
Après l’adoption par le Haut Conseil d’Etat de sa charte constitutionnelle, un Premier Ministre a été nommé en fin de la semaine dernière. Un diplomate à la place de l’ancien PM du pouvoir déchu. La junte s’affaire désormais à former son gouvernement et à consolider le front intérieur, qui connaît encore une certaine agitation. Ould Waqf a refusé de passer service pour un homme qui n’est pas désigné par le président légitime qui croupit en prison depuis le coup d’Etat qui l’a déposé le 6 août.
Sur le plan international, la position réitérée des Etats-Unis, qui condamnent le putsch et exigent le retour à son fauteuil de l’ancien Président, domine les débats dans les milieux politiques du pays.
C’est jeudi dernier que le général Président a nommé son Premier Ministre en la personne de Moulaye Ould Mohamed Lagdhaf, jusque-là ambassadeur à Bruxelles. Il était renté au pays la veille de sa nomination et a pour charge première de mettre à profit ses potentielles relations entretenues avec les diplomates étrangers dans le cadre de ses fonctions d’ambassadeur dans la capitale Belge, en vue de ramener la Communauté internationale à des sentiments beaucoup plus meilleurs envers les nouveaux dirigeants du pays. Une mission difficile à en juger par la cascade de condamnations exprimées par les pays étrangers depuis le renversement du Président Sidi Mohamed Ould Cheïkh Abdellahi. Dernière condamnation en date et qui pèse lourd : celle des Etats-Unis d’Amérique. Un émissaire de ce pays, Tood Moss, vice secrétaire au département d’Etat, ayant séjourné dans la capitale ce week-end, a déclaré que la première puissance mondiale «condamne le coup d’Etat et exige la reconduction dans ses fonctions de l’ancien Président». Le diplomate américain poursuit en expliquant que son pays «s’aligne sur la position de l’Union européenne par rapport au coup d’Etat». Les pays de l’Union européenne, dont la France, l’Allemagne et l’Espagne ont condamné l’acte de renversement du Président de la République. D’autre part, les Etats-Unis ont décidé de suspendre leur coopération civile et militaire avec la Mauritanie.
Que de condamnations
Autre source de préoccupation pour la nouvelle junte, la cas de la Mauritanie devrait, selon une source crédible, être posé dans les jours à venir, au Conseil de Sécurité des Nations-Unis. L’initiative aurait été rendue possible par des lobbies de mauritaniens aus Etats-Unis aidés par le groupe africain ayant déjà exprimé son rejet de l’acte de renversement de l’ancien Président. L’information serait, dit-on, parvenue au Département des Affaires étrangères mauritaniennes, le vendredi dernier à vingt heures. Si cette information se confirme, elle complique davantage la tâche aux nouveaux maîtres de Nouakchott, dont les émissaires font le tour des capitales étrangères pour recueillir le soutien de la Communauté internationale. Il y a quelques jours, l’Algérie annonçait son rejet total du putsch, en plus du silence assourdissant du Colonel libyen auquel le Président déchu avait rendu visite au moins cinq fois en quinze mois de règne. Sidi Mohamed Ould Cheïkh Abdellahi était depuis quelque temps “fiché” comme étant un élément du dispositif du Pré-carré de Mouammar El Khadafi dans les pays de l’Union Africaine. Du côté de l’Afrique Noire, les positions n’enchantent guère les membres du Conseil d’Etat. Le Mali, le Sénégal, deux pays voisins de poids, ont des positions mitigées par rapport au putsch. Les résultats de la délégation conduite par un membre du Haut Conseil, dépêché dans cette zone, sont attendus avec impatience à la fois par la junte et le Front de Défense de la Démocratie. C’est donc à un surdosage de condamnations et d’exigences que la junte est confrontée depuis sa prise de pouvoir le 6 août courant.
