluant, bien entendu, le régime de retraite et de protection sociale. Cette opération doit se dérouler de manière à faire accéder les intéressés au transport et à la propriété immobilière.
Le Gouvernement œuvrera également pour le rapprochement entre l’Administration et le citoyen, à travers la simplification des procédures administratives et l’utilisation des nouvelles technologies. De telles démarches permettront d’ôter un fardeau aux usagers et de veiller au suivi et à l’évaluation de l’activité des services de l’Etat.
D’autre part, on s’engagera davantage dans l’ancrage de la bonne gouvernance, à travers la diminution du coût de gestion de l’administration publique, l’amélioration de son rendement et la valorisation des ressources humaines. Aussi, pour ne pas politiser l’Administration, on s’attellera à appliquer « le principe de la récompense et de la sanction » et de placer «l’homme qu’il faut au poste qu’il faut ».
Dans le cadre de l’exécution de la réforme globale, fort requise dans les circonstances actuelles, le Gouvernement entreprendra des mesures concrètes afin de revêtir la vie publique de vertu et de morale nécessaires. On y parviendra à travers la réactualisation des textes contre la corruption, la restructuration des procédures judiciaires et la mise en œuvre des organes de contrôle. En outre, faudra-t-il opérer une révision des textes en rapport avec la transparence de la vie publique, réfléchir sur la réforme du cadre légal de la finance et réexaminer, pour plus d’harmonie, le code des marchés publics.
Dans cet ordre d’idées, une stratégie de lutte contre la corruption sera adoptée et, pour une dissuasion optimale, des textes spécifiques seront édictés dans le sens d’un renforcement des sanctions et d’une rigueur contre les auteurs d’une telle pratique. La fermeté reste nécessaire pour la réorganisation d’une vie publique fondée, pour sa pérennité, sur des bases assainies et solides.
Pour augmenter l’efficience de l’activité administrative, le Gouvernement s’engage à introduire l’idée d’une gestion orientée vers les résultats, en vue de garantir le passage rapide de l’approche de moyens à celle des résultats : cela implique, sur le plan juridique, une réforme conçue dans une optique de spécialisation des ressources et suppose, sur le plan technique, par le biais de la programmation et des plans d’action, l’établissement de liens entre les objectifs et les moyens.
Dans la même optique, le Gouvernement veillera à l’ancrage des procédés de l’administration exemplaire par l’épuration de l’état civil. On prendra soin d’organiser les archives, d’en moderniser la gestion et de mettre en place un cadre juridique, pouvant garantir l’enregistrement exact des données relatives aux nationaux et ressortissants étrangers. L’état civil et la citoyenneté doivent être fondés sur la transparence et ne point s’ouvrir aux pourvoyeurs de la falsification et de l’escroquerie. Pour réaliser ces objectifs, et établir une situation exhaustive des citoyens, on procédera à l’ouverture d’un centre d’état civil dans chaque capitale de wilaya.
Toutes les mesures seront prises pour mettre en place un recensement complet des ressortissants étrangers, en vérifiant les motifs de leur arrivée et en accordant des titres de séjour à ceux, d’entre eux, qui répondent aux conditions légales exigées. A l’instar des autres pays du monde, cette œuvre de maîtrise de l’état civil, des nationaux et étrangers, se fera sans compromettre l’image de notre pays.
La Mauritanie restera une destination privilégiée, une terre de rencontres et un territoire d’échange de richesses. Elle demeurera une terre hospitalière et continuera à accueillir, dans le respect des règlements et lois applicables, les ressortissants des pays amis et frère.
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
La réédification de l’Etat sur des bases saines passe par la mise en place d’un système judiciaire qui, impartial et crédible, parvient à servir le citoyen avec une grande indépendance et une absolue honnêteté. Un tel système doit contribuer à la lutte contre les détournements, le crime organisé et le banditisme transfrontalier.
