Ce que dit dans un texte d’une clarté cristalline mon confrère Maître Taleb Khyar O/ Md Mouloud à propos du sort que subissent les negros-africains dans le pays, du point de vue de leurs droits identitaires est d’une importance majeure, dans le débat en cours sur le statut de nos langues nationales et l’instrumentalisation qui en est faite pour exclure les négro-africains de l’espace public.
Cette réalité est la source principale des difficultés que rencontre le pays dans la voie de son unité nationale et de sa cohésion sociale. Les communautés négro-africaines font l’objet d’une discrimination d’une ampleur sans précédent- discrimination qu’elles n’ont pas subi meme durant la période sanglante de la folie chauvine du régime de Ould Taya ( 89-92).
Cette discrimination, d’abord rampante est devenue ouverte, quasiment officielle. Pas à pas, se construit un véritable système d’exclusion des hal pular, olof et soninké, de pans entiers de l’administration publique, motivée, justifiée et légitimée publiquement par le fait que l’arabe étant l’unique langue officielle du pays, ses locuteurs seuls peuvent avoir droit à y accéder.
Peu importe que la plupart des locuteurs des autres langues du pays disposent des mêmes droits que ces derniers comme le rappelle avec pertinence Me Taleb Khiyar. Vous ne parlez pas Hassiniya ( et à fortiori l’arabe académique) et vous êtes soninké, pular ou olof ?
Vous êtes exclus de recrutement ou presque de la plupart des concours de la fonction publique, quel que soit votre niveau de formation ou quel que soit le titre scolaire ou universitaire dont vous pouvez vous prévaloir. Vous êtes déjà dans la fonction publique, et parfois depuis longtemps ?
Le nouvel état des choses vous réserve la seule place que vous méritez : la voie du garage. Au commissariat de police ou devant les juges, plaignants ou accusés, avocats ou clients, vous êtes personna non grata dans votre propre pays, un paria authentique et votre interlocuteur vous le signifiera dans la langue d’Ibn Khaldoune : vous n’êtes pratiquement pas de ce pays. Ne vous avisez pas d’expliquer à cet agent de l’Etat qui vous tance et vous regarde avec l’arrogance du sachant parler, que vous êtes intégralement le produit du système éducatif du pays: peu lui importe. Vous n’êtes plus à la bonne place car vous ne parlez par arabe.
En plein jugement, alors que je défendais comme je le pouvais un client victime d’une énorme injustice, un juge me demandera publiquement de m’expliquer en arabe ou de me taire, cherchant même à m’empêcher de me faire traduire par un collègue arabe compatissant. Il y a tout juste deux jours, une des meilleures étudiantes en droit public sortie en première place de notre université où elle enseigne comme vacataire, docteur en droit de Cheikh Anta Diop avec la meilleure des mentions, alors qu’elle postulait pour le recrutement en cours de professeurs de faculté de droit s’est vue interpeller, en public, par un autre postulant lui disant avec mépris qu’elle n’avait même pas droit de déposer un dossier de candidature, car » il faut parler arabe pour le mériter… ».
Le désarroi des jeunes negroafricains vient de là : l’arabe, entre les mains de certains, et avec la complicité évidente de l’Etat profond est devenu un visa obligatoire pour vivre dans le pays comme des citoyens à part entière.
Massivement, ils rejettent cet usage de l’arabe et se révoltent en silence contre la haine que l’Etat profond leur porte du fait qu’ils ne parlent pas arabe et ne comprennent le plus souvent que cette langue étrangère qu’est le français que les mêmes qui la portent hypocritement aux gémonies s’affairent avec constance à la faire parler à leurs rejetons par répétiteurs interposés ou par leur inscription dans des écoles étrangères. C’est qu’en fait, la question linguistique ne l’a jamais été qu’en apparence. En réalité, elle est strictement politique. C’est un courant politique transpartisan ( que l’on retrouve dans tous les partis ) qui est à l’œuvre.
Ce courant est chauvin et même purement et simplement raciste , se déploie et agit comme une structure maçonnique dont le seul mot d’ordre est : » les mauritaniens sont arabes et tous ont vocation à le devenir ou à disparaître du pays ».
Tout celà, malheureusement est d’une vérité banale. Ceux qui la contestent sont réfugiés derrière les brumes du deni ou ne vivent pas dans le même pays que les autres qui sont devenus en effet de véritables fantômes identitaires, des non citoyens portés par la frustration et le dépit à l’égard de leur statut de seconde zone.
Sous nos yeux est en train de naître et de se développer une autre Mauritanie que Mocktar Ould Daddah ne reconnaîtrait pas et que doit détester en silence le brave Président Khouna Ould Haïdalla.