Œil pour œil
Alors que le décret nommant le tout nouveau Premier Ministre n’a pas fini d’être libellé, le “tout” ancien PM a fait savoir, au cours d’une rencontre avec la presse au siège de l’UFP, que cette décision « est nulle et non avenue». Yahya Ould Ahmed El Waghf a refusé de se prêter au traditionnel cérémonial de passation de services. Il estime que les nouvelles autorités ne sont pas légitimes, par conséquent insusceptibles de nommer ou démettre les fonctionnaires de l’Etat mauritanien. L’ancien PM explique qu’il a été nommé par un Président de la République régulièrement élu par le Peuple mauritanien et qu’à ce titre, «je demeure Premier Ministre de la République islamique de Mauritanie » dira-t-il. C’est dire que le bras de fer est loin de se terminer entre la junte et le Front de refus du putsch. Au contraire, la surenchère va crescendo et l’opposition est quelque peu dopée par l’intransigeance de la Communauté internationale. L’ancien Premier Ministre a reçu, à son domicile, Tood Moss pendant 45 minutes, avant que celui-ci ne se rende chez le général Aziz. Yahya Ould Ahmed El Waghf a aussi reçu à son domicile, l’ambassadeur d’Algérie dans notre pays et serait, au moment où nous mettons sous presse, entrain de rencontrer l’ambassadeur de France. L’émissaire américain a rencontré également le leader de l’opposition démocratique et les parlementaires “frondeurs”.
D’autre part, les parlementaires ‘’frondeurs’’, récidivent en demandant la tenue, pour le vingt août prochain, d’une session extraordinaire de l’Assemblée Nationale. A l’ordre du jour, l’enquête sur le financement de la Fondation de l’épouse de l’ancien Président et la nomination des membres de la Haute Cour de Justice, pour juger, “pour faute lourde” Sidi Mohamed Ould Cheïkh Abdellahi.
Très dur
La junte rencontre donc, moins de deux semaines après le renversement de l’ancien Président, des difficultés de reconnaissance. Au niveau du front intérieur, la coalition des partis pour la défense de la démocratie continue sa rébellion. A l’extérieur, on semble s’accrocher sur les positions de principe de condamnation. Et la coopération risque de bien en pâtir. Ainsi, la Mauritanie vient de perdre, à la suite de la décision américaine, vint-cinq millions de dollars, dans le cadre du Millénium, qui est une caution gratuite accordée aux pays dont l’expérience démocratique est jugée performante. La Mauritanie avait été élue à ce titre et devrait bénéficier de la première tranche cette année, avant d’en encaisser plus, les années prochaines.
Une raison suffisante pour que la classe politique et la junte trouvent un terrain d’entente en vue d’arriver à un délai pour l’organisation d’élections libres et transparentes afin d’éviter au pays le pire. La clé vient de l’intérieur et non en dehors des frontières nationales.
Ould Bladi
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Source: biladi
(M) avomm
Sur le plan international, la position réitérée des Etats-Unis, qui condamnent le putsch et exigent le retour à son fauteuil de l’ancien Président, domine les débats dans les milieux politiques du pays.
C’est jeudi dernier que le général Président a nommé son Premier Ministre en la personne de Moulaye Ould Mohamed Lagdhaf, jusque-là ambassadeur à Bruxelles. Il était renté au pays la veille de sa nomination et a pour charge première de mettre à profit ses potentielles relations entretenues avec les diplomates étrangers dans le cadre de ses fonctions d’ambassadeur dans la capitale Belge, en vue de ramener la Communauté internationale à des sentiments beaucoup plus meilleurs envers les nouveaux dirigeants du pays. Une mission difficile à en juger par la cascade de condamnations exprimées par les pays étrangers depuis le renversement du Président Sidi Mohamed Ould Cheïkh Abdellahi. Dernière condamnation en date et qui pèse lourd : celle des Etats-Unis d’Amérique. Un émissaire de ce pays, Tood Moss, vice secrétaire au département d’Etat, ayant séjourné dans la capitale ce week-end, a déclaré que la première puissance mondiale «condamne le coup d’Etat et exige la reconduction dans ses fonctions de l’ancien Président». Le diplomate américain poursuit en expliquant que son pays «s’aligne sur la position de l’Union européenne par rapport au coup d’Etat». Les pays de l’Union européenne, dont la France, l’Allemagne et l’Espagne ont condamné l’acte de renversement du Président de la République. D’autre part, les Etats-Unis ont décidé de suspendre leur coopération civile et militaire avec la Mauritanie.