Le secteur judiciaire joue un rôle majeur dans l’affermissement des assises de l’Etat de droit, la préservation du prestige de la Nation, la généralisation de la paix sociale et l’encouragement des initiatives. Le Gouvernement, pour toutes ces raisons, accorde une attention particulière à la réforme de ce secteur mais, conscient de la grandeur du projet, ne perd pas de vue l’ampleur des efforts à consentir pour une adaptation des textes à la spécificité et à l’évolution sociales. Cette réforme fera entrer en ligne de compte, pour amélioration ou perfectionnement, les aptitudes scientifiques et les vertus morales des personnels judiciaires. Aussi, pour réserver au troisième pouvoir la place qui lui revient au sein de la République, les conditions matérielles du personnel judiciaire seront examinées et redéfinies, selon les paramètres raisonnables du confort professionnel.
Le Gouvernement promet d’entamer, dans les plus brefs délais, l’exécution complète de tous les engagements pris dans le programme du Président de la République en matière de réforme judiciaire. Il s’agit de :
• mettre en place un programme élargi de formation des magistrats, essentiellement axé sur l’acquisition de connaissances et l’enseignement de la déontologie professionnelle,
• ériger une justice indépendante qui inspire confiance par son professionnalisme, sa célérité et qui garantit la protection des investissements,
• améliorer et élargir les infrastructures judiciaires et les prisons sur toute l’étendue du territoire,
• généraliser l’utilisation des nouvelles technologies pour se conformer aux délais,
• uniformiser l’application des textes juridiques et mettre la justice à portée des justiciables,
• achever et promouvoir les règles de médiation et d’arbitrage. Les textes en rapport avec l’assistance judiciaire relèvent évidemment de ce point.
• améliorer les conditions de travail des magistrats, à travers une protection légale et matérielle nécessaire pour leur indépendance, et réexaminer le cadre organisationnel des auxiliaires de justice.
• rendre le milieu carcéral plus clément, en y introduisant des programmes de réinsertion et de resocialisation.
De façon générale, ce secteur fera l’objet d’un travail soutenu dont le but est de refonder notre système judiciaire sur des bases, en mesure de garantir l’indépendance, la crédibilité et la célérité des procédures. A cela s’ajouteront une rationalisation des codifications légales, une valorisation des ressources humaines et l’amélioration des conditions de travail. En outre, œuvrera-t-on pour la modernisation des infrastructures et équipements, parallèlement à l’application d’une politique pénitentiaire axée, de manière fondamentale, sur la rééducation et la réinsertion des anciens détenus.
Sur un autre plan, le Gouvernement appliquera une politique dynamique dans le domaine des droits et libertés. La protection des droits fondamentaux sera garantie et l’on s’efforcera à ce que chacun puisse bénéficier de l’assistance sociale nécessaire et que les talents individuels soient valorisées et soutenus. Aussi, ne manégera-t-on point d’efforts pour sensibiliser les citoyens sur leurs devoirs envers la communauté et leur montrer, dans une optique éducative, leurs droits et leurs prérogatives. Un appui substantiel sera consenti à la Commission Nationale des Droits de l’Homme, pour l’aider à suivre et évaluer les efforts de l’Etat en matière de lutte contre les séquelles de l’esclavage et dans le règlement définitif du passif humanitaire. Dans cet ordre d’idées, les organisations de la société civile et autres organes indépendants, bénéficieront de l’aide adéquate afin de s’acquitter, convenablement, de leurs missions de contrôle.
Dans le domaine de défense et de sécurité, le Gouvernement entreprendra, sous l’autorité du Président de la République, les procédures de modernisation des forces armées et de sécurité. Il compte renforcer leurs capacités défensives et les impliquer, en temps de paix, dans les activités de développement. Il va sans dire que ces hautes ambitions supposent, en plus de l’amélioration des conditions de vie, une réorganisation et une professionnalisation de l’armée nationales et des forces de sécurité. Une attention particulière sera alors accordée à la mise en place de corps professionnels en mesure d’assumer leurs tâches de défense et de sécurité, de servir la République et de lutter, en toute efficacité, contre le trafic de drogue, le terrorisme et la migration clandestine.
En matière de politique étrangère et d’intégration régionale, l’action du Gouvernement s’inscrit dans le cadre des choix et orientations fixés par le Président de la république : il s’agit en particulier de servir les intérêts suprêmes de l’Etat, de consolider son rôle dans les sphères du monde arabe et de l’Afrique et de lui faire occuper, au plan international, la grande place qui lui sied.
