
Extrait des doléances de la CMB adressées au Premier Ministre
A Bruxelles
Monsieur le Premier Ministre,
La Communauté Mauritanienne de Belgique (CMB), à instar de l’ensemble des expatriés mauritaniens, est le parent pauvre pour ne pas dire le grand oublié de la politique générale mise en œuvre par votre gouvernement. Permettez-nous de rappeler que les expatriés que nous sommes constituent un apport inestimable dans l’économie nationale. D’autant que, selon de récentes statiques, la contribution des migrants a dépassé depuis des années en terme de masse d'argents l'aide au développement. Nous restons très attachés à notre patrie et par conséquent nous voulons être à mesure d‘apporter notre contribution à l’édifice nationale.
En dépit des efforts et les bonnes volontés affichés çà et là par les pouvoirs publics, nous buttons toujours contre d’innombrables difficultés et de divers ordre. Bien loin des préoccupations de l’arrière-pays, nos revendications se résument tout simplement à une meilleurs prise en compte de notre situation, allant de la nécessité d’un cadre institutionnel valorisant le statut d’expatrié, à la problématique de la mobilité, aux investissements et l’allègement des lourdeurs administratives, etc. Vous sachant très attentif aux préoccupations des citoyens, nous espérons que les doléances ci-dessous répertoriées feront l’objet de considération par les autorités compétentes.
1- La mobilité et le transport :
- L’obtention, la prolongation et le renouvellement des passeports et des documents de l’Etat Civil, devraient pourvoir s’effectuer auprès des Missions diplomatiques ou à moindre mesure faire l’objet d’un traitement efficient et rapide de la part de l’autorité de tutelle ;
- Le projet de Loi sur la double nationalité n’a fait l’objet d’aucune campagne d’information à l’endroit des expatriés qui sont concernés en premier lieu ;
- Alléger les documents exigés à l’égard des ressortissants mauritaniens titulaires d’une nationalité étrangère (exemple : un Mauritanien naturalisé belge à qui est exigé un certificat d’hébergement pour obtenir un visa de séjour en Mauritanie où ce dernier dispose de toute sa famille.) ;
- Les Mauritaniens résidents en Belgique désireux d’entreprendre des procédures de regroupement familial sont confrontés à de réels problèmes, aucun accompagnement au niveau local sans oublier les démarches administratives complexes (confusion fréquente sur les documents de l’Etat Civil) ;
- Sur le transport aérien, la Mauritanie demeure la destination la plus mal desservie et onéreuse de la sous-région. A noter que dans l’ensemble des pays du Benelux, où se concentre une importante colonie mauritanienne, aucune compagnie aérienne ne dessert directement la Mauritanie ;
- Au sujet du fret, les tarifs et les barrières douanières freinent considérablement toute initiative d’investissement dans le secteur. Des mesures incitatives et soutenues doivent être entreprises par les pouvoirs publics ;
2- L’investissement et l’habitat :
- Les transferts d’argent vers la Mauritanie relèvent encore des procédés rudimentaires à défaut de transiter via les institutions financières internationales dont les taux sont exorbitants. Nous avons toujours sollicité et sollicitons encore l’ouverture d’agences bancaires afin de canaliser à les transferts de fonds à des taux attractifs ;
- Réduction des charges fiscales et la simplification administrative au profit des entrepreneurs expatriés comme c’est le cas au Sénégal. L’absence totale de mesures d’accompagnement n’est pas de nature à inciter nos ressortissants à investir au terroir. Nous suggérons la création d’un guichet unique auquel nous puissions nous adresser au lieu d’être livrés à une pléthore d'administrations parfois toutes inefficaces avec des intermédiaires corruptibles.
- Sur le plan de l’habitat, nous sommes sans suite de la mission de la Banque de l'Habitat qui a séjourné en Belgique pour encourager les mauritaniens de l'étranger à acquérir des biens immobiliers en Mauritanie. Ni les pouvoirs publics, ni le secteur privé n’a entrepris de plans d’investissement dans le secteur au profit des expatriés qui pourtant disposent de pouvoir d’achat très étendu ;
- L’absence de garantie sur l’acquisition des titres fonciers en découragent plus d’un ;
3- Représentativité des expatriés au sein des institutions de l’Etat :
- La suppression par le présent gouvernement du Secrétariat d’Etat des Mauritaniens de l’étranger, portefeuille hélas vidé de son contenu, augure pour nous le désintérêt des décideurs politiques vis-à-vis des expatriés. La création d’un département moins symbolique mais plutôt efficace, demeure plus que opportun ;
- Au sein des deux Chambres (Assemblée Nationale et Sénat), les élus représentants les Mauritaniens de l’étranger n’en représentent guère plus que le titre qu’ils portent. Méconnus et inversement inconnus des circonscriptions qu’ils sont sensés représentent, ces élus dont le nombre devrait être revu au prorata des expatriés, sont du reste très peu concernés par nos préoccupations. Nous estimons qu’une révision des critères d’élection nos représentants, demeure plus que nécessaire.
4-Partenariat et coopération :
- Plusieurs pays du Sud bénéficient de la Coopération Technique Belge malheureusement la Mauritanie ne se trouve pas dans la liste des pays coopérants. Résultat, les démarches que nous entreprenons pour faire bénéficier à nos populations de ce type de partenariat s’avèrent vaines ;
- Des associations d’expatriés s’investissent avec ou sans l’aide des partenaires au développement à la réalisation d’infrastructures de base (construction d’écoles, centres de soins, eau potable). Nous regrettons l’absence d’accompagnement des pouvoirs publics. A titre d’exemple, dans le département de M’Bagne notamment à Dabbé, où des expatriés ont ouvert un dispensaire mais faute de personnel de santé les locaux et les équipements restent utilisés.
En espérant que les présentes recommandations seront suivies d’effets, nous vous prions Monsieur le Premier Ministre d’accepter nos sincères considérations.
DIOUM Moussa
Le Président de la CMB asbl
Source: M.Dioum