Compte rendu de la demie-journée de débats de la section AJD/MR France

Ousmane DIAGANA, membre du bureau politique secrétaire aux Relations extérieures et Bocar Oumar BA, ancien président de la Section France, ont partagé un plateau riche en couleurs avec des personnalités issues d’organisations amies.

On pouvait ainsi noter la présence de M. SY Mahamadou, Secrétaire Général de l’OCVIDH, désormais célèbre pour son livre-témoignage « L’enfer d’Inal » et de M. CISSE Abdarahmane, président du MAPROM. La visite de M. Samba YATERA, éminent sociologue mauritanien, responsable de l’ONG GRDR a du finalement se résumer en un acte de présence, à cause d’un imprévu professionnel de dernière minute.

Dans la salle, on notait également la présence remarquée de M. Abdoul Aziz SOUMARE, président de l’OCVIDH, de Mme Rougui DIA, Secrétaire générale de l’AVOMM, Harouna KANE, Secrétaire aux relations extérieures de l’AVOMM, de Baba Ould JIDDOU membre de l’APP, de M. Salah Eddine Ould HACHIM, représentant du TAWASSOUL, de Amadou Alpha BA Secrétaire Général Adjoint,  de Ousmane CAMARA  Chargé de l'Orgnisation  et de Habiboullah KANE, Adjoint chargé de Communication du parti MPR, qui ont tenu à marquer de leur présence, leur sympathie pour notre parti et leur attachement à la cause que nous défendons.
 
C’est vers 15h30 que Hamady MBODJ ouvre la cérémonie en présentant d’abord les différents conférenciers et les thèmes sur lesquels ils allaient intervenir. S’ensuit une prière aux martyrs qui plongea la salle dans un profond recueillement.
 
Ousmane DIAGANA s’attachera ensuite à faire la présentation du mémorandum de l’AJD/MR qu’il commentera avec brio, en revenant sur les raisons qui ont amené notre parti à produire ce texte et le contexte dans lequel nous avons été amenés à le présenter au pouvoir comme contribution à une solution de réconciliation nationale. Il évoquera d’abord les avancées minimales de notre cinquantenaire, notamment la volonté, du moins l’intention de construire un Etat trait d’union entre le monde noir et le monde arabe, la dénonciation des accords de coopération avec l’ancienne colonie, la création d’une monnaie nationale et la nationalisation de la MIFERMA, symboles d’une volonté d’indépendance réelle. Il dénoncera ensuite en exergue les erreurs de DADDAH favorisant le chauvinisme arabe et condamnera les crimes du dictateur TAYA qui a dressé les Mauritaniens les uns contre les autres et perpétré un véritable génocide contre une partie de son peuple en toute impunité. Il présentera ensuite les propositions du mémorandum de l’AJD/MR pour un cinquantenaire de réconciliation nationale. Deux d’entre elles n’ont pas laissé le microcosme politique indifférent. Il expliquera que l’AJD/MR ayant toujours été attachée à la réconciliation nationale, son président ne se laissera pas distraire par les propos haineux de quelques pécheurs en eaux troubles qui ont tenté, suite au mémorandum, de l’accuser d’attiser la haine interethnique. L’AJD/MR dira-t-il, fait de la question de la cohabitation paisible et du partage du pouvoir la condition sine qua none de notre développement.
 
Ce sera ensuite au tour de SY Mahamadou, après avoir remercié l’AJD/MR et indiqué son respect pour ce parti, de nous révéler sa vision de l’armée mauritanienne et les péripéties qui nous conduisent aujourd’hui à nous poser la question de l’espoir ou du désespoir qu’elle pourrait incarner. D’emblée, il campera le décor indiquant que le seul espoir de cette armée qu’il entrevoit est l’arrêt de la guerre du Sahara mais depuis, elle nourrit le peuple de désespoir. Ainsi,  M. SY reviendra sur les différents événements qui ont marqué l’exclusion progressive des officiers négro-africains de notre armée nationale. Il fera la démonstration des jalons posés par les différents régimes pour empêcher les éléments négro-africains d’accéder à certains grades ; tout ça participant de l’entreprise globale de dénégrification du pays.