Cette présence internationale doit être marquée, conformément aux orientations du Président de la République, par le soutien des causes justes, l’ouverture au dialogue et la mise en place de coopérations fructueuses. Dans ce cas, le Gouvernement s’empresse à dynamiser les relations d’entente et de coopération avec les Etats voisins et œuvrera, sans relâche, pour le nivellement des obstacles à l’édification effective du Maghreb arabe. Ensuite, s’efforcera-t-il à promouvoir le dialogue arabo-africain et à consolider la coopération avec les pays de l’Unité européenne.
La diplomatie mauritanienne, avec ses amis et homologues, travaillera pour répandre la paix et la coopération dans le monde. Elle s’emploiera de manière particulière à appuyer les efforts visant à installer une paix réelle et durable au Moyen Orient. D’ailleurs, s’agit-il, à cet égard, d’une condition essentielle pour l’instauration, dans tous les pays du monde, de la sécurité, la stabilité et la prospérité.
La Mauritanie reste attachée à la nécessité de faire réussir le processus de paix au Moyen Orient par le retrait d’israël des terres arabes occupées et la mise en place d’un Etat palestinien indépendant, avec Al Qouds comme capitale.
Le Gouvernement mettra sa diplomatie à contribution en vue d’ appuyer nos citoyens établis à l’étranger, protéger leurs vie et biens et leur garantir, où qu’ils se trouvent, la dignité et la tranquillité. Les migrants mauritaniens bénéficieront d’un encadrement qui leur permettra de rester en contact avec le pays et les encouragera à mobiliser leurs épargnes pour y acquérir des propriétés immobilières ou y réaliser des projets importants.
Conscient du rôle primordial de l’Administration territoriale dans la représentation de l’Etat et l’application de sa politique sur l’étendue du territoire, le Gouvernement veillera à consolider le pouvoir des autorités administratives, à élargir leurs compétences, à les transformer en structures de développement, entièrement au service du citoyen, et à exclure toutes pratiques incompatibles avec l’esprit de la modernité. Le processus de recentrage des missions de l’autorité administrative sur les questions du développement économique et social va être accompagné du rééquipement des circonscriptions administratives, de l’amélioration des conditions de vie des représentants de l’Etat et de l’organisation, à leur profit, de formations adéquates. Il sera également procédé à l’approvisionnement, en fournitures adaptées, de structures comme les Directions régionales d’équipement et les instituts régionaux d’administration publique. Ces actions seront forcément accompagnées de procédures de décentralisation des moyens financiers.
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
Pour agir dans l’optique de l’intérêt accordé par le Président de la République à l’ancrage d’un aménagement rationnel et équilibré du territoire national, le Gouvernement s’engage à opérer une réforme radicale qui balise la voie à l’exécution de politiques de développement justes, mesurées et raisonnables. De telles politiques doivent, à moyen et long terme, mettre fin aux écarts économiques entre les régions du pays.
Pour atteindre ces objectifs, l’on entamera sans tarder une concrétisation de l’option de la régionalisation, à travers la mise en place de collectivités territoriales disposant de la personnalité juridique et opérant avec des compétences réelles. Ceci implique le recours à des organes régionaux représentatifs et aux compétences nécessaires pour la conception et l’exécution des programmes de développement. De manière progressive, procédera-t-on à l’adoption de stratégies pour le déplacement des services publics à l’intérieur du pays, en fonction des exigences dictées par l’amélioration des infrastructures de base.
Dans ce cadre, le crédit agricole disposera d’une branche à kiffa et l’on mettra en place une représentation du programme de renforcement de la sécurité alimentaire, financé par la Banque Islamique. Le programme des filières agricoles, financé par l’Agence Internationale pour le Développement, sera, quant à lui, étendu à la ville Néma.
L’effort du Gouvernement sera concentré sur le renforcement de la décentralisation et le développement local, à travers la répartition judicieuse des spécialités et la transformation effective des compétences et moyens. Dans tous les cas, ces démarches auront lieu en privilégiant, à chaque fois, l’impératif de complémentarité entre les services décentralisés et les collectivités locales.
Le Gouvernement, dans le cadre du réexamen de la répartition administrative, veillera à la mise en place de pôles administratifs englobant les écoles, les centres de santé, les bureaux de poste, les communes et les centres d’état civil etc.… On parviendra alors à rassembler les campements, les groupements ruraux et les bourgs, afin d’éradiquer le phénomène de sédentarité anarchique et de garantir un développement socio-économique équilibré.
