
Quotidien de Nouakchott : L’AJD/MR vient d’adhérer à la Coalition des Partis de la Majorité soutenant le programme du Président de la république Mohamed Ould Abdel Aziz à la suite d’un long processus de négociations ayant abouti à la signature d’un mémorandum d’entente politique. Croyez-vous que ces accords signés résisteront aux réalités politiques nationales ?
BA Mamadou Bocar : Nous l’espérons bien. De toutes les façons nous avons convenu de quelque chose avec des partenaires, il nous revient d’être vigilants ou en tout cas de faire en sorte que ces accords soient appliqués.
Dans le cas contraire, nous devrons prendre nos responsabilités. Notre objectif est de faire quelque chose de concret pour le pays et pour les populations.
Si les accords conclus avec notre partenaire sont exécutés, je pense que c’est tout le pays qui va en bénéficier et nous avec. Donc notre espoir est grand de voir ces accords respectés mais il n’empêche que nous allons rester vigilants.
Comment la base de l’AJD/MR a-t-elle accueilli l’adhésion du parti à la CPM ?
D’abord ce problème est vieux puisqu’il y’a deux ans de cela, au moment des états généraux de la démocratie, le conseil national avait donné mandat au bureau politique de pouvoir discuter avec le pouvoir. Ce n’est une décision du bureau, mais du conseil national qui a donné mandat au bureau politique. Notre base a eu largement le temps d’être informée par rapport à ça. Les échos que nous avons eus ne sont pas aussi mauvais.
Dernièrement après l’accord, nous avons fait pratiquement tous les départements de Nouakchott pour expliquer la décision. Personnellement j’étais à la tête d’une délégation qui est partie à sebkha. Les militants ont posé des questions et globalement ils adhèrent à la décision.
Cependant, ils demandent d’être vigilants pour que les accords soient respectés. Majoritairement les militants et les sympathisants sont d’accord avec cette décision même s’ils se posent des questions de savoir si l’accord sera respecté par le partenaire.
Il semble pourtant que lors d’une réunion du bureau politique consacrée justement à cette adhésion à la CPM, beaucoup de salives aurait coulé, parce qu’il n’y avait pas convergence de vues sur la question. Qu’en dites-vous ?
Ce n’est pas exact du tout. Parce que les accords, on a commencé les discussions depuis le mois d’avril. Majoritairement le bureau politique était d’accord sur cet objectif de discuter avec le pouvoir. Pour nous ce qui était important c’était de discuter sur la base de la prise en compte d’un certain nombre de problèmes qui nous préoccupent.
Dernièrement il ne restait plus donc qu’à signer les accords. Il n’y a pas eu de réticence du tout, même je vous dis qu’il y a des inquiétudes légitimes par rapport à cette question et non par rapport aux principes de discuter ou d’aller avec la majorité. Nous ce qui intéresse aujourd’hui, c’est de pouvoir faire avancer les choses, et nos revendications. Si l’on arrive à le faire de façon consensuelle avec des partenaires, tant mieux.
Parmi les points objets d’accords, figure la question lancinante du foncier. Or vous n’êtes pas sans savoir qu’actuellement la vallée du fleuve est en ébullition. Au nom de l’agrobusiness l’Etat mauritanien veut faire main basse sur de vastes terres agricoles dans les régions du Trarza, Brakna, Gorgol et Guidimakha pour les attribuer à des investisseurs étrangers. N’y a-t-il pas là déjà une épine dans les pieds de l’AJD/MR ?
C’est l’une de nos préoccupations et c’est d’ailleurs pourquoi ça figure en bonne place dans nos accords. Nous sommes un parti politique légal et reconnu. Nous avons une position de principe par rapport à la question. Nous pensons que les propriétaires traditionnels devraient être protégés par l’Etat. Nous pensons aussi que ces terres doivent servir à la Mauritanie.
Nous ne sommes pas opposés à la mise en valeur de ces terres. Par contre, nous sommes opposés à toutes sortes d’expropriations déguisées souvent opérés par les pouvoirs locaux. Nous ce que nous avons suggéré au pouvoir, c’est de faire en sorte que ces populations soient associées à toute démarche de mise en valeur des terres.
Le rôle du pouvoir c’est aussi d’aider les gens qui n’ont pas les moyens à pouvoir mettre en valeur ces terres et pousser les gens à travailler, parce que le problème est que nous sommes un peuple oisif. L’Etat ne fait rien pour inciter les gens à y travailler.
L’Etat doit aider les gens à mettre en valeur les tertres et aussi favoriser les mauritaniens. L’étranger quand il vient, ils ne viennent pas pour chercher l’autosuffisance du pays, ils viennent pour chercher de l’argent. L’état doit privilégier la mise en valeur des terres et impliquer les populations et les aider à vivre de ces terres. C’est le seul bien que ces populations aient.