Pauvre Mauritanie, tes fils te détruisent…
Gourmo Lô 23 octobre 2024
Source : Onde Info (Mauritanie)
Cette réalité est la source principale des difficultés que rencontre le pays dans la voie de son unité nationale et de sa cohésion sociale. Les communautés négro-africaines font l’objet d’une discrimination d’une ampleur sans précédent- discrimination qu’elles n’ont pas subi meme durant la période sanglante de la folie chauvine du régime de Ould Taya ( 89-92).
Cette discrimination, d’abord rampante est devenue ouverte, quasiment officielle. Pas à pas, se construit un véritable système d’exclusion des hal pular, olof et soninké, de pans entiers de l’administration publique, motivée, justifiée et légitimée publiquement par le fait que l’arabe étant l’unique langue officielle du pays, ses locuteurs seuls peuvent avoir droit à y accéder.
Peu importe que la plupart des locuteurs des autres langues du pays disposent des mêmes droits que ces derniers comme le rappelle avec pertinence Me Taleb Khiyar. Vous ne parlez pas Hassiniya ( et à fortiori l’arabe académique) et vous êtes soninké, pular ou olof ?
Vous êtes exclus de recrutement ou presque de la plupart des concours de la fonction publique, quel que soit votre niveau de formation ou quel que soit le titre scolaire ou universitaire dont vous pouvez vous prévaloir. Vous êtes déjà dans la fonction publique, et parfois depuis longtemps ?
Le nouvel état des choses vous réserve la seule place que vous méritez : la voie du garage. Au commissariat de police ou devant les juges, plaignants ou accusés, avocats ou clients, vous êtes personna non grata dans votre propre pays, un paria authentique et votre interlocuteur vous le signifiera dans la langue d’Ibn Khaldoune : vous n’êtes pratiquement pas de ce pays. Ne vous avisez pas d’expliquer à cet agent de l’Etat qui vous tance et vous regarde avec l’arrogance du sachant parler, que vous êtes intégralement le produit du système éducatif du pays: peu lui importe. Vous n’êtes plus à la bonne place car vous ne parlez par arabe.
En plein jugement, alors que je défendais comme je le pouvais un client victime d’une énorme injustice, un juge me demandera publiquement de m’expliquer en arabe ou de me taire, cherchant même à m’empêcher de me faire traduire par un collègue arabe compatissant. Il y a tout juste deux jours, une des meilleures étudiantes en droit public sortie en première place de notre université où elle enseigne comme vacataire, docteur en droit de Cheikh Anta Diop avec la meilleure des mentions, alors qu’elle postulait pour le recrutement en cours de professeurs de faculté de droit s’est vue interpeller, en public, par un autre postulant lui disant avec mépris qu’elle n’avait même pas droit de déposer un dossier de candidature, car » il faut parler arabe pour le mériter… ».
Le désarroi des jeunes negroafricains vient de là : l’arabe, entre les mains de certains, et avec la complicité évidente de l’Etat profond est devenu un visa obligatoire pour vivre dans le pays comme des citoyens à part entière.
Massivement, ils rejettent cet usage de l’arabe et se révoltent en silence contre la haine que l’Etat profond leur porte du fait qu’ils ne parlent pas arabe et ne comprennent le plus souvent que cette langue étrangère qu’est le français que les mêmes qui la portent hypocritement aux gémonies s’affairent avec constance à la faire parler à leurs rejetons par répétiteurs interposés ou par leur inscription dans des écoles étrangères. C’est qu’en fait, la question linguistique ne l’a jamais été qu’en apparence. En réalité, elle est strictement politique. C’est un courant politique transpartisan ( que l’on retrouve dans tous les partis ) qui est à l’œuvre.
Ce courant est chauvin et même purement et simplement raciste , se déploie et agit comme une structure maçonnique dont le seul mot d’ordre est : » les mauritaniens sont arabes et tous ont vocation à le devenir ou à disparaître du pays ».
Tout celà, malheureusement est d’une vérité banale. Ceux qui la contestent sont réfugiés derrière les brumes du deni ou ne vivent pas dans le même pays que les autres qui sont devenus en effet de véritables fantômes identitaires, des non citoyens portés par la frustration et le dépit à l’égard de leur statut de seconde zone.
Sous nos yeux est en train de naître et de se développer une autre Mauritanie que Mocktar Ould Daddah ne reconnaîtrait pas et que doit détester en silence le brave Président Khouna Ould Haïdalla.
Pauvre Mauritanie, tes fils te détruisent…
Gourmo Lô 23 octobre 2024
Source : Onde Info (Mauritanie)