On ouvrira, en parallèle, à l’intérieur du pays, des pôles d’attraction économiques qui permettront de valoriser les possibilités de la région et de pallier aux velléités de migration vers des centres urbains déjà saturés.
Le Gouvernement traitera avec beaucoup de fermeté les problèmes cumulés dans les grandes villes du pays, surtout Nouakchott et Nouadhibou.
Comme vous le savez, ces problèmes sont dus à l’absence d’une politique urbaine véritable car fallait-il prendre en compte les liens étroits entre le plan urbain et les questions relatives au réseau routier, à l’assainissement et au fonctionnement des services en rapport immédiat avec la vie des populations. S’y ajoutera forcément, dans le cadre urbain, un redéploiement rationnel des activités à type de services. Pour accompagner la nouvelle politique en matière d’aménagement du territoire, le Gouvernement entreprendra les mesures suivantes :
- L’élaboration des textes d’application de la loi d’orientation en matière d’aménagement du territoire,
- La mise en place d’un observatoire national de l’aménagement du territoire,
- La promotion progressive et la mise en œuvre des instruments pratiques de l’aménagement du territoire, qu’il s’agisse du plan national, régional ou encore du plan local des infrastructures.
- L’encadrement de l’urbanisation à travers le lancement d’opérations pilotes,
- L’intensification des activités pouvant conduire à l’élaboration des cartes des différents départements et leur actualisation en cas de besoin.
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
Si l’indépendance de la justice reste une garantie pour la pérennité et la crédibilité de l’Etat, il convient de rappeler que la liberté d’opinion et d’expression constitue un chevron indispensable à l’affermissement de la démocratie. A cet égard, le Gouvernement s’engage, en application des directives du Président de la République, à donner priorité au renforcement du pluralisme, à la liberté d’expression et à la liberté de presse en particulier.
Le Gouvernement initiera à cet effet, au cours de l’année 2010, une stratégie nationale pour la promotion du secteur de la communication. Cette stratégie sera axée sur l’adaptation du cadre juridique de la communication audiovisuelle avec les nouvelles réalités politiques et sociales. D’autre part, en prenant soin d’introduire les progrès en matière de technologies de l’information, on parviendra, dans cette optique, à élargir le champ des libertés, à restructurer le secteur, à l’organiser et à professionnaliser ceux qui y opèrent.
A cet égard, un centre de formation des journalistes et des techniciens travaillant dans le domaine de la presse sera ouvert. Une société de télédiffusion verra le jour et permettra la maîtrise de l’évolution du secteur et son accompagnement dans le sens d’une libéralisation progressive et organisée des intermédiaires audiovisuels. Dans cet ordre d’idées, on élaborera des cahiers de charge adaptés que l’on soumettra aux opérateurs privés désireux d’investir dans le secteur.
Par ailleurs, le Gouvernement proposera, au moment convenu, l’appui qui se doit à la haute autorité de la presse et de l’audiovisuel.
Nos efforts seront également axés sur la transformation des medias publics en services publics véritables et d’en fixer la mission, conformément à l’attention accordée par le Président de la République à la liberté d’expression.
De manière générale, le Gouvernement mettra au point des outils adéquats pour garantir l’accès à l’information et faciliter son passage avec fluidité. Il veillera également à l’élaboration de fondements étudiés, en mesure d’appuyer la présence communicationnelle de notre pays et d’en refléter, au plan international, une image hautement positive.
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
Du fait de l’importance que lui réserve le Président de la République, aussi bien dans son programme électoral que dans les politiques qu’il eut à mener depuis son investiture, la lutte contre la pauvreté vient en tête des priorités de l’action gouvernementale. Ainsi, le renforcement de la croissance économique, la réduction de la pauvreté et l’amélioration des conditions de vie des citoyens constituent les axes principaux de l’action gouvernementale.
Dans ce cadre, le Gouvernement exploitera les résultats de la nouvelle enquête sur les conditions de vie des ménages afin de déterminer l’état de pauvreté et élaborer, en connaissance de cause, l’analyse pertinente desdits résultats. Ensuite, pour les adapter aux directives du Président de la République, peut-on, sur la base des données collectées, faire la révision du cadre stratégique de lutte contre la pauvreté et celui des dépenses.
