
Il s’appelle Baba Gaye. Son âge : 25 ans. Lui aussi, comme certains mauritaniens, il est une victime des terribles événements de 1989 qui ont occasionné des centaines de milliers de déportations à l’endroit de populations négro-mauritaniennes vers l’autre rive de la frontière du Sénégal. Presque vingt après ce drame, Baba Gaye semble être toujours marqué au fer rouge.
Avant 1989, il vivait à Nouakchott avec son père qui travaillait aux services des Mines en tant que conducteur. C’est à peine s’il se rappelle encore cette date. Il avait entre 5 et 6 ans. Ils habitaient à cette époque derrière le cinéma Saada. Un jour d’avril, en 1989, en plein mois de ramadan, leur vie bascule.
A Nouakchott, la chasse aux négro-mauritaniens n’épargne pas sa famille. Les intimidations, les traques et les tueries qui s’en suivirent dévoilèrent un autre faciès de ceux qui sont derrière de telles vilenies. Baba et sa famille réussiront à quitter, à contrecœur, Nouakchott pour échapper à la folie meurtrière qui s’était emparée de certaines personnes.
Conséquence de ce départ forcé : son papa perd son boulot. Combien sont-ils aujourd’hui, ces cadres négro-mauritaniens, comme à l’image du père de Baba, qui se sont retrouvés sans travail et jusqu’à présent à cause de la stupidité des hommes, courant infatigablement derrière une reconnaissance ou un rétablissement dans leurs droits ?
Durant les événements donc, le père de Baba fit contraint de laisser tous ses biens à Nouakchott. Destination : Kaolack à quelques 200 mètres de Dakar à l’Ouest. De là, Baba et sa famille vont reprendre une nouvelle vie et surtout essayer d’oublier le cauchemar qu’ils ont vécu en Mauritanie.
En classe de terminale, Baba Gaye interrompt ses études, pour des raisons sociales, pour venir en aide à ses parents. Il entreprit une formation en informatique pour, dit-il, être indépendant. Son parchemin en poche, il décide de retourner en Mauritanie, croyant qu’il allait sortir de l’auberge. Ceci coïncide avec le discours du Président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi du 29 juin 2007 qui décide de rompre le tabou en reconnaissant l’existence de déportés mauritaniens au Sénégal et au Mali.
Enthousiaste, Baba Gaye anticipe son retour en Mauritanie. Depuis novembre 2007, il est là et sa situation est restée la même. Il s’en sort difficilement. Il envisage maintenant de retourner au Sénégal. «Je n’arrive pas à régler mes besoins. Je ne peux pas joindre mes parents. J’ai amaigri. Je ne mange pas bien. Je ne dors pas bien », explique-t-il. «Je n’ai pas eu la satisfaction comme je le pensais. La situation est de plus en plus difficile. Si je ne trouve pas mieux, je préfère retourner au Sénégal », confie-t-il.
Lui qui pensait que le problème des réfugiés allait connaître une issue heureuse va vite déchanter. Et pour cause : il pensait que sa situation allait s’améliorer. Aujourd’hui, ceux qui veulent retourner au Sénégal sont nombreux. C’est vrai que le Haut Conseil d’Etat avait renouvelé à son arrivée au pouvoir son engagement à poursuivre dans de bonnes conditions le processus de rapatriement des déportés mauritaniens au Sénégal et au Mali.
Cependant, force est de constater que le HCE n’a pas encore fait mieux que Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi. C’est dire combien les nouvelles autorités militaires ont du pain sur la planche. Jusque là, elles se sont circonscrites à des actions à court terme en procédant à la distribution de vivres dans certains sites des réfugiés. Ces actions ne changeront en rien le vécu de ces réfugiés. La seule solution, c’est de respecter les engagements pris durant les Journées Nationales de Concertation et les engagements contenus dans l’accord triparti qui a tout prévu pour assurer un retour digne des déportés.
Babacar Baye Ndiaye
source : Le Rénovateur (Mauritanie)
Via cridem
Avant 1989, il vivait à Nouakchott avec son père qui travaillait aux services des Mines en tant que conducteur. C’est à peine s’il se rappelle encore cette date. Il avait entre 5 et 6 ans. Ils habitaient à cette époque derrière le cinéma Saada. Un jour d’avril, en 1989, en plein mois de ramadan, leur vie bascule.
A Nouakchott, la chasse aux négro-mauritaniens n’épargne pas sa famille. Les intimidations, les traques et les tueries qui s’en suivirent dévoilèrent un autre faciès de ceux qui sont derrière de telles vilenies. Baba et sa famille réussiront à quitter, à contrecœur, Nouakchott pour échapper à la folie meurtrière qui s’était emparée de certaines personnes.
Conséquence de ce départ forcé : son papa perd son boulot. Combien sont-ils aujourd’hui, ces cadres négro-mauritaniens, comme à l’image du père de Baba, qui se sont retrouvés sans travail et jusqu’à présent à cause de la stupidité des hommes, courant infatigablement derrière une reconnaissance ou un rétablissement dans leurs droits ?
Durant les événements donc, le père de Baba fit contraint de laisser tous ses biens à Nouakchott. Destination : Kaolack à quelques 200 mètres de Dakar à l’Ouest. De là, Baba et sa famille vont reprendre une nouvelle vie et surtout essayer d’oublier le cauchemar qu’ils ont vécu en Mauritanie.
En classe de terminale, Baba Gaye interrompt ses études, pour des raisons sociales, pour venir en aide à ses parents. Il entreprit une formation en informatique pour, dit-il, être indépendant. Son parchemin en poche, il décide de retourner en Mauritanie, croyant qu’il allait sortir de l’auberge. Ceci coïncide avec le discours du Président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi du 29 juin 2007 qui décide de rompre le tabou en reconnaissant l’existence de déportés mauritaniens au Sénégal et au Mali.
Enthousiaste, Baba Gaye anticipe son retour en Mauritanie. Depuis novembre 2007, il est là et sa situation est restée la même. Il s’en sort difficilement. Il envisage maintenant de retourner au Sénégal. «Je n’arrive pas à régler mes besoins. Je ne peux pas joindre mes parents. J’ai amaigri. Je ne mange pas bien. Je ne dors pas bien », explique-t-il. «Je n’ai pas eu la satisfaction comme je le pensais. La situation est de plus en plus difficile. Si je ne trouve pas mieux, je préfère retourner au Sénégal », confie-t-il.
Lui qui pensait que le problème des réfugiés allait connaître une issue heureuse va vite déchanter. Et pour cause : il pensait que sa situation allait s’améliorer. Aujourd’hui, ceux qui veulent retourner au Sénégal sont nombreux. C’est vrai que le Haut Conseil d’Etat avait renouvelé à son arrivée au pouvoir son engagement à poursuivre dans de bonnes conditions le processus de rapatriement des déportés mauritaniens au Sénégal et au Mali.
Cependant, force est de constater que le HCE n’a pas encore fait mieux que Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi. C’est dire combien les nouvelles autorités militaires ont du pain sur la planche. Jusque là, elles se sont circonscrites à des actions à court terme en procédant à la distribution de vivres dans certains sites des réfugiés. Ces actions ne changeront en rien le vécu de ces réfugiés. La seule solution, c’est de respecter les engagements pris durant les Journées Nationales de Concertation et les engagements contenus dans l’accord triparti qui a tout prévu pour assurer un retour digne des déportés.
Babacar Baye Ndiaye
source : Le Rénovateur (Mauritanie)
Via cridem