Si ces terres leurs sont enlevées, elles n’auront plus les moyens de vivre. Nous pensons que l’état doit jouer son rôle en associant toutes les populations concernées et favoriser les mauritaniens. Ce n’est pas une très bonne chose de les vendre à des étrangers qui viennent pour chercher que du profit.
Autre point qui pourrait faire couler des salives à L’AJD/MR, le recensement général de la population qui se prépare. Au sud, les populations négro-africaines n’y perçoivent qu’une nouvelle façon de les exclure de l’état civil. Qu’en pensez-vous ?
Le problème du recensement est une affaire très préoccupante. C’est un problème très important et nous nous sommes souvent renseignés au niveau du ministre de l’intérieur pour avoir une idée de ce qui va être fait pour ce recensement. En effet la crainte est grande aujourd’hui dans la communauté noire. On perçoit ce recensement comme une façon de nous empêcher d’avoir des papiers. La commission mise en place n’encourage pas les gens.
Sur douze personnes, il n’y a qu’un seul négro africain, c’est inquiétant surtout que dans ce pays on a tendance à penser que les noirs sont des étrangers. Si on parle de recensement, il serait bon d’impliquer toutes les couches de la population. On ne doit pas utiliser ce recensement pour empêcher une communauté d’avoir des papiers, comme on le fait souvent.
Le recensement doit nous permettre de savoir combien nous sommes. Mais il doit se faire d’une façon très objective. Tous les mauritaniens doivent pouvoir obtenir leur papier. Les pouvoirs publics doivent prouver le contraire en rassurant les populations en prenant des gens responsables, compétents et intègres pour permettre à tous les mauritaniens d’avoir leur papier d’état civil.
Très souvent l’AJD/MR est vue dans certains milieux politiques comme étant une formation politique particulariste. Qu’en pensez-vous ?
Les problèmes que nous posons aujourd’hui, l’exclusion de la communauté noire, n’est pas un problème de noir mauritanien, mais ça fait partie des problèmes du pays. S’il se trouve qu’il n’ya pas d’autres partis qui le posent, ce n’est pas une raison pour que l’AJD/MR ne les pose pas. C’est des motifs de suggestions et de problèmes. Si on est dans un pays où une partie de la population se sent exclue, ca peut poser des problèmes.
Nous pensons que dans ce pays, on doit faire tout pour construire une société démocratique, de justice et égalitaire, c’est ça notre objectif. Et c’est pour ça que nous nous battons. On a posé le problème de la cohabitation, ce n’est pas particulariste, c’est tous les partis démocratiques qui auraient dû soulever ce problème. Nous pensons que la communauté noire est marginalisée et exclue.
C’est un constat, un fait, on l’a trouvé ici et si on le pose, on nous taxe de racistes. Ce que nous voulons, c’est corriger cette situation. Nous posons le problème de l’esclavage, de la pauvreté. Nous posons tous ces problèmes qui touchent la Mauritanie. On a l’impression qu’on cherche à nous intimider pour qu’on ne pose plus ces problèmes qui sont pourtant des problèmes nationaux.
Lors du cinquantenaire de l’indépendance célébré le 28 novembre de l’année dernière l’AJD/MR s’attendait à voir le président de la République faire un geste à l’égard des victimes des années de plombs de Taya. Mais il n’en a rien été. Quel commentaire en faites-vous ?
Comme vous savez, il s’est passé dans ce pays des choses extrêmement graves. Je crois qu’on ne peut pas le nier. Si le 28 novembre 1990, on a pendu 28 négro-africains pour célébrer la fête de l’indépendance, c’est un acte très grave qui concerne toute la Mauritanie. Tous les hommes épris de paix et de justice doivent se battre pour que ces choses n’arrivent plus.
Pour cela, il faudrait respecter le devoir de vérité pour qu’on sache ce qui s’est réellement passé et pourquoi, le devoir de mémoire pour que jamais nous n’ayons à revivre ce genre de choses. L’état leur doit quelque chose, leur donner au moins le nom d’une rue ou d’une place.
Le fait que cela n’a pas pu avoir lieu est pour nous très frustrant. Nous pensons que l’état doit prendre un acte fort pour réconcilier toute la Mauritanie avec la date du 28 novembre pour qu’elle puisse être à nouveau pour tous les mauritaniens synonymes d’indépendance et d’espoir.
Le dernier mot.
On vient de signer les accords pour intégrer la majorité, pour appuyer le programme électoral du président, nous espérons que notre venue va apporter quelque chose et que notre présence avec les autres va leur permettre de nous connaître et de savoir que nous sommes des mauritaniens responsables qui aimons notre pays. Mais pour aimer son pays c’est se battre pour le construire dans la paix, la justice et l’égalité.