En se référant à cette vision stratégique, le Gouvernement s’engage, avec fermeté et persévérance, à poursuivre la lutte contre la pauvreté.
Une telle mission passera par la réalisation d’une croissance économique maintenue, l’implication progressive des pauvres dans le processus de création des richesses, une meilleure répartition des fruits de la croissance et une augmentation des dépenses dans le domaine de lutte contre la pauvreté.
A ce sujet, le Gouvernement entreprendra dans les prochaines années une politique économique qui, étudiée et harmonieuse, permettra une meilleure création de l’emploi à travers la réalisation d’une croissance économique solide et équilibrée. Il s’engage également à jeter les bases d’un système de bonne gouvernance et de gestion des ressources, tout en poursuivant la lutte invétérée contre les détournements de deniers publics, la corruption et la dilapidation des ressources de l’Etat.
Le Gouvernement, dans l’exécution du budget, adoptera une politique qui donne priorité à l’investissement efficace et privilégie les réformes structurelles pertinentes. Cette politique sera en mesure d’encourager l’investissement privé et de renforcer les pouvoirs compétitifs et productifs de l’économie nationale. En parallèle, essentiellement dans le domaine de l’artisanat, du bâtiment et des travaux publics, une attention particulière sera accordée à la prise de mesures incitatives adaptées à la spécificité des moyennes et petites entreprises.
Conformément à cette orientation, le projet de budget pour l’exercice 2010, adopté par le Gouvernement en date du 16 novembre 2009, cherche à dynamiser les activités économiques et révèle la priorité accordée aux secteurs ayant un impact immédiat sur les conditions de vie des citoyens (enseignement, santé, eau potable, transport). Ainsi, une enveloppe correspondant à 27 % du crédit budgétaire a été réservée à ces secteurs vitaux, alors que le crédit d’investissement - relatif au budget consolidé d’investissement, financé sur les ressources propres de l’Etat - a atteint 66.820.010.000 UM (soit une augmentation de 21,8 % par rapport au budget 2009).
Dans le domaine des réformes structurelles, le Gouvernement révisera le cadre institutionnel en vue d’améliorer l’orientation de l’économie et de lutter contre les monopoles.
Afin de relever la classification de notre économie, élargir l’assiette d’impôts et améliorer les procédés de lutte contre la soustraction aux obligations fiscales, le Gouvernement entreprendra des réformes profondes dans le domaine des impôts. Il œuvrera en outre pour l’amorce d’une nouvelle dynamique des outils de programmation du budget. On arrivera alors à construire un système de spécialisation des ressources, essentiellement basé sur le lien entre les objectifs et la qualité du rendement.
Dans ce cadre, la loi organique relative aux lois de finance sera révisée afin d’améliorer la classification économique en vigueur et, comme d’usage dans les dépenses à moyen terme, initier une classification fonctionnelle des documents du budget.
Afin de contrôler les dépenses publiques, le système « RACHAD » sera élargi pour prendre en compte toutes les opérations en rapport avec le budget de l’Etat.
Dans le domaine de la politique monétaire, les bonnes mesures appliquées par les autorités monétaires ont permis une rapide maîtrise de l’inflation, dont le taux est passé de 7,3% en 2008 à 2% en 2009. Les efforts seront multipliés dans ce cadre pour entretenir les conditions propices à l’essor économique. D’autre part, les mesures prises pour le renforcement de la compétitivité dans le système financier seront maintenues afin de faire baisser le taux réel d’intérêt et augmenter les chances d’accès aux crédits.
Edifié sur la situation inquiétante des entreprises publiques, globalement accablées par les pertes résultant de la mauvaise gestion, le Gouvernement ne ménagera aucun effort pour apporter des solutions adéquates et dissiper les menaces qui pèsent alors sur la continuité du service public.
Une vérification technique et financière sera réalisée pour déterminer les procédures stratégiques les mieux indiquées pour le redressement d’un secteur aussi vital de l’économie. On procédera également au renforcement des organes délibérants des établissements et sociétés publics.
