
Cette soudaine fuite en avant, épaulée par l’envie d’en finir avec tout, et tout de suite, traduit plus le souci de se débarrasser de quelque encombrant fardeau que de vouloir remettre chaque chose à sa juste place. Chaque événement aussi. Un projet avec autant de tendons d’Achille ne peut tenir debout, ou alors, pas pour longtemps.
On aimerait bien se réconcilier. J’entends cela. D’ailleurs, cela ne coule-t-il pas de source ? Mais se réconcilier avec qui ? Pour qu’il y est mariage, il faut bien être deux. Notre seul vœu ou volonté, de surcroît autoritaire, ne suffit pas à monter un mariage, sinon un, de toutes pièces.
Par ailleurs, chercher à corrompre ou à soudoyer les parents de la future mariée n’est pas non plus synonyme de stabilité au sein dudit mariage. Quant au mariage forcé, si vous le voulez bien, parlons d’autres choses.
A propos, tient-on plus au mariage ou à la mariée ? Nuance. On décrète d’humilier, de torturer, de tuer. Ensuite, toujours aussi sûr de soi, on décrète de s’absoudre, pour ne pas dire se blanchir. Et enfin, toujours aussi gaillard, on décrète « La réconciliation nationale ». Voilà ce que c’est que se tirer d’un mauvais pas, le doigt dans le nez. La voix du maître.
Notre but n’est pas ici d’en ramener, de verser l’huile sur le feu ou de souffler sur les braises, mais seulement d’inviter les initiateurs de ce projet, à plus d’un titre bancale, de faire les choses proprement, proprement comme quelqu’un qui a été à l’école, à l’école où le pied lui fut mis à l’étrier de la réflexion, la réflexion afin d’éclairer et d’imprimer un cachet humain à ses faits et gestes.
Où, quand, mais surtout, comment ? : voilà une série de questions qui, telle épine (pas sous le pied, mais en travers de la gorge) vous empêche d’avaler quoi que ce soit, peu importe la faim qui vous accable, peu importe les sucreries que l’on tentera de vous glisser dans la bouche.
En termes clairs, une épine qui vous empêchera de mettre une croix sur la disparition mystérieuse, mais surtout tragique, d’un être cher. La mort, c’est vieux comme le monde. Est-il vraiment nécessaire de rappeler que la mort concerne plus ceux qui survivent que le mort lui-même ? Partant de là, la mort qui nous épouvante le plus, celle qui torture à vie, celle que nous ne souhaitons nullement à nos proches, c’est cette mort à laquelle nous n’arrivons pas à donner un visage. Est-ce difficile à comprendre, ça ?
En pareilles circonstances, cela va de soi, un simple aveu, (sans aller jusqu’à sangloter sur la place publique, à genoux, la tête baissée, les yeux faussement humides), un simple aveu, disions-nous, est mille fois plus réparateur, euh, que dis-je là ! plus récompensateur et libérateur pour la famille du défunt qu’une pluie d’argent ou de bien matériel.
Aziz a eu le courage d’exhumer cette forfaiture, à notre tour d’avoir également le courage de la regarder droit dans les yeux. Il ne saurait y avoir ni battement de cils, ni regard ailleurs ni pincement de nez. Froidement, droit dans les yeux, sans animosité ni esprit vindicatif. La nation doit assumer.
Et enfin, où sont-ils passés, les corps des suppliciés ? Nous serait-il impossible de les restituer à leur famille ? Qu’à cela ne tienne ! Qu’un carré s’élève à cet endroit précis, carré dont je suis sûr nous servira également de première pierre, voire de fondation, de la Mauritanie de demain. Tout le reste n’est que faux bruit, piètre comédie, tête de l’autruche dans le sable.
Un autre tendon d’Achille : 25 mars…. Dire que nous grimaçons et peinons à célébrer proprement le 28 novembre !... Au fait, à quoi correspond exactement cette date ? Est-ce une recommandation de quelque oracle ? Mais, Seigneur, pourquoi aimons-nous tant pédaler dans le vide, tirer en l’air ou à blanc ? Une seconde nature, peut-être.
source :Cheikh-TijaneBathily
via cridem