Propos recueillis par Moussa Diop
Le Quotidien de Nouakchott
Source: AJD/MR
BA Mamadou Bocar : Nous l’espérons bien. De toutes les façons nous avons convenu de quelque chose avec des partenaires, il nous revient d’être vigilants ou en tout cas de faire en sorte que ces accords soient appliqués.
Dans le cas contraire, nous devrons prendre nos responsabilités. Notre objectif est de faire quelque chose de concret pour le pays et pour les populations.
Si les accords conclus avec notre partenaire sont exécutés, je pense que c’est tout le pays qui va en bénéficier et nous avec. Donc notre espoir est grand de voir ces accords respectés mais il n’empêche que nous allons rester vigilants.
Comment la base de l’AJD/MR a-t-elle accueilli l’adhésion du parti à la CPM ?
D’abord ce problème est vieux puisqu’il y’a deux ans de cela, au moment des états généraux de la démocratie, le conseil national avait donné mandat au bureau politique de pouvoir discuter avec le pouvoir. Ce n’est une décision du bureau, mais du conseil national qui a donné mandat au bureau politique. Notre base a eu largement le temps d’être informée par rapport à ça. Les échos que nous avons eus ne sont pas aussi mauvais.
Dernièrement après l’accord, nous avons fait pratiquement tous les départements de Nouakchott pour expliquer la décision. Personnellement j’étais à la tête d’une délégation qui est partie à sebkha. Les militants ont posé des questions et globalement ils adhèrent à la décision.
Cependant, ils demandent d’être vigilants pour que les accords soient respectés. Majoritairement les militants et les sympathisants sont d’accord avec cette décision même s’ils se posent des questions de savoir si l’accord sera respecté par le partenaire.
Il semble pourtant que lors d’une réunion du bureau politique consacrée justement à cette adhésion à la CPM, beaucoup de salives aurait coulé, parce qu’il n’y avait pas convergence de vues sur la question. Qu’en dites-vous ?
Ce n’est pas exact du tout. Parce que les accords, on a commencé les discussions depuis le mois d’avril. Majoritairement le bureau politique était d’accord sur cet objectif de discuter avec le pouvoir. Pour nous ce qui était important c’était de discuter sur la base de la prise en compte d’un certain nombre de problèmes qui nous préoccupent.
Dernièrement il ne restait plus donc qu’à signer les accords. Il n’y a pas eu de réticence du tout, même je vous dis qu’il y a des inquiétudes légitimes par rapport à cette question et non par rapport aux principes de discuter ou d’aller avec la majorité. Nous ce qui intéresse aujourd’hui, c’est de pouvoir faire avancer les choses, et nos revendications. Si l’on arrive à le faire de façon consensuelle avec des partenaires, tant mieux.
Parmi les points objets d’accords, figure la question lancinante du foncier. Or vous n’êtes pas sans savoir qu’actuellement la vallée du fleuve est en ébullition. Au nom de l’agrobusiness l’Etat mauritanien veut faire main basse sur de vastes terres agricoles dans les régions du Trarza, Brakna, Gorgol et Guidimakha pour les attribuer à des investisseurs étrangers. N’y a-t-il pas là déjà une épine dans les pieds de l’AJD/MR ?
C’est l’une de nos préoccupations et c’est d’ailleurs pourquoi ça figure en bonne place dans nos accords. Nous sommes un parti politique légal et reconnu. Nous avons une position de principe par rapport à la question. Nous pensons que les propriétaires traditionnels devraient être protégés par l’Etat. Nous pensons aussi que ces terres doivent servir à la Mauritanie.
Nous ne sommes pas opposés à la mise en valeur de ces terres. Par contre, nous sommes opposés à toutes sortes d’expropriations déguisées souvent opérés par les pouvoirs locaux. Nous ce que nous avons suggéré au pouvoir, c’est de faire en sorte que ces populations soient associées à toute démarche de mise en valeur des terres.
Le rôle du pouvoir c’est aussi d’aider les gens qui n’ont pas les moyens à pouvoir mettre en valeur ces terres et pousser les gens à travailler, parce que le problème est que nous sommes un peuple oisif. L’Etat ne fait rien pour inciter les gens à y travailler.
L’Etat doit aider les gens à mettre en valeur les tertres et aussi favoriser les mauritaniens. L’étranger quand il vient, ils ne viennent pas pour chercher l’autosuffisance du pays, ils viennent pour chercher de l’argent. L’état doit privilégier la mise en valeur des terres et impliquer les populations et les aider à vivre de ces terres. C’est le seul bien que ces populations aient.