Toutes ces procédures doivent baliser la voie pour la conclusion de contrats-programmes avec les sociétés et établissements les plus importants et garantir, au final, les conditions appropriées pour l’amélioration des services au citoyen.
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
Les efforts consentis pour la promotion de l’investissement viennent de donner leurs fruits car, en dépit de la crise économique mondiale, notre pays fait l’objet d’une ruée encourageante d’investisseurs étrangers, attirés par la profusion des opportunités et encouragés par la qualité de l’environnement des affaires. D’autres investisseurs sont attendus, en plus grand nombre, dans les prochaines années. D’ailleurs, de telles prévisions sont corroborées par les conventions de financement qui, conclues dans les mois passés, dénotent le rétablissement de la confiance des partenaires au développement en l’économie nationale.
Pour consolider cette orientation, le Commissariat Chargé de la Promotion de l’Investissement vient de réaliser un certain nombre d’activités, dans le but de sensibiliser les partenaires étrangers et d’améliorer le climat d’investissement en Mauritanie.
Le Gouvernement continuera à donner la priorité au secteur privé et œuvrera pour le dépassement des obstacles qui entravent la promotion de l’investissement privé. A cet égard, un nouveau code des investissements sera soumis, dans les plus brefs délais, à votre honorable assemblée. Le Gouvernement s’engage également à opérer une réforme du secteur financier en vue de favoriser l’accès au crédit, d’élargir le cadre des services financiers et de dynamiser le secteur des assurances.
Le Commissariat Chargé de la Promotion de l’investissement privée ne ménagera aucun effort pour faire de la Mauritanie une destination pour l’investissement étranger, tout en recherchant, avec l’appui et l’accompagnement nécessaire, le renforcement des investisseurs nationaux. Il entamera sans tarder une stratégie de promotion du secteur privé, en particulier après l’achèvement de l’étude sur le développement de la Baie de Nouadhibou. D’autres efforts seront consentis pour l’encouragement du partenariat public et privé.
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
Le Gouvernement exécutera une politique dynamique, destinée à contenir l’augmentation des prix, à travers l’organisation du marché, l’amélioration de son approvisionnement, le contrôle de la concurrence, le renforcement des organisations de consommateurs, l’application des dispositions commerciales, la diminution des coûts de production, de l’importation et de la distribution. En plus, des outils adéquats seront mis en place pour garantir la stabilité des prix dans les zones les plus défavorisées.
Il va sans dire que ces objectifs ambitieux, visés par le Gouvernement en matière de croissance économique, ne peuvent être atteints que par une dynamisation véritable des secteurs de l’exportation.
Dans le domaine du pétrole et de l’industrie, le travail du Gouvernement sera axé sur la valorisation des potentialités de croissance, l’amélioration de l’environnement des affaires, la révision du cadre juridique, la consolidation des capacités administratives et institutionnelles, le suivi et l’encadrement des opérateurs dans les activités de prospection pétrolière et minière.
En ce qui concerne le secteur du pétrole, l’action du Gouvernement sera concentrée sur le suivi des opérations de prospection dans les bassins de Taoudenni et du Hodh Sahili car, à l’heure actuelle, certaines sociétés pétrolières ont déjà entamé des forages dans le but de confirmer les prévisions retenues à la suite des campagnes sismiques (surtout dans le bassin de Taoudenni).
Le Gouvernement prendra les mesures nécessaires pour appuyer les chances de découverte de gisements pétroliers exploitables. Dans ce cadre, il sera procédé à une révision du dispositif actuel d’incitation afin d’encourager les sociétés pétrolières à intensifier leurs activités prospectives.
Dans le secteur minier, le Gouvernement continuera à appuyer la SNIM pour lui permettre de concrétiser son plan de développement. Ce plan a bénéficié du plus grand financement de programme dans l’histoire de l’industrie extractive en Mauritanie (un milliard de dollars américains). Il constitue, par son volume et par la nature de ses produits, une étape cruciale sur le chemin de la valorisation de nos ressources minières. Pour la première fois dans notre pays, ce projet permettra d’augmenter la production du fer de 4 millions de tonnes par an, soit une hausse de 40%.
Le Gouvernement œuvrera également pour la préparation des conditions de lancement de l’exploitation du phosphate de Boufal. Pour ce faire, il compte mobiliser davantage de fina
Source: ANI