Que de condamnations
Autre source de préoccupation pour la nouvelle junte, la cas de la Mauritanie devrait, selon une source crédible, être posé dans les jours à venir, au Conseil de Sécurité des Nations-Unis. L’initiative aurait été rendue possible par des lobbies de mauritaniens aus Etats-Unis aidés par le groupe africain ayant déjà exprimé son rejet de l’acte de renversement de l’ancien Président. L’information serait, dit-on, parvenue au Département des Affaires étrangères mauritaniennes, le vendredi dernier à vingt heures. Si cette information se confirme, elle complique davantage la tâche aux nouveaux maîtres de Nouakchott, dont les émissaires font le tour des capitales étrangères pour recueillir le soutien de la Communauté internationale. Il y a quelques jours, l’Algérie annonçait son rejet total du putsch, en plus du silence assourdissant du Colonel libyen auquel le Président déchu avait rendu visite au moins cinq fois en quinze mois de règne. Sidi Mohamed Ould Cheïkh Abdellahi était depuis quelque temps “fiché” comme étant un élément du dispositif du Pré-carré de Mouammar El Khadafi dans les pays de l’Union Africaine. Du côté de l’Afrique Noire, les positions n’enchantent guère les membres du Conseil d’Etat. Le Mali, le Sénégal, deux pays voisins de poids, ont des positions mitigées par rapport au putsch. Les résultats de la délégation conduite par un membre du Haut Conseil, dépêché dans cette zone, sont attendus avec impatience à la fois par la junte et le Front de Défense de la Démocratie. C’est donc à un surdosage de condamnations et d’exigences que la junte est confrontée depuis sa prise de pouvoir le 6 août courant.
Œil pour œil
Alors que le décret nommant le tout nouveau Premier Ministre n’a pas fini d’être libellé, le “tout” ancien PM a fait savoir, au cours d’une rencontre avec la presse au siège de l’UFP, que cette décision « est nulle et non avenue». Yahya Ould Ahmed El Waghf a refusé de se prêter au traditionnel cérémonial de passation de services. Il estime que les nouvelles autorités ne sont pas légitimes, par conséquent insusceptibles de nommer ou démettre les fonctionnaires de l’Etat mauritanien. L’ancien PM explique qu’il a été nommé par un Président de la République régulièrement élu par le Peuple mauritanien et qu’à ce titre, «je demeure Premier Ministre de la République islamique de Mauritanie » dira-t-il. C’est dire que le bras de fer est loin de se terminer entre la junte et le Front de refus du putsch. Au contraire, la surenchère va crescendo et l’opposition est quelque peu dopée par l’intransigeance de la Communauté internationale. L’ancien Premier Ministre a reçu, à son domicile, Tood Moss pendant 45 minutes, avant que celui-ci ne se rende chez le général Aziz. Yahya Ould Ahmed El Waghf a aussi reçu à son domicile, l’ambassadeur d’Algérie dans notre pays et serait, au moment où nous mettons sous presse, entrain de rencontrer l’ambassadeur de France. L’émissaire américain a rencontré également le leader de l’opposition démocratique et les parlementaires “frondeurs”.
D’autre part, les parlementaires ‘’frondeurs’’, récidivent en demandant la tenue, pour le vingt août prochain, d’une session extraordinaire de l’Assemblée Nationale. A l’ordre du jour, l’enquête sur le financement de la Fondation de l’épouse de l’ancien Président et la nomination des membres de la Haute Cour de Justice, pour juger, “pour faute lourde” Sidi Mohamed Ould Cheïkh Abdellahi.
Très dur
La junte rencontre donc, moins de deux semaines après le renversement de l’ancien Président, des difficultés de reconnaissance. Au niveau du front intérieur, la coalition des partis pour la défense de la démocratie continue sa rébellion. A l’extérieur, on semble s’accrocher sur les positions de principe de condamnation. Et la coopération risque de bien en pâtir. Ainsi, la Mauritanie vient de perdre, à la suite de la décision américaine, vint-cinq millions de dollars, dans le cadre du Millénium, qui est une caution gratuite accordée aux pays dont l’expérience démocratique est jugée performante. La Mauritanie avait été élue à ce titre et devrait bénéficier de la première tranche cette année, avant d’en encaisser plus, les années prochaines.
Une raison suffisante pour que la classe politique et la junte trouvent un terrain d’entente en vue d’arriver à un délai pour l’organisation d’élections libres et transparentes afin d’éviter au pays le pire. La clé vient de l’intérieur et non en dehors des frontières nationales.
Ould Bladi
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Source: biladi
(M) avomm