Si ces terres leurs sont enlevées, elles n’auront plus les moyens de vivre. Nous pensons que l’état doit jouer son rôle en associant toutes les populations concernées et favoriser les mauritaniens. Ce n’est pas une très bonne chose de les vendre à des étrangers qui viennent pour chercher que du profit.
Autre point qui pourrait faire couler des salives à L’AJD/MR, le recensement général de la population qui se prépare. Au sud, les populations négro-africaines n’y perçoivent qu’une nouvelle façon de les exclure de l’état civil. Qu’en pensez-vous ?
Le problème du recensement est une affaire très préoccupante. C’est un problème très important et nous nous sommes souvent renseignés au niveau du ministre de l’intérieur pour avoir une idée de ce qui va être fait pour ce recensement. En effet la crainte est grande aujourd’hui dans la communauté noire. On perçoit ce recensement comme une façon de nous empêcher d’avoir des papiers. La commission mise en place n’encourage pas les gens.
Sur douze personnes, il n’y a qu’un seul négro africain, c’est inquiétant surtout que dans ce pays on a tendance à penser que les noirs sont des étrangers. Si on parle de recensement, il serait bon d’impliquer toutes les couches de la population. On ne doit pas utiliser ce recensement pour empêcher une communauté d’avoir des papiers, comme on le fait souvent.
Le recensement doit nous permettre de savoir combien nous sommes. Mais il doit se faire d’une façon très objective. Tous les mauritaniens doivent pouvoir obtenir leur papier. Les pouvoirs publics doivent prouver le contraire en rassurant les populations en prenant des gens responsables, compétents et intègres pour permettre à tous les mauritaniens d’avoir leur papier d’état civil.
Très souvent l’AJD/MR est vue dans certains milieux politiques comme étant une formation politique particulariste. Qu’en pensez-vous ?
Les problèmes que nous posons aujourd’hui, l’exclusion de la communauté noire, n’est pas un problème de noir mauritanien, mais ça fait partie des problèmes du pays. S’il se trouve qu’il n’ya pas d’autres partis qui le posent, ce n’est pas une raison pour que l’AJD/MR ne les pose pas. C’est des motifs de suggestions et de problèmes. Si on est dans un pays où une partie de la population se sent exclue, ca peut poser des problèmes.
Nous pensons que dans ce pays, on doit faire tout pour construire une société démocratique, de justice et égalitaire, c’est ça notre objectif. Et c’est pour ça que nous nous battons. On a posé le problème de la cohabitation, ce n’est pas particulariste, c’est tous les partis démocratiques qui auraient dû soulever ce problème. Nous pensons que la communauté noire est marginalisée et exclue.
C’est un constat, un fait, on l’a trouvé ici et si on le pose, on nous taxe de racistes. Ce que nous voulons, c’est corriger cette situation. Nous posons le problème de l’esclavage, de la pauvreté. Nous posons tous ces problèmes qui touchent la Mauritanie. On a l’impression qu’on cherche à nous intimider pour qu’on ne pose plus ces problèmes qui sont pourtant des problèmes nationaux.
Lors du cinquantenaire de l’indépendance célébré le 28 novembre de l’année dernière l’AJD/MR s’attendait à voir le président de la République faire un geste à l’égard des victimes des années de plombs de Taya. Mais il n’en a rien été. Quel commentaire en faites-vous ?
Comme vous savez, il s’est passé dans ce pays des choses extrêmement graves. Je crois qu’on ne peut pas le nier. Si le 28 novembre 1990, on a pendu 28 négro-africains pour célébrer la fête de l’indépendance, c’est un acte très grave qui concerne toute la Mauritanie. Tous les hommes épris de paix et de justice doivent se battre pour que ces choses n’arrivent plus.
Pour cela, il faudrait respecter le devoir de vérité pour qu’on sache ce qui s’est réellement passé et pourquoi, le devoir de mémoire pour que jamais nous n’ayons à revivre ce genre de choses. L’état leur doit quelque chose, leur donner au moins le nom d’une rue ou d’une place.
Le fait que cela n’a pas pu avoir lieu est pour nous très frustrant. Nous pensons que l’état doit prendre un acte fort pour réconcilier toute la Mauritanie avec la date du 28 novembre pour qu’elle puisse être à nouveau pour tous les mauritaniens synonymes d’indépendance et d’espoir.
Le dernier mot.
On vient de signer les accords pour intégrer la majorité, pour appuyer le programme électoral du président, nous espérons que notre venue va apporter quelque chose et que notre présence avec les autres va leur permettre de nous connaître et de savoir que nous sommes des mauritaniens responsables qui aimons notre pays. Mais pour aimer son pays c’est se battre pour le construire dans la paix, la justice et l’égalité.
Propos recueillis par Moussa Diop
Le Quotidien de Nouakchott
Source: AJD/MR