Mais quand il commence à aborder la période cruciale de son arrestation et son embastillement à Inal avec ses camarades dont certains font partie des 28 martyrs, la voix de ce brave officier commence à s’enrouer, lourde de sa charge émotive. Il tint quand même à énumérer les noms de tous ces camarades morts sur le champ de l’honneur, pendus par la corde de la division et de la honte. Un à un il les appellera dans un flot quasi mélodique, ponctué par moments de ce « ON NE VOUS OUBLIERA PAS ! » qui arrachait des larmes à quelques personnes dans la salle et sur la table des conférenciers. M. SY, trop ému, ne pourra pas terminer son propos, tant son expression s’alourdissait de fragilité émotive.  Il conclura ses propos en réitérant sa parfaite identité de vue avec le mémorandum de l’AJD/MR et dit adhérer à la cause défendue par ce parti.
 
C’est à M. CISSE qu’il reviendra la lourde tâche de succéder à un témoin aussi talentueux et aussi émouvant que Mahamadou SY. C’est dans un exposé très intéressant qu’il nous livra sa vision de la Mauritanie et celle de son organisation. Il mettra l’accent, entre autres, le bilinguisme en Mauritanie. Il regrette que le système éducatif ait crée deux types de citoyens des arabisants, généralement les Maures et les bilingues, en réalité les francisants, généralement les négro-africains. Et entre ces différentes communautés, une incompréhension. Au lieu d’être une richesse, le bilinguisme à la mauritanienne a formé des personnes ne maîtrisant ni l’arabe ni le français, ce qui constitue un gâchis énorme. Selon le conférencier, il faut revoir la politique linguistique de la Mauritanie. 
 
Suite à ces différentes interventions, M. Bocar Oumar BA nous fera partager son interrogation sur ce que la Mauritanie a fait de son indépendance. C’est dans un exposé limpide qu’il revisitera l’histoire contemporaine de la Mauritanie. M. BA dira en substance que notre pays acquiert son indépendance dans la fébrilité, car contestée dans sa légitimité à être un état. Il aura donc fallu aux pères de notre indépendance bien des gages pour faire valider à la communauté internationale la pertinence d’une Nation mauritanienne, et par conséquent celle d’un état souverain qui ferait trait d’union entre le Maghreb arabe et l’Afrique noire. Telle était du moins, la promesse d’avenir que la Mauritanie officielle fera à ses enfants.

Malheureusement expliquera l’intervenant, les différents régimes politiques qui se sont succédés ayant fondé l’idéologie de construction nationale sur l’affirmation exclusive de l’arabité de la Mauritanie , la vieille promesse originelle de la Mauritanie aura été tout simplement trahie. Et par des politiques éducatives successives, on finira par fabriquer deux types de citoyens mauritaniens : l’un lorgnant vers le monde arabe, et l’autre vers le monde négro-africain. « Et la Mauritanie dans tout ça ? », s’interrogera le conférencier. Il dira en réponse à la question « Mauritanie qu’as-tu fait de ton indépendance ? » que la seule chose que notre pays en a fait, c’est de nous reposer 50 ans après, la question cruciale de savoir si nous avons encore envie de vivre ensemble. Il appartient naturellement aux acteurs politiques de notre pays de répondre à cette nouvelle question fondatrice ou non, d’un nouveau contrat républicain.
 
Après une pause d’un quart d’heure qui a permis au public de profiter des rafraichissements mis à sa disposition. Reprenant les travaux, Harouna KANE transmet les excuses du président de l’AVOMM, Ousmane Abdoul SARR, empêché mais qui a tenu à remercier les organisateurs de la journée et à saluer le président Ibrahima Moctar SARR et les militants de France pour cette heureuse initiative. Le public enrichira la journée par des interventions enrichissantes, des témoignages instructifs et posera des questions pertinentes auxquelles les différents intervenants répondront avant que le modérateur des débats ne marque la fin de la manifestation à 20heures