Aziz à Tripoli : Voyage en trois dimensions !

Le président de la République inaugure, depuis sa prise de pouvoir par les urnes, un premier voyage en Libye. Un périple qui, même s’il le doit bien au colonel Ghadafi qui s’est personnellement investi pour sortir le pays de la crise –d’autres dirons pour l’enfoncer. Toujours est-il qu’il est resté son allié certain pendant une période trouble.

Mais au-delà des relations tissées avec Tripoli, le président de la République, qui répond à une invitation officielle du Guide de la Jamahirya, devrait rencontrer ses pairs de l’UA réunis dans la capitale libyenne à l’occasion d’un sommet extraordinaire sur les Conflits en Afrique.

Ca y est. La première visite du président Mohamed Ould Abdelaziz est consacrée à la Libye. Coincidence dans l’agenda ou un hasard « qui fait bien les choses »? Toujours est-il que cette visite recèle un grand intérêt pour l’actuel régime issu de l’élection du 18 juillet 2009.

Au-delà du cérémonial qu’infligera Ghaddafi à ses dizaines d’hôtes parmi lesquels plusieurs chefs d’Etat et de gouvernements pour commémorer avec lui, dans le faste absolu, quarante de règne sans partage, le succès d’une telle visite pour le président Ould Abdelaziz se mesurera à l’aune des rencontres qu’il pourra tissées avec ses homologues africains et surtout à participer à leur côté au sommet spécial sur les crises politiques sur le Continent.

A propos de festivités commémoratives, plusieurs unités militaires de certains pays arabes et africains sont arrivées à Tripoli pour participer au défilé militaire dans le cadre des célébrations de la révolution libyenne qui a porté au pouvoir le colonel Kadhafi il y a 40 ans. Boudé par ses «amis » Occidentaux (Berlusconi, Sarkozy, Medvedev…) qui ne tiennent pas vraiment à souffler avec lui les quarante bougies de sa longévité et notamment depuis le retour en grande pompe de Megrahi, principal inculpé dans l’affaire de Lockerbie, Mouammar Ghaddafi sait compter sur ses amis africains.

C’est ainsi donc que parmi la pléthore de Chefs d’Etat et de Gouvernements, le président de la République, Mohamed Ould Abdelaziz, prendra part au sommet extraordinaire d’un jour pour débattre avec ses pairs du Continents des questions qui se posent avec acuité pour le Continent. Le sommet extraordinaire de l'UA doit discuter de la situation au Darfour, de la Somalie et de la région des Grands Lacs, selon un communiqué publiée par l'UA. Les dirigeants africains devraient réaffirmer à cette occasion leur soutien au président somalien, et examiner les moyens de renforcer la présence de la force de maintien de la paix de l'UA en Somalie.

Au-delà donc des possibilités de retrouvailles pour la Mauritanie, officiellement écartée depuis le putsch du 6 août 2008, des instances de l’UA, c’est là une opportunité pour l’actuel président de la République, félicité par tous ses pairs du Continent au lendemain de son succès à l’élection présidentielle, de ramener le pays dans sa véritable sphère et renouer ainsi le dialogue avec ses pairs pour mieux défendre les intérêts du Continent.

La rencontre avec le leader libyen devrait aussi pouvoir envisager de diversifier et accélérer les dossiers de coopération bilatérale. Mais quoiqu’il en soit et quelques soient les compréhensions des gouvernements occidentaux, dans le rapprochement dessiné depuis la visite de Ghaddafi à Nouakchott, suivie par celle du ministre iranien des affaires étrangères, l’actuel régime doit aussi savoir éviter de tomber littéralement dans les bras de certains régimes pointés du doigt. Cette étreinte pourrait être dangereuse.

JD

Source: lequotidien de nouakchott